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Blog René Naba
Les
tribulations de la presse libanaise;
de référence journalistique au contorsionnement mercantile 2/2
René Naba
Paris, 10 décembre 2008
Al-Hayat» et «A-Nahar»: Deux cas types du journalisme
libanais, deux facettes d’une même politique, le premier et le
deuxième degré de la diplomatie américaine.
A. Al-Hayat et sa rivalité avec le journal panarabe
«Al Qods Al-Arabi»
Fleuron de la presse arabe, Al Hayat (la vie) est une
parfaite illustration du journalisme sponsorisé, une pratique
assez répandue dans le monde arabe mais que ce quotidien a érigé
en art au point de gommer les circonstances de sa naissance et
les conditions de sa survie pour se poser au niveau
international en organe de référence du journalisme moderniste
arabe à connotation libérale. Fondé en 1946 par le journaliste
chiite libanais Kamel Mroueh, «Al-Hayat», fait notable, est
l’unique journal arabe à n’avoir jamais varié dans son
allégeance totale et absolue à la dynastie wahhabite. Son
histoire se confond d’ailleurs avec les contorsions de la vie
politique du Moyen-Orient de la deuxième moitié du XX me siècle,
dont il en subira les contrecoups. Appliquant à la lettre sa
devise “Al-Hayat Akida Wa Jihad” «La vie est un combat à
principes», le quotidien sera un instrument de combat de la
guerre froide, partie prenante aux conflits interarabes.
Pendant vingt ans (1946-1966), une époque marquée par la
vague indépendantiste qui a déferlé sur le Monde arabe après la
perte de la Palestine en 1948 et la nationalisation du pétrole
iranien par Mossadegh en 1953, «Al-Hayat» fera office de
paratonnerre du mécontentement anti-occidental. Emargeant
d’abord sur le budget de l’IPC (Iraq Petroleum Cy) et de la
monarchie hachémite du temps où son co-religionnaire chiite Fadl
Al-Jamali présidait aux destinées de la diplomatie irakienne,
«Al-Hayat» vivra ensuite des subsides publicitaires de la
compagnie pétrolière saoudo américaine ARAMCO. Il canalisera
dans ce but la flambée xénophobe et procommuniste au profit de
ses deux immuables bienfaiteurs, la Monarchie saoudienne et son
allié américain.
Depuis Beyrouth, haut lieu de la contestation arabe, le
journal distillera quotidiennement dans des éditoriaux signés du
pseudonyme arabe de Karim, informations et contre informations
puisées auprès des spécialistes américains de la guerre
psychologique. A contre-courant du sentiment populaire arabe
«Al-Hayat» mènera au nom des valeurs de l’Islam un combat sans
relâche contre l’athéisme et le communisme.
Au nom de l’anti-colonialisme, mais pour le compte des
Américains, il stigmatisera d’un même ton Français et Anglais, à
l’époque Maître d’oeuvre de la politique occidentale au
Moyen-Orient, responsabilité dont ils seront dessaisis après
l’équipée franco-britannique de Suez, en 1956, et la guerre
d’Algérie. Il ne soufflera mot, toutefois, de l’alliance
stratégique soudant l’Amérique, le parrain des pétromonarchies
du Golfe, à Israël, l’ennemi commun des Arabes. La somme des
éditoriaux de cette période représente les multiples facettes
d’un “discours sur la servitude volontaire” à l’égard de la
Monarchie saoudienne et de son protecteur américain.
L’argument majeur développé à l’époque pour justifier le
choix éditorial en faveur d’un alignement inconditionnel sur la
politique saoudo américaine a été le caractère anti-colonial de
l’Amérique et sa capacité de pression sur Israël. L’argument
contraire selon lequel l’Amérique tirait justification de la
force de frappe israélienne, qu’elle nourrissait, pour faire
fléchir les Arabes et maintenir son emprise sur leurs ressources
énergétiques avait valeur de pensée sacrilège.
Ultra minoritaire à l’apogée de l’ère nassérienne, Kamel
Mroueh paiera de sa vie le prix de cette casuistique: En 1966
qui marque le dixième anniversaire de “l’agression tripartite
israélo franco-britannique” contre le Canal de Suez, alors
qu’Israël entreprenait le détournement des eaux du Jourdain et
que la «Ligue Anticommuniste Mondiale» était mise sur pied pour
faire pièce au bloc soviétique, Mroueh, le pourfendeur du
communisme en terre arabe et chantre de la cause saoudienne,
était assassiné par des fiers à bras de Beyrouth. Le nom
d’Ibrahim Koleilat a été cité comme faisant partie du groupe des
justiciers. Un de ses proches compagnons, Adnane Chaker Sultani,
sera convaincu du crime et incarcéré à Beyrouth. IL ne
retrouvera la liberté qu'en 1975 à la faveur de la guerre du
Liban, le jour où les factions libanaises à la recherche de
demi-soldes prendront d’assaut les prisons libanaises pour
enrôler dans leurs rangs des repris de justice pour défendre
leur cause.
