|
Blog René Naba
Dominique Strauss Kahn dans le texte...
Piqûre de rappel
René Naba
Un an après son élection à la direction du Fonds Monétaire
International, alors que la planète est emportée par une
bourrasque financière et boursière sans précédent de l'histoire
contemporaine, Dominique Strauss Kahn, le flamboyant social
libéral de l'Internationale socialiste et du sarkozysme
français, fait la une de l'actualité internationale sur un sujet
sans rapport ni avec les subprimes, ni les hudges fonds, ni les
paradis fiscaux, mais à propos d'un comportement dont des
observateurs européens redoutaient à l'époque qu'il lui porte
préjudice dans l'exercice de ses responsabilités
internationales.
L'enquête du FMI sur un possible abus de pouvoir
pourrait obérer ses chances à la candidature socialiste
l'élection présidentielle française et constitue, en toute
hypothèse, un camouflet pour son nouveau parrain international,
Nicolas Sarkozy. Piqûre de rappel avec la
publication du papier paru dans le blog renenab.blog.fr. lors de
son élection à la direction du FMI, qui demeure d'actualité.
M. Strauss Kahn, à Santiago-du-Chili, le 28 septembre 2007.
Image source: REUTERS/VICTOR RUIZ CABALLERO (publié sur
lemonde.fr) 30 septembre 2007
M. Dominique Strauss Khan, élu 28 septembre 2007, Directeur Général
du Fonds Monétaire international, réserve sa première visite
officielle au Président Nicolas Sarkozy, le nouveau parrain
international de l’ancien responsable socialiste, qui le recevra
lundi 1er octobre à l’Elysée.
Retour sur le parcours de ce dirigeant socialiste propulsé sur
la scène internationale par le plus à droite des Présidents
Français.
Avant l’heure, Dominique Strauss-Khan, le nouveau Directeur Général
du Fonds Monétaire International, se prononce en faveur d’une
attaque contre l’Iran et regrette que les Américains se soient
trompés de cible préférant attaquer l’Irak au lieu de
l’Iran. Il considère que le Liban est l’«agresseur» dans la
dernière guerre d’Israël contre le Liban, en juillet 2006, et
que la «fameuse politique arabe de la France» est une «supercherie
du Quai d’Orsay».
Ancien ministre des Finances et de l’Economie, ancien
candidat à la présidence de la République, le socialiste préféré
des Français pour succéder à François Hollande au poste de
premier secrétaire du parti socialiste français, Dominique
Strauss Khan, de son vrai prénom Gaston, paraît plus proche des
néo-conservateurs américains que les ténors de la droite française.
C’est d’ailleurs là son point de convergence avec son nouveau
parrain international le plus à droite des Présidents français
Nicolas Sarkozy, l’artisan de la mutation post-gaulliste de la
Droite française et de son ralliement aux thèses atlantistes.
I- DSK dans le texte. Un belliciste impénitent: A
vous de juger
La Revue «Le Meilleur des Mondes » a organisé à
l’occasion de la dernière campagne présidentielle française
(Mai 2007) une interview croisée entre Nicolas Sarkozy, ministre
de l’intérieur à l’époque, et, Dominique Strauss Khan,
candidat à la candidature socialiste. La revue passe pour être
un relais des thèses de la Foundation for the Defense of
Democracies, porte-voix des néoconservateurs en France. Le numéro
en question est paru aux Éditions Denoël, Automne 2006.
Dominique Strauss-Kahn est interviewé par Elie Cohen, Myriam
Encaoua, Gérard Grunberg, Michel Laval et Michel Taubman. Il
parle longuement du Liban et de l’Iran, de l’Union européenne,
de sa vision de l’économie française.
Voici les principaux passages de l’interview de M. Dominique
Strauss-Khan, député de la circonscription populeuse de
Sarcelles mais résident du quartier chic de Neuilly:
Iran: « On mesure que les Américains se
sont trompés de cible: la menace ne venait pas de l’Irak, mais
de son voisin perse».«La politique qui est aujourd’hui
conduite en Iran sous la houlette d’Ahmadinejad comporte de
nombreuses expressions du totalitarisme qui, en tant que telles,
doivent être combattues. À ce propos, c’est pour moi une grave
erreur d’avoir prétendu, comme l’ont fait Jacques Chirac et
son ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, que
l’Iran jouait « un rôle stabilisateur » dans la région. Cela
entraîne une confusion sur la nature réelle de ce qu’est le régime
iranien actuel. Cela revient à envoyer un message erroné à un
pays qui use largement de sa capacité de nuisance on le voit au
Liban via le Hezbollah, en Irak ou avec le chantage nucléaire
qu’il cherche à exercer. » . «On mesure que les Américains
se sont trompés de cible: la menace ne venait pas de l’Irak,
mais de son voisin perse».
