Opinion
Washington nous
mène dans un monde hors-la-loi
Paul
Craig Roberts

Mardi 17 avril 2012
Le gouvernement
des Etats-Unis prétend vivre sous les
auspices de la loi, le respect des
droits de l’Homme, et d’apporter liberté
et démocratie à ses citoyens. La
prétention de Washington et la dure
réalité sont diamétralement opposées.
Les officiels du
gouvernement américain critiquent de
manière routinière les autres
gouvernements pour ne pas être
démocratiques et pour violer les droits
de l’Homme. Toujours est-il qu’aucun
autre pays au monde mis à part Israël
bombarde, tire des missiles et envoie
des drones dans des nations souveraines
pour tuer des populations civiles. Les
prisons de la torture d’Abu Graïb, de
Guantanamo et le programme de transfert
secret de prisonniers de la CIA dans ses
prisons tout aussi secrètes, sont les
contributions des régimes Bush / Obama
aux droits de l’Homme.
Washington viole les
droits de ses propres citoyens.
Washington a suspendu les droits et
libertés civils pourtant garantis par la
constitution et a déclaré ses intentions
de détenir les citoyens américains
indéfiniment sans autre forme de procès.
Le président Obama a annoncé qu’à sa
discrétion, il peut faire assassiner des
citoyens américains qu’il voit comme une
menace pour les Etats-Unis.
Le congrès n’a pas
répondu à ces annonces extraordinaires
avec une procédure de destitution. Il
n’y a pas eu de levée de boucliers de la
part des cours fédérales, des facs de
droit et des associations du barreau.
Glenn Greenwald rapporte que le
département de la Sécurité de la Patrie
(NdT:
la “fameuse “ DHS, qui est la stasi /
securitate du pays du goulag levant)
harcèle les journalistes qui refusent de
devenir des “pressetitués” et nous avons
vu des vidéos de la répression brutale
par la police des manifestations
pacifiques du mouvement Occupy Wall
Street. Chris Floyd décrit les pervers
de la torture qui règnent sur les
Etats-Unis.
Maintenant,
Washington force du mieux qu’elle peut
le reste du monde à se débarrasser des
traités internationaux et de la loi
internationale. Washington a déclaré que
sa parole seule est la loi
internationale. Tous les pays, sauf ceux
qui ont reçus une dispense de
Washington, qui s’engagent dans le
commerce avec l’Iran ou achète du
pétrole iranien seront sanctionnés par
les Etats-Unis. Ces pays seront coupés
du marché américain et leur système
bancaire ne pourra plus utilisé les
banques pour procéder aux règlements
internationaux. En d’autres termes,, les
sanctions de Washington envers l’Iran
s’appliquent non seulement à l’Iran mais
aussi aux pays qui défient Washington et
utilisent le pétrole iranien pour
subvenir à leur demande énergétique.
D’après le
Christian Science Monitor,
Washington a jusqu’ici donné une
dérogation au Japon et à 10 pays
européens pour continuer à acheter le
pétrole iranien. Demandant à des pays de
fermer leurs économies afin de donner
libre-court à la vendetta de Washington
contre l’Iran; une vendetta qui existe
depuis que les Iraniens ont renversé la
marionnette installée par les
Etats-Unis, le Shah d’Iran, il y a plus
de trente ans. Ceci fut plus que
Washington ne pouvait supporter.
Washington a permis au Japon de
continuer à importer entre 78 et 85% de
ses importations normales de pétrole
avec l’Iran.
Les dispenses de
Washington quoi qu’il en soit, sont tout
à fait arbitraires. Des dispenses n’ont
pas été données à la Chine, à l’Inde, à
la Turquie et à la Corée du Sud. L’Inde
et la Chine sont les plus gros
importateurs de pétrole iranien et la
Turquie et la Corée du Sud sont dans le
top 10 des importateurs. Avant que de
regarder aux conséquences imprévues de
la vendetta de Washington contre l’Iran,
voyons quel est le problème de
Washington avec ce pays ?