Quant à Ibrahim Koleilat, en sa qualité de Chef des
Mourabitoun, la formation paramilitaire sunnite, il sera une des
vedettes de la coalition palestino progressiste durant la guerre
civile libanaise. Après sa prestation, Koleilat s’exilera dans
le sud de l’Europe, loin du Liban et de ses tumultueuses
déconvenues.
La veuve de Kamel Mroueh, Salma, tentera, elle, de prendre la
relève mais renoncera faute d’expérience. Le journal cessera de
paraître pendant toute la guerre du Liban. Près de vingt ans. A
l’heure de la grande explication interarabe, marquée par le
voyage du président égyptien Anouar el-Sadate à Jérusalem
(1977), la première Intifada palestinienne (1987), la guerre
irako iranienne et leurs répercussions sur le théâtre libanais,
«Al-Hayat» sera muet.
Un mutisme qui traduisait l’embarras de ses parrains
redoutant la colère populaire cristallisée par le soulèvement
palestinien contre l’occupation israélienne et la montée en
puissance des fondamentalistes illustrée, coup sur coup, par
l’avènement de la Révolution Islamique en Iran, en 1979, par
l’assaut contre la Mecque lancé par des opposants saoudiens à
l’occasion du pèlerinage annuel aux Lieux Saints et par
l’assassinat de Sadate en 1981.
Après une éclipse de 20 ans, Al-Hayat refait surface en
1988-89, une période charnière de l’histoire du monde
arabo-musulman marquée sur le plan régional par l’implosion de
l’Union soviétique et l’ouverture des Républiques musulmanes
d’Asie centrale au jeu diplomatique régional, et, sur le plan
européen, par la prise de conscience politique de la population
arabo-maghrébine, la «troisième génération» issue de
l’immigration. Sous la houlette de Jihad Al-Khazen, ancien
collaborateur de Kamel Mroueh, «Al-Hayat» se rode pendant deux
ans après une longue hibernation, puisant son équipe dans le
vivier constitué par son rival traditionnel, le quotidien
libanais «An-Nahar».
Dans le prolongement de la stratégie saoudienne, «Al-Hayat»
donne sa pleine mesure durant la première du guerre du Golfe
(1990-1991). Depuis Londres, son nouveau siège, il participe
activement au débat sur le nouvel ordre international et la
faillite des idées nationalistes, allumant au besoin des
contre-feux face à ce qu’il considère être la subversion
islamiste. Passé sous le contrôle du Prince Khaled Ben Sultan,
fils du ministre saoudien de la Défense et chef des troupes
saoudiennes au sein de la coalition anti-irakienne, «Al-Hayat»
recrute au prix fort les plus en vue des intellectuels de la
diaspora arabe.
Luxe suprême, il s’offre même au titre de collaborateur
régulier un membre du gouvernement russe, Victor Possouvaliouk,
vice-ministre chargé du département du Proche et du Moyen-Orient
au ministère soviétique des Affaires étrangères. Sa résurrection
sonne alors comme une revanche. Sa notoriété, grande, est sans
rapport avec sa diffusion. Journal de l’élite arabophone et des
spécialistes occidentaux des affaires arabes, «Al-Hayat» devient
la traditionnelle courroie de transmission des revendications
des islamistes algériens soucieux d’emprunter un vecteur
véhiculant leurs revendications dans leur langue d’origine et
n’altérant pas leur pensée.
C’est l’âge d’or du journal «Al-Hayat», une décennie
prodigieuse (1990-2000) durant laquelle la publication se
hissera au premier rang de la presse arabe pour la recension de
ses articles au niveau international, une période où le
«Courrier International», hebdomadaire de l’élite francophone,
répercutera régulièrement ses analyses et éditoriaux sans qu’il
ait été possible de déterminer si ce phénomène d’osmose relevait
de la sympathie intellectuelle ou de l’empathie familiale. Le
chantre de la modernisation selon le schéma wahhabite sera
atteint de plein fouet, en plein vol, par le raid anti-américain
du 11 septembre 2001. En 35 ans d’existence, ce journal n’aura
jamais, pas une seule fois, même de manière partielle, même de
manière incidente, émis la moindre critique encore moins
répercuté la moindre critique à l’égard du Royaume saoudien. Il
n’aura jamais rendu compte, non plus, même dans un entrefilet
des scandales les plus criants de la famille royale saoudienne y
compris le narcotrafic saoudien.
Ce journal-là navigue désormais à contre-courant, affligé
d’un déficit chronique moyen de l’ordre de quinze millions de
dollars par an régulièrement épongé pour les besoins de la cause
par son parrain saoudien . Il tente laborieusement de se
démarquer de son attitude de béatification permanente à l’égard
de l’absolutisme saoudien, tentant de convaincre et de se
convaincre du bien fondé de son soutien inconditionnel et absolu
au wahhabisme intégral et au néo-conservatisme américain, en
pleine déconfiture militaire en Afghanistan et en Irak et en
état de dérèglement financier.
