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Aujourd'hui le Maroc
Visite sous hautes pressions diplomatiques
de Sarkozy en Israël
Mustapha Tossa
Nicolas Sarkozy - Photo Aujourd'hui
le Maroc
23 juin 2008 Les Israéliens, ne
lésinant sur aucun superlatif, parlent alors du début d’une
vraie histoire d’amour. Ce que Nicolas Sarkozy a mis sous le
vocable de «véritable renouveau de la relation
franco-israélienne».
En foulant le sol de l’Etat d’Israël, Nicolas Sarkozy se trouve
dans l’obligation de faire oublier deux images qui avaient
lourdement marqué la relation franco-israélienne de ces
dernières années. La première a eu lieu dans la vieille ville de
Jérusalem en octobre 1996, lorsque, ceinturé avec zèle par les
services de sécurité israélienne, Jacques Chirac exulta son
célèbre «Do you want me to go back to my plane ? ». La seconde
eut pour théâtre le parvis de l’université palestinienne de Bir
Zeit en février 2000 lorsque le Premier ministre de l’époque,
Lionel Jospin, dut quitter précipitamment les lieux; une pluie
de pierres d’étudiants en colère lancées à propos de ses
déclarations sur le Hezbollah.
La visite de Nicolas Sarkozy aura donc à clôturer une longue
parenthèse de méfiance et de défi entre Paris et Tel-Aviv. Aux
fréquentes accusations d’antisémitisme adressées à la France
pendant l’ère Ariel Sharon doublées d’une invitation insistante
lancées aux Juifs de France d’immigrer en Israël, répondait une
froide indignation française contre cet excès. La relation entre
les deux pays atteignait souvent les limites de la rupture.
Jusqu’à ce que Nicolas Sarkozy remporte la bataille
présidentielle. Les Israéliens, ne lésinant sur aucun
superlatif, parlent alors du début d’une vraie histoire d’amour.
Ce que Nicolas Sarkozy a mis sous le vocable de «véritable
renouveau de la relation franco-israélienne».
Nicolas Sarkozy qui s’apprête à prendre la présidence de l’Union
européenne, marche sur les pas de François Mitterrand. Son
discours devant la Knesset prévu ce lundi fait écho dans les
mémoires à celui prononcé le 4 mars 1982 par l’ancien président
socialiste. Il évitera ceux de Jacques Chirac, friand de bains
de foules démonstratifs. Mais c’est le contexte politique
régional qui donne à ce déplacement une pigmentation
particulière. La diplomatie française a cru déceler la présence
d’«un nouvel esprit (qui) souffle dans cette région tant de fois
endeuillée : accord de Doha sur le Liban, pourparlers indirects
syro-israéliens, échange humanitaire entre Israël et le
Hezbollah, et maintenant annonce de cette trêve à Gaza», selon
les propres expressions du Quai d’Orsay.
Autant d’indicateurs qui font de ce voyage un exercice
diplomatique à hauts risques. Le comportement et les dires de
Nicolas Sarkozy seront scrutés à la loupe par les capitales
arabes invitées à s’investir dans le projet de l’Union pour la
Méditerranée. D’abord sur la question palestinienne que la
présidence française sait au cœur des réticences arabes à ce
projet. Le président français sera partagé et son expression
contrainte entre son désir de montrer une amitié et une
solidarité sans limites avec les israéliens et l’obligation de
lui dire quelques vérités pour les pousser à adopter une autre
politique. Celle-ci, selon ses propres mots «nécessitera des
compromis historiques et des sacrifices douloureux (…) le gel
total de la colonisation (israélienne) qui est un obstacle à
tout règlement final. La paix est à ce prix». Objectif
affiché : «créer un choc de confiance auprès de la population
palestinienne». Le président français, qui rencontrera le
président palestinien à Bethléem et non à Ramallah, siège de
l’Autorité palestinienne, aura à cœur de décliner ce message.
Les observateurs relèveront la moindre intonation pour comparer
les anciennes approches avec la nouvelle attitude. La visite de
Nicolas Sarkozy, qui a failli être reportée pour cause d’ennuis
judiciaires du Premier ministre Ehud Olmert, se passe à un
moment où Paris et Damas se livrent à un flirt endiablé. Bachar
Al Assad est attendu à Paris à la mi-juillet pour concrétiser le
grand marchandage entre Syriens et Israéliens sous parrainage
turc avec le Golan comme monnaie d’échange. L’autre point de
convergences entre Israéliens et Français touche essentiellement
l’Iran et leur opposition absolue à son programme nucléaire
militaire. Nicolas Sarkozy, qui ne rate aucune occasion pour
décrire la dangerosité d’un monde où les Ayatollah posséderaient
l’arme nucléaire, devrait profiter de cette visite pour redire
avec force la détermination de Paris de tout mettre en œuvre
pour empêcher l’Iran d’entrer dans le club très fermé des pays
détenteurs de l’arme nucléaire.
Mustapha Tossa
DNCP à Paris Droits
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Aujourd’hui le Maroc 2008
Publié le 24 juin 2008 avec l'aimable
autorisation de : Aujourd'hui le Maroc
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