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Aujourd'hui le Maroc
Un vendredi par moi
Naim Kamal
Naim Kamal -
Photo: Aujourd'hui le Maroc
Dimanche 26 avril 2009
Le racisme qui est, comme chacun sait, l’apanage de ceux qui
s’estiment supérieurs, les Européens et les Américains veulent
le zapper. Pour une raison toute simple.
Superstar à défaut d’être superman, c’est le président iranien à
Durban II qui s’est tenu en Suisse dans l’enceinte de l’ONU du
20 au 24 avril pour, en fait, définir le racisme et en dénoncer
les pratiques. Déjà Durban I, réuni en Afrique du Sud en
septembre 2001, s’était terminé en queue de poisson. Celui de
Genève a commencé comme une foire d’empoigne et se terminera
sans doute aucun comme il a débuté. Cinq mots ont mis le feu aux
poudres : Israël est un Etat raciste. Plusieurs pays, dont les
Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, qui s’attendaient à
cette sortie de Mahmoud Ahmedinejad, n’ont pas pointé à la
conférence. D’autres, un brin masochistes semble-t-il, se sont
offert le plaisir de se l’entendre dire pour quitter la salle
sur fond de «choc des civilisations» : La perception musulmane
contre l’acception occidentale du racisme. En fait, le problème
est beaucoup plus complexe, mais c’est à cela que les médias
occidentaux le réduisent.
Comme il n’est pas totalement idiot, Mahmoud Ahmedinejad, en
permanence tout sourire comme s’il y avait constamment devant
lui une muse pour l’inciter à figer ses lèvres dans un perpétuel
« cheeeeese », savait d’avance l’effet qu’il allait produire et
les conséquences qui en découleraient. Israël est un Etat
raciste, cela va sans dire, mais lui a estimé que ça va mieux en
le disant. C’est fait, saluons l’artiste qui nous a défoulés et
ses propos qui ont été pour nous d’un exutoire… Oui, encore une
fois, Israël est un Etat raciste ne serait-ce que parce que,
sans parler de la notion de «peuple élu», son gouvernement
comporte un énergumène d’extrême droite comme Avigdor Liberman,
ce Moldave devenu chef de file des exogènes qui ont mué en
racistes xénophobes au sein du parti Israël Beitenou. Maintenant
que c’est dit et redit, reste la question qui compte : qu’en a
gagné la lutte contre le racisme ? Rien sinon qu’Israël, du banc
des accusés est passé, avec tous ceux qui ne veulent pas ouvrir
les yeux sur ses crimes, au rang des accusateurs. Haro sur les
musulmans, tous les musulmans, dont la fixation, nous dit-on
maintenant, serait plutôt la consécration des lignes rouges de
la religion : caricature pas mon Prophète et touche pas à mes
femmes !
Grand mensonge, énorme supercherie car la déclaration de la
conférence adoptée avant même l’ouverture de la rencontre par le
comité préparatoire ne faisait plus référence à Israël ni à la
diffamation des religions, deux «lignes rouges», elles, pour les
pays occidentaux, tandis que le paragraphe sur la mémoire de
l'holocauste était maintenu contre l'avis de Téhéran. Non
seulement l’Occident a suspendu le match avant même d’avoir
commencé mais il avait remporté la victoire sans jouer. Dans ce
tour de passe-passe, Ahmedinejad et son discours n’ont été que
l’agent (non) comptable de ses actes qui a procédé à un jeu
d’écriture sans incidences sur Israël dont le compte débiteur
regorge vainement de condamnations onusiennes. Il a cependant
réussi à escamoter le débat sur la discrimination raciale. Le
racisme qui est, comme chacun sait, l’apanage de ceux qui
s’estiment supérieurs, les Européens et les Américains veulent
le zapper. Pour une raison toute simple. C’est en leur terre
d’abord qu’en souffrent les Noirs, les Arabes, les Asiatiques
et les Latinos. Ce zappe, c’est le service que leur a rendu le
président iranien. Autrement, pourquoi Washington aurait-elle
boycotté des propos avant même qu’ils n’aient été formulés par
Ahmedinejad et à la fois maintenir la volonté de dialogue avec
l’Iran après qu’il les ait prononcés ?
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Aujourd’hui le Maroc 2009
Publié le 28 avril 2009 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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