Un délicat exercice d’équilibrisme qui le conduit
quotidiennement à de douloureux contorsionnements intellectuels,
qui lui vaudra la désaffection d’écrivains de renom. Un exercice
d’autant plus délicat qu’«Al-Hayat» sera un des viviers du
nouveau dispositif médiatique arabophone mis sur pied par les
Etats-Unis pour la conquête de l’opinion arabe après leur
invasion de l’Irak, avec le choix de Mouwaffak Harb, journaliste
libanais de confession chiite, ancien assistant des chaînes
américaines à Beyrouth, correspondant d’«Al-Hayat» à Washington
comme premier directeur de sa nouvelle génération de vecteur
arabophone: Radio Sawa (ensemble) et la chaîne de télévision
Hurra (Libre).
Caution palestinienne du journal, Jihad Al-Khazen abandonnera
ses fonctions après l’invasion américaine de l’Irak en 2003 non
sans avoir rendu un ultime service à ses parrains saoudo
américains. Calfeutré dans sa luxueuse résidence londonienne à
l’abri du risque et du besoin, Khazen, ce palestinien
d’extraction, libanais d’éducation, pétro monarchique
d’inclinaison par ses options politiques et matérielles,
réclamera la démission, non du trublion libyen ou des
gérontocrates du Golfe, tous les fossoyeurs de la cause
nationale arabe, mais la démission de Yasser Arafat, le chef
assiégé du mouvement palestinien, le symbole de sa résistance
nationale, la légende vivante du combat arabe.
Sa prescription saugrenue intervenue le 18 mai 2004 au
lendemain de la destruction du camp palestinien de Rafah par
l’aviation israélienne, moins d’un mois après les assassinats
extrajudiciaires des chefs charismatiques du mouvement islamique
palestinien Hamas, Cheikh Ahmad Yacine et Abdel Aziz Al-Rantissi
lui vaudra de la part de l’étoile montante du journalisme arabe,
l’éditorialiste vedette d’«Al-Qods Al-Arabi», Abdel Bari Atwane,
un rappel à l’ordre déontologique sur les règles élémentaires de
la décence dans le combat politique.
Dans un ultime sursaut de dignité, un sentiment qui se
produit généralement quand s’achève la route, Jihad Al-Khazen
regrettera dans ses derniers éditoriaux son soutien à la
politique de l’administration néo-conservatrice. Il s’en,
littéralement, «mordra les doigts » regrettant tous les
prédécesseurs de Bush jr même les plus hostiles à la cause arabe
dans un éditorial du 25 avril 2004.
Cette autocritique en guise de solde de tout compte ne lui
épargnera pas, tant à lui qu’à travers lui son journal, les
rigueurs de jugement d’un des observateurs les plus avisés de la
vie politique arabe: «Al-Hayat Akida wa Jihad - Laken Al Hayat
Saîmat Min Jihad» qui pourrait se traduire ainsi «La vie est un
combat à principes mais le journal, lui, aura été affligé par la
présence à sa tête d’un combattant du calibre de Jihad
Al-Khazen», assurera la mémoire vivante du journalisme arabe,
Nasser Eddine Nachachibi, retournant la devise du journal contre
son directeur (4). «Al-Hayat» brille toujours de sa gloire
passée, mais son éclat pâtit désormais du prestige de son rival
impécunieux «Al-Qods-Al-Arabi».
Se présentant comme l’antithèse d’«AL-Hayat», ce journal
paraissant à Londres est dirigé par un parfait connaisseur du
monde arabe et musulman, au nationalisme entier, à
l’indépendance affirmée, à l’autorité confirmée, très prisé de
surcroît pour la pertinence de ses analyses par les auditeurs de
BBC-TV World service. Non un journaliste de bureau, ni un
journaliste de salon, pas plus qu’un intellectuel médiatique,
mais un journaliste de terrain, l’un des rares journalistes au
monde à avoir rencontré personnellement Oussama Ben Laden, le
chef du mouvement panislamique «Al-Qaîda» dans son refuge
montagneux d’Afghanistan. L’homme a conféré à son journal un
titre «Al-Qods Al-Arabi» (Jérusalem arabe) qui retentit comme un
manifeste, qui constitue par excellence le thème mobilisateur
absolu des Arabes et des Musulmans et rappelle la permanence de
leur revendication inaliénable.
