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Aujourd'hui le Maroc
L'impossible retrait français
d'Afghanistan
Mustapha Tossa
Photo Aujourd'hui
le Maroc
24 septembre 2008 Il est clair
qu’à l’exception des verts et des communistes qui ont
ouvertement demandé le rapatriement des soldats français, le
reste de la gauche naviguait dans un gris clair qui en dit long
sur la complexité de la posture.
Le débat parlementaire français sur l’Afghanistan était plus
destiné à évaluer le degré de préparation de l’armée française à
évoluer dans un milieu hostile comme l’a montré la sanglante
embuscade du 18 août qu’à trancher la validité de l’engagement
militaire français dans les dangereuses montagnes de l’ancien
antre d’Al Qaïda. Et même si le vote final de l’assemblée
s’était conclu par une large majorité qui approuve le maintien
des forces françaises par 343 voix contre 210, ce rapport de
force arithmétique ne reflète pas la réalité politique du pays.
Il est clair qu’à l’exception des verts et des communistes qui
ont ouvertement demandé le rapatriement des soldats français, le
reste de la gauche naviguait dans un gris clair qui en dit long
sur la complexité de la posture. Noel Mamère, le député-maire de
Bègles en Gironde avait sorti l’artillerie lustrée des grandes
occasions pour fustiger cette aventure militaire
française : «Nous refusons que soit versé le sang de nos enfants
au nom d'une cause qui n'est pas la leur (…) Il faut se rendre à
l'évidence, la coalition a perdu la guerre (…) Le président de
la République et votre gouvernement doivent être considérés
comme comptables de la mort de ces soldats, comme vous serez
comptables de toutes les autres victimes civiles de cette sale
guerre si vous maintenez nos troupes dans de telles conditions».
Le gouvernement de François Fillon a opposé à cet argument
l’impossibilité pour la France, membre permanent du Conseil de
sécurité, présidente en exercice de l’Union Européenne de se
dérober des ses responsabilités et d’ordonner le retour des ses
soldats à la maison. Le ministre de la Défense, Hervé Morin,
résume les conséquences d’une telle démarche : «Notre départ
serait le signe dramatique de l'absence de volonté d'un pays
alors que la communauté internationale toute entière est en
train de combattre le terrorisme».
Les députés socialistes avaient beaucoup de mal à clarifier leur
approche. Même s’ils avaient voté contre la question du jour sur
le maintien des soldats français en Afghanistan, l’argumentaire
développé rajoute de la confusion. Le patron du groupe
socialiste Jean-Marc Ayrault justifie le «Non» des socialistes
par la volonté du PS, la dérive qui est à l’œuvre qui mène vers
une «guerre d’occupation». Et de lancer cette affirmation qui
donne du fil à retordre à tous les stratèges de la guerre en
Afghanistan : «Nous ne votons pas contre la poursuite (de
l'engagement français), nous votons contre une conception
politique et militaire qui nous conduit dans une impasse».
Cette position a été pointée du doigt par Hervé Morin, ministre
de la Défense qui accuse les socialistes d’avoir «rompu avec
l'unité nationale que nous avions depuis 2001 pour une seule et
bonne raison (…) c'est que le PS est engagé dans un débat et un
combat terrible en interne et que dans ce combat interne qui est
le congrès de Reims, l'ensemble des problématiques nationales
passent au second plan».
En filigrane des critiques de la gauche en direction du
gouvernement, les reproches faites à la politique de Nicolas
Sarkozy de s’être aveuglement aligné sur le choix américain et
de n’être qu’une force d’appoint sans aucune autonomie de
commande ou indépendance de décision. Il est vrai que la crise
afghane a été le grand théâtre d’opération sur lequel s’est
tissée la grande réconciliation entre Américains et Français
depuis l’élection de Nicolas Sarkozy. Le ministre français des
Affaires étrangères, Bernard Kouchner s’est proposé de démonter
ce réquisitoire : «Vous dites que nous nous sommes alignés sur
les Américains. Au contraire, nous sommes en train de définir
une position commune des 25 pays européens engagés (en
Afghanistan)…Toute la politique étrangère, ces temps-ci, que
cela soit à Damas, à Tripoli, en Géorgie, c'est le contraire de
l'alignement. Essayez de regarder les faits». Le débat français
sur l’Afghanistan est en train de prendre des allures de débat
américain sur l’Irak même si le premier est validé par une
volonté internationale de combattre le terrorisme alors que le
second est le fruit d’un coup de force illégal de
l’Administration Bush.
Mustapha Tossa
DNCP à Paris Droits
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Aujourd’hui le Maroc 2008
Publié le 26 septembre 2008 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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