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Mondoweiss
Appel urgent adressé
à l'UNESCO, visant à l'exclusion d'Israël
et appel à participer au boycott culturel et universitaire
d'Israël
Rahela Mizrahi
28 février 2009
Ceci n’est pas une guerre :
c’est un génocide !
L’Unesco, agence spécialisée des Nations
unies, a pour but affirmé de « contribuer à la paix et à la
sécurité en promouvant la collaboration entre les nations via
l’éducation, la science et la culture, en vue de l’avènement
d’un respect universel de la justice, de l’état de droit et des
droits de l’homme, ainsi que des libertés fondamentales »
proclamées par la Charte des Nations Unies. L’Unesco,
Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et
la Culture, est comptable politiquement de son action vis-à-vis
de la communauté internationale. Quand des écoles portant le
drapeau de l’Onu sont visées, quand des enfants sont visés,
quand toute une population est systématiquement privée de
nourriture et d’eau potable, de services d’assainissement et
d’électricité, l’UNRWA, l’UNICEF et l’UNESCO ne doivent pas se
contenter de molles protestations : elles doivent être à la
hauteur de leurs responsabilités, en prenant des mesures
concrètes. Vous trouverez ci-après des appels lancés à l’UNESCO,
l’exhortant à jouer pleinement son rôle dans le maintien de la
justice à travers la préservation et le respect de l’identité
culturelle, en a) révoquant l’appartenance d’Israël à l’UNESCO
et b) en participant au boycott culturel et universitaire à
l’encontre d’Israël [1].
Ces appels ont été lancés tandis qu’Israël
transformait la bande de Gaza en plus grand camp de
concentration du monde. Les conditions deviennent de plus en
plus invivables pour un million et demi de Palestiniens qui y
vivent. Les livraisons de nourriture, de médicaments et de
carburant sont entravées, voire ont totalement cessé. La
malnutrition infantile ne cesse de s’aggraver. Les fournitures
d’eau potable et les services d’assainissement ont cessé. Les
gens meurent de manques de soins médicaux. Des tunnels
aboutissant en Egypte, creusés à la main, fournissent l’unique
dernier espace permettant aux Palestiniens de respirer.
La moitié des habitants de Gaza sont des
réfugiés ayant échappé à l’un des plus atroces crimes du
vingtième siècle. En 1947-1948, les organisations terroristes
paramilitaires sionistes, qui allaient devenir « Tsahal », ont
perpétré un nettoyage ethnique dûment prémédité [2] de la
Palestine, à l’époque sous la « protection » du mandat
britannique ; les terroristes sionistes ont détruit plus de
cinq-cents villages et treize villes, et déporté près de
huit-cent-mille indigènes palestiniens, commettant de manière
systématique des dizaines de massacres similaires au denier en
date auquel nous avons assisté, à Gaza, en décembre 2008 et
janvier 2009. Ce nettoyage ethnique est la raison qui fait que
Gaza est la zone la plus densément peuplée du monde. Israël, les
Etats-Unis et la plupart des pays occidentaux aimeraient bien
expurger sans autre forme de procès ce crime perpétré en 1948
des archives de l’Histoire, et avec lui, faire tomber la
Palestine et le peuple palestinien dans les oubliettes. La
résistance des Palestiniens, aujourd’hui, à Gaza, c’est la
révolte d’un peuple qui refuse d’être rayé de la carte du monde.
Les crimes de 1948 ne sont en rien un
chapitre clos des manuels d’histoire, mais bel et bien une
réalité actuelle, qui n’a cessé de se déployer depuis au moins
soixante années, et qui continue à se déployer aujourd’hui :
c’est le vol continué et l’expropriation des maigres parcelles
de terre et des filets d’eau encore propriétés des Palestiniens,
c’est la démolition de milliers de maisons, la transformation de
la bande de Gaza et des villes palestiniennes de la Cisjordanie
et de la bande de Gaza en des camps de concentration cernés par
une muraille de béton armé de huit mètres de hauteur et de fils
de fer barbelés électrifiés, à l’intérieur desquels règnent le
chômage, la pauvreté, la faim et le désespoir, auxquels s’ajoute
l’incarcération massive de Palestiniens appartenant à trois
générations (il y a, aujourd’hui, plus de 12 000 prisonniers
palestiniens). Au verso de la décimation continuelle de la
population palestinienne indigène, Israël, avec le soutien des
Etats-Unis et de l’Europe, a importé en Palestine un million
d’immigrés, principalement des Européens, durant les seules
années 1990. Le vol des terres et la colonisation ont été menés
à mal (oups : à « bien »), sous couvert d’un discours fallacieux
de paix, promu par un mouvement pacifiste bidon israélien et par
des ONG financées par les Etats-Unis et l’Union européenne
utilisant les accords d’Oslo à la manière d’une arme pour
éliminer totalement le peuple palestinien de la carte.