La fonction critique qu’il exerce, la contestation du nouvel
ordre mondial résultant des guerres du XXI me siècle, sa
percussion des pulsions profondes du monde arabe et non la
reproduction de son schéma aseptisé à travers le prisme
déformant saoudo américain, la lecture fractale qu’il donne de
l’actualité, lui ont valu la perte des marchés publicitaires du
Golfe et la limitation de son tirage, mais au delà de ce
handicap matériel, le journal a réussi à supplanter son rival
pétro monarchique, obtenant de haute lutte le ralliement à ses
colonnes des intellectuels de notoriété mondiale, tel Edward
Saïd, le prestigieux penseur arabe contemporain et la
reconnaissance du titre envié de journal de référence de l’élite
arabophone de l’ensemble euro arabe.
B . La parenthèse d’«Al-Hiwar» (dialogue):
«Al-Hiwar», moins connu, son influence, plus diffuse, n’en
était moins pernicieuse. Halé du drapeau de modernité, le rôle
de cet organe souterrain de la CIA à l’existence éphémère
(1955-1966) sera pourtant primordiale sur les élites
intellectuelles de Beyrouth à l’époque haut lieu de la
contestation panarabe.
Fondé en 1955, l’année de la conclusion du Pacte de Bagdad,
l’alliance des Monarchies arabes et des puissances militaires
musulmanes non arabes, le mensuel, démasqué, se sabordera en
1966, l’année de l’assassinat de Kamel Mroueh au dixième
anniversaire de l’équipée israélo européenne contre Nasser,
après avoir été dénoncé comme le «Cheval de Troie» de la
politique américaine dans la zone. Les milieux nationalistes
arabes demanderont son boycott, l’accusant de tenter par la
corruption des élites et par le biais d’une vie culturelle
mondaine factice de dévoyer les esprits. Il lui sera très
précisément reproché de «propager des théories pernicieuses en
distribuant de l’argent ici et là, en créant des publications
attrayantes, en donnant de grandes réceptions et conférences» .
Pour le triomphe de ses idées, la CIA débloquera près de
450.000 dollars entre 1961-1964 en vue de financer ses menées au
Moyen-Orient. En vue de dissimuler l’origine de ses fonds, elle
procédera à une opération de blanchiment avant l’heure, faisant
transiter ses subventions via la «Fondation David, Josephine et
Winfield Baird» de New York.
A une époque où le salaire d’un député libanais s’élevait à
mille livres libanaises (300 dollars), le plus haut de l’échelle
sociale, et que le salaire minimum libanais atteignait à peine
220 livres (74 dollars), les débours financiers des officines
américaines paraissent avoir été affectés en priorité non à la
subvention du denier du culte, mais à des causes plus
valorisantes particulièrement le soutien au train de vie de
membres éminents de la communauté journalistique libanaise et
arabe dont bon nombre cultivaient avec art «le complexe du
drogman», du titre de ces fameux intermédiaires auprès des
chancelleries occidentales qui revendiquaient cette fonction
comme un «trophée», un signe de distinction sociale.
Bon nombre d’entre eux d’ailleurs ont payé de leur vie les
incertitudes de cette activité lucrative mais aléatoire. Le
lancement d’«Al-Hiwar» en octobre 1955 retentit pourtant comme
une claironnade avec un plaidoyer de l’italien Ignazio Silone
sur l’indépendance de l’écrivain et l’autonomie de l’art. Des
thèmes déjà popularisés par «le Congrès pour la Culture et la
Liberté en Europe », organe souterrain de la CIA américaine dans
sa guerre idéologique contre le marxisme prosoviétique.
Des thèmes qui convergeront furieusement avec le manifeste
des jeunes poètes arabes cosignés deux ans plus tard dans la
revue «Al-Shii’r» (La Poésie-1957) et qui irrigueront ensuite
par capillarité le quotidien libanais «An-Nahar». Le fondement
idéologique du «Congrès pour la Culture et la liberté» reposait
sur un axiome simpliste selon lequel «l’art moderne constituait
un symbole de liberté» contrairement à l’art ancien surchargé de
scories du passé, une façon de damer le pion à la culture russe
récupérée par le communisme soviétique.
Partant de ces considérations, le Congrès recommandait de
privilégier à l’esthétique figurative, jugée passéiste,
l’expressionnisme abstrait. Influencé par les surréalistes dont
le poète libanais Youssef El-Khal traduira en langue arabe les
oeuvres d’André Breton et Antonin Arthaud, le manifeste
fondateur des jeunes poètes arabes visait précisément à procéder
à une réévaluation critique de la poésie arabe et à la libérer
de ses pesanteurs traditionnelles pour assurer sa jonction avec
la modernité…forcément occidentale.
C. «An-Nahar», les alliances rotatives du clan Tuéni
et le transfert amoureux de Samir Kassir:
L’expérience d’Al-Shi’ir durera quatre ans (1957-1961), mais
l’équipe essaimera par la suite dans les publications arabes
notamment le poète libanais Youssef Al-Khal dans «An-Nahar».
