Soutenir la lutte des prisonniers
détenus dans les geôles sionistes
« Nés libres, nous
le resterons » (11)
Rim al-Khatib
Mardi 16 avril
2013 Avril
2013 - N° 11
L’assassinat du
résistant prisonnier Maysara Abu
Hamdiyyé par les forces de
l’occupation au début du mois
d’avril a suscité une grande colère
parmi les Palestiniens, et notamment
les autres prisonniers. L’occupant
s’est innocenté par un rapport
médical qui affirme que le résistant
Maysara est décédé des suites du
cancer qui a rongé son corps ; ce
que tout le monde savait d’ailleurs,
mais l’occupant a ignoré, dans son
rapport, qu’il a refusé de soigner
ce cancer et qu’il a administré des
médicaments inefficaces et même
procédé à des expériences médicales,
laissant le résistant mourir. C’est
un nouvel assassinat que l’occupant
sioniste a perpétré contre les
prisonniers. Que dit la «communauté
internationale », si prompte à
dénoncer des crimes commis ailleurs
? Rien, puisque l’entité coloniale
bénéficie de son soutien
indéfectible et qu’il ne faut pas
s’attendre à des mesures punitives
de sa part contre les colons
criminels qui occupent la Palestine
depuis 1948. De nouveau, des
officiels de l’AP réclament
l’adhésion de la « Palestine » au
Tribunal pénal international, en vue
de dénoncer les crimes sionistes,
comme si un tribunal sous la botte
de l’ONU pouvait rendre justice aux
Palestiniens. Des illusions
caressées par l’AP et ses amis dans
le monde, en vue de faire taire la
résistance légitime.
La vie du résistant
martyr Maysara Abu Hamdiyyé est un
exemple de la vie des combattants
palestiniens qui se sont sacrifiés
pour que vivent la Palestine et les
Palestiniens dans la dignité . Né en
1948, l’année de la Nakba
palestinienne, il fut arrêté par
l’occupation dès 1969, pour
appartenance à l’Union des étudiants
palestiniens. Il fut détenu
«administratif » plusieurs fois
jusqu’en 1975 puis refoulé de
Palestine. Il rejoint les
combattants dans les camps de
réfugiés au Liban et fait partie de
la direction de la Brigade al-Jormok,
du Fateh. Il met en place la
coordination militaire entre
l’intérieur (Palestine) et
l’extérieur (les réfugiés) pour
intensifier les opérations armées
contre l’occupant. Il ne peut
revenir au pays après la formation
de l’Autorité palestinienne,
l’occupant ayant mis un veto à son
retour. Après la levée du veto
sioniste à la fin des années 90, il
revient au pays et fait partie des
forces sécuritaires préventives,
alors que sa vraie tâche consiste à
former les combattants, notamment
des Brigades d’al-Qassam. Arrêté en
2002, il est d’abord condamné à 7
ans de prison, puis condamné à la
perpétuité lorsque l’entité
coloniale le juge pour sa
participation à la résistance avant
les accords d’Oslo. Le résistant
martyr Maysara Abu Hamdiyyé fut l’un
des combattants les plus engagés
dans le dialogue et l’unité entre
les formations de la résistance
contre l’occupation. Atteint
récemment d’un cancer, l’occupant
refuse de le soigner et le laisse
mourir.
I - Abolir la détention «
administrative »
Le résistant prisonnier Samer Issawi
poursuit la grève de la faim,
entamée depuis plus de 260 jours,
sans que la campagne de solidarité
avec sa lutte ne parvienne à le
faire libérer. Son état de santé est
en constante détérioration et son
cœur bat de plus en plus faiblement.
Malgré cela, il refuse les pressions
sionistes et internationales qui
s’exercent sur lui pour qu’il
accepte son bannissement vers la
bande de Gaza, ou même vers un Etat
européen. Dans une récente lettre,
il décrit les diverses pressions
exercées par les services
sécuritaires « qui m’entourent et
qui m’attachent de 8 h du soir
jusqu’à 8 h du matin. Les repas me
sont servis tous les jours en signe
de pression, mais je refuse et les
leur rend. Ils m’ont interdit de
m’asseoir près de la fenêtre, ils
refusent que les rayons du soleil
touchent mon corps qui s’en va. Ma
bataille est celle de tout le peuple
: je ne permettrai pas que
l’occupant arrête à nouveau les
prisonniers libérés ». Il a
également affirmé qu’il ne se rendra
pas aux tribunaux, puisqu’il ne
reconnaît pas la légitimité des
tribunaux militaires.