Appel à l’exclusion d’Israël de l’UNESCO
En novembre 1974, en réponse à un appel
lancé par des universitaires de diverses nationalités, l’UNESCO
avait suspendu toute assistance à Israël, qu’il avait exclu de
ses activités et de ses groupes régionaux. Ce faisant, l’UNESCO
prenait acte du fait que les agissements d’Israël, ses
destruction et violation systématiques et violentes de la
civilisation et de la culture palestiniennes incarnaient l’exact
contraire de sa mission. Néanmoins, en bien qu’il n’y ait eu
strictement aucun changement dans la politique d’Israël (bien au
contraire), l’appartenance pleine et entière d’Israël à l’UNESCO
avait été rétablie, en 1977.
Dès 1947, avant, durant et après
l’épuration ethnique, puis durant toutes les années 1950, la
destruction de plus de cinq-cents villages et de treize villes
décima globalement l’environnement culturel palestinien, avec le
pillage d’œuvres d’art, de livres, de manuscrits anciens et,
bien entendu, la destruction d’œuvres architecturales, dont des
dizaines d’églises, des centaines de mosquées et de tombes.
L’occupation (de la Cisjordanie, du Golan et de la bande de
Gaza, ndt) en 1967 permit à Israël de procéder à une nouvelle
furie de destruction de symboles culturels à travers le
nettoyage ethnique de cent soixante-dix villages et villes
supplémentaires dans le Golan syrien [3], ainsi que de dix-neuf
villages dans les territoires palestiniens nouvellement occupés.
Certains des villages détruits ont été transformés en parcs
nationaux, après une campagne massive de reboisement, méthode
utilisée systématiquement afin d’effacer les dernières traces
des villages palestiniens détruits. Toujours en 1967, Israël a
démoli un quartier ancien tout entier, dans la vieille ville de
Jérusalem : le quartier maghrébin [dit « Mughrabi » en arabe
local] [4], et il a violé effrontément le droit international en
procédant à des fouilles archéologiques massives dans les
territoires qu’il venait tout juste d’occuper militairement.
Israël continue, encore aujourd’hui, son
agression destructrice contre la culture palestinienne et la
culture arabe, de manière générale, en pillant les bibliothèques
palestiniennes et la cinémathèque de Beyrouth, durant son
invasion du Liban (en 1982), vandalisant le Centre Culturel Al-Sakakini,
à Ramallah, durant l’invasion de 2002, en procédant à des
fouilles archéologiques illégales ayant pour objet de détruire
des vestiges arabo-musulmans et en creusant, tout récemment,
au-dessous de la Mosquée Al-’Aqçâ, à Jérusalem, en mettant ainsi
en danger la stabilité de ses fondations.
Durant ses derniers massacres en date à
Gaza, Israël a démoli la plus grande université de la bande de
Gaza, ainsi que des écoles de l’Onu, dans lesquelles des civils
étaient venus se réfugier (ce que l’armée israélienne savait,
ndt). Au total, Israël a bombardé 64 écoles et 41 mosquées, les
détruisant totalement, et ce, de manière systématique et en cinq
jours [5]. Le bombardement des mosquées s’inscrit dans un
modus operandi déjà
établi à l’époque du nettoyage ethnique de 1948, durant lequel
des centaines de mosquées avaient été détruites. C’est là le
résultat direct de l’idéologie sioniste, qui vise la culture
arabe et la culture musulmane, y compris les civilisations et
les cultures arabo-juives, au nom de la « laïcité et du
progrès », utilisés comme justifications pour exterminer la
civilisation de l’Autre.
