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Opinion
France-Monde arabe:
La politique de l'homme providentiel en question
René Naba
Jeudi 27 janvier 2011 Ce papier est publié en simultané dans
la Revue Golias (février 2011 à Lyon)
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«Lorsqu’un peuple veut
la vie,
Force est au destin de répondre,
Aux ténèbres de se dissiper,
Aux chaînes de se rompre
Au peuple de triompher
Nous mourrons pour que vive la Patrie»
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Hymne national de la
Tunisie, paroles du grand poète tunisien Abou El Kacem Chabbi
I • De l’inanité de la recherche de l’homme providentiel
La recherche constante de l’homme providentiel ne saurait
constituer une fin en soi, encore moins tenir lieu de politique
dans le domaine international. N’en déplaise aux publicitaires
de pacotille, la déconfiture de la France en Tunisie, en Côte
d’Ivoire et au Liban devrait conduire les prescripteurs
d’opinion à répudier ce travers français et aux citoyens de
sanctionner ces pratiques dans leurs choix électoraux.
Après avoir porté aux nues l’irakien Saddam Hussein, le saladin
du Monde arabe, l’ivoirien Félix Houphouët-Boigny, le sage de
l’Afrique, le tunisien Zine el Abidine Ben Ali, le «rempart
contre l’intégrisme» en Afrique du Nord, le Mozart de la
finance, Jean Marie Messier (Vivendi), le Paganini de
l’équarrissage des entreprises en difficulté, Bernard Tapie, les
coqueluches des nuits parisiennes, les hommes d’affaires William
Kazan, Akram Ojjeh et Samir Traboulsi, le publicitaire Raghid Al
Chammah, le magicien du clavier électronique, Imad Lahoud, faux
décrypteur du listing Clearstream, auparavant en Afrique le
général Mobutu Sessé Seko du Zaïre, puis pour cause de pétrole
les présidents Omar Bongo (Gabon) et Gnassimbé Eyadema (Togo),
la France a jeté son dévolu au début de la décennie 1990 sur
Rafic Hariri, puis sur son héritier Saad Hariri, avant de
succomber devant le nouveau petit génie de la République,
Nicolas Sarlozy, seul homme à pouvoir restaurer la sécurité de
la France, à redresser ses finances publiques en état de
faillite, le principal barrage à l’extrême droite française, le
tombeur de la gauche et le redresseur de la France, le champion
de la lutte contre l’antisémitisme et de la discrimination
positive, le sauveur suprême en somme.
La suite est connue pour l’un comme pour les autres, avec pour
deux des chouchous français, Mobutu et Ben Ali, une interdiction
du territoire français à leur éviction du pouvoir, après
plusieurs décennies de bons et loyaux services. L’ingratitude
est la loi suprême des états pour leur survie. Avis donc aux
apprentis dictateurs.
II • La France intoxiquée par son propre poison
A l’instar des autres pays arabes, le Maghreb souffre de
l’absence d’un projet viable de société, d’une déperdition
d’énergie et d’un autoritarisme bureaucratique. Un quart de
siècle après le vent de fronde qui a soufflé sur le Maghreb, en
1984, alimenté par un mécontentement populaire diffus et par le
marasme économique mondial, dans un monde arabo musulman en
crise d’identité, un nouvel élan populaire risque de mettre à
bas le savant édifice mis sur pied sur la rive sud de la
Méditerranée en vue d’y pérenniser l’hégémonie occidentale sur
la zone. De maintenir le Maghreb en situation de marché captif,
un défouloir de la société occidentale pour son tourisme de
masse, son atelier au rabais pour le maintien de la
compétitivité internationale de l’Europe, le refuge de ses
retraités en fin de vie, le glacis stratégique du pacte
atlantique face à la percée chinoise en Afrique, son arrière
cour économique et sa basse cour politique.
Débordant les relais traditionnels du pouvoir, tant les
partis politiques que les syndicats, la «révolte des ventres
creux» a frappé en janvier 2011, la Tunisie, le plus homogène
démographiquement mais le plus démuni de ressources de ce qu’il
est convenu d’appeler le Maghreb central. Avec l’Algérie et le
Maroc, ces trois pays forment un ensemble régional de plus de
trois millions de km, dont les perspectives, à en juger par les
statistiques, paraissent sombres. Avec 80 millions d’habitants,
le Maghreb verra sa population augmenter d’un tiers pour
atteindre les cent vingt millions à l’horizon de l’an 2020.
