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Aujourd'hui le Maroc
Mouammar
Kadhafi brise son isolement à Paris
Mustapha Tossa
Mouammar Al Kadhafi
10
décembre 2007 En recevant le
Chef de l’Etat libyen, Nicolas Sarkozy aura à gérer le deal
que Paris avait manifestement passé avec Tripoli pour libérer
les infirmières bulgares et le médecin palestinien. De
tous les Chefs d’Etat que Paris vient d’accueillir depuis que
Nicolas Sarkozy s’est installé à l’Elysée, le président
libyen Mouammar Kadhafi est déjà en train de créer les étincelles
par une sorte d’originalité naturelle qui l’a toujours
distingué. La presse française, dans son ensemble, est déjà en
train d’aiguiser les armes de la satire pour couvrir cet événement.
Le «Guide» ne fait rien pour dissiper cette réputation. De la
gigantesque tente bédouine qu’il compte planter dans les
jardins de l’hôtel Marigny, passant par les quarante amazones
chargées de sa protection et les quatre cents membres de sa
lourde délégation, Mouammar Kadhafi provoque naturellement la
moquerie. Et s’il faut ajouter à ce portrait ses costumes
originaux aux couleurs vives, sa démarche hautaine et rigide de
quelqu’un qui sent toujours le camembert, le leader libyen est
assuré de garnir la besace des éditorialistes de saillies les
plus drolatiques. Et ce pendant les cinq longues journées que
dure son escapade parisienne.
Bien avant son arrivée, Mouammar Kadhafi dont le régime a depuis
longtemps été labellisé par les instances internationales de «terroriste»,
a déjà provoqué un débat sur le terrorisme. À la veille du
sommet UE-Afrique de Lisbonne, il lâche une grenade qui fera
beaucoup de bruit sur le bitume parisien : «Les superpuissances
ont violé la légitimité internationale, le droit international
et les Nations unies, et ont exécuté leurs décisions en dehors
de ce cadre et donc il est normal que les faibles aient recours au
terrorisme». Il n’en fallait pas plus pour que les détracteurs
de Nicolas Sarkozy se jettent sur cette opportunité pour marquer
leur opposition à cette visite. François Hollande, premier secrétaire
du Parti Socialiste s’insurge : «Accueillir Kadhafi en visite
d'Etat, le recevoir avec égard à l'Elysée, lui assurer la
gratitude de la France pour la libération d'infirmières
injustement détenues en Libye, c'est fermer les yeux devant la réalité
du régime Kadhafi qui s'est compromis avec le terrorisme hier et
le justifie aujourd'hui». Les autres symboles de l’opposition
sont montés sur leurs grands chevaux. Au «très choquant» de Ségolène
Royal avait fait écho le «c’est indigne» de François Bayrou,
tandis que Bernard Henry Lévy tranche : «On n'invite pas un
grand terroriste et un preneur d'otages international».
En plus de cette polémique sur «les conceptions» libyenne du
terrorisme, Nicolas Sarkozy aura à gérer le deal que Paris avait
manifestement passé avec Tripoli pour libérer les infirmières
bulgares et le médecin palestinien. Un troc honteux, tonne
l’opposition.
Par ailleurs, la visite de Mouammar Kadhafi recèle un enjeu économique
et industriel majeur pour la France. Nicolas Sarkozy qui, en
excellent représentant, ne rate aucune visite à l’étranger
pour vanter les dynamismes et l’attractivité des entreprises
françaises, sait les énormes opportunités que lui offre le
marché libyen. Elles ont été résumées par le fils Kadhafi,
Seif Al Islam dans un entretien au «Figaro» : «Nous allons
acheter pour plus de 3 milliards d’euros d’Airbus, un réacteur
nucléaire, et nous voulons aussi acheter de nombreux équipements
militaires. Nous négocions sur les Rafale. Des compagnies françaises
ont remporté des marchés importants, comme, par exemple, la
construction du nouvel aéroport de Tripoli. Suez et Veolia ont
aussi remporté des contrats importants dans le domaine de
l’environnement». Seif Al Islam est régulièrement présenté
comme l’héritier naturel du Raïs libyen.
Et si, en honorant sa commande d’acquérir des avions auprès de
l’industriel Dassault, Mouammar Kadhafi devenait le véritable
sauveur de l’avion militaire français «Rafale». Après sa mésaventure
sur la marché marocain, le Rafale vient de connaître un
dangereux accident industriel lorsque qu'un fleuron de ses
meilleurs spécimens utilisé par l'armée de l'air française s'était
écrasé en Corrèze lors d'une mission d'entraînement. Le pilote
n’ayant pas eu le temps de s’éjecter, est porté disparu.
Pour le Raïs libyen, Paris, qui lui déroule le tapis rouge, vaut
bien les énormes contrats qu’il s’apprête à signer. Il sait
que la France lui ouvre les portes d’une Europe qui l’a si
longtemps snobé. Les autres capitales n’auront plus de
scrupules à ouvrir leurs châteaux à l’ancien pestiféré
devenu brusquement fréquentable. Par :
Mustapha Tossa
DNCP à Paris
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© Aujourd’hui le Maroc 2007
Publié le 11 décembre 2007 avec l'aimable autorisation de : Aujourd'hui le Maroc
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