L’Unesco, organisation vouée à « la
promotion de la coopération internationale…
via l’éducation, la
science et la culture, dans l’esprit d’une promotion du respect
universel de la justice, des droits et des libertés
fondamentales de l’humain », devrait prendre des mesures
immédiates afin de protester contre la violence et l’agression
permanentes d’Israël envers la culture palestinienne, en
excluant Israël.
Appeler l’Unesco à se joindre au mouvement
de boycott culturel et universitaire d’Israël est le strict
minimum que tout être humain digne de ce nom doit faire contre
les crimes incessants contre l’humanité perpétrés
systématiquement par Israël, avec le soutien illimité des
Etats-Unis, de l’Europe et de la majorité du monde occidental,
qui s’appuient sur Israël pour perpétuer leur oppression du
peuple arabe tout en continuant à piller ses ressources
naturelles, aidées en cela par les élites arabes néocoloniales
au pouvoir. Le boycott culturel et universitaire d’Israël est
crucial. Le monde de la recherche israélien est, en effet, une
des bases les plus importantes de la pensée raciste sioniste,
fondamentalement juive ashkénaze, européocentrique et
colonialiste. Dans toutes les universités israéliennes, des
facultés et des instituts se consacrent à des recherches
orientalistes sur le Moyen-Orient, cette discipline étant
considérée comme un outil permettant à Israël (et à l’Occident,
ndt) la perpétuation et le renforcement de son (leur) contrôle
colonial. Les autres facultés ignorent totalement les cultures,
les langues et la pensée, la littérature, la musique, l’histoire
et la philosophie non-occidentales, et notamment
arabo-islamiques, se faisant en cela le reflet fidèle de
l’attitude d’Israël envers les Arabes et les musulmans, qu’il
considère comme non-civilisés et dépourvus de culture. Le
travail intellectuel déployé par la recherche israélienne n’est
qu’un instrument visant à la déshumanisation des Palestiniens
dans le discours public israélien, condition nécessaire de la
continuation du génocide.
Le boycott universitaire est justifié par
le fait que plusieurs facultés et instituts de l’université
israélienne développent des armes utilisées dans la perpétration
des crimes d’Israël. Ainsi, par exemple, l’université de
Tel-Aviv comporte une faculté consacrée aux « études de
sécurité », où des armes d’extermination « intelligentes »
(comprendre informatisées) sont mises au point. L’université
israélienne consacre d’importants financements à la facilitation
du contrôle militaire et politique de la Palestine et du
Moyen-Orient par Israël. Le silence du monde universitaire
israélien face au bombardement de la seule et unique université
de Gaza serait, à lui seul, une raison suffisante pour lancer un
tel boycott universitaire, si cela n’avait pas déjà été fait.
La culture israélienne est dominée par la
pensée et les postures ashkénazes européocentriques sionistes
colonialistes. Des écrivains sionistes, tels qu’Amos Oz, A.B.
Yehoshua et David Grossman, considérés erronément comme faisant
partie d’on ne sait trop quel « mouvement de paix », promeuvent
des messages colonialistes et racistes dans leurs écrits, et
plus encore, dans les sous-entendus de leurs écrits. Ils ont
bruyamment soutenu l’invasion récente du Liban (en été 2006, ndt)
et ils ont rédigé des déclarations en soutien aux massacres
perpétrés par Israël à Gaza. En plus des milliers de simples
citoyens, dont des femmes, des enfants et des vieillards, Israël
a assassiné un des écrivains palestiniens les plus éminents,
Ghassân Kanafânî. La musique populaire israélienne est
profondément liée à l’armée israélienne : la plupart des
chanteurs populaires d’Israël ont débuté leur carrière dans des
formations musicales militaires promouvant le militarisme et le
chauvinisme. Les beaux arts et la danse israéliens ne cessent de
piller l’héritage culturel palestinien, qu’ils osent présenter
dans le monde entier sous l’intitulé d’ « héritage (culturel)
juif ancestral », cohérent, en cela, avec son appropriation de
la cuisine palestinienne (nous ne citerons que les « falâfel »)
et le vêtement palestinien (comme la kûfiyyéh), afin de
présenter leur colonialisme européen sous les traits fallacieux
d’une continuation d’une ancienne propriété juive de la terre,
et d’effacer l’existence du peuple palestinien qui est, lui, le
légitime héritier de cette culture enracinée dans la terre
palestinienne.