Ce partenaire de premier plan de l’Europe, dont il borde le
flanc méridional, à la jonction du monde arabo berbère et
africain, a vu son économie sinistrée par la cléptocratie, le
népotisme, la prédation de son économie, les tares propres aux
dictatures, et, dans un contexte de mondialisation accélérée et
de concurrence exacerbée, par la prépondérance des échanges avec
l’ancienne métropole sur la coopération Sud Sud, les échanges
interarabes et arabo africains.
La chute de la dictature tunisienne porte condamnation de la
complaisance de la classe politico médiatique française à
l’égard de Ben Ali: Du vacancier de Bizerte, Bertrand Delanoë,
Maire socialiste de Paris, au résident de Sidi Bou Saïd, le bi
national Frédéric Mitterrand, ministre de la culture, à Pierre
Lellouche, ministre de l’Industrie, à Charles Pasqua, dont le
fils y trouva refuge pour échapper à la justice de son pays, à
Guillaume Sarkozy, frère aîné du président français, à
l’entrepreneur Pierre Besnainou, candidat potentiel à la
présidence du CRIF, toute la cohorte des intellectuels
médiatiques, pensionnaires gracieux des sites balnéaires de la
Tunisie, qui ont assuré sa promotion, celle de son paradis
d’enfer et la survie de son dictateur.
La diplomatie occidentale, particulièrement française, parait
déconnectée des réalités de la société arabe, en ce que son
contact se réduit aux élites locales vieillissantes sans rapport
avec le bouillonnement de sa propre jeunesse, dont les analyses,
de surcroît, se fondent sur des présupposés idéologiques.
Si personne, selon l’expression des dirigeants français, n’a
rien vu venir des événements de Tunisie, la première révolution
démocratique du XXI me siècle, c’est pour l’évidente raison que
les Français se sont aveuglés eux-mêmes, s’intoxiquant de leur
propre poison. Les principaux intervenants dans les médias
français étaient recrutés dans le cercle des thuriféraires du
régime tunisien. La fréquence des apparitions médiatiques du
directeur des « Cahiers de l’Orient », Antoine Sfeir, était
ainsi proportionnelle à l’importance de sa production laudative
sur la Tunisie. De même pour le directeur de l’Observatoire des
Pays Arabes, Antoine Basbous, à la mesure du torrent de boue
qu’il a déversé sur le Monde arabe, l’arabisme et le
nationalisme arabe, comme en témoigne sa philippique ânonnée
dans la revue néo conservatrice proaméricaine «Le meilleur des
Mondes».
Il en va de la Tunisie, comme du bunker de Saddam Hussein,
comme de l’analyse haririenne de la situation libanaise, qui
présente le chef du clan saoudo américain au Liban comme «le
rempart de la modernité face à l’obscurantisme» dont il a
longtemps été, pourtant, le financier occulte via ses parrains
wahhabites. Deux cautions exotiques à des analyses rétrogrades
et à des élucubrations fantaisistes. Une fonction assumée, au
même titre, par les amazones gadgets de la diversité sarkozyste,
Rachida Dati, ancien ministre de la justice, Rama Yade,
ambassadeur de France à l’Unesco et ancien ministre de la
jeunesse et des sports, et Fadela Amara, ancien secrétaire
d’état à la ville.
III • L’offre de Michèle Alliot Marie, non un lapsus,
mais un réflexe pavlovien.
Intimer l’ordre à l’ivoirien Laurent Gbagbo de déguerpir dans
la semaine sous peine de sanction et proposer, dans le même
temps, l’expertise policière française pour la répression d’un
soulèvement populaire en Tunisie relève, à tout le moins, d’une
aberration mentale sans doute unique au monde, à l’effet de
discréditer durablement la France de tout crédit moral. Que l’on
se détrompe toutefois. L’offre du ministre des affaires
étrangères, Michèle Alliot Marie de Hammamet, de prêter main
forte au régime tunisien face aux manifestants ne relève pas
d’un lapsus, mais d’un réflexe pavlovien.
