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Bush
demande instamment de l'aide à la France
Paul Craig Roberts

Paul Craig Roberts - Photo Alter Info
11 février 2008 « Nous
soutenons les troupes ! » C'est l'excuse donnée par les Démocrates
pour la poursuite du financement de l'agression de Bush en Iraq et
en Afghanistan. Mais, bien entendu, le financement de la guerre ne
soutient pas les troupes. Le financement de la guerre soutient une
machine malfaisante qui mâche et recrache la vie et le bien-être
des soldats, ainsi que celle de centaines de milliers d'irakiens
et d'afghans, hommes, femmes et enfants. Le financement de la
guerre soutient l'agression de Bush en Irak et en Afghanistan et
les efforts qu'il continue à déployer pour s'emparer de ces deux
pays afin de les transformer en États fantoches.
Les sondages
montrent que la majorité des militaires et leurs familles ne
soutiennent pas l'agression de Bush. Le fait que la campagne à
l'investiture présidentielle républicaine de Ron Paul ait reçu
la part du lion des contributions provenant des familles de
militaires, souligne aussi le grand fossé entre les troupes et
ceux qui voudraient les « soutenir » en les maintenant en
Irak et en Afghanistan. Ce que signifient vraiment tous ces
autocollants à l'arrière des quatre-quatre, qui proclament « soutenir
les troupes, » est le soutien aux guerres d'agression de Bush
contre les Musulmans.
Selon le Washington
Post (9
février 2008), les 3,1 billions de dollars (*) du budget fédéral
de Bush ne financent pas sa proposition,
faite lors de son discours sur l'État
de l'Union, d'autoriser les militaires à virer leurs
allocations d'études inutilisées aux membres de leur famille.
Bush a reçu des applaudissements pour son speech télédiffusé
dans tout le pays, mais son budget ne prévoit pas d'argent pour
les militaires et leurs familles.
Les analystes du gouvernement calculent que le
coût des prestations d'éducation serait de l'ordre de un à deux
milliards de dollars par an, le coût du financement de deux jours
de guerre.
Le seul argent que
Bush et le Congrès veulent donner aux troupes est le nécessaire
à leur maintien en état de guerre. Tout le monde a lu les
histoires d'horreur du manque de soin aux soldats revenus d'Iraq
blessés physiquement et sur le plan émotionnel.
En revanche, pour
financer sa guerre, Bush et le Congrès ont déjà dépensé en
frais et coûts futurs au moins 1.000 milliards de dollars. Tout
Étasunien peut dresser une liste d'usages préférables pour
cette immense fortune, qui fait sauter l'infrastructure d'un pays
et tue ses citoyens par centaines de milliers.
Rien de bon n'a été
accompli dans les invasions de Bush en Irak et en l'Afghanistan.
En 2002, six mois avant l'invasion de l'Irak le 18 mars 2003, il
était évident pour tous ceux qui ont un brin de raison, que ce
serait une grossière bévue stratégique. William
S. Lind, moi-même
et d'autres, avons fait cette prévision en octobre 2002. Trois
ans plus tard, le lieutenant
général William Odom, ancien directeur de l'Agence Nationale
de Sécurité, nous donnait raison, déclarant
que l'invasion de Bush en Irak est « le
plus grand désastre stratégique de l'histoire étasunienne.
» Si le patron de la NSA ne sait pas reconnaître un « désastre
stratégique » quand il en voit un, qui en est capable ?
L'estimation du général Odom est certes
correcte. Bush, Cheney, les Néo-conservateurs, et les médias,
furent des flagorneurs totalement abusifs. Regardez la situation
aujourd'hui. Incapable de vaincre l'insurrection sunnite, la « superpuissance
» étasunienne a dû se résoudre à payer des millions de
dollars à la sédition, pour soudoyer ses meneurs afin qu'ils
n'attaquent pas les troupes étasuniennes. Par ailleurs, Bush
fournit des armes aux insurgés « pour combattre Al-Qaïda.
» Les meneurs sunnites acceptent volontiers de l'argent et des
armes, mais combien de temps peuvent-ils survivre en collaborant
avec l'ennemi étasunien, qui a détruit leur pays et la place au
Soleil ?
