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Aujourd'hui le Maroc
Martine Aubry,
notre dame de la résurrection
Mustapha Tossa
Photo Aujourd'hui le Maroc
Mardi 23 mars 2010
Après la victoire de la gauche, la question de savoir
s’il était encore indispensable de tenir des primaires
socialistes pour choisir le candidat qui va mener la bataille
des prochaines présidentielles, est posée.
La victoire de la gauche avait une allure de triomphe, l’échec
de la droite un goût de déroute et Martine Aubry, la première
secrétaire du Parti socialiste sentait la brusque renaissance.
Sa démarche déterminée, son verbe à la fois froid et lyrique,
son phrasé souriant, indiquaient qu’à travers ses régionales, la
mal-aimée du PS, celle qui trimbalait cette collante malédiction
de «mal élue», venait de faire sa mue. Elle n’a certes pas
réussi à réaliser le grand chelem, mais la victoire de la gauche
sous sa direction était nettement le vote sanction contre
Nicolas Sarkozy et ses ministres tellement tranchants qu’il lui
est largement pardonné de ne pas être parvenue à imposer du
rose/vert en Alsace, la seule région de l’Hexagone à n’avoir pas
pu résister aux sirènes de Nicolas Sarkozy. Mais au soir de son
sacre, Martine Aubry avait deux petites pierres dans ses
chaussures qui l’empêchaient d’exécuter à merveille la danse des
vainqueurs. La première s’appelle Georges Frêche, le notable du
Languedoc-Roussillon qui a réussi à se faire triomphalement
élire au nez et à la barbe de la hiérarchie socialiste. Georges
Frêche, l’ancien socialiste banni pour ses petites phrases qui
sentent fort le Front National, poussait la provocation jusqu’à
adresser ses remerciements à Martine Aubry pour lui avoir assuré
une promotion inespérée et avoir involontairement réussi à
fédérer autour de lui les socialistes locaux. Aujourd’hui, il
campe ce personnage rebelle qui avait dressé avec succès le
terroir vivant et original contre les froids calculs de Paris.
Une ombre qui continue d’assombrir le leadership de Martine
Aubry. L’autre petite pierre s’appelle Ségolène Royal. Son
éclatante victoire dans la région du Poitou-Charente, avec un
confortable score, la remet subitement dans la course. Il était
clair que, battue ou mal élue, Ségolène Royal allait dire adieu
à toutes ses prétentions. Alors que maintenant la machine de
Nicolas Sarkozy a tout investi pour la faire perdre, sa victoire
semble lui ouvrir toute les voies. Ségolène Royal ne veut se
comporter comme une présidente de région ordinaire. C’est pour
cette raison qu’elle a décliné l’invitation de la rue de
Solferino de venir prendre une photo de famille avec ses autres
collègues élus. Ségolène Royal semble avoir réussi son pari.
Depuis des mois elle avait fait le choix de disparaître du radar
de l’actualité nationale pour se concentrer sur sa région. Avec
sa victoire d’une ampleur particulière, avec plus de soixante
pour cent des suffrages, elle a repris l’espoir de continuer à
disputer à Martine Aubry le leadership sur le plan national.
C’était tout le sens à trouver dans sa déclaration au soir de ce
second tour et surtout dans la mise en scène qui dépasse
largement sa vocation régionale. Après cette victoire de la
gauche à porter au crédit de Martine Aubry, affectueusement
appelée par son entourage, «Notre dame de la résurrection», la
question de savoir s’il était encore indispensable de tenir des
primaires socialistes pour choisir le candidat qui va mener la
bataille des prochaines présidentielles, est posée. Sans doute
par pudeur ou par crainte des lendemains qui déchantent, Martine
Aubry refuse obstinément d’y répondre. Mustapha
Tossa
DNCP à Paris
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de diffusion réservés
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Aujourd’hui le Maroc 2010
Publié le 25 mars 2010 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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