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Aujourd'hui le Maroc
France:
Ségolène Royal renaît de ses cendres
Mustapha Tossa
Ségolène Royal
5
décembre 2007 Après une
longue disparition de la scène politique, Ségolène Royal est de
retour. Elle vient de publier un livre intitulé «Ma plus belle
histoire, c’est vous» aux éditions Grasset. Personne
ne connaît réellement la vraie raison de la disparition de Ségolène
Royal de la scène politique française au lendemain de sa défaite
aux présidentielles. Etait-ce le charme d’une candidature inédite
qui s’est brusquement rompu avec l’amer goût de l’inachevé
ou était-ce l’omniprésence du triomphalisme de Nicolas Sarkozy
qui, tel un incontrôlable tornade, déglingue tout sur son
passage.
En tout cas, Ségolène Royal ne repassait une tête dans la
lucarne de l’actualité que pour rappeler le pourcentage des 47%
de Français qui avaient voté pour elle, un chiffre qui, à lui
seul, était censé servir de garant de légitimité. Alors que le
Parti socialiste s’apprêtait à opérer douloureusement sa
mutation entre faux socialistes séduits par les sirènes de la
droite et vrais durs tentés par la démarche de l’extrême
gauche, la parole de Ségolène Royal était devenue tellement
rare que pour réaliser sa dernière interview, le journal «Libération»
toujours catalogué à gauche, était obligé de se déplacer à
Rome pour reccueillir la parole de Ségolène.
Même physiquement absente, Ségolène Royal n’avait pas quitté
le fronton des librairies. Les livres des personnalités
socialistes qui avaient tenté d’analyser sa défaite se
comptaient par dizaines. La réponse et l’explication de Ségolène
Royal étaient donc très attendues.
Elle vient de les livrer dans un livre qui fait couler beaucoup
d’encre. Intitulé «Ma plus belle histoire, c’est vous» aux
éditions Grasset, ce livre s’inscrit dans une démarche qui «rend
des comptes» selon l’expression utilisée par Ségolène Royal
et non qui les règle comme semble le suggérer l’atmosphère de
fin de règne qui assombrit le Parti socialiste.
La presse française est unanime à considérer qu’une des
principales révélations de ce livre est la rencontre ratée
entre les deux tours, entre Ségolène Royale et le leader
centriste François Bayrou. Rencontre qui, selon beaucoup, aurait
pu changer la donne si elle avait eu lieu.
Voici comment Ségolène Royal raconte ce rendez vous manqué dans
une scène que ne renierait pas Sacha Guitry. François Bayrou se
trouvait dans son appartement parisien. Ségolène Royal est dans
sa voiture en bas de l’immeuble.
Au téléphone, elle propose de venir le voir. Horrifié, François
Bayrou pousse des cris selon la narration de Ségolène : «Non,
non, ne montez pas, il y a du monde dans la rue». Il n’y a
pourtant pas un chat, à cette heure tardive, dans cette
tranquille rue du VIIe arrondissement de Paris. Mais, «comme un
amoureux qui craint la panne ou un adultère risqué (…) le
cheval a reculé devant l’obstacle». Les journalistes se sont
rués sur François Bayrou pour commenter cette étrange scène.
Il l’a confirmée en la délestant de sa théâtralité : «Ségolène
Royal a voulu me rencontrer entre les deux tours, et elle a voulu
me rencontrer chez moi (…) J'ai pensé que ce serait forcément
mal interprété, je n'ai pas souhaité donner suite à cette
demande car je pensais qu'elle serait forcément ambiguë, qu'il y
aurait forcément quelque chose de surinterprété, et je ne
voulais pas me prêter à ce genre de manœuvres».
L’opposition socialiste à Ségolène Royal s’est vite emparée
de cet épisode cocasse pour valider ses choix comme l’a fait
Claude Bartolone le député de la Seine Saint-Denis : «L'épisode
vaudevillesque de son rendez-vous raté avec Bayrou est sur ce
sujet l'unique révélation du livre. Après nous avoir expliqué
que le SMIC à 1.500 euros était une erreur, puis que les 35
heures étaient une faute, qu'elle lui ait proposé le poste de
Premier ministre aggrave son cas». Le livre de Ségolène Royal
contient une dénonciation méthodique du «système Sarkozy» qui
repose sur l’aliénation des patrons des grands groupes
industriels, financiers et de communication, qui l’ont «soutenu
comme un seul homme» : Bouygues, Bolloré, Arnaud, Lagardère,
Dassault. Il contient aussi une douloureuse confidence sur son ex
compagnon François Hollande dont le soutien lui a manqué.
Elle va jusqu’à affirmer que : «pour gagner la
prochaine fois, il faudra le soutien de tout un parti et d'un
compagnon amoureux, à fond avec la candidate». Ce qui est
absolument certain pour Ségolène Royal, c’est qu’il y aura
une «prochaine fois». Et c’est le grand message de son livre. Par :
Mustapha Tossa
DNCP à Paris
Droits de reproduction et de diffusion réservés
© Aujourd’hui le Maroc 2007
Publié le 6 décembre 2007 avec l'aimable autorisation de : Aujourd'hui le Maroc
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