C'était évident
pour tout le monde, mais Bush et les Néo-conservateurs, qui ont
renversé Saddam Hussein au nom de la démocratie, veulent mettre
en place la majorité chiite, alliée de l'Iran, à la nouvelle
direction de l'Iraq. Jusqu'à présent, les Chiites irakiens qui
attendaient le bon moment, n'ont pas réellement rejoint
l'insurrection contre l'occupant étasunien. À la place, ils ont,
comme les Sunnites, consacré leur plus grand zèle au nettoyage
mutuel des quartiers. La raisons de la baisse de la violence, bien
que toujours trop élevée pour que les Étasuniens puissent vivre
avec, est que la plupart des quartiers sont désormais séparés,
Al Sadr a ordonné à sa milice de se retirer, et les Sunnites
insurgés sont payés pour ne pas attaquer les troupes étasuniennes.
Bush a entamé une
guerre, et maintenant, pour éviter de la perdre, il paie les
Irakiens pour qu'ils n'attaquent pas les troupes étasuniennes !
Les Sunnites et les
Chiites sont plus fortes que jamais, alors que les troupes étasuniennes
sont usées et démoralisé par de multiples affectations au
combat de longue durée, qui violent la politique militaire étasunienne
traditionnelle.
Il était aussi évident
que les invasions de Bush déstabiliseraient le Pakistan, un pays
doté d'armes nucléaires. Le 8 février dernier, Warren Strobel,
un correspondant étranger endurci, rapportait au journal McClatchy
que, « Le
Pakistan est devenu le front central de la guerre à la terreur étasunienne.
» Le 9 février, le Washington Post signalait, dans
l'article Les
militants pakistanais s'associent, disent les fonctionnaires,
qu'« Un haut fonctionnaire du renseignement étasunien, a déclaré
hier que le Pakistan est confronté à la menace grandissante
d'une nouvelle génération de radicalisés, des militants
aguerris qui se rallient au djihad et qui sont devenus alliés des
terroristes locaux et internationaux, résolus à renverser le gouvernement
pro-occidental [euphémisme pour fantoche payé par les États-Unis].
»
Des responsables étasuniens
ont fait pression sur le Pakistan, sans effet, pour permettre aux
troupes étasuniennes de se joindre à la lutte de l'armée du
pays contre les tribus autochtones alliées aux Talibans. Des
responsables étasuniens, « parlant sous condition d'anonymat,
» tentent de rassembler de l'aide pour élargir le rôle
militaire des États-Unis au Pakistan, en prétendant qu'Oussama
Ben Laden et le Mollah Mohammad Omar, le meneur Taliban, sont au
Pakistan avec leurs plus hauts commandants. Bush veut bombarder le
Pakistan pour gagner la guerre en Afghanistan.
Avec toutes leurs
troupes immobilisées en Irak, les États-Unis utilisent les
soldats de l'OTAN en mercenaires, pour tenter de contrer la
renaissance talibane. Les Européens sont las de leur rôle de légion
mandatée par les États-Unis, et le commandant de l'OTAN parle de
sa défaite en Afghanistan.
L'OTAN est une
alliance créée pour résister à l'invasion soviétique de
l'Europe. Pendant 18 ans les États-Unis ont gardé en vie un OTAN
inutile, comme un filon de troupes pour leurs aventures à l'étranger.
Les Européens n'apprécient pas être les mercenaires de l'Empire
Étasunien, surtout ceux qui massacrent les civils.
Désespéré pour
ses troupes, Robert Gates, le Ministre de la Défense étasunienne,
essaye d'effrayer les Européens avec la menace du « terrorisme
international. » Mais les Européens savent que le meilleur
moyen d'installer le terrorisme en Europe est d'envoyer des
troupes combattre les Musulmans pour les Étasuniens. Gates
obtiendra les soldats allemands et français dont il a désespérément
besoin si les États-Unis peuvent donner aux dirigeants français
et allemand, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, assez milliards de
dollars à partager entre leurs partis, pour les enhardir à
passer outre à l'opinion publique, et envoyer leurs soldats
mourir pour l'hégémonie étasunienne et israélienne au
Moyen-Orient.
Gates a
déclaré à l'Europe que la survie de l'OTAN est en jeu : « Nous
ne devons pas, nous ne pouvons pas, devenir une alliance à deux
niveaux, les uns prêts à se battre et pas les autres. »
Avec un rare brin d'honnêteté pour un fonctionnaire du
gouvernement étasunien, Gates a admis, lors de la conférence de
l'OTAN à Munich la semaine dernière, que la colère des Européens
contre les États-Unis à propos de l'Irak est la raison pour
laquelle l'Europe ne pourra pas envoyer assez de troupes pour
lutter contre les Talibans en Afghanistan, présentant donc ce
qu'il avait peu franchement déclaré, au risque de l'échec de «
la mission internationale en Afghanistan. ».
