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Sarkozy, Israël et les juifs
Livre
censuré : comment nous avons fini par gagner !
Paul-Eric Blanrue
Paul-Eric Blanrue
Mardi 1er décembre 2009
(extrait de la postface inédite – 20 pages - de la
3e édition du livre de
Paul-Éric Blanrue : Sarkozy, Israël et les juifs, Oser
dire, 2009,
qui sort le 2 décembre 2009)
Sarkozy, Israël et les juifs est sorti au début du mois
de juin 2009, en Belgique, c’est-à-dire il y a près de six mois.
Six mois, c’est le temps qu’il a fallu pour que nous trouvions
le merle blanc, celui qui daigne que cet ouvrage - ni interdit
par la loi, ni condamné, ni même traîné en justice - soit enfin
mis en vente en France, le diffuseur habituel de mon éditeur
ayant refusé de s’acquitter de cette tâche
pour d’obscures raisons qu’il ne m’a jamais fait l’honneur de
préciser.
Phénomène non moins extraordinaire : depuis juin 2009,
aucun grand média français - presse
écrite nationale ou régionale, radio ou télévision - n’a rendu
compte de l’existence de Sarkozy, Israël et les juifs, ou
ne s’est scandalisé de la décision unilatérale du diffuseur de
me couper du public français. Tandis que cet ouvrage était «
chroniqué » correctement par la presse tunisienne, algérienne,
égyptienne ou saoudienne, pas un journaliste français ni
francophone ne lui a consacré la moindre ligne pour le louer, le
blâmer, ou simplement le signaler à l’attention de son lectorat.
Ce blocage n’est pas anodin. La
semaine où paraissait ce livre (celle du jeudi 28 mai), le
Nouvel Observateur faisait sa une avec un sujet qui n’était
guère éloigné de celui que je traitais : « Obama, Israël et les
juifs ». Quelques mois plus tard, en septembre, sortait un livre
dont le titre ressemblait curieusement au mien, à cette
différence près qu’étant écrit par un ancien ambassadeur
d’Israël, il soutenait avec ardeur l’évolution récente de la
politique française et diffusait la fable éculée du président
iranien appelant au génocide des Israéliens (son auteur, lui,
fut invité à s’exprimer à son aise dans les médias). Ce n’est
donc pas le sujet exposé qui a entraîné le mutisme de la presse,
non plus que le titre choisi, mais l’angle que j’avais pris.
Ma démonstration gênait aux entournures.
Bien entendu, pendant ce temps, sur le net, les rumeurs et les
accusations fantaisistes sur mon
compte ne manquèrent pas d’être diffusées sur une grande échelle
: on est allé jusqu’à me reprocher de m’être rendu au procès de
l’humoriste Dieudonné, contre qui a été requis un an de prison
avec sursis dans l’affaire du Zénith. Comme c’était prévisible,
l’auteur anonyme d’un blog a qualifié ce livre d’« antisémite ».
Je ne suis pas encore accusé d’avoir commis un crime contre
l’humanité, mais il est palpable que certains grands
inquisiteurs rêvent déjà de me faire porter la robe de bure des
hérétiques condamnés au bûcher. Ils attendront.
Notons bien que je fais face à une censure
de fait, et non à une prohibition officielle. La méthode est
plus insidieuse : l’interdiction brutale de mon livre sur ordre
d’un ministère, ou sur suggestion d’une organisation
communautaire, eût peut-être provoqué des dizaines de milliers
de réactions indignées, et au minimum signalé son existence. Ne
pas en rapporter la parution revient à dire : « Circulez, il n’y
a rien à voir ! ». Un livre dont on ne parle pas est (en
théorie) un livre qui n’existe pas.
Pourquoi un tel silence ?, se demandera-t-on. C’est l’esprit de
l’époque qui le réclame, de toute évidence. Il est avéré qu’en
diverses circonstances, dont j’ai eu vent, quelques coups de fil
ont été passés à des rédactions parisiennes afin de leur
demander de ne pas évoquer mon opus. Mais je n’ai que fort peu
de goût pour la théorie du complot, comme on le sait, et surtout
je n’imagine pas l’Élysée ni des organismes communautaires, tel
que le CRIF (par exemple), ourdir un plan diabolique pour
s’assurer que je ne sois cité dans aucun organe de presse.
D’après mon expérience, l’explication est moins complexe.
D’une manière générale, en France, les
journalistes n’ont plus la liberté d’expression nécessaire,
qu’il s’agisse de parler de mon livre comme de tout autre écrit
remettant en cause les croyances instituées ou révélant les
vrais dessous du pouvoir ; la concentration de la presse entre
quelques mains n’a guère contribué à développer un climat
favorisant le regard critique sur les gouvernants, surtout
depuis que les grands patrons sont devenus des intimes du
président et partagent ses convictions comme ses intérêts.
