Opinion
Gaza: Réponse à
Ziad Medoukh
René Naba
Ziad
Medoukh
Samedi 17 novembre
2012
Ziad
Medoukh, responsable du département de
français à l'université Al Aqsa
et coordinateur du Centre de la Paix de
Gaza,
dans un poignant appel à l’opinion
internationale, a déploré,
le 125 novembre 2012,
la
léthargie de la communauté
internationale face
aux massacres commis par l’armée
israélienne.
René Naba, compagnon de route de
longue date du combat national
palestinien, lui répond en ces termes:
Bonsoir Ziad
Le Monde se tait,
mais cela était prévisible. Mais bon
nombre de patriotes arabes et non
arabes, sympathisants actifs de la cause
palestinienne, sont sans voix devant le
silence du Qatar et le revirement du
Hamas.
Que les dirigeants de Gaza demandent
donc à leurs nouveaux alliés de voler à
leur secours.
Qu'ils demandent au
nouveau Docteur Honoris Causa de
l'université de Gaza, l'Emir de Qatar,
le meilleur serviteur des Etats-Unis, de
bouger….Et au Hamas de s'expliquer sur
son alignement confessionnel sur l'Islam
wahhabite, alors que ses missiles longue
portée lui proviennent de Syrie et
d'Iran
A force de sacrifier ses principes, la
cause palestinienne est en état de
décomposition
le Hamas nous doit des explications, de
même que les Frères musulmans au pouvoir
dans trois pays arabes (Egypte, Tunisie
et en Libye), ainsi que leurs
confrères de Syrie, majoritaires dans
l'opposition syrienne.
La Ligue
arabe a organisé en 18 huis mois de
conflit syrien, pas moins d’une
vingtaine de réunion
sur la Syrie et aucune sur la
Palestine, alors que le tiers du
parlement palestinien est emprisonné par
les autorités d’occupation israéliennes,
que la colonisation du Grand Jérusalem
et de la Cisjordanie se poursuit sans
relâche, au rythme de la normalisation
rampante des pétromonarchies envers
Israël.
Mais dans le
cas d’espèce, l’identité de la Syrie
n’est pas contestable. Elle est même
incontestable. Celle de Palestine, en
revanche,
est
en voie d’évanescence.
Dégagez le
bourreau Bachar al Assad serait une
mesure de salubrité publique, selon le
duo Alain Juppé et Laurent Fabius, les
deux meilleurs de gauche et de droite
réunis de la classe politique française.
Soit. Mais alors que dire du bourreau de
votre peuple, qui se sert de Gaza comme
d’un tremplin électoral?
Qu’attendez-vous pour pointer les
contradictions de vos amis pour éviter
de les dédouaner à bon compte et les
contraindre à un devoir de cohérence. Ne
sosyez pas dupes de leurs belles
paroles.
La France,
artisan du démembrement de la Syrie par
le rattachement d’Alexandrette à la
Turquie,
se propose de créer des zones
libres en Syrie et de fournir des armes
à l’opposition syrienne. Que ne le
ferait-elle pas aussi pour vous, elle
qui vient de recevoir avec éclat,
Benyamin Netanyahu, votre nouveau
bourreau?.
Bachar Al
Assad ne mérite pas de vivre,
Monsieur Laurent Fabius. Soit.
Mais alors que dire de Netanyahu, «un
menteur», selon son ami Nicolas Sarkozy,
et que dire du xénophobe Avidgor
Libermann.
Sommes
naturellement solidaires de vos
souffrances et indignés par l'apathie du
Monde arabe.
Que cela nous
serve de leçon.
Les néo
islamistes égyptiens, frères d'armes du
Hamas, devraient accorder la priorité à
la levée du blocus de Gaza et la
libération de la Palestine et non à la
destruction du sphinx et des pyramides,
et leurs frères Libyens à la destitution
de la statue de Nasser, de même que les
salafistes tunisiens s'abstenir de
menacer Samir Kintar, le doyen des
prisonniers politiques arabes en Israël.
Juguler les turbulences du nouveau
trublion de la scène libanaise le
salafiste haririen Ahmad Al Assir qui
s’imagine que le chemin de la Palestine
passe par le cadavre transpercé d’Hassan
Nasrallah, le chef du Hezbollah, au
glorieux palmarès sur le champ de
bataille de la confrontation.
On peut être
croyant et ne pas négliger de faire
fonctionner son cerveau
Nous payons,
vous plus durement que nous, le prix de
la légèreté de la direction
palestinienne et de ses reniements
successifs, de même que la récente
défection du Hamas.
Le Monde se
tait, c'était prévisible.
Mais
votre nouveau parrain aussi, l’Emir du
Qatar, Hamad Al Thani, et sa princesse
Mozza, qui devaient vous apporter, en
tandem, «amour, gloire et beauté».
Exigez des explications et ne soyez plus
dupes de ses manigances.
En ces heures
douloureuses, ayez une pensée pour
l’artisan clandestin de votre première
victoire, le chef militaire du Hezbollah
Imad Moughniyeh, tué par suite d’une
dénonciation d’un espion palestinien à
la solde d’Israël,
-Quelle monstruosité un espion
palestinien à la solde d’Israël-
compagnon d’armes de votre chef
militaire assassiné Ahmad Jaabari.
Une pensée
aussi à vos anciens frères d’armes qui
vous ont équipé en missiles instaurant
un équilibre de la terreur entre la
petite enclave de Gaza et le «Grand
Israël», terreur de la conscience
occidentale.
Le Monde
arabe souffre de désorientation. A ce
titre je me suis adressé à vous,
au-delà, à l’ensemble de l’opinion arabe
pour dénoncer cette forme pernicieuse de
la perversion mentale et provoquer un
sursaut intellectuel salutaire
Avec l’expression
de ma solidarité douloureuse mais
intransigeante et exigeante.
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