Opinion
Le rôle singulier
des Grecs catholiques d'Orient
René Naba
Mardi 25 décembre
2012 Le rôle
singulier des Grecs catholiques (ou
Melkite) D’Orient
Paris - Le Monde
catholique célèbre en Novembre et
Décembre 2012 le 50 me anniversaire du
Concile Vatican II qui a marqué la prise
en compte de la spécificité des Eglises
d’Orient en terre d’Islam;
un fait qui a constitué un
bouleversement dans la perception
mutuelle des deux branches de la
catholicité et une modification de leurs
rapports sur la base d’une plus grande
égalité
renenaba.com revient
sur le rôle de cette communauté alors
qu’Alep, le plus important foyer melkite
en terre arabe, et, Damas, le siège
d’été du
Patriarcat, sont depuis deux ans
la proie d’une guerre intestine,
laissant planer le danger d’un nouvel
exode des Chrétiens arabes.
I - Des
Prélats de légende: Maximos IV Sayegh,
Philippe Naba’a, Hilarion
Capucci,
Cyril
Bustros
Paris – Catholique
romain de rite grec, de culture arabe,
en terre d’Orient, le Melkite,
généralement désigné comme
Grec-Catholique, est l’héritier de Rome,
d’Athènes, de Constantinople et de
Jérusalem, une quadruple civilisation
matrice du Monde moderne.
Homme de synthèse par
destination, une vocation dictée par
l’Histoire et la géographie, le melkite
ou rite royal se trouve au point de
brassage et de friction des grands axes
de la circulation du Moyen orient:
Marjayoun, Jezzine, Tyr et Saida,
au sud Liban, dans la région limitrophe
de l’ancienne Palestine, à Zahlé et
Baalbeck, dans le Centre Liban, dans la
zone frontalière de la Syrie, et,
au-delà, à Alep, dans le nord de la
Syrie, à la lisière du Monde turc et
arabe, ainsi qu’en haute Galilée,
secteur de démarcation israélo-arabe.
Œcuménique, le siège
du patriarcat, depuis la perte de
Constantinople,
se situe alternativement, au
Caire, en Hiver, et à Damas, en Eté, les
deux pôles du Monde arabe.
Alep, capitale
économique de la Syrie,
constitue
une des places fortes des Grecs
catholiques. La ville, en voie de
transformation en Emirat Islamique du
fait de la coalition islamo-atlantiste a
fourni plusieurs prélats éminents à la
communauté dont l’un des plus
prestigieux n’est autre que le
Patriarche Maximos IV Sayegh, l’homme du
Concile Vatican II, qui conduit le pape
Paul VI à admettre les patriarches des
Eglises d’Orient au rang de «Primus
inter Pares», avec prééminence sur les
Cardinaux.
«A
Mes Frères les Patriarches des Eglises
d’Orient, à mes fils les Cardinaux»,
distingue désormais le souverain Pontife
ses ouailles depuis ce fameux Concile,
qui conféra la pourpre cardinalice à
tout nouveau Patriarche d’Orient élu à
la tête de son Eglise
Un autre prélat de
renommée internationale d’origine
aleppine n’est autre que Monseigneur
Hilarion Capucin, ancien Archevêque de
Jérusalem, expulsé par les autorités
d’occupation israéliennes pour sa
connivence supposée avec le mouvement
national palestinien.
II - L’Arabie
saoudite et l’Iran à l’assaut des
Melkites du Liban
Zahlé, Chef-Lieu de
la plaine de la Bekaa, dans le centre du
Liban, constitue la place forte des
Melkites au Liban. Une sourde rivalité
oppose depuis un an l’Arabie saoudite
chef de file des sunnites, et l’Iran,
chef de file des chiites, pour emporter
l’adhésion des Melkites à leur cause, en
prévision des prochaines élections
législatives libanaises prévues en juin
2013. L’issue
de la bataille de Zahlé pourrait
déterminer la majorité gouvernementale
pour la prochaine mandature
parlementaire et sans doute
présidentielle.
Le sud-Liban, qui
compte la plus forte concentration
melkite du Liban, abrite trois des
principaux sites du Liban antique, Tyr,
Sidon et Cana de l’ancienne Phénicie. Un
legs que le Melkite assume sans
ostentation.
Son patriotisme,
forgé dans l’épreuve, se conforte de
l’absence de sectarisme et de fanatisme,
sentiment funeste dans une zone en proie
à un prophétisme endémique.