Ensuite, il faut le dire au risque d’étonner,
certains journalistes ont eu peur.
J’ai eu connaissance de leurs craintes de façon directe depuis
que quelques-uns ont osé me confier que la férocité avec
laquelle avaient été traités les rares esprits qui, jusque-là,
étaient entrés en résistance sur la question israélienne, les
préservait à tout jamais de l’envie de faire la promotion, voire
juste mention, de mon ouvrage. Il s’agissait pour eux d’éviter
les ennuis par anticipation ; ils ne désiraient pas être
propulsés du « côté obscur de la force ».
Enfin, les journalistes ne sont pas une exception, tant s’en
faut ; nulle profession liée au monde de
l’information, de l’édition et de la communication n’échappe à
cet effroi paralysant. Un grand site de vente en ligne a
ainsi refusé, sans alléguer le moindre motif, de proposer le
livre à l’achat, alors que je bats des records (relatifs, bien
sûr, compte tenu de l’omertà) chez son concurrent direct.
J’ai également eu affaire à un libraire parisien, a priori
bienveillant, qui a lourdement insisté auprès de moi – tout en
protestant de son courage – pour que j’ôte de mon blog la photo
du livre prise dans sa boutique avec son agrément. Il faut
reconnaître, à sa décharge, que la librairie Résistances, de
Paris, qui avait mis mon ouvrage en vitrine, avait été
auparavant vandalisée, le vendredi 3 juillet, par cinq nervis
masqués de la (mal nommée) Ligue de défense juive (LDJ),
lesquels arrosèrent d’huile de colza plusieurs milliers de ses
livres et détruisirent ses ordinateurs sans encourir d’autre
peine que du sursis.
Cet état de prostration générale, cette tension qui soumet des
esprits sans doute brillants à des intérêts qui ne sont pas les
leurs, cette pression mentale mais aussi cette autocensure que
subissent les meilleurs professionnels du Livre, sont un signe
des temps. Jamais la question israélienne
n’a été l’objet d’un tel tabou ; jamais la République
française n’a été aussi fortement liée à un réseau dévoué à la
cause sioniste. Dans le soutien accordé
sans réserve à l’État juif, Nicolas Sarkozy surpasse la
présidence américaine, ce qui constitue une sorte de
prouesse au regard de l’Histoire. En deux ans, le nouveau
président a fait accomplir à la politique étrangère française un
virage à 180 degrés, rompant sèchement avec la tradition
gaullienne de ses prédécesseurs. Jour après jour, gardant le cap
qu’il s’est fixé, il entraîne la France dans une voie aussi
dangereuse pour l’équilibre du Proche-Orient et du monde qu’elle
l’est pour la souveraineté nationale. Ce faisant,
l’hyper-président est devenu le « petit
prince » d’Israël.
Le résultat est là : tout discours
dissonant sur Israël doit être évacué de la scène intellectuelle
et rendu impossible par chantage moral, au mépris des
principes qui régissent toute démocratie, laquelle ne saurait
reposer que sur le débat ouvert et franc. Si le silence
médiatique que j’affronte n’est guère surprenant, compte tenu de
ce que nous savons, il est d’autant plus remarquable que, depuis
la parution de cet ouvrage, ma thèse n’a cessé de s’enrichir de
nouvelles preuves.
Faut-il être pessimiste ? Ce n’est pas sûr. Tout nous indique en
effet que les réseaux pro-israéliens en France, pourtant au
faîte de leur puissance, sont un colosse aux pieds d’argile.
D’abord, voyons l’effet qu’a eu la « censure par le vide » sur
ce livre. Certes, la presse n’en a pipé mot. Mais on a pu
mesurer, une nouvelle fois, que les critiques n’ont plus
réellement d’impact sur les achats des lecteurs ; le public va
maintenant glaner ses informations sur le net, où la censure
s’exerce moins que dans les grands médias, désormais formatés.
Pour preuve, nous en sommes déjà à la
troisième édition de cet ouvrage. En soi, c’est une grande
victoire. Mieux encore : grâce au « merle blanc », nous sommes
désormais diffusés dans les plus grandes
librairies de France.
