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Aujourd'hui le Maroc
Olivier
Besancenot sort le joker de la candidate voilée
Mustapha Tossa
Photo Aujourd'hui le Maroc
Vendredi 5 février 2010
Olivier Besancenot a toutes les raisons de vouloir
remonter les pentes de l’opinion et de retrouver les premières
loges de l’actualité politique.
Si l’objectif de la manœuvre était de faire parler du Nouveau
parti anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot, de le sortir
d’un impitoyable anonymat dans lequel il est retombé après une
brusque gloire médiatique, elle vient de réussir au-delà de
toute espérance. La manœuvre est bien sûr la décision du NPA de
présenter en position éligible, pour les prochaines élections
régionales, une candidate voilée, Ilham Moussaïd, 25 ans,
étudiante, trésorière départementale du NPA et membre du «comité
populaire» à Avignon. Cela se passe dans le Vaucluse. L’affaire
fait un si grand bruit pour deux raisons principales. La
première est qu’elle intervient dans un contexte politique
extrêmement alourdi par un débat électrique sur l’identité
nationale et une controverse générale, non moins tranchée, sur
le port de la burqa sous le ciel républicain. La seconde est que
le parti qui ose une telle décision est celui qui avait fait de
la défense de la laïcité et du féminisme un fonds de commerce
non négociable. Cette décision du parti d’Olivier Besancenot
fut critiquée de toutes parts. Entre ceux, à gauche, qui lui
reprochent de faire rentrer la religion dans le champ de la
République alors qu’elle doit rester du domaine privé. Et ceux,
à droite, qui l’accusent d’instrumentaliser la pratique
religieuse à des fins électoralistes, Olivier Besancenot ne s’en
sort pas indemne. Il fut même accusé, de tenter, à travers, un
tel casting, de mobiliser un vote communautariste sur la base
d’une religion à un moment où la gauche dans son ensemble
exprime quelques difficultés à reconquérir le vote ouvrier.
Mais la critique la plus porteuse lui fut adressée par la Ligue
du droit international des femmes qui avait eu pour ancienne
figure de proue Simone de Beauvoir. Elle reproche à Olivier
Besancenot son double langage. D’un côté, «il se revendique
comme le parti des opprimés mais de l’autre, adhère à un symbole
(qui) signifie ségrégation entre les sexes». Critiqué de toutes
parts et souvent avec la revanche que dictent de vieilles
rancunes et des règlements de compte encore vivaces, Olivier
Besancenot avait tenté d’expliquer ce choix: «La foi est une
question privée qui ne saurait faire obstacle à la participation
à notre combat dès lors que les fondamentaux laïcs, féministes
et anticapitalistes de notre parti sont sincèrement partagés».
Olivier Besancenot pourra toujours arguer que le NPA est en
train de pratiquer la diversité à sa manière, intégrer, ne pas
exclure. A condition que le socle militant sur lequel repose le
NPA ne soit pas entamé par ce bout de tissu et la somme de
significations qui va avec. Olivier Besancenot a toutes les
raisons de vouloir remonter les pentes de l’opinion et de
retrouver les premières loges de l’actualité politique. Après
avoir un moment réussi à faire trembler le Parti socialiste de
Martine Aubry en se présentant comme la principale force sociale
d’opposition à Nicolas Sarkozy et à ses plans de réforme, il dut
vite déchanter lorsque les élections européennes lui apportèrent
de médiocres résultats. La suprématie qu’il voulait imposer à
gauche fut vite déjouée par le Front de gauche formé par
l’ancien socialiste Jean-Luc Mélenchon associé dans cette
aventure à des communistes purs et durs. Mustapha
Tossa
DNCP à Paris
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Aujourd’hui le Maroc 2010
Publié le 8 février 2010 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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