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Aujourd'hui le Maroc
Dieudonné fait débat dans la campagne des
européennes
Mustapha Tossa
Photo: Réseau Voltaire
Mardi 12 mai 2009
Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée, a montré par
sa discrétion poussée jusqu’à la dévotion qu’il n’était pas
l’homme à courir derrière les mirages de l’exposition
médiatique.
Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée, le plus proche
conseiller de Nicolas Sarkozy, est généralement un homme retenu
qui a hérité de la préfectorale son verbe rond et glacial. Il a
la réputation d’avoir une langue raide qui fourche
difficilement. A l’épreuve du pouvoir, il a montré par sa
discrétion poussée jusqu’à la dévotion qu’il n’était pas l’homme
à courir derrière les mirages de l’exposition médiatique. Il ne
sort de son bois que sur ordre de sa hiérarchie et ne parle
qu’en mission. Son idée d’envisager d’interdire les listes
«antisionistes» que le comique militant Dieudonné, aux
accointances déclarées avec l’extrême droite, lance dans la
campagne des européennes, continue de susciter de nombreuses
interrogations. Une nouvelle ruse de Nicolas Sarkozy, un nouveau
tour de passe-passe politique et électoral pour détourner
l’attention. Toutes les questions sont permises tant l’idée
semble énorme et sert plus qu’elle ne condamne l’objet de délit
en lui garantissant une amplification maximale de son message et
une visibilité inespérée de ses candidats.
Dans une réaction presque épidermique, les socialistes ont été
les premiers à pointer les sombres desseins d’une telle posture.
Le porte-parole du PS, Benoit Hamon, s’était posé cette question
qui résume la séquence du moment : «A quoi joue l’Elysée et à
quoi joue M. Guéant? A quoi cela sert-il et quels sont les
calculs derrière cela? Pourquoi ce coup de pub?». Cette
interrogation avait rejoint les craintes d’un autre socialiste,
Harlem Désir : «S’il y a un moyen de faire interdire le dépôt de
ces listes, faisons-le, maintenant j’espère que le secrétaire
général de l’Elysée ne s’est pas avancé sans avoir plus de
garanties».
Devant le tollé général provoqué par une telle idée, Dieudonné
s’est permis le luxe de rendre un hommage ironique à Claude
Guéant : «Notre ami Guéant (…) M. Guéant notre attaché de
presse». Dieudonné peut savourer toute la lumière médiatique
jetée sur ses listes par la simple déclaration de Claude Guéant.
De sombres inconnus, les noms qui composent cette liste comme
l’ex-membre du Front National Alain Soral, le président du
«Parti sioniste de France» Yahia Gouasmi ou encore Francesco
Condemi, venu de l’extrême gauche, Emmanuelle Gili, un même du
groupuscule ultra-nationaliste «Renouveau français», sont
devenus des stars médiatiques sur lesquelles la grande presse
enquête et les éditorialistes pérorent le plus sérieusement du
monde. D’ailleurs, la nouvelle coqueluche de la politique
française, Olivier Besancenot, les a exécutés par cette formule
: «Cette alliance de losers de toutes sortes est à la fois
sinistre et ridicule». Sans désavouer publiquement la démarche
de Claude Guéant, l’actuel patron de l’UMP, le parti du
président, Xavier Bertrand, s’est livré à une circonvolution qui
en dit long sur la gêne occasionnée par une telle solution :
«S’il y a le moindre propos antisémite, raciste, de la part de
Dieudonné ou de ses colistiers, il faut que cela soit sanctionné
immédiatement. La justice est là, le droit est là. Vous avez une
Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, qui sont, dans
notre pays, des valeurs intemporelles. Eh bien, qu’ils s’y
conforment». Cette affaire a fourni une occasion inespérée au
Front National de tenter de se refaire une virginité et de se
poser comme l’un des défenseurs de l’Etat de droit. Marine Le
Pen, le nouveau visage de l’extrême droite qui se veut lisse et
rassurant, à la recherche d’une respectabilité nouvelle, s’est
saisie de cette affaire pour donner une leçon de tolérance à ses
détracteurs : «Nous sommes dans un Etat de droit. Je ne veux pas
laisser à un gouvernement quel qu’il soit le soin d’interdire a
priori une liste quelle qu’elle soit (…) Il y a des tribunaux
dans notre pays, il y a des lois, il y a des inéligibilités
d’ailleurs qui parfois sont prononcées, mais en aucun cas, un
gouvernement ne peut dire: nous considérons que a priori vous
n’aurez pas le droit de vous présenter».
Devant un tel flot de critiques, Claude Guéant pourra toujours
arguer qu’il a voulu, à travers une telle initiative poser des
balises rouges à une campagne qui risque de déraper… Mais la
thérapie peut s’avérer plus dommageable que le diagnostic. Mustapha
Tossa
DNCP à Paris
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de diffusion réservés
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Aujourd’hui le Maroc 2009
Publié le 14 mai 2009 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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