NDLR-RN: Dominique Strauss Khan se trouve sur
ce point sur la même longueur d’onde que Bernard Kouchner,
ministre français des Affaires étrangères, nouveau voltigeur de
pointe de la diplomatie atlantiste du nouveau gouvernement français,
passé de «Médecins sans Frontières» à «Va-t-en guerre sans
Frontières», sur la même longueur d’onde que Nicolas Sarkozy,
le digne successeur de Tony Blair, l’ancien «caniche
britannique» du président George Bush. M. Sarkozy qui a adopté
la même terminologie que les dirigeants israéliens désignant
Gaza sous le vocable de «Hamastan», n’a pas exclu lors de son
intervention devant la conférence des ambassadeurs de France, fin
Août 2007, de recourir à des sanctions unilatérales même en
dehors cadre de l’ONU, résumant la position française en une
formule: «la bombe iranienne ou le bombardement de l’Iran».
Formule maladroite, rudimentairement démagogique, s’il en est,
car dans l’hypothèse de la mise au point d’une bombe
iranienne les pays occidentaux devraient réfléchir par deux fois
avant de se lancer dans une aventure nucléaire, dont les
principales victimes par ricochet, seraient, d’abord, leurs alliés
pétromonarchiques du Golfe, ainsi que le ravitaillement énergétique
des pays industrialisés économies.
Depuis l’avènement de la Révolution Islamique, en 1979, la
France s’est trouvée en position de «co-bélligérance» face
à l’Iran par son soutien massif à l’Irak du temps de Saddam
Hussein. Sous la présidence Sarkozy, elle se retrouve de nouveau
en pointe contre l’Iran dans le dossier nucléaire. La
permanence d’une attitude hostile lui avait valu dans le passé
de subir les effets des dommages collatéraux, avec l’attentat
contre le quartier général français à Beyrouth (59 morts), en
1983, la prise d’otages Français au Liban (1984-1986) et des
attentats à Paris même (1986-1988)
M. Strauss Khan ne déplore pas le bellicisme américain, juste
l’erreur de ciblage de l’Irak plutôt que de l’Iran.
M. Kouchner, lui, était partisan de la manière forte pour évincer
Saddam Hussein. Il a récupéré à son profit la position du précédent
gouvernement Chirac-Villepin, se flattant, au-delà de toute indécence,
lors de sa visite à Bagdad, fin juillet, de l’opposition de la
France à l’intervention américaine en Irak. Une position
qu’il avait vigoureusement combattu en son temps avec ses amis
modernisateurs, les «Sarkozystes de gauche», Romain Goupil, André
Glucksman, et la cohorte des transfuges de la gauche, qui ont
substitué la lutte des places à la lutte des classes. Le voilà
de nouveau en pointe contre l’Iran.
La prochaine fois, les deux compères, MM. Strauss Khan et
Kouchner, regretteront que l’Amérique se soit une nouvelle fois
trompée de cible, attaquant l’Iran plutôt que la Syrie et
ainsi de suite …jusqu’à la prochaine proie de l’Amérique.
Liban: «Le Hezbollah n’est pas
seulement une organisation terroriste (..) Mais c’est aussi une
organisation terroriste dont on attend le désarmement par le
Liban (..) Si le Hezbollah est une composante du gouvernement
libanais, le conflit auquel nous venons d’assister, et auquel
nous pouvons encore assister demain, devient alors un conflit
traditionnel entre deux États. Dans ce cas, il n’y a plus de
fondements aux réticences que l’on a pu avoir par rapport aux réactions
israéliennes. Nous avions un agresseur qui venait du Nord (le
Liban), et qui a illégalement agressé un pays (Israël) se
trouvant au sud de sa frontière. Si cet agresseur constitue une
partie de l’État libanais, c’est alors le Liban qui attaque
Israël. Je ne crois évidemment pas que l’on puisse retenir
cette interprétation. Il s’agit donc bien d’une organisation
terroriste et il faut que les Libanais désarment le Hezbollah»
NDLR-RN: M. Strauss-Khan tout comme Nicolas
Sarkozy considère que le Hezbollah est un mouvement « terroriste
». Avant de procéder à un rétropédalage, le nouveau président
français l’avait d’ailleurs assuré, en juillet dernier, en
recevant la famille des soldats israéliens capturés par les
Palestiniens et Libanais, en juin 2006.M. Strauss Khan considère
en outre que le petit Liban est « l’agresseur» d’Israël, la
première puissance militaire régionale, de la même manière que
George Bush et Condoleeza Rice. Il passe sous silence les
violations répétées de l’espace aérien libanais par Israël,
le refus de communiquer les cartes des zones de minage aménagées
durant leur occupation de la zone par les Israéliens pour
entraver tout retour à la vie normale dans le sud du Liban, la
persistance de l’occupation des fermes de Chebaa, le maintien en
détention sans jugement de plusieurs centaines de prisonniers
libanais et arabes ainsi que les violations au Droit Humanitaire
International commises d’une façon répétée par Israël en
faisant usage de projectiles prohibés par les lois de la guerre
et en sabordant les stations de ravitaillement électriques du
littoral libanais, entraînant une grosse pollution marine.
