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Aujourd'hui le Maroc
Affaire
«L’Arche de Zoé» : La rude épreuve tchadienne de Kouchner
Mustapha Tossa
Bernard Kouchner
6 novembre 2007 Le
silence du ministre français des Affaires étrangères et européennes,
Bernard Kouchner, à propos du scandale que suscite
l’association «L’Arche de Zoé» provoque de vives critiques. Pour
quelqu’un qui, tout au long de sa longue carrière a montré un
appétit dévorant des médias et s’est distingué par une présence
envahissante jusqu’à l’agacement, son silence contraint sur
l’affaire de «L’Arche de Zoé» ressemble davantage à une pénitence
imposée qu’à un choix stratégique délibéré. Bernard
Kouchner, le ministre socialiste du gouvernement Sarkozy-Fillon a
brillé par une assourdissante timidité depuis le déclenchement
du scandale des enfants tchadiens qui allaient être littéralement
enlevés par une organisation non gouvernementale au label
humanitaire très contesté.
Le scandale en question signe de manière éclatante
l’effondrement de ce qui avait fait la fortune politique de
Bernard Kouchner. Ce «French doctor», que la satire politique
n’ose plus présenter sans un ridicule sac de riz sur les épaules,
a été le précurseur du fameux droit d’ingérence humanitaire
au mépris de toute forme de souveraineté des Etats, des célèbres
corridors humanitaires imposés pour extirper les malheureux
civils des antagonismes les plus meurtriers. Bernard Kouchner
s’est forgé une réputation de baroudeur de l’humanitaire
dont on retrouve les intonations enflammées et la passion
militante chez les membres zélés de «L’Arche de Zoé» tels
qu’ils apparaissent dans leurs confidences télévisées
enregistrées en plein razzia des enfants tchadiens.
Avant de rompre son silence pendant le rendez-vous politique
hebdomadaire de TV5 et Europe 1 dimanche soir, Bernard Kouchner était
apparu très en retrait dans une affaire qui, pourtant, requiert
son expertise et son savoir-faire. L’embarras du ministre était
tel que la gestion de la communication de cette crise a été
confiée à la très novice Rama Yade, secrétaire d’Etat aux
Affaires étrangères chargée des droits de l’Homme, avant que
la communication officielle ne soit reprise en main par l’Elysée
à travers son porte-parole David Martinon. Le silence de Bernard
Kouchner sur le scandale des enfants tchadiens était aussi
flagrant que son excès de parole sur la crise iranienne lorsque,
allant à l’encontre des choix diplomatiques de la majorité des
pays européens, il joue les pyromanes solitaires et parle de la
guerre comme inévitable avant même que l’arsenal diplomatique
ne soit épuisé. Outre qu’elle le met politiquement dans
l’embarras, l’épreuve tchadienne a de fortes chances
d’entacher la posture et la crédibilité de Bernard Kouchner
sur de nombreuses questions. Signe que cette crise s’inscrit
dans le temps avec une logique de sanction politique et juridique,
le Premier ministre François Fillon vient de lui commander ainsi
qu’à son collègue de la Défense une enquête officielle pour
déterminer les responsabilités dans ce qui commence déjà à
flairer le reconnaissable parfum du scandale d’Etat. La
directive de François Fillon est claire, il s’agit ni plus ni
moins de démêler les écheveaux des tribulations de cette
association «L’Arche de Zoé» au Tchad et éventuellement de détecter
les complicités dont elle a pu bénéficier au sein de
l’appareil diplomatique et militaire français: «Pour savoir
dans quelles conditions cette association a continué la préparation
de son opération, il convient de connaître les circonstances
dans lesquelles elle a pu dissimuler sur le terrain son identité
et ses agissements aux services de l'Etat, notamment ceux de
l'ambassade au Tchad».
La démarche de François Fillon semble être une réponse à une
violente charge menée par le Parti socialiste contre le chef de
la diplomatie française : «il semble en effet que non seulement
les autorités françaises étaient au courant du projet de cette
association, mais que des autorisations et des assurances aient été
données à cette ONG française pour se rendre au Tchad et
utiliser les moyens des services français, diplomatiques et
militaires. Les responsables de cette association ayant été reçus
par le Quai d'Orsay, il ne suffisait pas de les prévenir, il
fallait les empêcher d'agir». Il paraît clair, aujourd’hui,
que quelle que soit la position à adopter sur le sujet et au delà
de la condamnation officielle de ces actes déjà formulée par
les plus hautes autorités de l’Etat, Bernard Kouchner se trouve
sur le fil du rasoir. «L’Arche de Zoé» ainsi que de
nombreuses organisations humanitaires, qui avaient fait du
dynamitage de la souveraineté des Etats leur raison d’être ,
font partie de l’héritage humanitaire qui non seulement
l’avait rendu célèbre dans le monde mais avait permis sa
captation par Nicolas Sarkozy et son entrée au gouvernement.
Bernard Kouchner se trouve pris dans ce piège : comment condamner
sans se renier. Par :
Mustapha Tossa
DNCP à Paris
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© Aujourd’hui le Maroc 2007
Publié le 7 novembre 2007 avec l'aimable autorisation de : Aujourd'hui le Maroc
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