Aucun Melkite ne figurait dans
le cercle dirigeant de la milice
chrétienne durant la guerre
inter-factionnelle libanaise
(1975-1990), contrairement aux autres
confessions religieuses chrétiennes,
telles les Maronites ou les
Grecs orthodoxes, dont l’alliance
avec Israël, l’ennemi officiel du Monde
arabe a considérablement affecté le
crédit.
A ce titre, le poste
de chef de la diplomatie libanaise lui
était traditionnellement dévolu au
Liban, occupé par des brillants
diplomates, les Frères
Salim et Philippe Takla, proches
parents des fondateurs du Journal
égyptien
«Al-Ahram», l’un des plus beaux
exemples du savoir-faire libanais dans
le domaine journalistique.
Son ambition puisée
dans son héritage spirituel est d’être
présent dans le débat contemporain pour
faire entendre sa voix autrement que par
voie de procuration. Sans prétention,
mais sans concession. Dans un esprit de
conciliation, par fidélité à sa
tradition qui concilie militantisme et
diplomatie
Sa démarcation
n’implique pas la séparation. C’est un
Patriarche Melkite, Maximos IV
Sayegh, qui, le premier, a brandi la
revendication de l’autonomie des
Patriarches d’Orient face à la Curie
Romaine.
«La langue de la Curie est le
Latin que je maitrise,
mais je me dois de m‘exprimer en
grec, la langue de notre rite, ou en
arabe, ma langue maternelle et celle du
peuple de mes fidèles. Je ne le ferai
pas par esprit de conciliation. Je
parlerai donc la langue française,
c’est-à-dire la langue diplomatique du
Vatican, mais non la langue officielle
du Vatican», tonnera- t-il d’emblée dans
son discours inaugural au Concile.
C’est un autre prélat
Melkite, à l’exclusion de toute autre
communauté d’Orient, Philippe Naba’a,
Archevêque de Beyrouth, qui se verra
confier la délicate tâche
d’assurer le secrétariat du
Concile Vatican II et de mettre en
harmonie les relations frondeuses des
Eglises d’orient avec le Saint Siège.
C'est également un prélat Melkite,
Hilarion Capucci, Archevêque de
Jérusalem qui connaitra les geôles
israéliennes pour fait de résistance.
C’est enfin un autre
prélat grec-catholique, le 4me,
Mgr Cyril Bustros, actuel
Archevêque de Beyrouth, qui assumera la
lourde tâche de porte-parole du Synode
d’Orient en octobre 2010, le premier du
genre dans l’histoire de la chrétienté.
III- La déclaration du Synode
des Eglises d’Orient
Déclaration tonitruante de Mgr Bustros qui a retenti comme un camouflet
majeur à la doxa officielle occidentale:
«Israël ne peut pas s'appuyer sur le terme de Terre promise figurant dans
la Bible pour justifier le retour des
juifs en Israël et l'expatriation des
Palestiniens»,
avait
déclaré Mgr Bustros, à l’époque
Archevêque de Newton (États-Unis).
«On ne peut pas se baser sur le
thème de la Terre promise pour justifier
le retour des juifs en Israël et
l'expatriation des Palestiniens»,
a dit le président grec-melkite de la
commission pour le message du synode
pour le Moyen-Orient lors d'une
conférence de presse.
Dans ce message, les évêques et patriarches orientaux affirmaient qu'il
«n'est
pas permis de recourir à des positions
bibliques et théologiques pour en faire
un instrument pour justifier les
injustices».
«Pour nous, chrétiens, on ne peut
plus parler de Terre promise au peuple
juif»,
terme qui figure dans l'Ancien
testament, car cette
«promesse»
a été «abolie
par la présence du Christ».
Après la venue du Jésus,
«nous
parlons de Terre promise comme étant le
royaume de Dieu»,
qui couvre la Terre entière, et est un
«royaume
de paix, d'amour, d'égalité (et) de
justice»,
a-t-il expliqué.
«Il n'y a plus de peuple préféré,
de peuple choisi, tous les hommes et
toutes les femmes de tous les pays sont
devenus le peuple choisi»,
a ajouté le prélat.
Il a par ailleurs mis en avant deux problèmes dans la solution préconisée
par la communauté internationale et le
Vatican d'instituer un État juif et un
État palestinien pour résoudre le
conflit au Proche-Orient.
Dans le cadre d'un État juif, il s'est inquiété du risque d'exclusion
«d'un
million et demi de citoyens israéliens
qui ne sont pas juifs mais arabes
musulmans et chrétiens».
Pour lui, il vaudrait mieux parler d'«un
État à majorité juive».
«La question du retour des
déplacés palestiniens»
est «aussi
très grave, a-t-il ajouté. Quand
on va créer deux États, il va falloir
résoudre ce problème»,
avait affirmé Monseigneur BUSTROS.