Il passe aussi sous silence que le Hezbollah est la principale
formation politico-militaire due la principale communauté
religieuse libanaise, pour la réduire à une simple organisation
terroriste, sans doute en raison des revers qu’il a infligés à
Israël.
Politique arabe de la France: «La fameuse
politique arabe de la France. C’est une supercherie que le Quai
d’Orsay réussit à vendre depuis des décennies à l’ensemble
de la classe politique ! Elle nous permet de croire que nous
sommes ainsi à l’abri de toute menace terroriste (…) cela me
paraît tout à fait absurde ».
NDLR-RN: Nous souscrivons d’autant plus aisément
au constat de DSK que la politique arabe de la France a été une
véritable «supercherie»………. envers les Arabes,
puisqu’elle consiste à permettre à un soldat israélien de
faire le coup de feu contre les Palestiniens, un peuple ami de la
France, tout en se prévalant de la protection diplomatique de la
nationalité française lors de sa capture (Gilad Shalit), à
permettre à un citoyen français de faire son service militaire
dans les rangs de l’armée israélienne tout en se présentant
à la députation à Paris et à postuler aux fonctions de poste
de conseiller du ministre de l’Intérieur (Arno Klarsfelf).
Il est absolument malsain et absolument contreproductif pour la
cohésion nationale de laisser se développer des contrevérités
au sein de l’opinion française. DSK est l’émule en la matière
de Philippe Val, directeur du journal satirique «Charlie Hebdo»,
qui considérait que la politique arabe de la France est à
l’origine de l’antisémitisme français.
Rejeter sur l’étranger, en l’occurrence l’Arabe, les
turpitudes inhérentes à la France, faire de l’Arabe le bouc émissaire
à tous les maux de la société française, est un artifice de démagogie,
un argument commode de populisme électoraliste. C’est oublier
que l’Affaire Dreyfus a éclaté cinquante ans avant l’arrivée
des premiers arabes en France, que de surcroît «Le commissariat
aux questions juives» du régime de Vichy avait été précédé
du « Bureau des affaires nord africaines», dans l’entre deux
guerres, sans que cela n’entraîne la moindre réaction.
De par ses responsabilités M. Strauss Khan se doit de ne pas développer
une vision hémiplégique de la politique de son pays, notamment
des socialistes français.
«La politique arabe de la France» a surtout consisté pour les
pays arabes de voler au secours de la France, à deux reprises, au
cours du XXme siècle, pour l’aider à vaincre ses ennemis et à
conserver sa liberté, notamment en 1939-1945, en l’aidant à se
débarrasser du joug nazi dont une fraction importante de la
communauté nationale de confession juive en a lourdement pâti.
Pour prix de la contribution arabe à sa liberté, la France a
amputé la Syrie du district d’Alexandrette pour le céder à la
Turquie, son ennemi de la Première Guerre Mondiale (1914-1918),
et carbonisé au napalm les Habitants de Sétif (1945), après la
deuxième Guerre Mondiale (1939-1945) fournissant dans la foulée
à Israël la technologie nucléaire du centre de Dimona (Neguev).
La politique arabe de la France a consisté aussi dans la
connivence de la France, dirigée alors par le socialiste Guy
Mollet, avec Israël, dirigée à l’époque par leur cousin
socialiste, le travailliste David Ben Gourion, et le Royaume Uni,
dans une expédition punitive contre l’Egypte, en 1956, pour
punir Gamal Abdel Nasser d’avoir osé récupéré sa seule
richesse nationale, le Canal de Suez.
