Ha'aretz
Les
Etats-Unis et Israël se « préparent » à la bombe iranienne
Philip Sherwell (depuis New York) et
Matthew Kalman (depuis Jérusalem)
on Telegraph.co.uk, 18 novembre 2007
http://www.telegraph.co.uk
L’Amérique et Israël préparent, dans le
plus grand secret, des plans afin de faire face à un Iran doté
d’armes nucléaires, a appris le Sunday Telegraph.
Les deux archi-ennemis de Téhéran se préparent
à ce qu’ils déclarent depuis longtemps un scénario
inacceptable, tandis que les perspectives de frappes aériennes
visant à détruire le réseau nucléaire de l’Iran
s’estompent, et que la Chine et la Russie sapent les efforts
visant à consolider un régime de sanctions internationales.
Les Etats-Unis et Israël s’en tiennent
publiquement à leurs menaces de ne pas permettre à la République
islamique d’Iran de développer une bombe atomique. Mais les
responsables du renseignement et les planificateurs militaires ont
averti que l’Iran a bien mieux réussi à cacher et à disperser
ses installations nucléaires que cela avait été affirmé,
a-t-il été rapporté à notre journal.
Ces révélations interviennent tandis que le
chien de garde nucléaire des Nations unies a révélé que l’Iran
avait passé une vitesse supérieure dans la production
d’uranium enrichi, et que le président Mahmoud Ahmadinejad
resserre son emprise sur le programme nucléaire de Téhéran en
menaçant ses détracteurs internes de procès pour trahison. Les
stratèges du Pentagone sont en train de mettre à jour les
politiques de dissuasion des Etats-Unis en vue d’un Iran doté
de l’arme nucléaire dans un futur envisageable, même si –
après les attentats terroristes contre New York et Washington, le
11 septembre 2001 – l’administration Bush a fait de
l’intervention militaire préemptive le centre de sa politique
en matière de sécurité nationale.
« Plus ils examinaient les informations
et les données du renseignement dont ils disposaient, et plus ils
sont devenus pessimistes quant à ce qu’il serait possible de réaliser,
sur le front opérationnel, au moyen d’une action armée »,
a indiqué Dan Goure, conseiller au Pentagone. « Des frappes
militaires risqueraient de simplement ajourner ce programme de
trois à quatre ans, mais l’opinion actuelle est que cela n’en
vaut tout simplement pas la chandelle. » Une réévaluation
politique a également débuté en Israël, dont la politique sécuritaire
est déterminée par son statut – jamais reconnu publiquement
– d’unique pays nucléarisé du Moyen-Orient.
Lors d’une réunion du cabinet de sécurité,
le weekend dernier, le Premier ministre Ehud Olmert a demandé aux
hauts responsables officiels de rédiger des propositions en vue
des manières de traiter un Iran ayant réussi à produire des
armes nucléaires, d’après certaines fuites. « Avant
toute chose, nous devons démontrer qu’il s’agit là d’une
menace qui ne vise pas uniquement Israël, mais le monde entier.
Ensuite, nous devons examiner absolument toutes les options préventives
possibles. Enfin, nous devons anticiper la possibilité que ces
options puissent échouer », a déclaré Ami Ayalon, membre
du cabinet israélien de sécurité, après cette réunion.
L’aviation israélienne s’entraîne en
vue d’éventuels raids à long rayon d’action, et elle a
bombardé un site soupçonné d’être nucléaire en Syrie, récemment.
Mais les chefs militaires sont confrontés aux mêmes problèmes
de renseignement que les Etats-Unis. De plus, ils seront en butte
à des difficultés de ravitaillement en kérosène, étant donné
qu’ils ne peuvent survoler des pays arabes hostiles afin
d’atteindre l’Iran.
On pense qu’Israël est en train d’équiper
une escouade de sous-marins de fabrication allemande d’armes
atomiques prêtes à répliquer à toute menace nucléaire éventuellement
venue de Téhéran, et Ehud Barak, le ministre israélien de la Défense,
est obnubilé par l’idée de développer un système sophistiqué
de missiles anti-missiles balistiques.
L’Iran ne cesse de répéter que son
programme nucléaire vise uniquement à produire de l’énergie,
à usage des civils, mais l’Occident et Israël affirment
disposer de preuves accablantes selon lesquelles ce pays ne vise
qu’à se doter d’une bombe nucléaire. Les estimations du délai
nécessaire varient, de deux à 10 ans.
Les faucons américains liés au vice président
Dick Cheney ont avancé l’argument selon lequel un bombardement
coordonné simultanément depuis les airs et depuis la mer
pourrait retarder le programme nucléaire iranien de cinq, à dix
ans.
Mais Robert Gates, secrétaire américain à la Défense, qui a émergé
en tant que contrepoids à M. Cheney à la Maison Blanche, a
exprimé ses préoccupations au sujet de possibles représailles
contre les forces américaines en Irak, dont il a fait sa première
priorité.
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
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