Appliquant au journalisme les prescriptions de leur manifeste
fondateur, ces recrues de choix contribueront grandement à la
rénovation de l’écriture journalistique moderne arabe dont
«An-Nahar», à juste titre, en revendiquera la paternité et qui
placera le prestigieux quotidien de Beyrouth à l’avant garde de
la pensée libérale arabe.
Homme aux multiples talents, multicartes avant l’heure,
multicartes avant le terme, Youssef El-Khal, un des fondateurs
de la revue «Al-Shiir», collaborateur de la revue Hiwar et du
journal «An-Nahar», assurera la jonction entre ces divers
organes de presse. Passeur d’idées, homme de réseaux ou homme de
liaison?
Faux profil de faux Lénine, portant barbichette et casquette
de son contre modèle soviétique, orthodoxe du Nord Liban,
compagnon de route du Parti Populaire Syrien (PPS), un parti
animé d’une idéologie insufflée par les Anglais pour la
réalisation d’un ensemble régional connu sous le nom de la
«Grande Syrie» par regroupement autour d’un «croissant fertile»
six pays du Moyen-orient (Syrie, Liban, Irak, Palestine,
Jordanie et Chypre), épris du culture anglo-saxonne, tenant
table ouverte au célèbre restaurant beyrouthin «The Horse Shoe»,
cet homme avait pignon sur rue au Journal «Al-Nahar» à l’autre
extrémité de la rue Hamra qui longeait le café littéraire huppé
de l’intelligentsia arabe de Beyrouth, distillant ses sentences
au gré de ses visiteurs.
Un parcours similaire mais non identique à celui de ses
mentors politiques Charles Malek et Ghassane Tuéni, ses
commensaux également de rite grec orthodoxe, également épris de
culture anglo-saxonne, le premier, l’universitaire, ancien
recteur de l’Université américaine de Beyrouth, l’homme par
excellence des Américains au Liban qui sera gratifié de la
présidence de l’Assemblée générale des Nations Unies en 1959
pour avoir réclamé en sa qualité de ministre des Affaires
étrangères le débarquement des marines en 1958 à la rescousse du
président Camille Chamoun en butte à la première guerre civile
interlibanaise, le second, le journaliste diplômé de Harvard,
ancien compagnon de route du Parti Populaire Syrien, ancien
ambassadeur du Liban aux Nations Unies et futur conseiller
diplomatique du président Amine Gemayel, signataire du premier
traité de paix libano israélien en 1983 et jamais ratifié.
L’essor d’«An-Nahar» date véritablement de l’assassinat de
Kamel Mroueh, dont l’élimination a dégagé en quelque sorte la
voie à son compère beyrouthin. Plus qu’une rivalité, les
journaux présentaient des relations de complémentarité, les deux
facettes d’une même politique, avec une nuance de taille
toutefois.
Au choc frontal d’«AL-Hayat» et aux imprécations au premier
degré du pétro monarchique commandité, «An-Nahar», formation
universitaire oblige, pratiquait l’esquive et l’allusive, le
deuxième degré en somme. Alors que la presse nationalisée des
pays arabes sombrait dans le conformisme bureaucratique d’une
couverture de l’actualité institutionnelle d’autant plus
contraignante que le monde arabe vivait le traumatisme de la
défaite de juin 1967, «An-Nahar» assumera la relève, chevauchant
la vague moderniste à la faveur du cosmopolitisme ambiant de
Beyrouth, se présentant comme une singularité dans l’horizon de
la presse arabe.
Doté d’un des premiers réseaux de correspondants dans les
diverses capitales arabes, y compris les principautés
pétrolières du Golfe encore sous mandat britannique, exprimant
dans un style accessible à l’opinion occidentale les raisons du
refus arabe de la politique pro israélienne des pays
occidentaux, «An-Nahar» contribuera à donner une impulsion
éditoriale à l’ensemble de la zone, compensant par une fonction
tribunicienne assumée au niveau de l’opinion internationale, la
défaite historique du nationalisme arabe.
C’est dans «An-Nahar» que seront publiés les premiers
communiqués de la guérilla palestinienne, notamment du Fatah, le
mouvement de Yasser Arafat. C’est dans ce quotidien-là que
seront consignés les comptes-rendus les plus minutieux des
divers mouvements contestataires naissants. C’est dans ce
journal là enfin que seront publiées les analyses les plus
pertinentes de la vie politique trans-arabe.
Une citation dans «An-Nahar» valait consécration. Lecture
obligée de l’ensemble de la classe politique, des cercles
diplomatiques et de toute une génération d’universitaires,
«An-Nahar» a pu caresser l’ambition d’égaler en prestige le
grand quotidien égyptien «Al-Ahram» plus précisément son
influent commentateur Mohammad Hassanein Heykal, le conseiller
du président égyptien Gamal Abdel Nasser, le point fixe de
Ghassane Tuéni, l’objet de son ambition secrète, l’explication
cachée sans doute de son engagement politique en tant que
conseiller diplomatique du président libanais Amine Gemayel.