La carbonisation de Sétif a été le fait du pouvoir gaulliste,
la nucléarisation d’Israël et l’expédition punitive de
Suez, le fait du pouvoir socialiste, preuve irréfutable d’un
consensus bipartisan français à l’égard des pays arabes.
Voilà qui est bien ingrat de galvauder ainsi une politique de la
part d’une personne qui bénéficie de surcroît de
l’hospitalité d’un pays arabe pour ses vacances estivales, en
l’occurrence le Maroc, et qui a courtisé assidûment le «vote
beur» aux dernières élections législatives de juin 2007 en vue
de s’épargner une déconvenue électorale…et qui sollicite désormais
le vote des grands électeurs arabes -L’Arabie saoudite et l’Egypte-
pour sa nomination à la direction du Fonds Monétaire
International. Depuis son Algérie natale, les habitants de Sétif
peuvent témoigner que la politique arabe de la France, du moins
telle qu’ils l’ont vécu dans leur chair, n‘était pas une
supercherie.
Question de savoir vivre, DSK fait preuve là d’un manque d’élégance
lorsque l’on songe que le Quai d’Orsay a mis à sa disposition
toute son infrastructure diplomatique pour propulser sa
candidature à la direction du FMI.
Sur ce point, Dominique Strauss Khan est un bémol au dessous
du CRIF dont le président de l’époque Roger Cukiermann,
n’avait pas hésité à téléphoner à Claude Guéant, le secrétaire
général de l’Elysée pour lui signifier son opposition à la
nomination d’un «arabe» au Quai d’Orsay, en l’occurrence
une personnalité respectée de la diplomatie française, Hubert
Vedrine, ancien ministre socialiste des Affaires étrangères et
ancien secrétaire général de l’Elysée sous la présidence de
François Mitterrand.
A propos du projet économique du Parti socialiste, DSK laisse
entendre qu’il s’est affranchi du programme socialiste,
reprenant à son compte la désastreuse formule de Lionel Jospin
lors de la campagne présidentielle de 2002: «Ceci n’est pas un
programme socialiste».
En réponse à Elie Cohen, un économiste réputé pour son néo-libéralisme,
DSK s’engage tacitement à ne pas respecter les engagements de
son parti: «Je n’endosse pas [les erreurs de diagnostics économiques
du projet socialiste] puisque je [les] dénonce et j’ai passé
mon temps à [les] dénoncer publiquement ! (…) Mais, si mettre
toutes [les propositions économiques] bout à bout constitue une
ressource utile, cette « bibliothèque » ne constitue pas à
elle seule une politique. Il incombera donc au président de la République
de fixer ses priorités. Libre à lui d’ajouter ou d’ajourner
telle ou telle mesure selon son appréciation de la situation économique
française».
Enfin le bouquet final intervient à propos d’Israël:
"Je considère que tout Juif de la diaspora, et donc de
France, doit, partout où il peut, apporter son aide à Israël.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il est important que les
Juifs prennent des responsabilités politiques. En somme, dans mes
fonctions et dans ma vie de tous les jours, à travers l'ensemble
de mes actions, j'essaie d'apporter ma modeste pierre à la
construction d'Israël». Déclaration sur «Europe 1», en 1991,
reprise par le Magazine «La vie en France », le 11 avril 2002
sous le titre «Trop Proche-Orient».
NDLR-RN: Il n’aurait pas été mauvais que
Dominique Strauss Khan apporte aussi chaque jour sa modeste pierre
à la construction de la France et à l’éveil politique de ses
concitoyens, pas uniquement de ses coreligionnaires. Nous pensions
naïvement que le combat politique relève d’un engagement
civique. DSK nous éclaire sur le sens de son engagement dont la
finalité ultime est le lobbying pro-israélien. Quelle horrible
perspective à l’idée de savoir que la communautarisation de la
vie publique en France est également imputable, rétrospectivement,
au Parti Socialiste, qui passait portant pour être le parangon de
la laïcité citoyenne.
A la tête du FMI, pour reprendre son expression, cherchera-t-il
à apporter sa modeste pierre à la construction d’Israël, à
lui ouvrir largement des lignes de crédit pour lui permettre
d’absorber définitivement la Palestine, de parachever l’édification
du «Mur de séparation», déclaré pourtant illégal par la cour
de Justice internationale ?
