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Aujourd'hui le Maroc
Le halal, pomme
de discorde française
Mustapha Tossa
Photo Aujourd'hui le Maroc
Vendredi 19 février 2010
Le marché de l’alimentation halal est évalué à 4
milliards d’euros, avec une population musulmane estimée entre 4
et 6 millions d’individus.
Si la chaîne de restauration rapide Quick avait voulu commettre
un grand coup de communication, elle semble avoir réussi au-delà
de toutes espérances. Sa décision de consacrer huit de ses 350
enseignes à vendre des produits exclusivement halal, (viande
d’animaux tués selon le rite musulman et bacon remplacé par la
dinde) est en train de nourrir un débat enflammé qui dépasse
largement le seuil de la comptabilité lucrative ou celui du sens
opportuniste des affaires. C’est dire à quel point la chaîne de
restauration rapide Quick, économisant d’énormes budgets de
publicité ou de mécénat, s’est payée un inestimable coup de pub.
Et pourtant ce n’est pas la première fois que des boutiques de
restauration rapide optent pour le halal exclusif. Elles
n’avaient pas réussi à créer autant de bruit parce que leurs
rayons d’influence étaient d’ampleur marginale, limités à la
largeur d’un quartier et qu’elles étaient le fruit de jeunes
entrepreneurs anonymes à la recherche d’idées originales pour
exploiter les niches inexplorées. Et pour cause, le marché de
l’alimentation halal est évalué à 4 milliards d’euros, avec une
population musulmane estimée entre 4 et 6 millions d’individus.
Dans le cas de Quick, une chaîne de dimension internationale,
les enjeux prennent subitement une autre proportion. Et parce
que cette exclusivité du halal a été revendiquée comme un
argument commercial dans un contexte politique et social marqué
par de grandes interrogations sur la place de l’Islam dans la
société française, le débat est des plus vifs et tranché. Une
grande partie de la classe politique est montée à l’assaut de
cette décision l’accusant de nourrir la dérive communautariste
et lançant des appels au boycott de ces produits. Des menaces
sont même brandies de saisir les instances spécialisées,
notamment la Halde, la Haute autorité de lutte contre les
discriminations, pour discrimination. Les positions sont si
passionnées, si déterminées qu’elles rappellent dans leur
intensité le combat lancé contre la possible multiplication des
minarets ou des burqas qui avait marqué le grand débat sur
l’identité nationale. Sauf que dans le cas de Quick et de sa
stratégie du halal exclusif, la parole était uniquement au
réquisitoire. Personne, parmi les hommes politiques audibles,
n’a pris la parole pour défendre ce choix. Il paraît évident
aujourd’hui que la décision de Quick fait autant de bruit, c’est
qu’elle intervient dans un contexte d’islamophobie assumée. Sans
grande surprise, c’est Marine Le Pen, vice-présidente du Front
National et héritière désignée de son père qui avait, la
première, dégoupillé ce débat. Elle considère que ce choix de
Quick comme un «scandale d’Etat», se basant sur le simple fait
que Quick appartient depuis 2006 à la Caisse des dépôts. Ce qui
a suffi à Marine Le Pen d’accuser l’Etat de «lever l’impôt
islamique». Elle lève par la même occasion un autre lièvre qui
ne va pas laisser les autres formations politiques indifférentes
à la question, surtout lorsqu’elle dénonce que les clients
«soient obligés, par l’intermédiaire de cette viande halal, de
payer une taxe aux organismes islamiques de certification». Mustapha
Tossa
DNCP à Paris
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Aujourd’hui le Maroc 2010
Publié le 22 février 2010 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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