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Aujourd'hui le Maroc
Muayad
Bani Odeh : Un militant du Hamas au service d’Israël
Nadia Sweeny
Photo jr.co.il
17 août
2007 L’annonce de sa mort,
suite aux tortures infligées par les officiers de l’Autorité
palestinienne, avait aggravé les discours anti-Fatah des leaders
du Hamas. Mais c’était une fausse information : Muayad Bani
Odeh est toujours vivant dans la prison de Junied à Naplouse,
accusé de collaboration. Seuls quelques
journalistes ont pu rencontrer le jeune homme affilié au Hamas
accusé d’espionnage pour les services de renseignements israéliens.
Bani Odeh, 25 ans, est originaire de Tamum, un village du nord de
la Cisjordanie occupée. Il explique comment il a collaboré avec
l’intelligence israélienne. «Je travaillais à Jéricho, dans
la construction d’immeubles. Un jour lorsque je suis rentré
d’Al Hamra, j’ai été arrêté et interrogé par un colonel
israélien», explique le jeune prisonnier aux journalistes. «J’ai
été transféré au centre d’interrogation de Huwwara, où ils
m’ont laissé quatre jours en isolement total. Peu après, Raviv,
un officier israélien a tenté de me corrompre en me menaçant,
mais j’ai refusé. Une femme soldat est donc entrée et a essayé
de me séduire. Je n’ai pas pu résister à ses avances et
j’ai couché avec elle deux fois, ensuite elle est partie. Raviv
est revenu en me menaçant de divulguer les photos de moi couchant
avec la femme soldat. Je n’avais pas le choix, je devais
accepter leur deal. 14 jours après, je commençais officiellement
ma collaboration avec l’armée israélienne», admet le
prisonnier. Lors de l’opération qui a permis l’assassinat de
cinq combattants palestiniens, Muayad Bani Odeh déclare avoir reçu
2.000 shekels (500 dollars) de récompense de la part de l’armée
israélienne. C’était en 2003. Depuis, Israël lui a demandé
d’observer les combats internes dans son village, lui offrant
armes et supports financiers. Il a refusé et a été arrêté. Le
Hamas réfute les aveux du prisonnier, déclarant qu’ils ont été
obtenus sous la pression de la police palestinienne. Ismaïl
Haniyeh est embarrassé suite à son discours après la prière du
vendredi, dans lequel il avait accusé les forces liées au Fatah
de maltraiter des partisans du Hamas, dont «Muayad Bani Odeh, un
fils de l'Islam de Cisjordanie, qui a été torturé à mort». Le
jeune homme en question apparaît à la télévision palestinienne
et déclare ne pas avoir subi de torture et avoue avoir collaboré
avec l’ennemi. L’histoire de Bani Odeh est tragique, mais elle
n’est pas unique. Les services secrets israéliens ont coutume
d’employer diverses tactiques de corruption qui ont fait leurs
preuves. «Une fois, j’ai reçu une lettre de convocation par un
général israélien, au centre d’interrogation de Huwwara. Je
devais m’y rendre sous peine d’être arrêté», témoigne
Majid, 22 ans. «Trois de mes cousins étaient recherchés par
l’armée israélienne. Tout le monde m’a conseillé de ne pas
y aller, qu’ils allaient me corrompre. Je n’y ai pas été et
ils ne sont jamais venus me chercher», indique-t-il. «Mon père
a reçu la même convocation et y a été. Lorsqu’il attendait
avec d’autres habitants, un soldat est venu lui parler comme
s’il le connaissait depuis longtemps. Il l’a appelé par son
nom et lui a demandé des nouvelles de certains membres de sa
famille, en citant leurs noms», raconte le jeune homme. «Tout le
monde a cru que mon père était un espion et on a eu des problèmes
avec les brigades du camp. Mais ce n’était qu’une tactique de
l’armée israélienne. Tout le monde se méfie de tout le monde»,
poursuit Majid. Deux de ses cousins ont été arrêtés, le troisième,
Mohammad, leader des Brigades des Martyrs d’al Aqsa, a été exécuté
la nuit du 14 décembre 2006.
Des centaines d’histoires de ce genre existent dans un
territoire où tout s’entremêle et où l’on ne sait plus
distinguer entre le vrai et le faux, le bon et le mauvais
tellement les choses sont compliquées. DNC à Ramallah Nadia
Sweeny.
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© Aujourd’hui le Maroc 2007
Publié avec l'aimable autorisation de : Aujourd'hui le Maroc
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