Opinion
La France et le
Hezbollah: entre le poids du passé et
les suspicions de l'avenir
Nidal Hmédé

Vendredi 26 juillet 2013
L'Union européenne, sous
les grandes pressions exercées par les
États-Unis et les pays du Golfe, a
décidé d'inscrire «la branche militaire
du Hezbollah», sur sa liste noire. Cette
mesure sans précédent est très
significative, notamment de la part de
la France. Ce pays européen avait
entravé, tout au long de la dernière
décennie, toutes les tentatives
britanniques dans ce sens.
Ce qui a eu lieu prouve un changement
stratégique dans la politique de la
France, même si certains au Liban ou en
France, tentaient de réduire la portée
de la décision européenne, estimée
française par excellence.
La mise en œuvre de cette décision
aura certainement des effets négatifs
sur les relations de la France avec le
Liban, censé être le dernier bastion
français au Moyen Orient; les pays
arabes, en l'occurrence les monarchies
pétrolières étant sous l'influence des
États-Unis et de l'Angleterre.
Effectivement, ces deux derniers ne
tolèrent aucun pouvoir politique ou
économique de la France dans ces pays
arabes, depuis le mandat du président
français Charles De Gaulle.
En dépit de l'attitude de la France,
longtemps opposée à l'inscription du
Hezbollah sur la liste européenne du
terrorisme, les relations entre le
Hezbollah et la France, ou précisément
entre les musulmans chiites et ce pays,
n'étaient point en bon état tout au long
des quatre dernières décennies.
Paris avait accueilli l'imam Khomeiny
dans les derniers mois de son exil, en
réponse à la demande du gouvernement du
Chah d'Iran, comme avait révélé l'ancien
président français Valérie Giscard
d'Estaing dans ses mémoires.
Mais la France changea plus tard de
position. Ce pays a adopté une attitude
hostile à l'égard de l'Iran, surtout
durant la guerre imposée par l'Irak
contre l'Iran. La France avait alors
fourni toutes les aides militaires
possibles à Saddam Hussein pour faire
face à l'avancée de l'Iran dans l'ile
Fao.
Dans le contexte libanais, les
positions de la France n'étaient pas
meilleures. Elle avait soutenu les
adversaires du Hezbollah depuis la
fondation du parti. A rappeler que
depuis la date de l'assassinat du
premier ministre Rafic Hariri, la France
s'était ingérée dans l'affaire et fut à
l'origine de la proposition de la mise
en place du Tribunal spécial pour le
Liban. En plus, la France a organisé
plusieurs conférences en faveur des
adversaires du parti sur son territoire,
dont les trois conférences économiques
de Paris, dans le but d'assister le
gouvernement de Siniora.
Puis est survenue l'offensive
israélienne de juillet 2006. La France a
alors soutenu l'offensive en son début,
avant de revenir sur sa position après
deux semaines pour appeler à un
cessez-le-feu, mais selon les conditions
américaines.
La France a traité la question
libanaise du point de vue de ses propres
intérêts et des relations personnelles.
Elle avait mis tous les œufs dans le
même panier. Celui du premier ministre
Rafic Hariri. Il a suffi que cet homme
soit assassiné pour que s'effondre le
pouvoir de la France sur la scène
libanaise. Les gouverneurs de la France
n'avaient pas tissé des liens avec
toutes les composantes de la société
libanaises ou avec les institutions
étatiques. Ils ont compté sur l'amitié
personnelle, disparue avec le décès de
l'ami. Cette méthode a jeté une ombre
sur la relation entre le Hezbollah et la
France, surtout que ce pays accuse le
parti d'être derrière l'explosion du
bâtiment des parachutistes français à
Beyrouth en 1983 et l'enlèvement des
otages français, en dépit de l'absence
de toute preuve sérieuse à ce propos; De
surcroit, le Liban était alors occupé et
plusieurs organisations étaient alors
actives sur la scène libanaise.
Malgré ce climat, la position
française au sein du comité européen de
la lutte contre le terrorisme,
contribuait à détendre l'atmosphère
entre le Hezbollah et la France, sans
que cette dernière ne soit forcée de
consentir aucun effort ou prix.
Mais la guerre en Syrie a éveillé la
France coloniale, sa logique et ses
ingérences dans les affaires des autres.
Un genre de paranoïa a touché les
responsables dans ce pays dépourvu d'une
classe politique habile et expérimentée.
En plus, les politiques françaises sont
influencées par les lobbys israéliens. A
ces facteurs s'ajoute la crise
économique qui a poussé la France, une
des grandes puissances, à suivre les
politiques d'une petite monarchie, telle
le Qatar. La France, ce pays moderne
jouissant du droit du veto au Conseil de
Sécurité, traite avec les petits pays de
la région arabe, juste à cause de ses
gouverneurs opportunistes, toujours en
quête d'argent. D'ailleurs Nicolas
Sarkozy quasi-résident à Doha n'est
qu'un modèle de ces politiciens.
Dans sa politique syrienne, Paris
revêt l'habit du colonialisme. Tout ce
qu'elle peut faire à ce titre, est
d'exercer des pressions sur une partie
des expatriés libanais sur le territoire
français. Mais si cette méthode adoptée
depuis un certain temps se développe,
elle aura des résultats catastrophiques
sur les intérêts de la France au Liban
et dans les pays alliés avec la
résistance.
Source: Alahednews,
traduit par l'équipe du site
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