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Aujourd'hui le Maroc
France
: Bernard Kouchner en tournée au Proche-Orient
Mustapha Tossa
11
septembre 2007 La tournée
que le ministre français des Affaires étrangères, Bernard
Kouchner, vient d’entamer, hier lundi, au Proche-Orient
constitue pour lui, à n’en pas douter, un des premiers
exercices de libération et d’épanouissement de l’oppressante
tutelle de l’Elysée. Les apparences ne le
disent pas aussi clairement. Mais la tournée proche orientale que
vient d’entamer, hier lundi, le ministre français des Affaires
étrangères constitue pour lui, à n’en pas douter, un des
premiers exercices de libération et d’épanouissement de
l’oppressante tutelle de l’Elysée. Le chef de la diplomatie
française s’est donné le luxe d’une semaine ouvrable pour
aller vérifier sur le terrain les opportunités de la paix entre
Palestiniens et Israéliens à la veille de la fameuse rencontre
internationale prônée par les Américains, les progrès du
dialogue libanais initié sous la houlette de la France à la
Celle-Saint-Cloud et éventuellement s’enquérir de l’état
d’esprit des dirigeants syriens face à la nouvelle donne régionale
même si aucun déplacement officiel n’est programmé sur Damas.
L’étape israélo-palestinienne sera sans conteste la plus
attractive du périple de Bernard Kouchner pour deux raisons
principales : la première est qu’il s’agit de sa première
visite à l’Etat hébreu depuis qu’il a pris ses fonctions au
Quai d’Orsay, la seconde est que la crise entre Israël et les
Palestiniens semble être un des rares sujets sur lesquels la
religion de Bernard Kouchner semble être faite. Il vient de la résumer
au quotidien israélien Yediot Aharonot : «Voici longtemps
que je m’évertue à convaincre les deux parties de la nécessité
de deux Etats, l’un à côté de l’autre. Tous les membres de
votre gouvernement, et même monsieur Netanyahou, sont conscients
de cette nécessité. Alors, qu’attend-on? Pourquoi Israël ne
proclame-t-il pas qu’il est prêt à reconnaître un Etat
palestinien?». Dans le chapitre des inaugurations à forte résonnance
politique, Bernard Kouchner profitera de ce voyage pour lancer le
centre culturel français «Chateaubriand» à Jérusalem Est. Les
médias et les politiques israéliens seront très attentifs aux
petits gestes et aux grandes phrases de Bernard Kouchner destinés
à faire oublier la réputation et la suspicion pro-arabe de la
France, résidus de l’ère Chirac.
La vie de Bernard Kouchner au Quai d’Orsay n’a pas toujours été
un long fleuve tranquille. Depuis qu’il a tourné le dos à sa
famille socialiste en succombant aux sirènes séductrices de
l’ouverture de Nicolas Sarkozy, il s’est transformé en stand
de tir favori de la rue de Solferino, siège du Parti socialiste.
Les accusations « d’amateurisme » pleuvent de partout
lorsqu’il se prend les pieds dans le puzzle irakien. Bernard
Kouchner avait, dans une interview à «Newsweek», réclamé, en
des termes crus, la démission du Premier ministre Nouri El Maliki
et son remplacement par l'un des vice-présidents irakiens, le
Chiite Adel Abdoul Mahdi. Ce qui avait entrainé une réaction éruptive
du gouvernement irakien : «Le ministre français des Affaires étrangères
a réclamé la chute de ce gouvernement et la formation d'un
nouveau. Nous ne pouvons pas qualifier cela de diplomatique. Nous
invitons le gouvernement de la France, et pas le ministre, à présenter
des excuses». Bernard Kouchner s’était fondu d’une bafouille
qui fait de son prochain voyage à Bagdad une perspective
lointaine.
Il fut présenté comme le dindon de la farce dans l’affaire des
infirmières bulgares et le docteur palestinien libérées, entre
autres, par l’activisme très privé du trio élyséen Nicolas
et Cecilia Sarkozy et le secrétaire général, l’omniprésent
Claude Guéant. L’opposition socialiste avait raillé la
marginalisation du chef de la diplomatie française dans une
affaire qui relève par essence de sa propre compétence. Seul lot
de consolation pour Bernard Kouchner, le sort peu enviable du chef
de gouvernement François Fillon qui, écrasé par la personnalité
dynamique du président de la république, se voit cantonné au rôle
de super directeur de cabinet. À plusieurs reprises, le président
Nicolas Sarkozy s’est trouvé obligé de voler au secours de son
ministre des Affaires étrangères et de lui manifester une
solidarité et une confiance appuyée. B. Kouchner se défend
contre la charge de ses anciens amis comme il peut : «Je porte
(sur le PS) un triste regard de socialiste, de social-démocrate
que je suis toujours (…) Il y a un problème de conservatisme,
de vieilles idées, d'absence d'idées nouvelles, il y a un problème
d'adaptation au temps, il y a un problème de recherche du pouvoir
chez des gens qui ne le méritent pas tous ». Par : Mustapha Tossa
DNCP à Paris
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Publié le 12 septembre 2007 avec l'aimable autorisation de : Aujourd'hui le Maroc
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