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Aujourd'hui le Maroc
«Le
Japon soutient le gouvernement de Mahmoud Abbas Abou Mazen»
Entretien avec Tetsushi Kondo
par Nadia Sweeny
Tetsushi Kondo - Photo Passia.org
23
août
2007 Dans les territoires
palestiniens minés par le chômage et les restrictions de
mouvements, les investisseurs se font attendre. Pour remédier à
ce problème, le gouvernement japonais a décidé de construire un
parc industriel dans les environs de Jéricho. Tetsushi Kondo,
ambassadeur du Japon en Palestine, explique à ALM le projet de
son gouvernement. ALM : Comment
avez-vous mis en place ce projet ?
Tetsushi Kondo : Ce parc industriel a été prévu
en collaboration avec quatre pays : le Japon, Israël, la
Palestine et la Jordanie. À travers cette initiative, nous espérons
redonner confiance aux différentes parties. Nous l’avons démarré
en juillet 2006 en ouvrant un dialogue entre les parties concernées
et en démarrant des études de marché dans la vallée du
Jourdain. Cela ne nous a donné qu’un temps très court pour
nous rendre compte et, en mars dernier, nous avons eu une première
rencontre ministérielle à Tokyo.
Le Roi Abdallah de Jordanie s’est déplacé pour l’occasion.
Les protagonistes ont discuté d’un engagement politique, qui prévaut
dans ce type d’initiative. D’avril à mi-août, nous avons débuté
des études techniques. Mi octobre, nous discuterons de ces bases
techniques et comment concevoir cette initiative.
Notre dernière rencontre date du 15 août, à Jéricho où nous
avons présenté officiellement notre projet de parc industriel
dans la ville. Ce projet a réellement pour but de donner une
chance à la prospérité économique dans la région, mais nous
aurons besoin de plusieurs années pour le mettre sur pied.
Il est prévu de construire un aéroport commercial en
Jordanie pour le transport des marchandises. Qu’en est-il ?
L’aéroport est encore en discussion. Les Jordaniens sont tout
à fait pour la construction de cet aéroport, mais nous devons
faire de plus amples études pour savoir si un aéroport doit être
construit ou non. Dans la première partie de notre initiative,
nous pouvons faire marcher notre projet sans construire l’aéroport,
en utilisant les marchandises de la région de Jéricho.
Quoiqu’il en soit, les questions de transports doivent être réglées
avant de construire cet aéroport, et c’est un problème majeur
dans l’établissement de notre projet.
Les protagonistes se battent politiquement pour la
souveraineté de ce projet. Qu’en pensez vous ?
Ce type de projet ne peut pas être considéré comme un substitut
de négociations politiques entre Israël et la Palestine. Il y a
effectivement des problèmes que nous rencontrons et qui font
partie du conflit, comme la question de l’eau ou de l’accès
à cette région pour le reste des citoyens palestiniens.
Cependant, notre initiative n’a pas pour but d’apporter une
solution à ces problèmes généraux qui opposent les
Palestiniens et les Israéliens. Nous allons devoir nous organiser
avec les difficultés de la région, mais nous voulons vraiment
donner une chance aux Palestiniens d’en tirer un bénéfice économique.
C’est notre objectif principal. Nous avons eu de nombreuses
discussions autour du contrôle de la terre et de l’endroit où
nous allons installer ce parc industriel. Cela ne peut pas être
évité. Mais il est clair que le gouvernement japonais a mis en
place cette initiative dans le but d’aider les Palestiniens en général
et les habitants de Jéricho en particulier.
Combien votre gouvernement veut-il investir ?
Nous attendons les résultats des diverses études que nous avons
lancé pour donner un chiffre définitif. C’est encore très précoce.
Nous n’avons pas encore d’idée claire sur le type production
que nous allons pouvoir lancer dans ce parc industriel. Nous
attendons de voir avec le gouvernorat de Jéricho. Nous devons
encore attendre afin de savoir le budget dont nous avons besoin
pour mettre en place les infrastructures. Quoi qu’il en soit,
cette initiative est lancée dans le but de donner une chance aux
investisseurs. Le gouvernement japonais contribue à l’établissement
des infrastructures, mais cela ne veut pas dire que le Japon sera
le seul investisseur dans ce projet. Nous avons besoin d’autres
participations, notamment palestiniennes ou israéliennes.
Votre gouvernement a donné 20 millions de dollars au
gouvernement de Mahmoud Abbas. Le message est fort…
Ce don a été clairement accordé pour montrer au monde notre
soutien au président Abbas qui a récemment établi un nouveau
gouvernement avec Salam Fayyad comme Premier ministre. Nous apprécions
les efforts faits par lui pour établir la paix dans la région.
Nous exprimons notre support à la population palestinienne et
nous le montrons en aidant directement l’Autorité
palestinienne. Depuis 1993, notre pays soutient le gouvernement
palestinien. Le Japon a participé au processus d’Oslo et,
depuis le début de ces accords, notre gouvernement s’est senti
concerné notamment par l’enjeu général de la situation du
Moyen-Orient, dont le conflit israélo-palestinien fait partie.
La stabilité énergétique du monde repose sur le Moyen-Orient et
notre pays en est conscient. La paix dans cette région permet
d’assurer notre propre sécurité. Or, le problème palestinien
est l’un des soucis majeurs de la région. Le gouvernement
japonais soutient donc depuis longtemps le gouvernement
palestinien et l’idée d’un Etat palestinien viable. Par
: Nadia Sweeny
DNC à Ramallah
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Publié avec l'aimable autorisation de : Aujourd'hui le Maroc
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