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Sarkozy, Israël et les juifs
Jean Robin n'est pas sérieux
Paul-Eric Blanrue
Paul-Eric Blanrue
Mardi 7 juillet 2009
Le "journaliste et éditeur" Jean Robin,
ainsi qu'il se désigne lui-même, vient de consacrer à mon livre,
Sarkozy, Israël et les juifs,
deux vidéos qu'il diffuse sur dailymotion et sur son blog
(http://tatamis.blogspot.com/). Sur la seconde, il apparaît en
short et chaussettes, assis sur son divan.
Ces documents se résument à une critique partiale de mon ouvrage
et de la publicité qui en est faite. Ils contiennent de
grossières erreurs et de graves approximations, qui démontrent
que Robin m'a lu en diagonale et qu’il n’a rien compris à
l’affaire suscitée par la publication de mon livre.
Voici, point par point, ma
première et dernière réponse à ce blogueur, afin de
clarifier ma position une fois
pour toutes à ce sujet. On comprendra vite les raisons
pour lesquelles le débat que Robin réclame avec moi est
inopportun.
Je ne serais pas censuré ?
Pour commencer, Jean Robin claironne que je ne suis pas victime
d'une censure en France. Lui, "éditeur français", dit-il, est
prêt à m'éditer. Il n'a pas saisi le fond du problème. Je suis
édité. Et je m'apprête même à être édité en langue arabe (entre
autres). Si je suis victime d'une censure, tout d'abord, c'est
parce que le diffuseur français de mon
éditeur belge, Marco Pietteur, refuse de diffuser mon livre sur
le territoire français, alors que l'ouvrage n'est ni
interdit, ni poursuivi (en France comme en Belgique).
Pour schématiser, un éditeur fait imprimer le livre et le met
sur le marché, tandis qu'un diffuseur a pour charge de le faire
livrer aux librairies. Le diffuseur de mon éditeur, en refusant
de le diffuser dans les librairies françaises, l'a donc condamné
à être bloqué à la frontière franco-belge et à n'être diffusé,
pour le moment, que dans les librairies belges. Ainsi, en
France, le livre n'est-il vendu que sur internet (sur le site de
l'éditeur : oserdire.com, et non sur amazon, comme le dit
Robin), ou dans les quelques rares librairies courageuses qui
l'ont commandé d'elles-mêmes, comme la librairie parisienne
Résistances qui vient de subir l’assaut d’individus cagoulés se
revendiquant de la LDJ (Ligue de défense juive).
Cette scandaleuse absence dans les
librairies françaises, jamais justifiée par le diffuseur, est à
juste titre nommée "censure par le vide" par mon avocat M° John
Bastardi Daumont.
L'autre pan de la "censure par le vide" que nous dénonçons,
Bastardi et moi, tient dans le fait qu'aucun grand média
français n’ait parlé de ce livre depuis sa sortie, au mois de
mai dernier. Alors que la salle de l'hôtel était pleine de
lecteurs, seuls deux journalistes se sont déplacés à ma
conférence de presse du 4 juin, sans qu'aucun article n'en ait
rendu compte à ce jour.
Il est aisé de comprendre que, devant le succès de l'ouvrage
(qui en est déjà à sa seconde édition et qui est en train de
bénéficier de plusieurs traductions malgré sa mise à l'index de
fait, en France), Jean Robin ait pris ombrage de n'avoir pas été
sélectionné parmi les éditeurs que j'ai contactés. Mais je me
dois de signaler que je me suis contenté de joindre les éditeurs
sérieux, qu’ils soient de France, comme La Fabrique ou de
Belgique, comme Aden. La maison Oser Dire de Marco Pietteur, qui
publie Michel Collon et Eva Golinger, a, de toute évidence, plus
de tenue que celle de Jean Robin, surtout célèbre dans son
quartier pour avoir publié, entre autres, deux livres de....
Jean Robin lui-même.
Je ne m’attaquerais pas aux
préjugés ambiants ?
Jean Robin s'interroge sur les "préjugés ambiants" que je mets
en lumière dans mon livre. Selon lui, affirmer que Sarkozy est
pro-israélien, comme je le fais, constituerait un "préjugé
ambiant" que je ne dénoncerais pas. J’enfoncerais, à l’en
croire, "des portes ouvertes". Or le préjugé ambiant auquel
s’attaque mon livre est celui-ci : l’accusation systématique
d’antisémitisme envers ceux qui critiquent Israël. Telle est la
situation que je dénonce. Cette assimilation est, depuis la
seconde Intifada au moins, la stratégie de l'AIPAC, du CRIF, de
l'UEJF, de l'UPJF et de nombreuses autres associations qui
prétendent représenter les intérêts de la communauté juive,
alors qu'elles soutiennent d'abord et surtout les intérêts
d'Israël, faisant un chantage permanent à l'antisémitisme à
leurs contradicteurs. J'ai expliqué ce point dans mon livre,
dans quelques interviews parues sur le net et dans des vidéos
accessibles sur youtube ou dailymotion. Robin n’en tient aucun
compte : à croire qu’il ne m’a pas lu, ni entendu.