Franchement,
Washington n’a rien à faire valoir. Nous
sommes, une fois de plus, revenus à la
supercherie “des armes de destruction
massives”. L’Iran, à l’inverse d’Israël,
est signataire du traité de non
prolifération nucléaire. Tout pays
signataire à le droit à l’énergie
nucléaire. Washington affirme que l’Iran
viole le traité en développant un
programme nucléaire militaire. Il n’y a
absolument aucune preuve des accusations
de Washington. Washington possède 16
agences de renseignement et toutes sont
unanimes pour dire que l’Iran n’a pas de
programme nucléaire militaire pour faire
des armes nucléaires depuis au moins
2003. De plus les inspecteurs de l’AIEA
sont en Iran et ont rapporté de manière
constante qu’il n’y a pas de diversion
de matériel nucléaire de son programme
énergétique vers un programme
d’armement.
Les quelques rares
fois où on rappelle à Washington ces
faits, elle rend l’affaire
différente.
Washington déclare alors les droits de
l’Iran sous les conditions du traité de
non prolifération invalides, que l’Iran
ne peut pas avoir un programme nucléaire
énergétique, parce que l’Iran
apprendrait alors à faire des armes
nucléaires dans le futur et ainsi
d’obtenir la bombe. La première nation
hégémonique mondiale a décidé
unilatéralement que la possibilité que
l’Iran puisse un jour décider de
construire une bombe atomique, est un
trop grand risque à courir. C’est mieux,
dit Washington, de faire monter les prix
du pétrole, de perturber l’économie
mondiale, de violer la loi
internationale et de risquer une guerre
majeure, que d’avoir à se soucier qu’un
gouvernement iranien futur fasse une
arme nucléaire. Ceci est l’approche
tyrannique de la loi de Jeremy Bentham,
qui fut répudiée par le système légal
anglo-saxon.
Il est difficile de
caractériser la position de Washington
comme étant une position de bon
jugement. De plus, Washington n’a jamais
expliqué quel risque elle voit dans la
possibilité de la possession de l’arme
nucléaire par l’Iran. Pourquoi ce risque
serait-il plus grand que le risque
associé avec l’armement nucléaire
soviétique à l’époque, ou avec
l’armement nucléaire des Etats-Unis, de
la Russie, de la Chine, d’Israël, du
Pakistan, de l’Inde et de la Corée du
Nord aujourd’hui? L’Iran est un pays
relativement petit. Elle n’a pas
l’ambition hégémonique de Washington.
Contrairement à Washington, l’Iran n’est
pas en guerre avec une demi-douzaine de
pays. Pourquoi Washington détruit-elle
la réputation des Etats-Unis comme un
pays qui respecte la loi et risque une
guerre majeure et une dislocation
économique à propos de quelques
développements futurs, dont la
probabilité est totalement inconnue ?
Il n’y a pas de bonne
réponse à cette question. Manquant de
preuve dans le cas contre l’Iran,
Washington et Israël y ont substitué la
diabolisation. Le mensonge a été établi
comme vérité comme quoi le président
actuel de l’Iran a l’intention de rayer
Israël de la surface de la terre.
Le mensonge a eu le
succès escompté comme propagande alors
même que de nombreux experts en langues
ont prouvé que l’intention attribuée au
président iranien par la machine
propagandiste américano-israélienne est
un énorme contre-sens dans la traduction
de ce que le président iranien a dit.
Une fois de plus, pour Washington et ses
presstitués, les faits ne comptent pas.
Seul l’agenda est ce qui compte.
N’importe quel mensonge sera utilisé
pour faire avancer cet agenda.
Les sanctions de
Washington pourraient bien finir par
mordre Washington plus fort qu’elles ne
mordent l’Iran.
Que fera Washington
si l’Inde, la Chine, la Turquie et la
Corée du Sud ne succombent pas à ses
menaces ?
D’après des rapports
récents, l’Inde et la Chine ne sont pas
favorables à se désavantager elles-mêmes
et à nuire à leur développement
économique afin de supporter Washington
dans sa vendetta contre l’Iran. Ayant
observé la montée rapide de la Chine et
l’immunité de la Corée du Nord contre
une attaque américaine, la Corée du Sud
peut légitimement se demander combien de
temps encore elle restera un état
marionnette des Etats-Unis. La Turquie,
où le gouvernement civil et quelque peu
islamiste a réussi à devenir indépendant
de l’armée turque contrôlée par les
Etats-Unis, apparaît réaliser peu à peu
que Washington et l’OTAN ont cantonné la
Turquie dans un “rôle de serviteur” dans
lequel la Turquie est l’agent de
Washington contre ses pairs. Le
gouvernement turc semble réévaluer les
bénéfices d’être un pion de Washington.