Aujourd’hui, les agents de la propagande
culturelle sioniste sont mobilisés en vue de la normalisation
des crimes et de l’apartheid israélien toujours en cours en les
dissimulant sous les traits d’un conflit bilatéral, à
l’intérieur d’un discours de paix totalement creux et
a-historique, occultant totalement, banalisant et normalisant le
crime originel des années 1947-1948 : l’éradication de la
Palestine par un Etat juif d’apartheid appelé « Israël ». Les
agents de la propagande culturelle sioniste sont hautement
appréciés, dans le monde entier, où on les considère avec un
aveuglement qui laisse pantois comme des chercheurs de paix,
alors qu’ils devraient être rejetés, en tant que participants
actifs à l’oppression sioniste du peuple indigène de la
Palestine.
Jusqu’à ce jour, l’épuration ethnique de la
Palestine n’a toujours pas été reconnue en tant que crime contre
l’humanité. L’Occident contribue aide le chien sioniste à
enterrer ce crime dans la pelouse du jardin. Aujourd’hui, après
des décennies de dénégation, la vérité historique de l’épuration
ethnique de 1948 est, enfin, reconnue. Toutefois, cette
reconnaissance est vide de toute composante juridique de nature
à désigner les responsables ou de réclamer les droits légitimes
des victimes. Aujourd’hui, on peut écrire sur la Nakba
(l’épuration ethnique de 1948), dans le monde universitaire
israélien, et obtenir un grade universitaire, des honneurs et
une crédibilité pour s’être montré en chercheur audacieux et
moral, simplement en répétant des faits que des Arabes et des
Palestiniens ont décrits depuis des décennies, sauf que personne
ne daignait les écouter. Cela contribue à donner d’Israël
l’image d’un pays progressiste, alors qu’Israël n’a jamais cessé
d’être un des régimes les plu violents, racistes, oppressifs et
antidémocratiques du monde. A l’exception de très rares voix,
comme celle d’Illan Pappe, le monde universitaire israélien
reste coi dès lors qu’il s’agit de demander que soit mis un
terme à la souffrance des victimes et que le peuple palestinien
soit dédommagé en raison des crimes perpétrés par le sionisme et
l’Etat d’Israël à son encontre. Les universitaires israéliens
sont en train de s’approprier l’expression des Palestiniens,
comme l’a fait par exemple Gannit Ankori, écrivant au sujet de
l’art palestinien, pour des bénéfices universitaires personnels,
et aussi afin de blanchir leur position sioniste. Boycottez-moi
ces gens-là !
Le sionisme, c’EST le racisme. Le sionisme
est une idéologie juive, ashkénaze, blanche, colonialiste et
européocentrique, qui vise à rendre la Palestine juive et
occidentale et, partant, non musulmane et non arabe. Tout
Israélien est assujetti à cet endoctrinement idéologique, dès sa
naissance : à la maison, à l’école, à l’université, par les
médias hébreux, souvent de manière totalement explicite, mais
essentiellement à travers des allusions, des présentations et
des sous-entendus, des non-dits – à travers l’éducation et la
culture.
