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Aujourd'hui le Maroc
Sarkozy recadre son approche diplomatique
au Proche-Orient
Mustapha Tossa
Photo: Aujourd'hui le Maroc
Mardi 3 février 2009
En arrivant à Paris, au terme de sa tournée proche-orientale,
George Mitchell visait manifestement à tenir informée la
diplomatie française de ses premières constatations.
Alors qu’on le disait plongé dans une lourde tentative de
retisser un dialogue entre le gouvernement et les partenaires
sociaux au lendemain de l’imposante manifestation de
protestation nationale du 29 janvier, voilà que Nicolas Sarkozy
entrouvre une parenthèse diplomatique extrêmement fournie avec
l’ambition affichée de recadrer l’approche diplomatique
française de la crise du Proche-Orient. Les mauvaises langues et
autres incurables jaloux pourront toujours mettre cette
hyperactivité sur le compte de l’hyper présidence d’un homme
capable d’accorder un entretien avec la même intensité aussi
bien à un obscur responsable syndical qu’à un acteur majeur de
la grand crise du Proche-Orient. Pourvu que cela cadre avec un
objectif de communication revendiqué, celui d’occuper le terrain
à tout prix.
La séquence diplomatique parisienne d’hier lundi était segmentée
en trois temps destinés à donner une nouvelle cohérence et une
plus grande visibilité à cette nouvelle approche diplomatique
française. Le premier temps fut la rencontre, la première du
genre, entre l’envoyé spécial de Barack Obama au Proche-Orient
George Mitchell et le ministre français des Affaires étrangères
Bernard Kouchner. George Mitchell venait de terminer une tournée
très suivie au Proche-Orient qui lui a permis de visiter des
contrées comme l’Egypte, Israël, Ramallah, la Jordanie et
l’Arabie Saoudite. Objectif premier de cette visite : un premier
contact avec les principaux acteurs de la région pour écouter
leurs doléances et leur faire parvenir les attentes de la
nouvelle administration américaine. En posant le pied à Paris,
au terme de cette tournée, George Mitchell visait manifestement
à tenir informée la diplomatie française de ses premières
constatations. D’autant qu’il n’aura échappé à personne que
l’étape syrienne a été soigneusement évitée pour cette première
grande tournée de l’émissaire américain. Or, il se trouve que
Nicolas Sarkozy, qui entretient d’excellentes relations avec le
président syrien Bachar Al Assad, vient de dépêcher à Damas le
sénateur UMP Philippe Marini dans une mission «d’études,
d’analyse et de contacts» sur le Proche-Orient. Ce qui laisse
présager qu’outre de tenir informé un allié européen important
de la nouvelle stratégie de la Maison-Blanche, George Mitchell,
le célèbre artisan des accords de paix entre Irlandais, glanera
à Paris quelques informations sur l’état d’esprit et les
disponibilités des autorités syriennes. Le second temps
diplomatique de cette journée fut la réception à l’Elysée du
Premier ministre du Qatar et ministre des Affaires étrangères,
cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani. Entre Nicolas Sarkozy et
l’émir du Qatar, il y a comme une admiration et une fascination
pour l’hyperactivisme de ce riche petit Emirat gazier du Golfe.
L’amitié entre les deux hommes fut scellée presque publiquement
lorsque en juillet 2007, la diplomatie souterraine et
relativement peu discrète du Qatar avait aidé à la conclusion
d’un deal entre Nicolas Sarkozy et le Rais libyen Mouamar
Kadhafi pour la libération des infirmières bulgares et du
médecin palestinien.
A un moment où même Tony Blair, le président du Quartette estime
que les islamistes du Hamas devraient être partie prenante du
processus de paix israélo-palestinien, la diplomatie du Qatar
sera encore sollicitée pour établir des ponts de communication
entre le Hamas et son environnement palestinien et régional. Le
Qatar a de précieuses cartes à jouer puisque Doha a été une des
rares capitales arabes à exprimer un soutien explicite au Hamas
au moment où ce dernier était soumis au pilonnage aveugle de la
machine de guerre israélienne. Le troisième temps diplomatique
de journée fut la rencontre à l’Elysée entre Nicolas Sarkozy et
le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas qui
débute par Paris une tournée européenne. C’est un Mahmoud Abbas
défié dans son leadership et extrêmement remonté contre le Hamas
qui rencontre Nicolas Sarkozy.
La veille au Caire, Mahmoud Abbas avait utilisé un langage
incendiaire à l’égard du mouvement islamiste palestinien qui
propose de penser à une autre légitimité alternative à l’OLP.
Mahmoud Abbas est furax : «Ces gens ont risqué la vie du peuple,
(...) le sang du peuple, la destinée du peuple, le rêve et
l'espoir du peuple d'établir un Etat palestinien indépendant (…)
Et pourquoi? En toute franchise, à cause d'agendas qui ne sont
pas palestiniens».
Mustapha Tossa
DNCP à Paris Droits
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Aujourd’hui le Maroc 2009
Publié le 4 février 2009 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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