Sous la contrainte des lois du marché, la recherche
permanente de débouchés ainsi que les engagements politiques
successifs de la famille Tuéni, Ghassane et son fils Gébrane,
«An-Nahar» tendra à se couler dans le moule d’un conformisme
sinon valorisant du moins rémunérateur, conséquence d’une
rétention mentale induite par les grands parrains économiques de
la presse et les pétromonarchies du Golfe.
Le journal qui animait une critique omnidirectionnelle a été
subitement comme malencontreusement atteint d’une forme
d’hémiplégie intellectuelle, apparaissant à tort ou à raison
comme une «roue dentée» de la diplomatie américaine dans la
zone, réservant ces derniers temps ses flèches acérées
quasi-exclusivement à la Syrie, la puissance occupante du Liban,
passant sous silence la corruption généralisée des dirigeants
arabes, leur impéritie, l’assignation à résidence forcée de
Yasser Arafat, le Président démocratiquement élu de la
Palestine, les bombardements américains sans discernement contre
les populations civiles de Falloujah et Nadjaf en Irak, la
féroce répression israélienne de Jenine (Cisjordanie) et de
Gaza, ainsi que la mafiocratie libanaise, le clanisme féodal du
Liban, le déficit abyssal de son budget, la gabegie de son
administration sclérosée ainsi que l’instrumentalisation du
martyrologue libanais en tant que tremplin politique des anciens
chefs de guerre opportunément reconvertis dans la défense de la
Démocratie qu’ils ont constamment piétinée et des Droits de
l’homme qu’ils n’ont jamais cessé de bafouer.
A lui seul le parcours de Gébrane Tuéni constitue un cas
d’école des alliances politiques rotatives du Liban de l’après
guerre civile, avec une prédilection particulière toutefois pour
la fréquentation du grand capital et les hommes de pouvoir au
faite de leur autorité, notamment Michel-El-Murr, Michel Aoun ou
Rafic Hariri.
Parrain financier des milices chrétiennes libanaises,
partenaire en affaires du milliardaire libano saoudien Hariri et
inamovible ministre de l’intérieur du premier mandat du
président Emile Lahoud (1998-2004), de cet homme-là, Michel
El-Murr, l’une des plus célèbres «girouettes» de la vie
politique libanaise (5), «Gaby» en sera le gendre, épousant sa
fille et qui dotera par des subventions régulières l’édition
internationale du Nahar, «An-Nahar al-Arabi wa Douwali», du
temps de son exil parisien, dans les années 1980. Gébrane Tuéni
fera ensuite cause commune avec Michel Aoun du temps où le
Général exerçait le pouvoir à la tête du gouvernement
transitoire libanais à la fin du mandat d’Amine Gemayel, qu’il
délaissera dans son exil contre toute attente pour Rafic Hariri,
l’ancien premier ministre libanais assassiné en févier 2005, un
de ses plus récents bailleurs de fonds avec le Prince saoudien
Walid Ben Talal.
Suprême avanie: l’homme qui épousera en seconde noce une
riche héritière de sa communauté orthodoxe, qui a bâti sa
réputation comme le chantre d’un libanisme intégral pur et dur,
d’une spécificité chrétienne libanaise, devra son élection au
siège de député de Beyrouth lors de la première consultation
électorale libanaise suivant le retrait syrien, en juin 2005, à
l’important apport de voix musulmanes exigé de ses électeurs par
son chef de liste Saad Hariri pour sauver de la déconvenue son
nouvel allié richement doté mais mal-aimé.
Fils puîné de Ghassane Tuéni, Gébrane, héritier par défaut, a
été propulsé à la direction d’«An-Nahar» par suite du décès
accidentel à Paris en 1987 de son frère aîné, Makram, brillant
diplômé de l’Université Américaine de Beyrouth. Depuis Décembre
2004, date de sa prise effective de fonction, il n’a eu de cesse
d’élargir le cercle de ses ambitions au gré des rebondissements
de ses alliances déconcertantes, éliminant dans des conditions
de brutalité inouïe le légendaire rédacteur en chef du journal,
Ounsi al-Hajj, l’homme qui avait grandement contribué à la
légende du Nahar.
Un journal aurait pu contenir les dérives d’An-Nahar et lui
contester son leadership, le quotidien beyrouthin As-Safir
(l’ambassadeur), porte-parole des forces palestino-progressistes
durant la première phase de la guerre (1975-1990), mais la trop
longue navigation du fondateur du quotidien, Talal Salmane, dans
l’orbite financière de la Libye, puis dans celle de Rafic Hariri
a quelque peu désorienté son lectorat et saper son magistère, en
particulier auprès de ses co-religionnaires qui ne lui
pardonneront pas sa quête de subsides d’un pays qu’ils vouent
aux gémonies pour sa responsabilité dans la disparition du chef
charismatique de leur communauté, l’Imam Moussa Sadr.
