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Mondoweiss

Le procès pour harcèlement de Teaneck tourne autour d'autocollants pro-palestiniens
Philip Weiss


Rich Siegel

Mardi 25 mai 2010

http://mondoweiss.net/2010/05/teaneck-harassment-trial-involves-pro-palestinian-bumper-stickers.html

Bernie Thau appartient au conseil d’administration du Hebron Fund, qui collecte de l’argent au profit de colons en Cisjordanie. Rich Siegel, lui, appartient au conseil d’administration de l’association (pro-palestinienne)  Deir Yassin Remembered. Demain matin, Thau estera en justice au Tribunal Municipal de Teaneck contre Siegel, à qui il reproche d’avoir apposé des autocollants « Free Palestine » sur sa voiture.

Siegel, qui est un musicien habitant Teaneck, a été élevé dans le sionisme. Il a dirigé une association sioniste de la jeunesse, et il a même vécu en Israël. Mais, désespéré par la violence sans fin, il a quitté Israël depuis quelques années et il s’est mis à se documenter. Il pensait que cela lui permettrait d’approfondir son engagement sioniste, mais c’est le contraire qui s’est produit : sa lecture des Nouveaux historiens israéliens n’a fait qu’augmenter son outrage.

« J’étais horrifié. J’avais été élevé dans la notion qu’Israël ne pouvait faire strictement rien de mal, et qu’il n’avait jamais rien fait qui pût avoir blessé qui que ce soit… J’étais persuadé que nous, en tant que juifs, nous étions privilégiés d’appartenir à ce groupe que le monde entier déteste sans raison – et, tant que j’y suis, que nous sommes plus futés que quiconque. Ah oui, aussi : les Arabes nous haïssaient sans raison, nous voulions simplement aller là-bas et être leurs voisins… Quand j’ai pris conscience qu’il y avait eu des terroristes juifs et que des juifs avaient voulu créer un pays exclusiviste, tout en continuant de jouer de la carte victimaire à propos de l’Holocauste – ce fut pour moi une révélation absolument terrifiante. Cela m’a amené à être actif, à militer, le fait d’être tellement en colère parce qu’on n’avait cessé de me mentir. L’on m’avait menti durant toute ma vie : ma synagogue, ma famille, ma communauté juif : tous m’avaient raconté des bobards ! »

Désormais, Siegel défend le droit des réfugiés palestiniens à retourner chez eux, dans leurs maisons. Il a décidé de se forger une opinion bien à lui et de la revendiquer ouvertement en apposant quatre autocollants sur sa Honda Civic grise, vieille de treize ans. Son épouse n’y voyait aucun inconvénient. Deux de ces autocollants disaient : « Liberté pour la Palestine ! Fin de l’occupation ! », un autre disait : « Arrêtez l’aide militaire américaine à Israël ! », et un quatrième proclamait : « Nous refusons d’être ennemis ! Les chrétiens, les juifs et les musulmans oeuvrant pour la paix et la justice. »

Les autocollants ont effectivement attiré l’attention. Beaucoup de gens faisaient à Siegel des signes approbateurs, les pouces en l’air, ou en donnant un coup de klaxon. Mais les localités de Teaneck et Fairlawn sont de véritables pépinières pour les types dans le genre Gush-Emonim-terre d’Israël, et beaucoup de gens tiquaient à la vue de sa Honda et le montraient du doigt. Il en a l’habitude. Certains ont même vandalisé sa bagnole.

Dans l’après-midi du 20 avril, Siegel a remarqué qu’une voiture le suivait d’un peu trop près tandis qu’il rentrait chez lui, à Teaneck, sur la River Road. La voiture suivit Siegel après que celui-ci eut pris la North Avenue, sur sa droite, puis à nouveau sur la droite, une rue conduisant à Elm, son quartier. Siegel dit que le conducteur l’a suivi jusqu’à sa maison, et qu’il s’est garé à côté de sa propre voiture, après quoi il lui a fait un ‘doigt d’honneur’. Ensuite, il a poursuivi sa route jusqu’au bout du pâté de maisons, il a fait demi-tour, et il est repassé devant la maison de Siegel, très lentement.