Le nom officiel donné à l’agression contre
Gaza et au massacre qui y a été perpétré est « Oferet Yetzuka »
(Opération Plomb Coulé). Ce nom est repris d’un refrain repris
deux fois dans un chant sioniste pour les enfants, particulier à
la fête de Hanuka, si bien que, dorénavant, les enfants
israéliens vont célébrer un génocide, à chaque fois qu’ils
fêteront Hanuka (ce qui ne les changera que peu, toute fête
juive étant la célébration d’un massacre ! ndt). Le fait que les
Israéliens juifs ne lisent et n’entendent que de l’hébreu, en
dépit du fait qu’ils vivent au cœur du monde arabe, facilite cet
endoctrinement. Un accès limité à l’anglais ne les aide guère,
en la matière, étant donné que l’immense majorité de la presse
anglophone a gobé les perceptions sionistes de A jusqu’à Z,
mordant à l’hameçon, et avalant, derrière, la ligne et le
flotteur…
Le sionisme rejette catégoriquement tous
les droits des Palestiniens à leur terre, leur droit à vivre
dans leur patrie, et même leurs droits civiques et humains les
plus élémentaires. Le sionisme se résume à l’affirmation que le
droit des juifs sur la terre palestinienne est, en toutes
circonstances, supérieur aux considérations humaines et morales,
évoquant bien souvent le racisme fondamental euro-centriste, qui
considère comme inférieures les cultures arabe et musulmanes,
tout en contribuant à leur déshumanisation. Le sionisme
constitue l’arrière-fond idéologique qui a permis que Gaza et
les autres villes palestiniennes soient transformées en camps de
concentration [6], et qui génère un très large soutien public en
faveur du massacre génocidaire qui vient d’être perpétré à Gaza.
La seule fracture, dans l’opinion publique israélienne, s’est
produite entre ceux qui ont tenté de dissimuler les massacres
par leurs larmes de crocodile humanitaires et par leurs
« justifications » soi-disant éthiques (les sionistes de
gauche), et ceux qui furent sincères dans leur fringale de sang
(les sionistes de droite). La colonisation sioniste est un
projet raciste qui est mortel, tant pour les Israéliens que pour
les Palestiniens. Le sionisme doit être contré, combattu et
vaincu, à la fois politiquement et culturellement. Le boycott
culturel [d’Israël] est absolument essentiel pour le bien-être
de tous les habitants de la région du Moyen-Orient.
Le premier pas vers un boycottage culturel
complet du sionisme consiste en une confrontation avec
l’adoption européenne et, de manière générale, occidentale de
l’apologétique et du blanchiment du sionisme. Le comité Nobel a
décerné le prix Nobel de la Paix à Itzhak Rabin, un des dix
architectes en chef de l’épuration ethnique de la Palestine en
1948, et du second nettoyage ethnique de 1967. Il fut aussi
directement responsable de quelques massacres à grande échelle,
dont l’un fut le massacre de plus de cent-cinquante civils qui
étaient allé se réfugier dans la mosquée Dahmash, à al-Lidd
(Lod, en entitesque, ndt).
Un autre prix Nobel est allé à Shimon
Peres, responsable de l’introduction de l’arme nucléaire au
Moyen-Orient. Même chez les Israéliens critiques, la proéminence
est très souvent accordée aux rares Israéliens qui déplorent en
paroles verbales les atrocités commises par leur pays, mais
refusent de se dissocier du racisme inhérent au sionisme, qui
est à l’origine desdites atrocités. Ce qui est particulièrement
étonnant, c’est qu’un prix Nobel de la Paix alternatif ait été
décerné à quelqu’un tel qu’Uri Avneri. Avneri, lui aussi, a
participé à l’épuration ethnique de 1948, ainsi qu’au déni des
droits des réfugiés palestiniens, immédiatement après ces
massacres. Jusqu’à ce jour, Avneri reste sioniste ; il accepte
les crimes perpétrés en 1948, qu’il considère légitimes. Le
soutien idéologique occidental au sionisme est en partie une
question d’intérêts matériels, et en partie un échange de bons
procédés, le sionisme reflétant un européocentrisme, et c’est
aussi, pour partie, l’effet de la mobilisation sioniste
particulièrement aboutie, ainsi que de l’utilisation abusive et
particulièrement cynique de l’holocauste nazi et de la
culpabilité historique à propos de l’antisémitisme. Ce soutien
occidental doit être contesté et contré.
