Opinion
La France et la
réforme du droit de véto au Conseil de
sécurité:
Un bobard diplomatique pour un enfumage
médiatique
René Naba
René Naba
Jeudi 25 octobre
2012 Laurent Fabius,
ministre socialiste des Affaires
étrangères, a proposé Lundi 22 octobre à
Paris, la réforme du recours au Droit de
véto au sein du Conseil de sécurité de
l’ONU, préconisant que son usage soit
réduit au seul cas où un état détenteur
de ce droit était menacé d’une action
hostile des instances internationales.
La France a une
«proposition à faire est que le droit de
veto soit utilisable quand il concerne
uniquement le propre pays» dans le débat
objet de la résolution, a déclaré M.
Fabius sur le plateau du grand journal,
commentant les vetos russe et chinois en
faveur de la Syrie.
http://www.canalplus.fr/...
A Ecouter à
partir de la 6eme minute
Le droit de véto
est conféré exclusivement aux cinq états
membres permanents du Conseil de
sécurité (Etats-Unis, France, Royaume
Uni, Chine et Russie) et permet à son
détenteur de faire opposition à
l‘adoption d‘une résolution qui lui est
hostile, quelle que soit l’opinion
majoritaire au Conseil. Les cinq membres
permanents exercent ce droit quand ils
votent négativement, mais une abstention
ou une absence n’est pas considérée
comme un veto.
Pour les votes
concernant les questions de procédure,
le droit de veto ne peut pas être
exercé, ce qui permet ainsi au Conseil
de pouvoir débattre d’un projet de
résolution même s’il est fort probable
qu’un des cinq y mette son veto.
La France «in
due course»
Le système du veto
a été établi pour protéger les intérêts
des membres fondateurs de l’ONU sortis
victorieux de la II me Guerre mondiale.
À la Conférence de Dumbarton Oaks en
1944 qui a prévalu à la création de
l’ONU, il avait été décidé que les
représentants de la République de Chine,
des Etats Unis, du Royaume Uni, de
l’Union soviétique, et, «in due course»,
de la France seraient des membres
permanents.
Afin de maintenir
la suprématie occidentale dans la
gestion des affaires du monde, il avait
été décidé à l’époque que la France,
même battue et occupée par l’Allemagne
nazie, avait joué un rôle primordial en
tant que membre permanent de la défunte
Société des Nations, et, que sa place se
justifiait parmi les cinq grands en tant
que puissance coloniale disposant d’un
vaste empire.
Depuis la création
de l’ONU, la majorité des veto au
Conseil de sécurité ont été exercés par
l’Union soviétique. Toutefois depuis la
chute du Mur de Berlin, en 1989, les
Etats-Unis se sont substitués à la
défunte Union soviétique dans l’usage du
droit de Veto.
En 15 ans (entre
1989 et 2004), soit de la chute du Mur
de Berlin à l’invasion américaine de
l’Irak, correspondant à quinze ans
d’unilatéralisme américain, 19 veto ont
été mis dont:
Etats-Unis: 13 fois
(11 fois par rapport à Israël, 1 fois
par rapport à la Bosnie-Herzégovine, 1
fois par rapport au Panama)
Union Soviétique
puis Russie: 3 fois (2 fois par rapport
à Chypre, 1 fois par rapport à la
Bosnie-Herzégovine)
A Fin février 2011,
le veto a été utilisé 264 fois avec, par
ordre d’importance:
-124 fois par
l’Union soviétique/ Russie
-82 fois par les
Etats-Unis
-32 fois par le
Royaume-Uni
-18 fois par la
France, particulièrement lords de la
guerre d’Algérie où la France a pratiqué
la politique de la chaise vide,
s’abstenant de prendre part à faux
débats sur la question.
-6 fois par la
Chine
Il en découle que
les pays occidentaux ont fait usage du
droit de veto 132 fois contre 124 fois
et qu’ils sont donc bénéficiaires de ce
passe-droit, qui leur a permis de
bloquer l’admission de la Palestine en
tant que membre de plein droit de
l’organisation internationale, sans le
prédécesseur de Laurent Fabius à
l’époque ni probablement son successeur
demain juge opportun de soulever le
bien-fondé de l’usage du Droit de véto,
particulièrement lorsqu’ll est le fait
des Etats-Unis bloquant, par exemple,
une résolution ordonnant la destruction
les colonies israéliennes édifiées
illégalement sur le territoire
palestinien.
Qu’un pays repêché
in extremis dans ses droits souverains,
de surcroît ayant perdu la justification
de ce droit, l’empire colonial, ait
l’outrecuidance de suggérer la
modification de l’usage du droit de veto
dont il a été largement et abusivement
bénéficiaire, sans s’interroger sur son
propre comportement, sans que la presse
nationale ne pose la question de la
pertinence de cette proposition et le
bien-fondé de l’opportunisme de son
auteur dénote une grave altération de la
fonction critique de la classe
politico-médiatique.
A l’analyse, la
proposition de Laurent Fabius de
reformer l’usage du droit de véto au
Conseil de sécurité s’est révélée être
ce que son auteur a voulu qu’elle soit:
un bobard diplomatique pour enfumage
médiatique.
Alors Laurent
Fabius, cherchez-vous par ce biais à
priver la Russie de son droit de véto en
faveur de la Syrie, et, par ricochet,
priver Israël de son bouclier
diplomatique américain? Chiche, Monsieur
le super-capé de la méritocratie
française.
Pour aller plus loin, ci-joint un des
derniers avatars de la France du fait
d’un gouvernement socialiste
http://www.renenaba.com/...
© René Naba
Reçu de René Naba pour publication
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