Elle traduit la coopération franco-tunisienne «exemplaire » dans
le domaine de la police, non pas en Tunisie, mais en France
même, où, pas moins d’une centaine de commissaires et
inspecteurs de la police tunisienne étaient « insérés » dans le
dispositif de surveillance de la communauté arabe en France,
sévissant au nom de la prévention du terrorisme, en tant
qu’auxiliaires de la police politique tunisienne avec son
cortège de filatures, d’écoutes téléphoniques et d’accès au
fichiers.
Et plutôt que de se gargariser des vertus de la démocratie à la
tunisienne, plutôt que de nous avoir gargarisé avec les
sempiternelles ritournelles sur le rempart contre l’islamisme
que représente cette «dictature éclairée», ces grands défenseurs
autoproclamés de la démocratie auraient dû se plonger dans la
lecture salutaire d’ouvrages critiques publiés, tel «la Régente
de Carthage» de Nicolas Beau et des révélations quasi
quotidiennes de son site «Bakchich», de même que le livre de
Mohammad Bouebdelli « Le jour où j’ai réalisé que la Tunisie
n’est plus un pays de liberté » (www.bouebdelli.org) et les
mémos révélés par WikiLeaks, en décembre 2010, un mois avant la
chute du tyran, qui constituaient une véritable radioscopie des
turpitudes du régime, un exposé des dérives de cet état
policier, chouchou de l’Occident.
L’honneur de la France est de restituer à la Tunisie l’argent
ponctionné au peuple tunisien pour les besoins de la propagande
du dictateur. Qu’il s’agisse des politiques, des nombreux
journalistes ou des personnalités publiques, la restitution de
l’indu constitue une mesure de salubrité publique et la
disqualification des laudateurs, une mesure de décence devant de
telles dérives, tant il est vrai que le plus grand camouflet
infligé à ces propagandistes aura été que celui qui était
présenté comme un rempart contre l’Islamisme n’a trouvé refuge
qu’au sein du principal foyer de l’intégrisme, l’Arabie
saoudite.
IV • Le pays du Jasmin, miroir déformé de l’Occident
Décrié pour son usage abusif du népotisme, de la répression,
de l’intimidation et de la corruption, la Tunisie a bénéficié,
sous Ben Ali, pendant 23 ans d’une étonnante mansuétude de la
part des pays occidentaux, plus prompts à dénoncer les
violations des droits de l’Homme en Iran ou en Syrie que dans
l’arrière cour de la France (Tunisie, Maroc, Gabon, Tchad), plus
prompts à s’enflammer pour le Darfour que pour Gaza, pour le
Tibet que pour le Yémen.
Plus prompts à fustiger la fraude électorale en Iran, à
grands renforts de campagne médiatique que le trucage massif en
Afghanistan, ou la parodie de la démocratie à la tunisienne ou
encore la vénalité de la féodalité politique du bloc
parlementaire du milliardaire libano saoudien Saad Hariri au
Liban. Plus prompts enfin à carboniser un chef d’état coupable
d’avoir prolongé son mandat de trois ans, rien que trois ans, le
libanais Emile Lahoud, que leurs clients arabes
multirécidivistes de la reconduction, l’Egyptien Hosni Moubarak
(28 ans de pouvoir) ou le tunisien Ben Ali (23 ans de pouvoir)
ou encore les dinosaures de la Françafrique.
Doté d’une coterie familiale agglomérant des trafiquants de
drogue, des écumeurs des mers et des prédateurs des banques, le
roitelet tunisien a trôné, en partage avec son envahissante
épouse Leïla, sur le pays du jasmin, devenu, au fil des ans, le
royaume putride de la corruption, une parodie de démocratie,
l’alibi occidental à la lutte contre le fondamentalisme
religieux, le miroir déformé de l’occident, la face honteuse de
ses pratiques dévoyées.
Tout le monde garde présent à l’esprit la prestation de Nicolas
Sarkozy prônant depuis Tunis une division raciale du travail sur
le pourtour méditerranéen, sur la base des stéréotypes coloniaux
de la France. «Vous avez une main d’oeuvre qui ne demande qu’à
être formée, nous avons beaucoup d’intelligence et beaucoup de
formation. (…) Ensemble, avec votre main d’oeuvre, avec nos
écoles, nos universités, avec ce que nous échangerons, nous
pouvons créer un modèle qui triomphera dans le monde entier»,
avait soutenu le 29 avril 2008 à Tunis le président français
devant un parterre de cinq cents patrons français et tunisiens.