Je préjugerais de la position anti-israélienne
du général de Gaulle ?
D'après Robin, pour définir ce qu'est le gaullisme, je m'en
tiendrais à la fameuse déclaration du général de Gaulle, lors de
sa conférence de presse de novembre 1967, où celui-ci évoque les
juifs comme un "peuple d'élite, sûr de lui et dominateur".
Auparavant, dit Jean Robin (hâtivement), de Gaulle était
"pro-israélien", comme il avait été, dit-il, pro-Algérie
française en 1958, avant d'évoluer.
Robin n'a pas compris que le gaullisme ne se définit pas par le
soutien de son fondateur à la colonisation, mais au contraire
par sa démarche décolonisatrice. De la même façon, bien que de
Gaulle ait été le "nègre" littéraire de Pétain avant-guerre, nul
ne confondra les activités du général et du maréchal durant la
guerre de 39/40. Même chose pour Israël. En réaction aux propos
du général, Raymond Aron, dans son livre
De Gaulle, Israël et les juifs
(Plon, 1968), a bien montré, quoique sur un mode critique, que
ce dernier avait "ouvert une nouvelle période de l'histoire
juive".
L'ancien chef de la France libre avait en effet réagi à un
détail qu'oublie de noter Robin : la guerre des Six jours, qui
eut lieu en juin 1967, et dont les conséquences se font encore
sentir de nos jours, puisqu'alors Israël envahit et annexa,
entre autres, le Golan, la Cisjordanie et la bande de Gaza,
qui sont toujours au coeur du conflit
israélo-palestinien (voir l'opération Plomb durci de décembre
2008-janvier 2009). J'ajoute que de Gaulle ne s'en est
pas tenu à cette célèbre conférence de presse et que, le 30
décembre 1967, il répondit à Ben Gourion de la manière suivante
:
"Je demeure convaincu qu'en passant outre aux avertissements
donnés en temps voulu à votre gouvernement par celui de la
République française, en entamant les hostilités, en prenant par
la force des armes possession de Jérusalem et de maints
territoires jordaniens, égyptiens et syriens, en y pratiquant la
répression et les expulsions qui sont inévitablement les
conséquences d'une occupation dont tout indique qu'elle tend à
l'annexion, en affirmant devant le monde que le règlement du
conflit ne peut être réalisé que sur la base des conquêtes
acquises et non pas à condition que celles-ci soient évacuées,
Israël dépasse les bornes de la modération nécessaire."
Ce document (coté 26823/27268/Affaires Étrangères) démontre que
de Gaulle manifestait, avec fermeté et insistance, sa
désapprobation devant un état de fait qui dure encore de nos
jours. La citation ci-dessus se trouve dans mon livre
d'anthologie que les Éditions Blanche ont publié en 2007, sous
le titre Le Monde contre soi,
que possède Jean Robin. Il ne s’y réfère pas : pourquoi ? Ce
document lui aurait pourtant permis de comprendre la position
gaulliste sur Israël.
Je surévaluerais l’influence des loubavitchs ?
Jean Robin remarque que Jacques Chirac, avant Sarkozy, a
entretenu de bonnes relations avec la communauté loubavitch et
que, malgré tout, il n’a pas eu la même politique étrangère que
son successeur. Mais d’autres hommes politiques nouèrent
également des liens avec les loubavicths sans être
pro-israéliens. La grande différence entre Chirac et Sarkozy,
c'est que le premier n'a pas été maire de Neuilly, où la
communauté loubavitch a acquis beaucoup de poids. C'est
justement ce poids, cette influence, qui ont amené Sarkozy à
s'en rapprocher.
Pour autant, je ne prétends nullement que
sa familiarité avec les loubavitchs de Neuilly soit la seule
cause de son parti pris pro-israélien. C'est seulement
une pièce du puzzle, qui explique pour une petite part son
évolution. La véritable cause de son alliance avec le camp
pro-israélien est à chercher ailleurs. Ainsi que je le déclare
dans une interview donnée à Silvia Cattori, dans laquelle je
résume la thèse de mon livre, Sarkozy voulait capter les voix de
Le Pen ; pour les lui ravir, "il fallait tenir un peu le
discours de Le Pen sur les immigrés, les banlieues (...) Mais
comment faire pour ne pas être considéré comme raciste et pour
qu’il n’y ait pas une campagne contre lui dans toute la presse
française qui l’assimile à Le Pen ? Eh bien, c’est très simple :
il se présente comme sioniste."
(http://www.comite-valmy.org/spip.php?article318). C'était le
sésame pour ne pas être attaqué par les grands médias. C'est ce
que Sarkozy a fait ; et il a gagné. Jean Robin ne s’en est pas
aperçu. Il ne le relève même pas.
Une coquille
Jean Robin trépigne sur une coquille de la page 76, à propos
d'une date au sujet des vedettes de Cherbourg. Cette coquille
(comme quelques autres, c'est la loi du genre) a bien évidemment
disparu de la seconde édition, qui sort, je l’annonce, nantie
d’une couverture légèrement différente de la première et avec le
bandeau rouge : "À L'INDEX EN FRANCE !".