Siegel a eu la présence d’esprit de noter le numéro d’immatriculation du type, et il a décidé de porter plainte contre lui au commissariat de police. Le conducteur était Bernie Thau, quelqu’un d’actif dans la communauté juive de Fairlawn (dans l’Etat du New Jersey). Après une convocation destinée à entendre sa version des faits, il y a une quinzaine de jours, à laquelle Thau s’est rendue et où il a nié sa culpabilité, le juge James Yound, du Tribunal municipal, a trouvé des preuves suffisantes pour mettre Thau en examen pour harcèlement. Le Sergent Thomas Sullivan, du commissariat de Taeneck, qui a enquêté sur la déposition de Siegel, dit qu’il est accusé d’un délit passible d’une peine maximale de six mois de prison accompagnés d’une amende.

Siegel dit : « Je n’ai subi strictement aucun dommage du fait de cette affaire. Si cela avait été le cas, j’aurais porté plainte. Mais la question, c’est que j’ai droit à la libre expression. Ce type m’a suivi jusqu’à chez moi parce qu’il ne pouvait pas encadrer mes autocollants. J’ai eu des expériences auparavant : ma voiture avait déjà été vandalisée à plusieurs reprises. A deux reprises, le pare-chocs avait été renversé : quelqu’un avait forcé ma bagnole avec une barre à mine et ils avaient complètement retourné le pare-chocs. Nous disposons de la liberté d’expression, dans ce pays, mais la communauté sioniste pense apparemment que cette liberté n’est plus de mise dès qu’il est question de critiques à l’encontre d’Israël. En ce qui me concerne, je suis en colère ; c’est tout… Et, oui, cela fait que nous nous sentons un petit peu moins en sécurité, ma famille et moi. Mais si notre sécurité était vraiment en danger, j’aurais enlevé ces autocollants… »

Thau, quant à lui, affirme qu’il dort mal depuis sa mise en examen, et qu’il fait des cauchemars. Il regrette ce qu’il a fait, et il désire présenter des excuses publiques à Siegel et oublier toute cette affaire. Je lui ai demandé s’il avait contacté Siegel.

 « Après ma mise en examen, je suis allé boire un verre d’eau, et j’ai dit quelque chose à Siegel, qui m’a répondu qu’il ne pensait pas que nous devrions nous parler… »

Thau dit qu’il n’était absolument pas au courant de ce que Siegel avait vécu : « Quelles que soient ses positions politiques, il a été maltraité par pas mal de personnes… »

Il se dit désireux d’apporter une contribution à l’association Deir Yassin Remembered, afin d’apaiser la situation.

Thau n’a pas contredit la version que Siegel a donnée de l’incident, sauf pour dire que « certains faits ont été un peu exagérés ». Je lui ai demandé pourquoi il a fait ça ?

« Dans l’ensemble, ce fut un acte impulsif. Je ne voulais pas le harceler ; c’était plus quelque chose comme une déclaration politique ». Et le Hebron Fund ? Vous auriez pu tout aussi bien mentionner qu’il travaille pour une association caritative rattachée à une synagogue, qui aide cinquante-sept familles nécessiteuses des environs ?

Nous vous tiendrons au courant du procès.


Rich Siegel- "In Palestine" from Richard A Siegel on Vimeo.

PS : Siegel a coécrit une chanson intitulée "In Palestine", qui est dédiée aux centaines d’enfants palestiniens massacrés par les Israéliens à Gaza. Ce gars est un musicien magnifique. Remarquez, dans cette chanson, la fusion des narrations juive et palestinienne – il n’est absolument pas question de savoir qui a commencé.

Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier

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Source et traduction : Marcel Charbonnier


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