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Aujourd'hui le Maroc
« Le monde selon K » écorne l'image de
Bernard Kouchner
Mustapha Tossa
Photo: Aujourd'hui le Maroc
Jeudi 5 février 2009
Bernard Kouchner est accusé d’avoir vécu un conflit d’intérêt
aigu entre sa fonction de ministre de la République et son
ancienne occupation de consultant de certains pays africains
dans le domaine de la santé.
A dire vrai, voilà un livre qui tombe très mal pour le ministre
français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, une des
personnalités les plus populaires et les plus aimées par les
Français. A quelques courts petits mois d’un remaniement
gouvernemental, le livre de Pierre Péan, «Le monde selon K» paru
hier mercredi aux éditions Fayard, sonne comme une violente
charge contre le «French doctor» d’obédience socialiste devenu
caution d’ouverture pour Nicolas Sarkozy.
Il s’agit d’un portrait extrêmement bien fouillé de la
personnalité et de l’itinéraire de Bernard Kouchner. Et au
passage d’un chapitre, Bernard Kouchner est accusé d’avoir vécu
un conflit d’intérêt aigu entre sa fonction de ministre de la
République et son ancienne occupation de consultant de certains
pays africains dans le domaine de la santé. Pierre Péan accuse
Bernard Kouchner d’être intervenu auprès de Omar Bongo le 25 mai
2007, alors qu’il était déjà nommé à la tête de la diplomatie
française, pour réclamer le paiement de 800.000 euros de
factures établies par deux sociétés de conseils, Africa Steps et
Imeda créées en 2002 par deux de ses proches. Bernard Kouchner
aurait dû s’inquiéter en apprenant qu’un écrivain comme Pierre
Péan enquête sur lui.
L’homme est un poids lourd du journalisme d’investigation à la
française, un fleuron de ces rares enquêteurs qui prennent
vraiment le temps d’ausculter leur proie avant de fondre sur
elle avec une passion manifeste de destructeur de mythes.
Dans sa besace, Pierre Péan collectionne des icônes aussi
puissantes que «l’irréprochable» jeunesse de François
Mitterrand, l’inattaquable citadelle qu’était la chaîne du
bétonneur Bouygues TFI ou le mythique journal de Hubert Beuve-Mery
«Le Monde», sans parler de ces innombrables affaires qui font le
charme très particulier de ce qu’il est convenu d’appeler «La
FrançAfrique».
Cette violente charge contre Bernard Kouchner n’est pas passée
inaperçue. Opposition comme majorité ont tenu à la commenter en
des termes qui en disent long sur la suite que pourrait prendre
ce débat.
Il faut dire que ce genre d’ouvrage est susceptible de coaguler
contre Bernard Kouchner deux types d’hostilité. Celle de
personnalités au sien de la majorité présidentielle qui n’ont
jamais accepté que Nicolas Sarkozy pousse l’ouverture jusqu’à
offrir sur un plateau d’argent des postes aussi prestigieux,
aussi emblématiques que le ministère des Affaires étrangères à
ses adversaires, et celle au sein de l’opposition qui n’a jamais
avalé la «trahison» d’une icône aussi puissante que Bernard
Kouchner, parti «vendre» ses services à l’homme qui a
provisoirement mis à genoux la gauche et ses symboles.
Dans le couloirs de l’Assemblée, le député UMP Claude Goasguen,
la mine contrite, ne savait plus à quel saint vouer sa
«surprise» : «Il faut d'abord qu'il s'explique et après il faut
voir s'il y a des poursuites ou s'il n'y en a pas. Cela étant,
on est tombé des nues quand même, c'est une mauvaise surprise».
L’opposition a ourdi ses armes et semble pratiquer une vengeance
différée. Le deputé vert Yves Cochet exige ce qui doit être un
cauchemar pour Bernard Kouchner : «Je crois qu'il doit être
interrogé par la commission des Affaires étrangères de
l'Assemblée, longuement, lors d'une audition», tandis que le
chaud bouillant député socialiste Arnaud Montebourg lance comme
un défi au ministre des Affaires étrangères : «Si Bernard
Kouchner a encore un honneur, il doit enfin s’expliquer
sérieusement». Mais le summum du commentaire ambigu fut celui de
Martine Aubry, lorsque mi-fielleuse, mi candide, elle
lance : «je crois que Bernard Kouchner est un honnête homme. Je
pense qu’il aime un peu trop le pouvoir, c’est peut-être pour
cela qu’il est là où il est». Mustapha
Tossa
DNCP à Paris
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Aujourd’hui le Maroc 2009
Publié le 6 février 2009 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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