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Aujourd'hui le Maroc
France : Bernard
Kouchner ministre étranger à ses affaires
Mustapha Tossa
Photo Aujourd'hui le Maroc
Mercredi 30 décembre 2009
Entre Bernard Kouchner et Nicolas Sarkozy, l’alchimie de
la séduction a réellement fonctionné. Une indéfectible gratitude
réciproque les lie à jamais.
Lorsque Bernard Kouchner avait pris possession du Quai d’Orsay,
siège historique du ministère des Affaires étrangères, il y
avait eu comme une sorte d’extase générale sur cette
prestigieuse prise de guerre dérobée par le machiavélique
Nicolas Sarkozy à une opposition déboussolée par ses échecs
répétitifs. Rares étaient ceux qui s’interrogeaient sur la
valeur ajoutée d’un tel profil à la diplomatie que comptait
mettre en œuvre le président de la République. Aujourd’hui, le
constat est des plus terribles pour le ministre des Affaires
étrangères Bernard Kouchner. Il aura été le ministre le plus
impuissant, l’acteur diplomatique le plus absent de l’équation
de Nicolas Sarkozy. La tentation est grande de comparer avec
quelle énergie le président de la République avait réussi à
transformer le Premier ministre François Fillon en super
directeur de cabinet et avec quelle dextérité il avait relégué
Bernard Kouchner au poste de grand ambassadeur, avec une icône
reconnaissable certes, mais hors cadre et hors échelle.
Il faut dire que Bernard Kouchner, que ses anciens amis
socialistes poursuivaient toujours de leurs malédictions et dont
ses impossibles amis de la droite évitent la fréquentation,
n’avait pas choisi la tâche la plus aisée : représenter la
parole diplomatique française à l’étranger. Surtout avec un
homme comme Nicolas Sarkozy qui veut tout contrôler, tout
verrouiller et qui pousse la notion du «domaine réservé» jusqu’à
son paroxysme. Entre les deux hommes, l’alchimie de la séduction
a réellement fonctionné. Une indéfectible gratitude réciproque
les lie à jamais. Nicolas Sarkozy reconnaît à Bernard Kouchner
de lui avoir procuré l’occasion de «s’auto laver» de
l’accusation de sectarisme que ses adversaires tentaient de lui
accoler. Même si plus tard il sera durement concurrencé sur ce
plan par Eric Besson, ministre de l’Immigration et de l’Identité
nationale. Et Bernard Kouchner est redevable au président de la
République de lui avoir offert un destin ministériel que sa
propre famille, la gauche, lui a toujours renié.
La magie de cette relation s’arrête là. Dans l’exercice du
pouvoir diplomatique, Bernard Kouchner est resté spectateur de
sa propre inaction. Lorsque le président de la République a
besoin de traiter un dossier sensible et urgent au
Proche-Orient, en Europe ou en Amérique, il préfère confier
cette mission à deux de ses plus porches collaborateurs. Claude
Guéant, secrétaire général de l’Elysée, et Jean David Levitte,
conseiller diplomatique. Et signe de l’ampleur de l’estime dans
lequel l’Elysée tient le Quai d’Orsay, lorsque le président de
la République a besoin d’ouvrir de nouveaux canaux de
communication avec des pays jusque-là interdits comme Cuba ou la
Corée du Nord, il choisit, comble de l’horreur pour Bernard
Kouchner, le socialiste Jack Lang. Bernard Kouchner, qui s’est
opposé publiquement à Nicolas Sarkozy sur la crise iranienne, a
passé le plus clair de son temps à répondre à cette accusation
volontairement sadique des journalistes selon laquelle il ne
sert à rien. Bernard Kouchner incarne certes l’ouverture. Mais
la question qui taraude les esprits pour 2010 est : Pour combien
de temps encore ? Mustapha
Tossa
DNCP à Paris
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Aujourd’hui le Maroc 2009
Publié le 1er janvier 2010 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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