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Aujourd'hui le Maroc
Benoît Hamon, porte-parole d'une gauche
décomplexée
Mustapha Tossa
Photo Aujourd'hui le Maroc
18 novembre 2008 Benoît Hamon,
l’homme qui demande «l'honneur d'être en première ligne», a vu
son discours et son analyse rendus audibles par les effets
conjugués de la crise financière et économique.
Quelle que soit l’identité du futur successeur de François
Hollande, le congrès de Reims aura été l’occasion de consacrer
une nouvelle figure de la scène socialiste. Voici Benoît Hamon,
le jeune loup du PS. Belle gueule, un phrasé bien construit au
débit ultrarapide, un look stylé à la manière des acteurs en
vogue des séries américaines dont les Français sont devenus
friands.
Benoît Hamon avait déjà créé la grande surprise le 6 novembre
dernier lorsqu’il avait réussi l’exploit de séduire presque 19%
des militants socialistes sur un discours et un programme
ouvertement inscrits à gauche. Il avait réenclenché la boîte à
surprises lorsqu’il avait grillé la politesse à tout le monde en
déclarant sa candidature au premier secrétariat du PS. Enjeu non
résolu lors du congrès de Reims.
Non sans culot et une forme de courage que possèdent
instinctivement les jeunes ambitieux, Benoît Hamon avait mis ses
adversaires potentiels dans l’impasse de devoir négocier avec
lui pour toute synthèse indispensable à la création d’une
majorité. Avant de se lancer dans cette bataille, Benoît Hamon
avait livré un des diagnostics les plus sévères de la réalité du
Parti socialiste qui, selon lui, «connaît une crise politique
sérieuse Il mue, se transforme, hésite sur l'essentiel, le
projet, son utilité, son identité et sa stratégie d'alliances».
Alors que sur fond d’échec à la présidentielle, les responsables
socialistes s’essayaient à la social-démocratie pour conjurer le
sort, Benoît Hamon prenait le vent à contre-courant, gauchisant
à volonté sa posture. Il se plaçait par ailleurs comme un des
critiques les plus virulents de la gouvernance de Nicolas
Sarkozy. Certains éditorialistes commençaient à le comparer à un
Olivier Besancenot en cravate. Lui s’en défend vigoureusement :
«qu'on ne me demande pas d'éteindre le feu Besancenot, ce qui
m'intéresse, c'est d'éteindre le feu Sarkozy».
A 41 ans, ce fils d’ouvriers, aux origines modestes
revendiquées, est entré en politique, comme presque tous les
quadras du PS, dans le sillage des manifestations étudiantes de
1986. Il avait navigué dans l’appareil socialiste et fait du
grenouillage dans les cabinets ministériels, notamment celui de
Martine Aubry alors ministre des Affaires sociales. Sa vraie
visibilité politique, il l’acquiert lorsqu’il devient un des
porte-parole du PS pour les élections législatives de 2007. Il
avait alors l’occasion de déployer l’étendue de ses talents
d’orateur et d’homme de conviction de gauche qui marche au sein
du PS sur les traces d’homme comme Henri Emmanuelli.
Benoît Hamon, l’homme qui demande aujourd’hui «l'honneur d'être
en première ligne» a vu son discours et son analyse rendus
audibles par les effets conjugués de la crise financière et
économique. Ses saillies contre les entreprises qui, en même
temps qu’elles réalisent des profits monstres, se mettent à
licencier et à délocaliser, ont été entendues au-delà de ses
espérances.
Lors du congrès de Reims, il s’est essayé à la rhétorique
dramatisante pour bien souligner l’historicité du moment :
«Selon les réponses que nous formulerons, nous saurons et ils
sauront, ceux qui nous regardent, ceux qui attendent encore de
nous quelque chose, si nous compterons au rang des bâtisseurs et
des architectes du monde nouveau ou si nous compterons au rang
de ceux qui assisteront passifs au lent déclin de nos idées». De
la révélation de cette bataille socialiste, il s’est transformé
en homme-arbitre capable de peser sur les choix entre Ségolène
Royal et Martine Aubry.
Après avoir été à deux doigts de signer un accord avec Martine
Aubry et lancé de grosses œillades en direction de Bertrand
Delanoë auxquelles le maire de Paris n’a pas été capable de
répondre, Benoît Hamon est connu pour entretenir des relations
difficiles avec Ségolène Royal qui s’apprête à solliciter les
suffrages des militants socialistes jeudi prochain. Prophétique,
il avait lancé à la veille du congrès de Reims : «Si demain il
sort de ce congrès une forme de statu quo où derrière l'illusion
de nouvelles équipes, on reconduit une ligne politique qui nous
a conduit à l'échec à la dernière élection présidentielle par
confusion, par improvisation stratégique, je pense que se
prépare le long déclin du socialisme dans ce pays».
Mustapha Tossa
DNCP à Paris Droits
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Aujourd’hui le Maroc 2008
Publié le 19 novembre 2008 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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