Fin de citation
Au Liban même, le
pays a été florissant lorsque ses
relations étaient confiées à des
diplomates de talent les frères Takla et
Khalil Abou Hamad), son armée à des
chefs militaires de rigueur (Toufic
Salem, chef d’Etat-Major), ses finances
à des banquiers avisés (Henri Pharaon)
et son économie à d’intrépides
capitaines d’industrie
(les Familles Pharaon, Sehnaoui,
Débanné, Sklaff etc.), sa fibre sociale
à des êtres de grande intégrité, le
polytechnicien Charbel Nahas ou le
magistrat Salim Jreissati, un des plus
brillants juristes de sa génération.
A distance des
fauteurs de troubles, la communauté
grecque catholique a néanmoins payé un
lourd tribut à la guerre du fait de sa
configuration géographique et humaine.
Décimée, elle
n’entend pas pour autant assumer un rôle
de communauté croupion. Elle entend au
préalable se reconstituer avec en guise
de première étape la réhabilitation
humaine et spirituelle de sa principale
base d’implantation, le Liban, en vue de
continuer à apporter son concours au
dialogue des cultures et de maintenir
son rôle prééminent dans le domaine de
la
prestance morale et de la
pertinence intellectuelle
La communauté grecque
catholique compte près d’une dizaine de
millions de fidèles à travers le Monde,
répartis au sein de quatorze pays
(Liban, Syrie, Egypte, Jordanie,
Palestine, Brésil, Venezuela, Canada,
Australie, Etats Unis, Chypre Ukraine et
Inde). En France, les Grecs catholiques
disposent d’un joyau de l’architecture
médiévale: L’Eglise Saint Julien le
Pauvre, sur les rives de la Seine, Face
à Notre Dame de Paris
Jadis principalement
concentrée dans la zone de compétence du
Patriarcat d’Antioche, principalement au
Liban, (300.000 foyers), en Syrie
80 000, et en Egypte (60.000), les
Melkites se sont dispersés à la faveur
des guerres du Moyen orient, notamment
en Amérique latine qui compte près de
350.000 foyers, presque autant que
l’ensemble du Proche Orient, au Canada
(20.000) et enfin, en Californie, ou le
district de Santa Anna, à Los Angeles
abrite 20. 000 fidèles.
L’opinion de base en
France et dans le Monde tend à réduire
les Chrétiens arabes aux Maronites du
fait que cette communauté est
généralement perçue comme pro
occidentale en raison sans doute de la
relation privilégiée la liant à la
France dans la fondation du Liban
moderne et vraisemblablement des
positions pro israéliennes prises par
les milices chrétiennes durant la guerre
du Liban (1975-1990).
Si les Maronites
constituent bien la plus importante
minorité des minorités chrétiennes du
Liban et dispose à ce titre de la
magistrature suprême, il n’est pas
certain qu’ils constituent la plus
importante chrétienne d’Orient,
vraisemblablement devancés par les
Coptes d’Egypte qui compte six millions
de fidèles en Egypte même et autant en
diaspora. Mais le tropisme pro israélien
manifesté par une large fraction du camp
maronite depuis la fondation de l’Etat
Hébreu, notamment le rôle supplétif de
l‘armée israélienne assumé par les
officiers félons, Saad Haddad et Antoine
Lahad, le zèle tonitruant des chefs
successifs
des milices chrétiennes Bachir
Gemayel, Elie Hobeika et Samir Geagea,
pourrait expliquer une part de
cette exposition médiatique au sein de
la presse occidentale et de la confusion
entre Maronites et chrétiens arabes(1).
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Pour aller
plus loin
1 ère partie
http://www.renenaba.com/chretiens-dorient-le-singulier-destin
-des-chretiens-arabes/
2me partie
http://www.renenaba.com/chretiens-dorient-le-singulier-destin
-des-chretiens-arabes-2/
Références
1 - Sur les relations entre Israël et
les Maronites, Cf. notamment –«Victimes,
Histoire revisitée du conflit arabo
sioniste- Benny Morris - (Edition
Complexe), chapitre I page 539 et
suivants/
http://books.google.fr/books?id=6d26-u2goHkC&pg=PA540&lpg=PA540&dq=collaboration+entre+les+
maronites+et+l%27agence+juive+et+israel&source=bl&ots=5-fqwTCpch&sig=jlBfcDiIKsac2nFDyCWG8-jguSM&hl=fr&sa=X&ei=0sPQUKiqJ82ChQeZ9ICgBQ&sqi=2&ved=0CDY
Q6AEwAQ#v
=onepage&q=collaboration%20entre%20les%20maronites%20et%20l%27agence%20juive%20et%20israel&f=false
Avec en complément la
version anglaise du
Texte du pacte secret entre l'Eglise maronite et l'Agence Juive
Treaty between the Jewish Agency for Palestine and
the Maronite Church
What are the implications of the creation of a
minority Jewish state on identity
politics in Lebanon?