Par ailleurs, j’ai reçu le soutien de diverses personnalités,
comme le Pr. Jean Bricmont, le réalisateur Frank Barat, Roger
Briottet, consultant juridique aux Nations unies et pour l’Union
européenne, Alain Gresh, directeur-adjoint du Monde
diplomatique, qui n’ont pas craint de voir leur nom associé
au mien, ou de lancer le débat sur la thèse que je défends. Un
groupe spécial s’est créé sur le réseau social Facebook,
rassemblant quelque 3 000 membres réclamant, depuis des mois, un
diffuseur pour la France. Près d’une centaine de lecteurs, dont
une célèbre journaliste de France 2 désirant (pour l’instant)
conserver l’anonymat, ont, quant à eux, décidé de poser en
photo, avec mon livre à leurs côtés, en signe de protestation
contre le black-out dont il est victime. À ce jour, le moteur de
recherche Google recense pas moins de 450 000 références
internet à son sujet, ce qui n’est pas le « buzz » le plus
insignifiant de l’année. Un jeune et brillant avocat,
Maître John Bastardi Daumont, premier
secrétaire de la Conférence du barreau de Nice, s’est lui-même
emparé de l’affaire : abattant un travail de Romain, il a
dénoncé avec force et vaillance une nouvelle forme de violation
des libertés.
En France, contrairement aux États-Unis, le phénomène de
lobbying pro-israélien est récent, du moins sous la forme
constituée qui est devenue la sienne. Son armé a été atteinte en
l’année 2007, avec l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence
de la République. Seulement, on relèvera
que les réseaux pro-israéliens français, bien qu’ils soient
arrivés à leurs fins, ne sont guère à l’aise dans leur nouveau
rôle. Ils sentent qu’ils n’ont pas le vent en poupe. On a vu
les imposantes manifestations qui se sont déroulées, tant en
province qu’à Paris, lors des massacres de Gaza en janvier 2009.
Il suffit de lancer une discussion de trottoir pour s’apercevoir
que nombre de Français sont révoltés par l’oppression des
Palestiniens. La pétition en ligne, lancée en juillet pour la
dissolution de la LDJ, à l’initiative du Mouvement contre le
racisme et l’amitié entre les peuples (MRAP) et d’un collectif
d’avocats, a pour l’instant recueilli près de 4 000 signatures,
ce qui révèle qu’un vrai changement dans les mentalités est en
train de se produire.
C’est la raison pour laquelle ces réseaux
ne peuvent se risquer à promouvoir le débat contradictoire sur
des questions embarrassantes pour eux et sont contraints
d’entretenir, contre tout opposant réel ou supposé, un odieux
chantage à l’antisémitisme. Ils en sont maintenant réduits à
lancer l’idée d’une loi, abusivement nommée « Martin Luther King
», qui assimilerait l’antisionisme à l’antisémitisme. Ce combat
d’arrière-garde est perdu d’avance. Comment débattre loyalement
quand on a soutenu et soutient encore des criminels de guerre ?
C’est impossible. La tactique la plus rapide, efficace à court
terme, consiste à condamner tout propos jugé « politiquement
incorrect». Mais l’histoire a prouvé qu’on
ne gagne jamais le coeur d’un peuple en utilisant la force ou la
peur. Lorsque la contrainte est abusive, la population
finit, un jour ou l’autre, par se rebeller.
C’est pourquoi j’en appelle plus que
jamais à la libération de la parole.
Comment s’y prendre ?, m’a-t-on demandé. Selon moi, il importe
que ceux qui énoncent des faits irrécusables
cessent de se justifier timidement,
comme on l’exige d’eux. Il leur faut au contraire
prendre la parole sans attendre qu’on la
leur donne, dire ce qu’ils pensent en toute simplicité, sans
débordement inutile, mais, surtout, en ne reculant pas d’un
pouce.
Car, enfin, nous n’avons pas à nous excuser d’être en faveur de
la liberté d’expression. Nous n’avons pas à nous défendre d’être
horrifiés par les crimes contre l’humanité perpétrés à Gaza.
Nous ne devons pas non plus avoir peur d’être pour la paix. Nous
ne sommes pas des coupables, mais des pionniers : voilà la façon
dont il faut raisonner. Dans ce climat de conformisme
généralisé, de pensée crispée et de crainte larvée,
un peu d’esprit d’aventure ne nuira pas !
Paul-Éric Blanrue
(texte libre de droit)Note :
On trouve désormais ce livre, entre autres, dans les Fnac
parisiennes Étoile, Halles, St-Lazare, Italie… au Virgin
d’Avignon, Bercy, Rennes, St-Denis, St-Quentin-en-Yvelines,
Strasbourg, Torcy… à la librairie Gallimard de Paris… chez
Gibert Joseph… au Drusgtore des Champs-Élysées… à la
Procure… dans les « Espace culturel » de Landernau,
Lunéville, Plougastel, Romorantin, Clichy, Nantes, Rennes… -
et dans une centaine de librairies dans toute la France, de
la Griffe noire à Even (pour les Messins).
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