La bataille jusqu’au martyre menée
par Samer Issawi commence à faire
trembler les cercles sionistes et
impérialistes. Des Etats-Unis, à
l’Europe, aux Nations-Unies et même
dans l’entité coloniale, des
pourparlers et des pressions sont
exercées afin d’éviter le martyre du
résistant, devenu un symbole de la
lutte pour la dignité. Certains
proposent le bannissement, d’autres
un geste « généreux », mais tous ces
cercles de l’arrogance n’envisagent
même pas la justesse des
revendications des prisonniers et ne
réclament pas la justice pour les
prisonniers et le peuple
palestinien. Samer Issawi réclame sa
liberté, injustement confisquée par
l’occupation.
Younes al-Hroub poursuit la grève de
la faim depuis 56 jours, réclamant
sa libération. Détenu «
administratif », il refuse les
mesures arbitraires et humiliantes
de l’occupation. Il a été tranféré
il y a une semaine à l’hôpital
Soroka, suite à la détérioration de
son état de santé. Il a été arrêté
au mois de juillet 2012, et détenu
sur « dossier secret ». Sa détention
a été renouvelée. Il avait déjà été
arrêté en 2002 et condamné à 6 ans
et demi de prison. Son frère Khaled,
prisonnier depuis 10 ans, menace
d’entamer la grève de la faim en
solidarité avec Younes.
Le prisonnier Ayman Abu Daoud a
décidé le 14 avril d’entamer une
grève illimité de la faim, pour
protester contre son arrestation et
sa condamnation dans les mêmes
termes qu’avant sa libération, dans
l’opération d’échange d’octobre
2011. Il avait été arrêté pour la
première fois en 2004, et condamné à
36 ans de prison. Libéré dans le
cadre de l’échange avec le soldat
Shalit, il a été de nouveau arrêté
le 13/2/2012. L’occupant a décidé de
revenir à l’ancienne condamnation
pour se venger des prisonniers
libérés.
Le prisonnier résistant Samer el-Barq
poursuit la grève de la faim depuis
44 jours, refusant la détention dite
administrative. L’occupant avait
fait la promesse de le libérer et de
l’expulser lorsque Samer avait mené
une grève de la faim il y a quelques
mois, mais il n’a pas tenu parole.
Le prisonnier Mansour Mawqida a
débuté une grève de la faim il y a
plus de dix jours, pour protester
contre la politique de négligence
médicale suivie par l’occupant.
Mansour est gravement malade. Il
réclame des soins, pour lui et pour
tous les prisonniers malades et
handicapés.
2 – Libérer les prisonniers malades
Le martyre de Maysara Abu Hamdiyyé
met en lumière les conditions de
détention dans les prisons de
l’occupation où les sionistes se
vengent des résistants. Ils les
rendent malades puis refusent de les
soigner. Le manque de réactions de
la part de la « communauté
internationale » quant aux
prisonniers malades, atteints de
cancer et d’autres maladies graves,
est un soutien à l’arrogance de
l’occupant.
Les autorités de l’occupation se
vengent contre les prisonniers
malades. Le résistant Mohammad
Mardawi (34 ans) de Arrabe, dans la
province de Jénine, a été isolé dans
une cellule séparée alors qu’il
souffre d’une infection pulmonaire.
Ses compagnons ont affirmé qu’il ne
pouvait plus parler. Il y a un mois,
il avait été transféré à ce qui
tient lieu d’hôpital, dans la prison
de Ramlé, mais juste pour un jour.
Mohammad Mardawi a été arrêté en
1999, et condamné à 28 ans de
prison.
Le prisonnier Nahed al-Aqraa a dû
subir l’ablation de sa jambe gauche,
le 2 avril 2013, par manque de soins
appropriés depuis son arrestation.
Nahed Al-Aqraa est âgé de 41 ans et
est condamné à trois perpétuités
pour résistance à l’occupation. Il
demande l’ouverture de son dossier
médical et accuse les autorités de
l’occupation d’avoir sciemment
négligé de soigner sa jambe gauche,
qui était blessée. Il avait déjà
perdu sa jambe droite au début de
son arrestation.
Le club des prisonniers de la ville
d’al-Khalil a récemment informé de
la détérioration de l’état de santé
du prisonnier résistant Maher Abou
Rayyan, suite à la négligence
intentionnelle de l’occupation.
Maher a 35 ans et a été arrêté en
2003 après une longue poursuite de
la part de l’occupant.
Le résistant récemment libéré
Ibrahim Baroud a déclaré que les
prisonniers malades vivent un vrai
calvaire dans les prisons de
l’occupation, et nombreux sont ceux
qui assistent impuissants à leur
mort lente. Ils sentent qu’ils sont
visés et qu’ils risquent la mort, à
cause de la négligence médicale
intentionnelle pratiquée par
l’occupant.
3 – Martyrs
Trois martyrs parmi les prisonniers
depuis le début de l’année 2013.
Leur décès est dû à la politique
criminelle des sionistes, qui
négligent sciemment de soigner les
prisonniers et qui les prennent pour
des cobayes pour leurs industries
pharmaceutiques, ou par suite de la
torture subie, pratiquée à présent
sous la supervision d’une compagnie
anglaise. Les martyrs sont : Ashraf
Abu Dhrai, Arafat Jaradat et Maysara
Abu Hamdiyyé.