«AL-Hayat», le journal du combat de l’axe saoudo américain de
la première époque, a fait l’objet d’une déstabilisation à mi
parcours en 1966 par l’assassinat de son directeur Kamel Mroueh
à une période de forte tension politique régionale marquée par
le détournement par Israël des eaux du Jourdain et les menées
hostiles de l’Arabie saoudite contre la jeune équipe baasiste
syrienne. Quarante après, «An-Nahar», le journal de la deuxième
génération, a fait l’objet d’une identique tentative de
neutralisation par une série d’attentats contre l’entourage
immédiat de la publication résolument anti-syrienne.
Alors que les Chiites prenaient le pouvoir en Irak dans la
foulée de l’invasion américaine et qu’un dirigeant kurde Jalal
Talabani présidait aux destinées de l’ancien empire abbasside,
que des pressions franco-américaines contraignaient la Syrie à
une retraite sans gloire du Liban, la garde rapprochée
d’«Al-Nahar» était la cible d’attentats qui élimineront de la
scène politique Rafic Hariri, ancien premier ministre libanais,
un des principaux bailleurs de fonds du quotidien et nouveau
chef de file des anti-syriens du Liban, ainsi que Samir Kassir,
son éditorialiste vedette, tous deux tués dans des attentats à
quatre mois d’intervalles (Hariri le 14 février et Kassir le 2
juin 2005), alors que Marwane Hamadé, député druze du Chouf et
oncle maternel de Gébrane Tuéni, le directeur du journal, était
auparavant sérieusement atteint par un attentat en octobre 2004
à Beyrouth. Gébrane finira par être mortellement atteint l’année
suivante.
A l’instar de ses nouveaux parrains libanais, Samir Kassir
empruntera, lui aussi, un parcours tout aussi identiquement
curviligne. Ancien compagnon de route du parti communiste,
franco-libanais de connexion familiale syro-palestinienne et
sympathisant de la cause palestinienne du temps de son exil
parisien où il collabora à la revue de gauche, le mensuel
français «Le Monde Diplomatique», Samir Kassir sera, à son
retour à Beyrouth, comme grisé par les veloutés de la société
beyrouthine, comme frappé par une sorte de transfert amoureux,
épousant et les idées et la figure emblématique de l’expression
médiatique des milices chrétiennes libanaises, une animatrice
vedette d’une chaîne satellitaire saoudienne,…..à l’opposé du
combat de jeunesse de sa famille d’origine. Funeste état de
grâce d’un fatal état de disgrâce.
Au vu des ses deux tentatives de neutralisation tant à
l’encontre du Hayat que du Nahar, il est à croire que dans les
périodes de bouleversement géostratégique, il est des
dépassements de seuil qui ne sauraient se franchir dans le monde
arabe sans déclencher des répliques punitives. Au cours de
l’histoire séculaire de la presse libanaise, d’autres
journalistes ont connu un sort aussi funeste. Nassib Metni (le
télégraphe), en 1958, Kamel Mroueh (Al-Hayat), en 1966, Riad
Taha (président des patrons de presse) et Salim Laouzi (al
Hawdess-Les événements), en 1980, ont payé de leur vie les
incertitudes de cette activité lucrative mais aléatoire, sans
que l’on puisse établir avec certitude si ces patrons de presse
ont péri sur le champ d’honneur de la liberté de la presse ou
sur celui le terrain du mercenariat professionnel.
De même, au plan politique, le Roi Abdallah 1er de Jordanie
assassiné en 1948, le premier ministre irakien Noury Said,
lynché par la population 10 ans après à Bagdad, en 1958, ainsi
que son compère jordanien Wasfi Tall, tué en 1971, le président
égyptien Sadate en 1981, le président libanais Bachir Gemayel,
dynamité à la veille de sa prise du pouvoir en 1982, et l’ancien
premier ministre libanais Rafic Hariri en 2005, enfin,
constituent à cet égard les plus illustres témoins posthumes de
cette règle non écrite des lois de la polémologie si
particulière du Moyen-Orient. Pour douloureuse qu’elle soit, et
sans pour autant décourager les candidatures, l’histoire du
Monde arabe abonde de ces exemples de «fusibles» magnifiés dans
le «martyr», victimes sacrificielles d’une politique de
puissance dont ils auront été, les partenaires jamais, les
exécutants fidèles, toujours.
Celui que la presse arabe a désigné à Doubaï comme
«journaliste de l’année en 2003» en hommage à son action,
Ghassane Tuéni, patriarche comblé d’honneur mais inconsolable de
la perte de ses deux enfants, dûment averti désormais dans sa
chair des déconvenues d’un trop long compagnonnage du
journalisme avec une stratégie d’hégémonie extra-nationale,
souscrira aisément à ce constat empirique tiré de sa propre
expérience, à savoir que le journaliste du futur se doit de se
vivre comme un observateur majeur de la vie politique, non comme
un partenaire mineur du gouvernement, un faire valoir du
pouvoir, tant il est vrai, l’expérience l’enseigne, qu’une
proximité du pouvoir entrave inévitablement la marge de
manoeuvre d’un média et une proximité avec les puissances
d’argent altère irrémédiablement sa fonction critique.
