Le Grand Soir
Guerre à l'étranger, pauvreté chez nous
Paul Craig Roberts

Paul Craig Roberts - Photo Alter Info
23 mai 2008 Le sénat américain a
voté une rallonge de 165 milliards de dollars pour financer les
guerres d’agression en Irak et en Afghanistan jusqu’à la fin du
printemps prochain.
Comme les Etats-Unis sont fauchés et criblés de
dettes, chaque centime de cette somme devra être emprunté. Les
Américains sont, eux aussi, fauchés et criblés de dettes. Leur
taux d’épargne zéro implique que chaque centime de ces 165
milliards de dollars devra être emprunté à l’étranger.
La "seule superpuissance mondiale" est si
fauchée qu’elle ne peut même pas financer ses propres guerres.
Chaque dollar supplémentaire que l’irresponsable
régime de Bush doit quémander auprès de l’étranger fait encore
chuter le dollar. Au cours des huit années de gâchis et de
libéralités du régime de Bush, le dollar autrefois fort a perdu
environ 60% de sa valeur contre l’euro.
Le billet vert a perdu encore plus de terrain
contre l’or et le pétrole.
Avant les guerres d’agression de Bush, le
pétrole était à 25 dollars le baril. Aujourd’hui, il atteint 130
dollars.
Une partie de cette hausse est peut être due à
la spéculation débridée des marchés à terme. Cependant, la cause
principale en est la chute du dollar. Le pétrole, c’est un
produit réel, et contrairement aux dollars, ses réserves sont
limitées. Avec les déficits budgétaires et commerciaux des
Etats-Unis, il y a un afflux d’obligations en dollars, ce qui
fait baisser la valeur du billet vert.
Chaque augmentation du prix en dollars du baril
de pétrole entraîne une augmentation du déficit commercial
américain, qui nécessite alors une nouvelle aide des capitaux
étrangers pour financer la consommation d’énergie en Amérique.
Bush a réussi à faire passer la facture des
importations de pétrole de 106 milliards de dollars en 2006 à
environ 500 milliards 18 mois plus tard – chaque dollar de cette
somme devant être emprunté à l’étranger.
Sans les capitaux étrangers, la "superpuissance"
américaine ne peut pas financer ses importations ou le
fonctionnement du gouvernement.
Quand le prix du pétrole augmente, les
Américains, de plus en plus démunis, n’ont plus les moyens de
payer les factures de chauffage en hiver. Or, c’est aux crédits
militaires votés par le sénat que passent les subventions pour
l’aide au paiement des factures d’énergie de l’armée croissante
de pauvres en Amérique.
L’augmentation du prix de l’énergie fait grimper
le prix de la production et du transport des marchandises, mais
les revenus en Amérique n’augmentent pas, sauf pour ceux qui
sont extrêmement riches.
La chute du dollar américain, qui fait monter
les prix et accroît le déficit commercial, fait alors grimper
les aides à la consommation d’énergie et augmente le déficit
budgétaire. Si le pétrole était la raison pour laquelle Bush a
envahi l’Irak, ce plan a, de toute évidence, échoué. Le prix du
pétrole n’a pas simplement été multiplié par deux ou trois, il a
été multiplié par cinq.
Les présidents précédents avaient réduit les
aides sociales en taxant ces aides (c’est-à-dire, en prélevant
une taxe sur un impôt) et en truquant les chiffres du coût de la
vie pour minimiser le taux d’inflation.
Les prochains présidents devront s’attaquer aux
retraites privées pour réduire au maximum les dépenses sociales.
Actuellement, le régime de Bush aux abois
envisage de réduire les dépenses de Medicaid,
l’assurance-maladie financée par les fonds publics et destinée
aux pauvres et aux handicapés.
Le Parti républicain veut bien financer la
guerre mais considère que les autres dépenses sont de l’argent
jeté par les fenêtres. Le parti de la guerre "néoconisé"
est en train de détruire les perspectives économiques des
citoyens américains. "Guerre à l’étranger et
pauvreté chez nous" sera-t-il le slogan de la campagne des
Républicains aux élections de novembre prochain ?
Paul Craig Roberts est l’ancien
sous-secrétaire aux Finances de l’administration Reagan.
Il a été rédacteur en chef- adjoint au Wall
Street Journal.
Il est co- auteur de : "The Tyranny of Good
intentions".
Source : Counterpunch
http://www.counterpunch.org/roberts...
Traduction : Des Bassines et du
Zèle
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autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources
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