La conjugaison de la main d’oeuvre arabe et de l’intelligence
française constitue une variation sur le thème récurrent de la
pensée subliminale française, la traduction du rêve extatique
d’une fraction de la population française depuis plusieurs
générations qui se résume par cette formule lapidaire mais
hautement expressive: «faire suer le burnous». Une rengaine
orchestrant une mauvaise réédition d’une mauvaise émission de
télévision «la tête et les jambes», le mauvais remake d’un
mauvais film qui a ponctué tout le long du XX me siècle
l’imaginaire français de la «chair à canon», au «bougnoule», au
« sauvageon», à la «racaille» au «karcher» à la toute dernière
saillie sarkozienne de Tunis. En renvoyant Ben Ali, le «manuel»
Tunisien a administré un magistral coup de pied au «cérébral»
Français, le renvoyant dans ses pénates toute honte bue de tant
de dévoiement.
Overseas officer des services américains, Ben Ali a été un
observateur privilégié du soulèvement syndical de Gdansk, dans
la décennie 1980, en sa qualité d’ambassadeur de Tunisie et
observateur pour le compte des services occidentaux de la
contestation minière en Pologne. De retour dans son pays, en sa
qualité de ministre de l’intérieur, il a fait de la Tunisie, en
complémentarité avec le Maroc, la plate forme opérationnelle
majeure des services américains et israéliens, dont il sera leur
interface au plan locale. Un rôle dévolu par la suite à Kamal
Morjane du temps de son passage au ministère de la défense avant
son basculement vers le ministère des Affaires étrangères et sa
promotion au rôle de caution du régime post Ben Ali.
Depuis 2002, Tunis est le siège du bureau régional du MEPI
(Middle East Partnership Initiative), dont la couverture
philanthropique de ses objectifs masque un soubassement
sécuritaire. Bien qu’antérieur à l’installation du MEPI,
l’assassinat en Tunisie des deux principaux adjoints de Yasser
Arafat, Khalil Wazir, alias Abou Jihad, le chef militaire, et
Salah Khalaf, alias Abou Iyad, le chef du renseignement, ne
relève pas d’un pur hasard. Infligeant un dégât considérable au
leadership palestinien, leur élimination a favorisé la promotion
d’un bureaucrate poussif, en la personne de Mahmoud Abbas.
V • Les premières émeutes globales de la
mondialisation
« La montre Rolex avant cinquante ans », brandi comme un
signe de réussite sociale par le publicitaire tapageusement
ostentatoire Jacques Séguéla, ne constitue pas un impératif de
vie pour une large fraction de la planète. L’immolation, loin de
revêtir un phénomène de mode, constitue, dans cette optique, la
forme la plus aigue d’une protestation non bureaucratique, qui
témoigne du degré d’exaspération et de l’intensité de la
désespérance humaine des «laissés pour compte» de la société
d’abondance.
Au-delà du cas spécifique de la Tunisie, force est de constater
que les émeutes populaires qui ont eu lieu simultanément, en
2010-2011, en Algérie, en Tunisie, en Egypte, en Jordanie, au
Yémen, en Iran, en Chine, dans les banlieues françaises,
constituent les premières émeutes globales de la mondialisation.
Ces explosions de violence, sur tous les continents, démontrent
le caractère explosif de la combinaison de la corruption et des
difficultés économiques, su fond de hausse des prix des matières
premières. Ces explosions de violences retentissent comme autant
de symptômes qui portent la marque du dysfonctionnement d’un
système d’un monde mu par une économie mondialisée.
Le consensus de Washington et son prolongement européen, le
consensus de Bruxelles, avec leur cortège de programme
d’ajustements structurels, de délocalisation, de privatisation,
de libéralisation et de spéculation a provoqué une perte
colossale de l’ordre de 25.000 milliards de capitalisation
boursière, soit un coût infiniment plus élevé que le budget
prévu pour la réhabilitation et la dynamisation de l’ensemble
des économies du tiers monde.
La modernité a un corollaire que le sociologue Zygmunt Bauman
qualifie de «coût humain de la mondialisation»: une production
croissante de larges zones de rebut de l’humanité, la version
moderne du lumpen prolétariat.