Voici dans son intégralité l’article paru le 11
avril 2002 dans Le Magazine « la Vie en France »
DSK DANS LE MAGAZINE "LA VIE"
Trop Proche-Orient
«Pour une fois unanimes, tous les politiques hexagonaux,
chefs de parti et candidats confondus, mettent en garde contre
le risque de "transposer en France le conflit du
Proche-Orient". Un appel nécessaire, à un moment où des
franges entières de la communauté nationale épousent les
passions et les positions, qui des Israéliens, qui des
Palestiniens.
À cet égard, les manifestations du week-end dernier ont
montré à la fois le caractère pacifique de la majorité des
sympathisants de l'un ou l'autre camp, et la violence, sinon le
fanatisme, de certains groupuscules arabes et juifs.
Notre classe politique a raison de s'émouvoir, mais elle est
loin d'être innocente en la matière: La pêche aux voix en
terrain confessionnel est un sport national fort ancien.
Depuis des lustres, aucun candidat à la présidence n'a
manqué le pèlerinage en Israël; aucun n'a manqué de se
recueillir, kippa sur la tête, au pied du Mur des Lamentations.
Aujourd'hui, on commence à faire étape à Alger. En attendant
d'honorer Bamako ou Ankara. Et chaque visiteur d'y aller de sa
petite phrase attestant son "amitié indéfectible"
pour l'État juif.
À la veille des élections européennes de mars 1986, Lionel
Jospin, alors secrétaire général du parti socialiste, déclarait
froidement, à propos du transfert de la capitale d'Israël de
Tel-Aviv à Jérusalem, une démarche pourtant contraire au
Droit International: "En tant qu'individu, en tant
qu'amoureux de la beauté et de l'Histoire, je préférerais de
beaucoup que la capitale soit à Jérusalem plutôt qu'à
Tel-Aviv."
Il est vrai qu'à l'époque le Likoud, au pouvoir en Israël
depuis 1977, cherchait à structurer une communauté juive jugée
trop assimilée. "Structurer", cela passait par
l'affirmation de la "centralité" d'Israël par
rapport à la diaspora.
D'où une conjonction entre le souci de la communauté de ménager
l'appui de la France à Israël et le besoin de tel ou tel
candidat d'un renfort de voix qui a fini par devenir une
composante permanente de la vie politique nationale. On mesure
l'évolution quand, début 1991, Dominique Strauss-Kahn affirme
publiquement: "Je considère que tout juif de la diaspora,
et donc de France, doit, partout où il peut, apporter son aide
à Israël. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il est
important que les Juifs prennent des responsabilités
politiques. En somme, dans mes fonctions et dans ma vie de tous
les jours, à travers l'ensemble de mes actions, j'essaie
d'apporter ma modeste pierre à la construction d'Israël."
On conçoit que pareil discours puisse générer un
contre-communautarisme, musulman, cette fois, au détriment de
la cohésion nationale.
Tentation d'autant plus forte que les grands partis (mis à
part le PC, les Verts et... le FN) n'arrivent toujours pas à
surmonter leurs blocages culturels pour s'ouvrir aux Français
originaires du Maghreb, qui représentent pourtant près de 10%
de la population. "Je refuse le communautarisme",
vient toutefois de lancer Lionel Jospin. Le Premier ministre
candidat ajoute: "Je ne jouerai jamais les passions les
unes contre les autres».
Espérons que sa déclaration n'engagera pas que lui seul... Il
y va non seulement de la paix intérieure, mais aussi de la
position diplomatique de la France, qui reste un acteur de poids
au Proche-Orient.
Or, un gouvernement français qui craindrait de mécontenter
telle ou telle fraction de la population se retrouverait bien
vite paralysé. Ce qui ferait le bonheur d'un Sharon ou d'un
Saddam.
Signé S.Z.
Fin de citations……………..
II- Le négligent de la cassette Mery
L’homme qui, à la tête du FMI, doit symboliser
l’orthodoxie financière et faire preuve de rigueur dans sa
gestion, est, de surcroît, un négligent incorrigible, à en
juger par ses aveux lors de l’Affaire de la cassette Mery, du
nom du collecteur de fonds du RPR Jean Claude Mery, qui avait
consigné, sur une cassette, son témoignage posthume relatif aux
trafics des marchés de travaux publics d’Ile de France
(1975-1995), notamment les commissions prélevées par le parti
gaulliste RPR pour autoriser l’attribution des marchés aux
entreprises dociles.
