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Les véritables buts
de la guerre apparaissent
Pierre Barbancey
Photo: L'Humanité
Mercredi 25 mai 2011
Peut-on vraiment s’étonner d’apprendre que la France, en
liaison avec ses partenaires de l’Otan, s’apprête à passer à une
nouvelle phase dans son intervention militaire en Libye ?
Assurément non ! D’abord, l’envoi d’hélicoptères de combat,
comme révélé par le Figaro, marque l’échec de cette campagne
militaire. Il s’agissait, nous disait-on, de protéger des civils
d’un massacre planifié par Kadhafi. Un Kadhafi présenté comme
totalement isolé de son peuple et ne bénéficiant d’aucun
soutien. On voit ce qu’il en est aujourd’hui. La rébellion
marque le pas malgré le formidable soutien militaire dont elle
bénéficie, tout en refusant toute négociation politique qui
permettrait de mettre fin aux combats et donc d’empêcher la mort
de civils. On s’achemine en conséquence, lentement mais
sûrement, vers une intervention au sol. Que celle-ci ne prenne
pas la même tournure qu’en Afghanistan ou en Irak, on peut en
être certain. Mais, comme l’écrit le Figaro dans l’édition
d’hier : « Depuis le début du conflit, des forces spéciales
françaises sont à l’œuvre en Libye. Équipées de visées lasers,
elles repèrent les cibles et guident les chasseurs de la
coalition. Elles pourraient bientôt, confie une source proche du
dossier, être renforcées et effectuer le même travail de
repérage et de guidage pour les hélicoptères du Tonnerre. » Ce
qui est déjà le début de la présence de troupes au sol. Parce
que, pour Paris, il faut aller vite. D’abord, parce que si
l’opinion publique était bien disposée au début de la campagne,
il n’en est plus de même aujourd’hui. Parce que le coût de cette
guerre au but flou va être supporté par les Français pendant des
années, au moment où les revendications les plus élémentaires ne
sont pas satisfaites et qu’en Libye, la situation est autrement
plus complexe que présenté par les grands médias. Autre écueil
pour Sarkozy : la loi l’oblige à soumettre à l’autorisation du
Parlement la prolongation d’une opération extérieure lorsque
celle-ci excède quatre mois. La date butoir est fixée au
19 juillet. Dans ce cadre, le débat pourrait être difficile. Se
profile alors, en cas de difficultés persistantes sur le terrain
militaire, le spectre de la partition de la Libye, le but étant
de permettre à la rébellion la maîtrise des zones gazières et
pétrolifères, c’est-à-dire essentiellement l’est et une partie
du sud du pays. Les véritables objectifs de cette guerre
apparaissent ainsi aux yeux de tous. Loin de la geste
humanitaire du duo Sarkozy-BHL.
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Publié le 25 mai 2011 avec l'aimable autorisation de
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