Désormais sérieusement talonné par son rival beyrouthin, le
nouveau venu de la scène médiatique libanaise, «Al-Akhbar», à la
tonalité davantage nationaliste et constitué d’ailleurs par
d’anciens collaborateurs de la famille Tuéni excédés par les
dérives autocratiques et politiques du clan, «An-Nahar», malgré
le recrutement de transfuges de l’ancien vivier communiste,
s’apparente, par moments, de même que son compère francophone
«l’Orient-le Jour», par ses tendances irrédentistes et ses
préoccupations libano centristes, à un bulletin paroissial de
grand format face à la grande configuration journalistique du
Moyen-orient. A n’y prendre garde, son étoile, longtemps
brillante au firmament de la constellation de la presse arabe,
pourrait ne devenir qu’un simple phénomène d’hystérisis: une
étoile, brillante certes mais éteinte...brillante uniquement
dans l’imaginaire de ses anciens lecteurs, au titre du fantasme.
De référence, le journalisme libanais est devenu la
caricature de lui-même, animé par un mouvement perpétuel de
contorsionnement mercantile. A défaut d’une refonte
déontologique de la profession et de la corporation de ses
adhérents, il est à craindre que la presse libanaise ne
s’enfonce dans une longue crise de langueur.
Les effets de plume les plus talentueux ne sauraient faire
l’économie d’une sérieuse remise en cause de la fonction
journalistique. A moins d’un sursaut éditorial qui introduirait
une dissonance dans le concert unanimiste proaméricain de la
zone à l’effet de faire contrepoint aux vecteurs transnationaux,
la presse libanaise risque une relégation dans un domaine qui a
longtemps constitué son champ d’action privilégié et les médias
libanais au XXI me siècle représenteront alors pour la grande
presse arabe ce que l’homéopathie constitue pour la
pharmacologie, une dose infinitésimale.
Notes
4- Cf à ce propos «Hadarat Az-Zoumala’ - al
Mouhtarramine», Ses Excellences, les respectables confrères»
Nasser Eddine Nachachibi, Editions Dar Akhbar al Balad,
Jérusalem 1996. M. Nachachibi, journaliste palestinien, est
l’ancien époux de Mme Alia el-Solh, fille de l’ancien premier
ministre libanais Riad el-Solh.
5- Michel El-Murr a réussi ce tour de force
d’être l’allié inconditionnel de tous les dirigeants libanais
lorsqu’ils étaient au faîte de leur pouvoir, successivement
Bachir Gémayel, chef des milices chrétiennes (1975-1982) et
président éphémère du Liban, Rafic Hariri, premier ministre du
Liban (1992-1998/2000-2003), Michel Aoun, chef du gouvernement
transitoire du Liban (1988-1990). Michel el-Murr, dont la
querelle avec son frère publiciste Gabriel el-Murr, directeur de
l‘ancienne chaîne de télévision «Murr-TV», a pollué la mandature
du Président Emile Lahoud (1998-2006), dont il a été avec son
fils Elias l’inamovible ministre de l’intérieur, se pose
désormais en soutien du nouveau président Michel Soleimane. Il
projette de présenter à la députation trois membres de sa proche
famille aux prochaines élections législatives libanaises (mai
-juin 2009): son fils Elias (Metn), sa petite fille Mona Tuéni,
la fille de Gébrane Tuéni (Acharafieh-Beyrouth) et son gendre
Edouard Gharios, dans le district de Baabda, démontrant par là
un bel exemple d’engagement clanique au service du
renouvellement du personnel politique.
1. Entretien de Joseph Samaha, éditorialiste
du journal libanais «As-Safir», ancien responsable du journal
«Al-Hayat» à Beyrouth, avec Gaelle Le Pottier, in
«Mondialisation et nouveaux médias dans l’espace arabe», ouvrage
collectif sous la direction de Franck Mermier, Editions
Maisonneuve et Larose -Paris- octobre 2003. Le déficit
d’«Al-Hayat» serait de l’ordre de 10 à 20 millions de dollars
par an, selon les années, que le propriétaire le prince Khaled
Ben Sultan, fils du ministre de la défense du royaume, renfloue
régulièrement en raison de la position de prestige que cette
acquisition lui procure au sein de la famille royale saoudienne.
2. «The Liberal Conspiracy: the Congress for
Cultural Freedom and the struggle for the mind of postwar
Europe» Peter Coleman, New-York, The Free Press-1989
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Publié le 11 décembre 2008 avec l'aimable autorisation de René Naba.
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