Je prétendrais que c’est
l’État israélien
qui a diffusé un timbre à l’effigie de Sarkozy ?
Robin me fait grief de ne pas dire la vérité sur le timbre à
l'effigie de Sarkozy, sorti en Israël avant la présidentielle de
2007. Sous-entendant que je prétends qu'il s'agit d'un timbre
réalisé par l'État juif, Robin cite le nom de Sylvain Semhoun,
qui l'a, dit-il, confectionné par ses propres soins. Or c'est
exactement ce que j’écris. Voici le passage incriminé, à la page
83 :
"Juste avant la présidentielle de 2007, l’opinion française
découvrit bientôt que les Israéliens disposaient d’un timbre à
l’effigie de Nicolas Sarkozy. « Il s’agit d’un petit geste
symbolique destiné à resserrer les liens qui unissent les
Français d’Israël à Nicolas Sarkozy, déclarait Sylvain Semhoun,
délégué élu UMP en Israël. « Nous avons pris comme prétexte
l’anniversaire de N. Sarkozy, le 28 janvier, pour éditer ce
timbre que l’on peut désormais trouver dans les postes
israéliennes », ajoutait-il. "
Robin me reproche de pas citer la bonne source. Mais à l'appui
de ce paragraphe, je cite Guysen (note 25), l’agence de presse
francophone d’Israël
(http://www.guysen.com/articles.php?sid=5592).
Comment est-il possible que Jean Robin ait dénaturé ce passage,
au point de lui faire dire l’exact inverse de ce que j’écris ?
J’oublierais de dire que c’est grâce à la France
qu'Israël possède la bombe ?
Selon Robin, je cacherais que c'est grâce à la France qu'Israël
possède la bombe nucléaire. Non seulement je le dis, mais cette
information capitale figure en quatrième de couverture du livre
: "c'est grâce à la IVe République que l'État juif avait acquis
la bombe atomique".
Comment Robin a-t-il pu passer à côté de cette phrase ?
Il y aurait une continuité entre Mitterrand et
Sarkozy ?
Selon Robin, je ne précise pas, et ce serait dommageable, que
Attali et Strauss-Kahn étaient des proches de Mitterrand. Robin
parle à cet égard de "continuité" entre Sarkozy et Mitterrand.
Justement non : sous Mitterrand, le Quai d'Orsay n'était pas aux
mains des pro-israéliens, grâce, notamment, à Roland Dumas et à
Hubert Védrine. Mitterrand avait résisté, bon gré mal gré, à
l’offensive sioniste. Sarkozy, non. C'est l’une des grandes
différences qui séparent les deux chefs d’État. La grille de
lecture pour comprendre l'actuelle présidence est le sionisme
partagé et obligatoire du gouvernement, ce qui n'a jamais été le
cas auparavant, depuis de Gaulle. Robin ne s’en est pas rendu
compte.
Je ne prendrais pas en compte des éléments
importants ?
Robin me reproche de ne pas prendre en considération un certain
nombre d'événements qui lui semble importants. Pour cause : ils
ne le sont nullement. Tous les éléments qui le confirment
figurent dans mon livre. Il est tout à fait clair que le
Hezbollah est considéré comme un ennemi par Sarkozy et que
Kadhafi n'a été reçu en France que parce qu'il a accepté de
s'intégrer, du moins en surface, à l'axe atlantique qu’a rejoint
Sarkozy lui-même. Jean Robin ne le sait pas. À moins qu'il fasse
l'âne pour avoir du son.
Je considérerais que l’État juif est assimilable
au régime nazi ?
Robin prétend enfin que je ne trouve "pas de problème" à
l'assimilation établie par certains antisionistes entre l'État
juif et le nazisme. Or page 45, j'écris ceci :
"À ce titre, le sionisme, que certains critiques du camp
palestinien assimilent hâtivement au nazisme en se contentant de
pointer le nationalisme commun des deux mouvements sans rendre
compte de ce qui les sépare...."
Une fois encore, Robin m'a lu avec des oeillères. Une fois
encore, il démontre qu’il n’est pas sérieux.
Une affaire sérieuse
Dès lors, on aura compris les raisons pour lesquelles Jean Robin
n’est pas un interlocuteur sérieux. Le voilà contraint, pour
qu'on parle de lui, de faire sa promotion sur mon dos. En
travaillant un peu, il arrivera peut-être, un jour, à percer par
lui-même. Ce n’est pas gagné.
Pour ma part, ce que je réclame, c'est un débat national sur la
nouvelle politique étrangère de notre pays. C'est la raison pour
laquelle j'ai écrit ce livre, et non pour polémiquer à vide dans
le monde virtuel de la blogosphère, où la grenouille a tendance
à vouloir se faire aussi grosse que le boeuf.
Il s’agit d’une affaire sérieuse : nous parlons de la paix et de
la guerre dans le monde. Nous évoquons la souveraineté nationale
en péril. La politique étrangère de Nicolas Sarkozy risque
d’entraîner la France dans des conflits graves. Il serait temps
de nous mobiliser pour que les grands médias s’emparent de ce
dossier, qui mérite mieux que des chamailleries sur internet.
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