La « mission
» en Afghanistan, comme la « mission » en Irak, sont des
objectifs pour l'hégémonie des États-Unis et d'Israël. La
raison officielle de l'invasion de l'Afghanistan était le 9-11 et
le prétendu refus des Talibans de livrer Oussama Ben Laden. Ça
n'a absolument rien à voir avec l'Europe, l'OTAN, ou une
quelconque « mission internationale. » La raison
officielle de l'invasion de l'Irak était les prétendues, mais
inexistantes, armes de destruction massive, qui menaçaient prétendument
les Etats-Unis d'un autre 9-11 plus meurtrier, en cours d'élaboration,
selon le régime Bush.
Si les États-Unis
ont à présent besoin de troupes étrangères pour sauver leur
peau dans ces deux guerres perdues, ils doivent les demander à
Israël. Israël est la raison pour laquelle les États-Unis sont
en guerre au Moyen-Orient. Laissez Israël fournir les troupes.
Les néo-conservateurs qui ont dominé le régime Bush et ont piégé
les États-Unis dans des guerres illégales sont des alliés de
l'extrême droite d'Israël. Le but du néo-conservatisme est de
supprimer tous les obstacles à l'expansion territoriale israélienne.
L'objectif sioniste est de s'emparer de la totalité de la
Cisjordanie et du Sud Liban, et d'autres régions à suivre plus
tard.
Vous souvenez-vous
du « mission accomplie » ? Vous rappelez-vous de tous ces
Néo-conservateurs se pavanant avec leur promesse de « guerre
facile » ? Revoyez-vous tous ces ignorants se vantant d'avoir
« vaincu les Talibans » ? Tous ces mensonges étaient conçus
pour assujettir les Étasuniens au service d'Israël dans les
interminables guerres du Moyen-Orient. Les invasions de Bush n'ont
pas d'autre motif. Nous savons avec certitude que Bush et toute
son administration ont menti comme des arracheurs de dents au
sujet des Talibans et des armes de destruction massive en Iraq.
Quelle somme de
connerie, d'ignorance et de tromperie représente le régime Bush.
Bush, vaincu en Irak, défait en Afghanistan, avec le Pakistan s'écroulant
devant ses yeux, en est maintenant réduit à supplier les Français,
qui furent l'objet d'un excellent sport de dénigrement de la part
de ses fonctionnaires néo-conservateurs, d'envoyer des soldats
pour sauver son cul en Afghanistan.
Quel objet de dérision
Bush a fait des États-Unis. Quelle ruine cet idiot absolu et ses
supporters ont amené aux États-Unis. Quels traîtres absolus
sont les Néo-conservateurs. Chacun, jusqu'au dernier d'entre eux,
doit être immédiatement arrêté pour haute trahison. Les Néo-conservateurs
sont les plus grands ennemis des États-Unis, et ils contrôlent
notre gouvernement ! Pour les Étasuniens, tout ce qu'il résulte
des six ans de la « guerre au terrorisme » de Bush, c'est
un État policier naissant.
À présent, en coulisses, le dingue
John « cent ans de guerre » McCain assure la relève. L'électorat
étasunien liquidera-t-il le Parti Républicain avant que ce
mouvement d'aliénés n'anéantisse l'Amérique ?
Paul
Craig Roberts fut Secrétaire Adjoint au Trésor dans
l'administration Reagan. Il est l'auteur de Supply-Side
Revolution : An Insider's Account of Policymaking in Washington,
Alienation
and the Soviet Economy et Meltdown:
Inside the Soviet Economy, et est coauteur avec Lawrence M.
Stratton de The
Tyranny of Good Intentions : How Prosecutors and Bureaucrats Are
Trampling the Constitution in the Name of Justice. Clic ici
pour l'entrevue [en anglais] de Peter Brimelow de Forbes Magazine
avec Roberts au sujet de la récente épidémie d'inconduite des
procureurs.
Original : http://www.vdare.com/roberts/080211_bush.htm
Traduit au mieux par Pétrus Lombard pour Alter
Info
* Rappel : Un billion vaut un million de
millions.
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