Opinion
France: La mauvaise
séquence de Michèle Alliot-Marie
Mustapha Tossa
Lundi 24 janvier 2011
Pour Michèle Alliot-Marie, la séquence tunisienne avait
inauguré une période de poisse de faux pas.
S’il y a une personnalité au sein du gouvernement de François
Fillon qui a su capter avec une gourmandise involontaire les
effluves de la crise tunisienne, c’est bien Michèle
Alliot-Marie, ministre des Affaires étrangères, locatrice du
Quai d’Orsay ayant succédé à Bernard Kouchner. Sa proposition de
coopération sécuritaire avec la police tunisienne au moment même
où le président tunisien déchu Z. Ben Ali était déjà en train de
négocier le lieu de son exil illustrait pour beaucoup la
parfaite cécité pour certains, le total autisme pour d’autres
dans lequel la diplomatie française s’était enfermée et qui
l’avait empêchée de saisir la situation et de l’anticiper. La
sortie malheureuse de Michèle Alliot-Marie était
involontairement fondatrice de tout ce qui va suivre et
distinguer le traitement diplomatique de la crise tunisienne. Du
refus d’accueillir Ben Ali sur le territoire français, au gel
des avoirs de son clan en passant par la déclaration des membres
de sa famille indésirables en France… Tout était fait pour faire
oublier la faute originelle d’avoir par la bouche très autorisée
du ministre des Affaires étrangères voulu arrêter le cours de
l’histoire. Pour Michèle Alliot-Marie, la séquence tunisienne
avait inauguré une période de poisse de faux pas. En visite à
Gaza, son convoi fut bousculé et accueilli fraîchement à coups
de babouches et d’œufs pourris. Les manifestants de Gaza lui
reprochent une phrase citée par la radio israélienne sur le sort
du soldat israélien détenu par le Hamas Gilad Shalit. Un dessin
de Plantu à la Une du journal «Le Monde» résume avec une grande
finesse les soucis de Michèle Alliot-Marie. Il la montre en
train de récriminer un soldat israélien en train d’assener un
violent coup de pied dans le ventre d’un Palestinien avec cette
phrase : «Mais enfin c’est pas comme ça qu’on frappe. Je peux
vous envoyer des professionnels». Lorsqu’elle avait succédé à
Bernard Kouchner, Michèle Alliot-Marie n’était accueillie que
par des a priori positifs. Elle venait de prendre le fauteuil
d’un homme devenu par la force des rapports au sein de
l’exécutif français une potiche impuissante, jouant la posture
et la déclamation pour mieux dissimuler l’inefficacité. Une
femme aux épaules aussi carrés et à la tête aussi froide, ayant
déjà roulé sa carrure des ministères aussi lourds à porter et à
gérer que la Défense, l’Intérieur ou la Justice, ne pouvait
qu’exceller dans une fonction qui nécessite une parole mesurée,
un message limpide et une conviction claire. Or voilà. A la
première bourrasque, Michèle Alliot-Marie commet une glissade
digne des débutants et des amateurs. Le tournant tunisien a été
magistralement raté. De nombreuses voix s’étaient élevées pour
réclamer la démission de Michèle Alliot-Marie. Cette dernière
n’a trouvé son salut que dans les critiques qui chargent
l’incompétence de l’ensemble de l’appareil diplomatique
français. Michèle Alliot-Marie aurait-elle pris une position
aussi tranchée sans l’aval et le feu vert de sa hiérarchie ?
Juste après cette tempête, Michèle Alliot-Marie avait entamé une
tournée au Proche-Orient. Sans doute l’occasion de faire oublier
sa sortie malheureuse sur la Tunisie. Mais à lire les
commentaires de la presse française sur la question, le crédit
du ministère des Affaires étrangères semble définitivement
entamé.
Par : Mustapha Tossa
DNCP à Paris
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Aujourd’hui le Maroc 2011
Publié le 25 janvier 2011 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
Article publié avec une pensée
pour une amie qui se reconnaîtra !
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