May 30th 1946
"We, the undersigned:
1. His Beatitude Antoine Arida, the Maronite
Patriarch of Lebanon, acting on behalf
of the Church and the Maronite
community, the largest community in the
Lebanese Republic with citizens residing
in other countries, represented by …,
ex-minister by virtue of authorization
addressed to the President of the Jewish
Agency, Professor Weizmann on May 24th
1946, which hereinafter shall be in this
treaty addressed as "first party".
2. Dr. Bernard Joseph, acting on behalf of the
Jewish Agency for Palestine which is
known in International Law as the
representative of Jewish people around
the world aimed at creating the Jewish
National Home in Palestine, which
hereinafter shall be in this treaty
addressed as "first party".
ART.1: The first party expressly and fully
recognizes the historical link uniting
the Jewish people to Palestine, the
Jewish people's aspirations in
Palestine, and the Jewish people right
to a free immigration and independence
in Palestine. It also declares its
approval on the Jewish agency's declared
current political program including the
establishment of a Jewish state.
ART.2: The second party expressly and fully
recognizes the independence of Lebanon
and the right of its inhabitants to
choose the regime they deem as
appropriate. The second party also
declares that its extending and widening
program does not include Lebanon. On the
contrary, it respects the state of
Lebanon in its current form and borders.
The Jewish immigration does not include
Lebanon.
ART.3: The two parties commit themselves
reciprocally to abstain from undermining
their respective aspirations and status;
the so-called commitment has a binding obligation
restraining the representatives of both
parties - officials and non officials -
in the country, abroad, in international
conferences whether occidental or
oriental, from expressing any kind of
support to decisions or actions that may
harm the other party. Also do their
utmost to avoid taking such decisions or
undertaking such actions.
ART.4: The two parties commit themselves to
provide mutual help at the following
levels: political, commercial, security
and social in order to promote the
position of the first party and realize
the aspirations of the second one. This
engagement includes:
a) Raise the awareness of public opinion in the
Orient and the Occident on the cause of
each party, according to the spirit of
the treaty hereby.
b) Concert their efforts to open the doors of each
country with view to deepen cultural and
social rights and promote commercial
trades and the exchange of liaison
officers to forge good neighboring
relationships between one another.
c) The first party recognizes the right of every
Jewish to immigrate to Palestine commits
itself to help as much as possible in
the realization of this immigration in
the event that it shall pass through
Lebanon.
d) The second party commits itself, after the
creation of the Jewish state, to respect
the sacred character of the holy sites
in Palestine and commits itself as well
after retaining the command of power to
consider the treaty hereby as an
integral part of the government program.
e) The two parties commit themselves to provide
help, if requested, to one another in
order to maintain security in their
respective countries. This engagement
has the binding obligation to take all
necessary measures to block the entrance
or exit of hostile elements capable of
sowing public disorder and the
obligation to refrain from providing any
kind of help for such elements.
f) The two parties commit themselves to exchange
information on all issues such as the
politics of their countries, their
economy, security, and relations with
third parties.
g)At the industry, agriculture and scientific
research levels, the two parties commit
themselves to exchange information and
advice in order to synchronize the
Lebanese and Jewish efforts with a view
to ensure the best development of their
respective industries (including the
tourism sector), agriculture and
research on the basis of mutual
cooperation.
h) After creating the Jewish state, the second
party commits itself to reserve a
friendly treatment to the
representatives of the Maronite
Patriarch, to facilitate the buying of a
land and the construction of a
Patriarchate worthy of the Maronite
community.
i) The second party commits itself to require from
its offices all over the world to
support the cause of the first party and
back its representatives in Washington,
London, and Paris and in international
conferences.
ART.5: In order to achieve the afore-mentioned
obligations, and additional practical
means of collaboration and mutual aid,
the two parties will hold direct or
indirect (through representatives) talks
depending on the relevant advancement
and circumstances.
ART.6: The treaty hereby takes effect upon
signature. Each party has the right to
terminate it within six months notice.
In witness whereof the two parties have signed
this treaty."
Double original copy, Jerusalem, May 30th 1946.
Source: Central Zionist Archives 525/3269
Tous droits réservés
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