Mais loin de participer d’un effet domino, le basculement de la
Tunisie relève d’un effet boomerang. La défaite arabe de 1967 a
provoqué la chute de la monarchie libyenne, la perte de la base
américaine de Wheelus et la base anglaise de Benghazi entraînant
la perte pour l’Otan de la façade occidental de la Méditerranée
au bénéfice du camp arabe. Elle s’est prolongée par le coup
d’Etat du Soudan, Gaâfar Al Noumeiry et du coup d’Etat en Irak.
Le traité de paix israélo-égyptien de mars 1979 a été
compensé par la chute de la dynastie Pahlévi ; l’invasion
américaine de l’Irak avec l’éviction d’un pouvoir sunnite dans
l’ancienne capitale des abbassides a provoqué un séisme dupliqué
par l’élimination du chef du clan saoudo américain au Liban,
Rafic Hariri; le démembrement du Soudan, la chute du rempart de
l’intégrisme de l’Afrique du Nord ; la capitulation de Barack
Obama face au diktat israélien dans les négociations de paix
israélo palestiniennes, la chute du gouvernement pro américain
de Saad Hariri au Liban.
Tous les dirigeants pro occidentaux du tiers monde arabo
musulman sont sous perfusion américaine: Hamid Karzai
(Afghanistan), Noury al Malki, (Irak), Mahmoud Abbas
(Palestine), Hosni Moubarak (Egypte), y compris la dynastie
wahhabite et naturellement leur enfant chéri, Saad Hariri. En
intronisant Rafic Hariri «martyr de l’Occident » et son héritier
politique, Saad Hariri, comme «le rempart de la démocratie en
terre arabe», il est à espérer que les dirigeants occidentaux ne
s’en mordent pas le doigt très prochainement. La servilité à
l’égard de l’Amérique ne constitue en aucune manière un gage
absolu de pérennité.
La focalisation égyptienne sur la levée d’une milice sunnite
au Liban, non pour participer au combat pour la libération de la
Palestine, mais pour faire contrepoint au mouvement chiite
libanais Hezbollah, en plein démembrement du Soudan, sur fond de
grogne électorale et de contestation populaire en Egypte, a
constitué la marque d’une aberration mentale absolue, un acte de
dévoiement suicidaire du régime égyptien qui risque d’obérer
grandement les chances successorales de l’héritier Moubarak,
dans la foulée du collapsus tunisien.
Hosni Moubarak, en Egypte et Saad Hariri au Liban se doivent de
bien intégrer dans leur raisonnement les évènements de Tunis et
réfléchir aux conséquences de leur acte et que l’égyptien garde
bien en mémoire le précédent de son prédécesseur, Anouar El
Sadate, et Saad Hariri celui de son propre père.
La Tunisie a constitué un avertissement sans frais pour les
gérontocrates arabes (Hosni Moubarak d’Egypte, Ali Abdallah
Saleh du Yémen, Abdallah d’Arabie) et la visite du sous
secrétaire d’état américain Jeremy Feltmann à Tunis, a signé le
primat de la diplomatie américaine dans cette ancienne chasse
gardée de la France, déconsidérée désormais par son comportement
en porte à faux. La cécité politique a un prix, la suffisance
aussi.
Aux apprentis dictateurs arabes, de méditer le sort funeste
d’Anouar El Sadate (Egypte), de Bachir Gemayel (Liban),
d’Abdallah 1er de Jordanie, de Wasfi Tall, le premier ministre
jordanien bourreau des Palestiniens durant le septembre
jordanien, Noury Saïd (Irak) premier ministre anglophile d’Irak,
Benazir Bhutto (Pakistan), interface des néo conservateurs
américains et du Commandant Massoud Shah (Afghanistan). Et aux
aspirants dictateurs de méditer le sort funeste du Chah d’Iran
Reza Pahlévi, de Mobutu Sessé Seko (Congo Kinshasa) et de Ben
Ali (Tunisie), tous trois, une fois leur prestation achevée,
interdits de séjour dans des pays dont ils ont été les sous
traitants officieux.
Errare Humanum Est, Perseverare Diabolicum.
© Toute reproduction intégrale ou
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Naba serait illicite (Art L.122-4), et serait sanctionnée par
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Publié le 27 janvier 2011 avec l'aimable autorisation de René Naba.
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