Une copie de la cassette Mery avait été remise à Dominique
Strauss Khan, à l’époque ministre des Finances, par un avocat
fiscaliste Me Alain Belot, défenseur du couturier de Karl
Lagerfeld, alors en contentieux fiscal avec le ministère des
Finances. Sommé de remettre la cassette à la justice, M. Strauss
Khan avait déclaré l’avoir égaré pour se soustraire à
l’accusation d’entrave à la justice. Selon l’hebdomadaire
satirique «Le Canard Enchaîné», en échange de la remise de la
cassette à M. Strauss Khan, le couturier Lagerfeld avait obtenu
une remise de pénalités de l’ordre de cinquante millions de
francs. «Le précédent gouvernement (de M. Alain Juppé) y était
allé de sa fleur fiscale» assure également «Le Canard enchaîné»
dans son édition du mercredi 19 septembre 2007 (cf tu parles
Karl, page 5
Karl Lagerfeld, un chiraquien pur sucre, a ainsi obtenu une
remise fiscale consistante d’un gouvernement socialiste sans que
la gauche n’en titre profit ni politiquement, ni électoralement
du fait de la négligence supposée de Dominique Strauss Khan.
Les révélations de la cassette auraient pu impliquer directement
le Président de l’époque Jacques Chirac et perturber le déroulement
des élections présidentielles de 2002, qui ont vu l’élimination
du candidat socialiste le premier ministre Lionel Jospin, au bénéfice
du candidat de l’extrême droite Jean Marie le Pen, au 2me tour
de la consultation.
Jospin élu, gageons que DSK avait toutes ses chances pour être
son premier ministre. Mais cette négligence lui a été fatale,
à lui, et à la gauche, ouvrant la voie à un long règne de la
droite, à une longue cure d’opposition des Socialistes pour déboucher
finalement sur la course aux honneurs illustrée par le nombre
impressionnant de transfuges socialistes qui ont renié leurs
convictions pour un strapontin gouvernemental sous la présidence
Sarkozy.
III- DSK au quotidien
Au quotidien, le comportement est plus choquant si l’on se réfère
au Blog de Jean Quatremer, journaliste du quotidien français «Libération»
accrédité auprès des institutions européennes à Bruxelles.
M. Quatremer exprime la crainte que DSK ne se laisse aller à
ses penchants naturels vers la gente féminine et ne place la
France et lui-même dans une inconfortable position, les éclaboussant
d’un scandale comparable à celui qui a abrégé la carrière
internationale de Paul Wolfowitz, l’ancien dirigeant de la
Banque Mondiale, contraint à la démission pour avoir favorisé
la carrière de son amie de cœur.
«Personne ne peut soutenir que M. Strauss-Khan est le candidat
le plus qualifié au Monde de par son expérience, son
intelligence et sa formation (...)
Il est le mauvais candidat, choisi de la mauvaise façon. (...)
Seuls ceux qui veulent que le Fonds ne soit plus légitime peuvent
applaudir» la candidature de DSK, soutenait le journal
britannique «Financial Times» il y a exactement un mois le 28 Août
2007.
Tout le monde s’en était rendu compte de cette évidence,
sauf en France.
Pour en savoir plus sur la manipulation de
l’opinion et l’OPA tentée par Israël sur la communauté
juive de France, voir à ce propos:
-«Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine»
de John Mearsheimer et S.Valt –Editions La Découverte-
septembre 2007
-«Une haine imaginaire? essai sur le nouvel antisémitisme en
France» de Guillaume Weil Raynal –Editions Armand Collin-2006.
-«Les nouveaux désinformateurs» de Guillaume Weil
Raynal-Editions Armand Collon-2007
Pour aller plus loin avec DSK au quotidien, se référer à Médiatiques
DSK et la tradition anglo-saxonne (Par Daniel Schneidermann)
Le journal Libération du vendredi 13 juillet 2007.
René Naba
Auteur « aux origines de la tragédie arabe »
Editions Bachari 2006
« Du bougnoule au sauvageon, voyage dans l'imaginaire français »
Harmattan 2002
« Rafic Hariri, un homme d'affaires premier ministre »
- Harmattan 2000
« Guerre des ondes, guerre des religions, la bataille
hertzienne dans le ciel méditerranéen »- Harmattan 1998
© Toute reproduction intégrale ou
partielle de cette page faite sans le consentement écrit de René
Naba serait illicite (Art L.122-4), et serait sanctionnée par
les articles L.335-2 et suivants du Code.
Publié le 30 septembre 2007 avec l'aimable autorisation de René
Naba.
Crédit photo : REUTERS/VICTOR
RUIZ CABALLERO (publié sur lemonde.fr)
|