Conclusion
Les gouvernements et les institutions
occidentaux soutiennent largement la mise en quarantaine de la
résistance palestinienne. Ils refusent de traiter avec ceux des
Palestiniens qui refusent de laisser enterrer la Palestine et
qui n’acceptent pas les conditions de survie inhumaines
qu’Israël leur impose. Bien que la dernière agression, contre
Gaza, ait été contrée par un front palestinien uni, qui
comportait toutes les factions palestiniennes armées, y compris
la Brigade des Martyrs d’Al-’Aqçâ, du Fatah, le Hamas est
identifié comme la résistance palestinienne. Ce gauchissement de
la réalité a pour conséquence que la résistance palestinienne
apparaît encore davantage incompréhensible et menaçante, c’est
là [pour les sionistes une façon] de renforcer l’islamophobie
occidentale et de capitaliser sur elle. Le Hamas a remporté les
élections démocratiques palestiniennes. Résultat ? Israël, avec
le soutien des Etats-Unis et de l’Union européenne, emprisonne
ses députés…
Le Hamas est connu universellement pour sa
probité et son intégrité, et pourtant, les pays occidentaux
insiste à ne traiter qu’avec le seul Fatah (réputé) « laïc », en
adoptant l’identification colonialiste marquée au coin du
racisme entre la laïcité et le progrès, une identification qui a
déjà servi d’excuse au sionisme pour détruire les cultures
arabes. La destruction de quarante-et-une mosquées, dans la
bande de Gaza, en quelques jours, n’a rien d’une coïncidence :
c’est la continuation de la démolition systématique de centaines
de mosquées au cours du nettoyage ethnique de la Palestine, et
de la profanation systématique et ininterrompue des lieux saints
musulmans.
Le Hamas jouit d’une légitimité à la fois
démocratique et culturelle, en tant que mouvement de résistance
au sionisme, profondément enraciné dans les cultures arabe et
islamique. Ce mouvement ne saurait être exclu ; c’est
impossible. Les tentatives de l’exclure ne sont que des
manifestations de l’européocentrisme, du colonialisme et du
racisme occidentaux. Les institutions internationales, comme
l’Unesco, ont le devoir moral et politique de défier ces
politiques (sionistes) destructrices et totalement illégales.
Le monde doit sortir de son mutisme à
propos des crimes perpétrés par Israël en 1948. Il doit
commencer à utiliser le mot d’apartheid pour qualifier la
structure politique, économique et sociale d’Israël, comme l’a
fait dernièrement le Président de l’Assemblée générale de l’Onu,
le Père Miguel d’Escoto Brockman. Et le monde doit soutenir
l’appel lancé par la société civile [palestinienne] à appliquer
à Israël la même stratégie qui a permis de mettre un terme à
l’apartheid en Afrique du Sud : la stratégie BDS
(Boycott-Désinvestissement et Sanctions).
En sa qualité d’institution internationale
indépendante, le maintien, par l’Unesco, de ses propres
standards, requiert qu’il révoque l’adhésion d’Israël.
Parallèlement à cette décision, son soutien du boycottage
universitaire et culturel d’Israël serait une expression vitale
de l’engagement de l’Unesco vis-à-vis de son but déclaré : la
contribution à la paix et à la sécurité, au moyen de la
promotion de la coopération internationale via l’éducation, la
science et la culture, afin de promouvoir le respect universel
de la justice, des droits humains et des libertés fondamentales,
proclamés par la Charte des Nations Unies.
Pour qu’il ait un impact concret, ce
boycottage doit être suffisamment généralisé pour avoir un
impact sur la vie quotidienne des Israéliens, ainsi que sur les
travailleurs culturels les plus respectés dans le monde. Sans un
tel boycott, fermement instauré, le Beatle hypocrite Paul
McCartney a pu se rendre en Israël, récemment, comme l’a fait
aussi le chanteur africain Cesaria Evora, comme si l’Afrique ne
gémissait pas sous le même joug colonial ? Mercedes Sosa, qui
évoque dans ses chansons la dépossession des populations
indigènes de l’Amérique du Sud, est venue en Israël distraire
ceux qui perpètrent un génocide à l’encontre du peuple
palestinien. Il y a d’innombrables artistes qui se comportent
comme eux. Et, pendant ce temps-là, des musiciens et des
galeristes israéliens sont accueillis à bras ouverts dans le
monde entier, parce que les institutions internationales n’ont
pas remis en question leur présence [indécente] au sein de la
communauté internationale.
Le monde a besoin d’une culture de Boycott,
d’une culture qui refuse de fermer les yeux sur un génocide au
nom de l’art, une culture qui prenne une position morale sur le
sionisme et ses crimes, et qui changent le discours public et
officiel. Le soutien de l’Unesco à un tel boycott culturel
permettrait d’encourager cette tendance vitale, et contribuerait
à dissuader, puis à mettre un terme, au rôle de renforcement
d’une violence systématique qu’assume, actuellement,
l’expression culturelle (qu’elle le veuille, ou non).
