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Aujourd'hui le Maroc
Fadela Amara, la ministre au langage
fleuri
Mustapha Tossa
Photo Aujourd'hui le Maroc
27 octobre 2008 Fadela Amara est
aujourd’hui au cœur d’une polémique suite à son commentaire sur
les siffleurs de la Marseillaise au Stade de France.
Quand Nicolas Sarkozy avait intégré Fadela Amara dans son
casting gouvernemental, l’intention lui a été clairement prêtée
de vouloir confier la gestion politique et symbolique des
banlieues, territoires qui venaient de connaître de larges excès
de fièvre, à une femme de poigne, connue pour son discours
politiquement incorrect depuis qu’elle avait lancé l’association
«Ni putes Ni soumises». Fadela Amara était alors une femme de
gauche dont le ralliement à la Sarkozy triomphante a fait plus
jaser dans les cénacles que la conversion d’un Bernard Kouchner
déjà en rupture consommée, quoi qu’encore invisible avec sa
propre famille politique.
Fadela Amara n’a pas trop tardé à marquer son identité et son
territoire. Look constamment ébouriffé, trahissant autant une
modestie feinte qu’un mauvais goût que les mauvaises langues
diraient atavique, elle avait émerveillé les médias par son
langage original, celui d’une banlieusarde branchée et sanguine.
Ses débuts sous les lambris de la République avaient les allures
d’une success story. Voilà, se disent les âmes charitables,
l’occasion pour que tous ceux qui se sentaient marginalisés et
exclus, de se retrouver au cœur de l’expression politique
publique. Et des mots aussi lourds et chargés fusent à volonté :
revalorisation d’une identité, réappropriation d’un espace,
reconnaissance d’une manière d’être et de parler. Il faut dire
que Fadela Amara, «étroitement» soutenue par Nicolas Sarkozy et
François Fillon jusqu’à la priver des ses effets d’annonce, se
préparait à dévoiler son grand plan «Espoir banlieue» destiné à
reconstruire, à travers de nombreux investissements, une
identité cassée par des années de crise, de marginalisation et
d’insécurité.
Mais à l’image du «Grenelle de l’environnement» dont les effets
d’annonce se sont évaporés au fil des jours et des blocages
législatifs, la plan du gouvernement chargé de dynamiser les
banlieues n’a pas assouvi toutes les attentes. Fadela Amara fut
ainsi chargée de vendre à une opinion de plus en plus sceptique,
l’effet placebo d’une thérapie là où il aurait fallu un
traitement de choc.
De cette période, datent les débuts de sa mésentente publique
avec sa ministre de tutelle, Christine Boutin ministre du
Logement et de la Ville. D’ailleurs, la formation de ce duo
Amara-Boutin n’était pas pour déplaire aux caricaturistes par
son originalité. Adjoindre à Christine Boutin, une catho de
droite affirmée, conservatrice sur toute la ligne, opposée à
l’avortement, à l’euthanasie et au PACS, Fadela Amara, une
ancienne libertaire à gauche, permissive à souhait avant la
parenthèse gouvernementale, était un exercice de haute voltige
politique.
Fadela Amara est aujourd’hui au cœur d’une polémique suite à son
commentaire sur les siffleurs de la Marseillaise au Stade de
France. La blogosphère l’accuse d’avoir affirmé sur la chaîne
France 2 qu’il «fallait donner un coup de Destop (le Destop
étant une marque de produit chimique pour déboucher les
toilettes et la tuyauterie bouché)». Fadela Amara s’insurge
contre «des propos volontairement détournés dans le but de nuire
». Et elle précise : « j'ai parlé d'un coup d'estoc et non pas
d'un coup de Destop (…) Pour m'exprimer, j'ai utilisé une
métaphore sportive désignant un coup porté par la pointe.
L'estoc est un terme d'escrime employé pour définir la manière
de toucher juste».
Malgré ses nombreuses maladresses et un bilan des plus mitigés,
Fadela Amara reste une valeur médiatique pour de nombreux
politiques. Elle était parmi les rares invités de Mme Carla
Bruni Sarkozy lorsque Michel Denisot avait confié à cette
dernière, en septembre dernier, la rédaction en chef de son
grand journal sur Canal +. Elle entourait, parmi un gotha
prestigieux, le ministre des Affaires étrangères Bernard
Kouchner lors de l’émission «Vivement dimanche» que lui
consacrait hier dimanche sur France 2 Michel Drucker.
Mustapha Tossa
DNCP à Paris Droits
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Aujourd’hui le Maroc 2008
Publié le 28 octobre 2008 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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