Ce que la Turquie et
la Corée du Sud ont à décider est en
fait de prendre la décision pour que ces
pays soient des pays indépendants ou
assimilés dans l’empire de Washington.
Le succès de l’assaut
américano-israélien sur l’indépendance
de l’Iran dépend de l’Inde et de la
Chine.
Si l’Inde et la Chine
montrent leur majeur a Washington, que
peut-elle faire ? Absolument rien. Que
se passera t’il si Washington, noyée
dans ses délires gigantesques, venait à
annoncer des sanctions contre l’Inde et
la Chine ?
Les rayons de
Wal-Mart resteront vides et le plus gros
distributeur des Etats-Unis viendrait
marteler la porte de la Maison Blanche.
Apple et bon nombre
de grosses corporations influentes
américaines, qui ont délocalisées leur
production pour le marché américain en
Chine, verraient leurs profits
s’évaporer. Ensemble, avec leurs alliés
de Wall Street, ces entreprises très
puissantes viendraient prendre d’assaut
le fou de la Maison blanche avec bien
plus de force que l’Armée Rouge. Le
surplus commercial chinois arrêterait de
venir renflouer la dette de la
trésorerie américaine. Les opérations
bancaires délocalisées en sous-traitance
en Inde, les compagnies de cartes de
crédit et les départements de services
et d’utilités à travers les Etats-Unis
cesseraient de fonctionner.
Ce serait le domaine
du chaos aux Etats-Unis. Telles sont les
récompenses pour l’empire de la
mondialisation que ce même empire a
enfanté.
L’imbécile de la
Maison Blanche et les va t’en guerre
néoconservateurs et israéliens qui le
pressent de faire encore plus de
guerres, ne comprennent pas que les
Etats-Unis ne sont plus un pays
indépendant. Les Etats-Unis ont un
propriétaire: les corporations offshore
et les pays étrangers dans lesquels ces
corporations ont localisé leur
production pour les marchés américains.
Des sanctions sur l’Inde, la Chine (et
la Corée du Sud) veut simplement dire
des sanctions sur les entreprises
américaines, des sanctions sur la
Turquie veulent dire des sanctions sur
un allié de l’OTAN.
La Chine, l’Inde, la
Corée du Sud, la Turquie réalisent-elles
qu’elles ont en leur possession la donne
gagnante ? Comprennent-elles qu’elles
peuvent montrer leur majeur à l’empire
américain et l’amener à l’effondrement,
ou sont-elles conditionnées comme
l’Europe et le reste du monde au fait
qu’il est vain de résister aux
Américains tous puissants ?
La Chine et l’Inde
exerceront-elles leur puissance sur les
Etats-Unis ou ces deux pays vont-ils
tempérer l’affaire et adopter une pose
qui sauvera la face de Washington tout
en continuant à acheter le pétrole
iranien ?
La réponse à cette
question est: Combien les Etats-Unis
vont-Ils payer secrètement en
concessions multiples, comme par exemple
la sortie des Etats-Unis de la Mer de
Chine du Sud, pour que la Chine et
l’Inde prétendent à la reconnaissance de
la puissance américaine sur le reste du
monde ?
Sans concessions à la
Chine et à l’Inde, Washington se verra
très sûrement ignorée et contemplera sa
puissance s’évaporer. Un pays qui ne
peut pas produire industriellement et
produire des biens de consommation, mais
ne peut qu’imprimer des instruments
d’endettement et de la monnaie n’est pas
un pays puissant. Il n’est qu’un petit
caïd de cour de récréation qui peut
continuer à rouler des mécaniques
jusqu'à
ce que le garçon proverbial dise:
“L’empereur est nu”.
Paul Craig Roberts
Article original en
anglais :
Traduction : Résistance 71,
http://resistance71.wordpress.com/
Le blog de Paul Craig Roberts :
http://www.paulcraigroberts.org/
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