4 – Arrestations et condamnations
Le prisonnier libéré Thaer Halahla,
qui avait entamé une grève de la
faim pour sa libération, a été
arrêté de nouveau à Ramallah. Par
crainte de l’extension du mouvement
de révolte, suite à l’assassinat du
combattant prisonnier Maysara Abu
Hamdiyyé, l’occupant a lancé une
campagne d’arrestations des membres
et cadres du Jihad islamique dans
plusieurs villes de la Cisjordanie.
6 membres cadres ont été arrêtés,
parmi eux Thaer Halahla et Mu’tazz
Ubaydu, handicapé. Mu’tazz a été
maintes fois arrêté au cours de ces
derniers mois puis remis en liberté.
Le prisonnier libéré, membre actif
du soutien aux prisonniers, Usama
Shahine, a assisté au renouvellement
de sa détention administrative pour
6 mois supplémentaires. Arrêté
depuis le 30 octobre 2012, il est
détenu dans la prison du Naqab.
L’administration coloniale a
renouvelé la détention «
administrative » pour la quatrième
fois de Assaad Izzidine et de son
cousin Ahmad, du village Arraba dans
la province de Jénine.
5 – Libération
Le résistant du mouvement du Jihad
islamique, Ibrahim Baroud, a été
libéré au début du mois d’avril
après 28 ans de détention. Il avait
été arrêté en 1986 dans la maison
familiale dans le camp de Jabaliya.
Le résistant Mohammad Kanaane,
membre de la direction collective de
« Abnaa al-Balad », du village de
Arrabe en Galilée, a été libéré le
14 avril. Il a été arrêté et détenu
suite à sa participation à la
journée de mobilisation du retour
des réfugiés, en juin 2011, dans le
Golan syrien occupé. Sa famille qui
attendait sa libération prévue à 9h
du matin a été surprise de savoir
qu’il avait été libéré à 6h du matin
et transféré à une autre prison,
rien que pour empêcher l’accueil
populaire et familial du résistant.
Le combattant des Saraya al-Quds
(branche armée du Jihad islamique)
Youssef Abu Slaysel, 31 ans, a été
libéré après 9 ans de détention,
pour résistance à l’occupation.
6 – Statistiques
Des statistiques ont été publiées à
l’occasion de la Journée du
prisonnier palestinien, le 17 avril.
Les colons sionistes détiennent dans
leurs prisons 4900 prisonniers, en
majorité palestiniens (les autres
étant de nationalité jordanienne,
syrienne, égyptienne, libanaise…).
Parmi eux, 235 enfants, 14 femmes
dont la doyenne est Lina Jarbouni,
appartenant au mouvement du Jihad
islamique, 14 membres du conseil
législatif palestinien, en majorité
du Hamas et deux anciens ministres.
50.000 ordres militaires de
détention « administrative » ont été
prononcés depuis 1967, dont 23.000
depuis septembre 2000, date du début
de l’Intifada al-Aqsa. 168
Palestiniens sont aujourd’hui
détenus « administratifs »,
c’est-à-dire sans aucune charge ni
raison, sinon la crainte des colons
sionistes d’une révolte
palestinienne. 533 prisonniers sont
condamnés à la perpétuité.
1400 prisonniers souffrent de graves
maladies. L’état de 170 d’entre eux
nécessite des soins urgents. 16
prisonniers malades se trouvent en
permanence dans ce qui tient lieu
d’hôpital dans la prison de Ramlé,
et 25 prisonniers sont atteints de
cancer.
7 – Solidarité
A l’appel de la communauté
palestinienne en Allemagne, des
centaines de militants ont manifesté
en solidarité avec les prisonniers
palestiniens dans la ville de
Dortmund, réclamant aux responsables
de l’AP (Abbas et Haniyyé) de
concentrer leurs efforts pour faire
libérer les prisonniers.
L’association palestinienne Addameer
vient de lancer sa campagne pour
l’abolition de la détention
administrative. Elle a mis en place
un site d’information sur cette
forme barbare de détention pratiquée
par l’occupant :
http://stopadcampaign.com/
Les services sécuritaires de l’AP
poursuivent l’arrestation des
militants et des prisonniers
libérés, actifs dans le soutien à la
lutte des prisonniers. Plusieurs
militants du Jihad islamique et du
Hamas ont été récemment arrêtés.
Parmi eux, Hamza Abul Hayja, le fils
du combattant prisonnier du Hamas,
Jamal Abul Hayja, dont la maison a
été investie à plusieurs reprises,
et les affaires personnelles
confisquées, menaçant la famille de
continuer ces pratiques jusqu’à
l’arrestation de Hamza. D’après les
déclarations des services de l’AP,
Hamza est « accusé » de soutenir la
lutte des prisonniers.
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