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Aujourd'hui le Maroc
SM le Roi Mohammed VI dénonce «la
dégradation sans précédent de l'action arabe commune»
Omar Dahbi
Photo: Aujourd'hui le Maroc
17 janvier 2009 Un communiqué du
Cabinet royal a annoncé, mercredi 14 janvier, que SM le Roi
Mohammed VI a décidé de ne pas assister personnellement aux
Sommets arabes de Doha et de Koweït.
Sa Majesté le Roi n’assistera pas aux deux Sommets arabes
qui devraient avoir lieu au Qatar et au Koweït. La décision du
Souverain a été annoncée mercredi 14 janvier. Les raisons de
cette décision ont été largement explicitées dans un communiqué
du Cabinet royal. «Sa Majesté le Roi a décidé de n’assister
personnellement ni au Sommet arabe extraordinaire proposé à
Doha, et censé se pencher exclusivement sur l’agression
israélienne contre Gaza, ni au Sommet arabe économique à Koweït,
qui est prévu depuis quelque temps et qui est ouvert sur tous
les sujets, en particulier la situation en Palestine occupée»,
explique le document. Décision claire et ferme qui met fin aux
spéculations diplomatico-médiatiques sur l’adhésion du Maroc à
l’un ou l’autre clan arabes qui se sont constitués ces derniers
jours autour de la question de l’organisation d’un Sommet arabe.
Se réunir à Doha en sommet extraordinaire ou à Koweït city en
sommet ordinaire dédié aux affaires économiques ? Parler de Gaza
en marge des discussions sur une stratégie économique arabe
commune ou dédier tout une rencontre à ce qui se passe dans les
terres palestiniennes occupées ? Il s’agit-là des questions qui
ont occupé, les deux derniers jours, la scène arabe et qui a
fini par se scinder en deux clans qui se mènent une guerre
diplomatique par chaînes satellitaires interposées. Ce que le
Maroc rejette et dénonce par la voix de sa plus haute autorité.
«Le simple fait d’évoquer l’idée de tenir un Sommet arabe
extraordinaire suscite moult conflits et surenchères qui
dégénèrent parfois en antagonismes entre pays arabes», indique
le communiqué royal avant d’ajouter qu’«il est navrant que ces
différends subsidiaires tendent à reléguer au second plan les
causes cruciales de la Nation, notamment et au premier chef, la
cause de la Palestine. De même qu’ils occultent le fond du
conflit dans la région et servent du même coup les intérêts des
vrais ennemis de la Nation».
En effet, durant les deux jours qui ont précédé l’annonce de la
décision du Souverain, une guerre de «quorums» divisait les
pays arabes. D’un côté, ceux qui prétendent l’avoir atteint et,
de l’autre, ceux qui affirment le contraire au point que le
niveau de représentation est devenu lui-même sujet de petits
calculs diplomatiques. Pour les uns, la représentation par un
chef de gouvernement ne saurait être comptée au même titre que
celle d’un chef d’Etat. Du petit calcul politique qui ne
correspond pas à la gravité du moment. Une situation qui
nécessite une meilleure cohésion pour que les pays arabes
puissent parler d’une seule voix au lieu de donner au monde
entier et aux peuples arabes l’image d’une nation divisée dont
les dirigeants demeurent plus préoccupés par une guerre de
leadership momentané que par l’élaboration d’une vision
stratégique pour un avenir meilleur. Une approche que le Royaume
ne partage pas. «Ce contexte chargé des périls de la discorde
donne à l’opinion publique arabe l’impression qu’il règne une
atmosphère marquée par des tentatives visant à accaparer le
leadership du monde arabe ou à créer des axes ou des zones de
polarisation, exercices auxquels le Maroc a toujours refusé de
se prêter», indique le communiqué du cabinet royal. Le Maroc
refuse de se prêter à un jeu médiatico-diplomatique dont la
seule finalité est de décrocher un faux leadership construit sur
la base de petits calculs arithmétiques. «Certains sont allés
jusqu’à réduire les Sommets arabes, malgré leur importance, à
l’instant même où se tient la réunion, et au souci de paraître
devant les médias, ce qui banalise l’enjeu fondamental d’un
Sommet, en le réduisant à une controverse sur le lieu, la date
et le thème du Sommet, en le ramenant à une arithmétique
formelle concernant la qualité et le niveau de participation, et
en l’amenant à s’épuiser dans des échanges d’invectives qui ne
font que remuer le couteau dans la plaie», souligne le
communiqué. Le document rappelle toutefois, que «quelques
dirigeants arabes connus pour la pondération de leurs prises de
position» dépassent ce genre de «susceptibilités».
Rappelant que «si la Nation arabe ne parvient pas à trouver des
solutions aux problèmes interarabes qui épuisent ses énergies,
elle ne pourra, à plus forte raison, régler aucun conflit
externe», le communiqué du Cabinet royal indique que «le
règlement du conflit israélo-arabe requiert l’élaboration d’une
stratégie arabe bien définie, et une action rationnelle et
méthodique. Il exige l’expression d’une solidarité concrète,
outre la nécessité de parler d’une seule voix et l’impératif de
proscrire les velléités de démembrement et de dissension, et de
bannir les calculs étriqués».
Pour le Maroc, dont le Roi est le Président du Comité Al-Qods,
la nécessité de parler d’une seule voix est indispensable pour
faire face à la situation que traverse la Nation arabe. «Le
Maroc se joint à tous ses frères animés de bonne volonté, pour
réitérer son adhésion forte et constante à toute action arabe
commune, à tous les niveaux et dans tous les domaines», conclut
le communiqué royal.
Omar Dahbi Droits
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Aujourd’hui le Maroc 2009
Publié le 17 janvier 2009 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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