Notes
[1] Pour rejoindre le mouvement mondial de
boycott culturel :
http://www.pacbi.org
info@boycottisrael.ps
[2] Pour en savoir plus sur l’épuration
ethnique de la Palestine perpétrée par les sionistes en 1948,
lire l’ouvrage éponyme d’Ilan Pappe, dont voici le site :
http://www.ilanpappe.com
[3]
http://nakba-online.tripod.com/DestroyedList.htm
[4] Le quartier Mughrabi, rasé au sol, a
laissé la place à l’esplanade du Kotel (Mur « des
Lamentations »)
[5] Le « Waqf » [Administration musulmane
des biens de main-morte] a fait état de quarante-et-une mosquées
détruites et de cinquante-et-une mosquées partiellement
endomagées.
http://www.palestine-info.co.uk/en/default.aspx?xyz=U6Qq7k%2bcOd87MDI46m9rUxJEpMO%2bi1s7Eo83%2bCXjvR4ICQ2Kgbx%2b3Cdnwzndmi%2bNuzUNGywm3vRSmnSZLtNWXY8SCcrJXdF7fj2UarQI1So%2fA5JXetkfUCYx8tGRNtDoRvwEobFRRfE%3d
Voici une liste partielle des moquées
détruites à Gaza par Israël (jusqu’au 12 janvier 2009), en plus
de l’Université islamique : la mosquée ‘Omar ‘Aqal, du camp de
réfugiés de Jabalya, la mosquée ‘Omar Abu-Baker al-Sadiq, à Beit
Hanun, la mosquée Al-Naser, à Beit Lahiya (du 14ème
siècle), la mosquée Al-Shifa, à Gaza ouest, détruite en même
temps que le centre médical Al-Shifa, la mosquée ‘Omar ibn Al-Khattâb,
dans le camp de réfugiés de Bureij, la mosquées Al-Khulafâ’ Al-Râshidîn,
du camp de réfugiés de Jabaliya, la mosquée Al-Abrâr, dans le
village de Bani-Sahila, la mosquée ‘Azz Ed-Dîn al-Qassâm, à Khân
Yûnis, la mosquée Abû Hanîfa Al-Nu‘mân, au sud de Gaza, faisant
partie d’un complexe comportant deux écoles, des bureaux de
presse et des services médicaux, la mosquée Ibrâhîm al-Muqaddam,
à Beit Lahiya, bombardée en pleine prière de l’après-midi, la
mosquée Al-Taqwâ, au nord de Gaza, la mosquée Al-Nûr al-Muhammadiyy,
la plus grande de la bande de Gaza.
[6] Un des moyens de procéder à son
épuration ethnique et de se débarrasser de la population
palestinienne tout en la contrôlant consiste, pour Israël, à
rassembler les Palestiniens dans certaines zones. Ces zones sont
quadrillées, réduites, militarisées de manières variées et
croissantes, par la police (à l’intérieur d’Israël) ou au moyen
de check-points et du mur d’apartheid (en Cisjordanie), ainsi
que par la fermeture totale des frontières (tout autour de la
bande de Gaza). Le terme « camp de concentration » est utilisé
dans l’acception générale de moyen, pour un Etat, de se
débarrasser de populations qu’il définit comme indésirables, en
limitant leur présence et en empêchant leur existence politique.
La possibilité d’une mort pure et simple, comme nous l’avons vu
et comme nous le constatons tous les jours notamment à Gaza,
n’est jamais très éloignée.
Traduit de l’anglais
par Marcel Charbonnier
[* Rahela Mizrahi a signé l’appel à un boycottage culturel
d’Israël en 2006. Elle est titulaire d’une maîtrise d’histoire
de l’art de l’Académie Betzalel de Jérusalem, et elle prépare
actuellement un doctorat consacré aux « Patterns
d’expropriation, de conversion et d’appropriation de l’héritage
palestinien par (et dans) l’art israélien », à l’Université de
Tel-Aviv.]
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