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L'EXPRESSIONDZ.COM
L'ORDRE MONDIAL INJUSTE
L'avenir se joue en Palestine
Mustapha Chérif
Jeudi 26 mai 2011
Destruction de maisons et champs agricoles
pour affamer et faire fuir les Palestiniens.
Que se passera t-il en Septembre 2011 aux
Nations unies à propos de la Palestine? Le recul du droit, la
loi de la jungle et la politique du deux poids, deux mesures
ruinent les relations internationales. L’ordre mondial dominant
est injuste partout. La situation en Palestine symbolise cette
situation dramatique. L’injustice bat son plein et l’ordre
mondial chaotique, si prompt à s’ingérer dans d’autres conflits
et crises, semble paralysé ou complice en ce qui concerne la
Palestine. L’occupant israélien intensifie sa politique féroce
de répression dans les territoires palestiniens, où il mène des
arrestations et des agressions meurtrières, sans que les grandes
puissances n’interviennent.
Le régime sioniste panique
Le régime sioniste, conduit par l’extrême droite, semble
paniquer au moment où les mouvements Fatah et Hamas s’attèlent à
mettre en oeuvre l’accord de réconciliation inter-palestinien,
devant conduire à l’annonce d’un nouveau gouvernement et d’un
Etat palestinien indépendant en Septembre prochain. Il s’agit de
relancer et parachever le processus de la libération et de
recouvrer des droits légitimes.
Il n’y a pas d’alternative à l’unité des rangs palestiniens et
des Arabes pour changer le rapport de force et faire face au
sionisme extrémiste qui refuse la création d’un Etat
palestinien. L’accord paraphé le 4 mai 2011 entre les factions
palestiniennes est qualifié d’ «historique» par les
Palestiniens, un moyen sage de rebâtir l’unité face à la
politique aveugle de répression d’Israël, qui sape les efforts
de paix au Proche-Orient en poursuivant ses activités de
colonisation illégales.
Dans sa tentative violente de faire entrave à tout aboutissement
du processus de réconciliation entre les Palestiniens, ainsi
qu’à la création de leur Etat indépendant à l’approche de
l’échéance de septembre, Israël réprime dans l’impunité totale.
Il procède à des arrestations arbitraires de Palestiniens en
Cisjordanie, après les répressions sanglantes des manifestations
commémorant le 63e anniversaire de la «Nakba», qui ont fait des
dizaines de morts et des centaines de blessés.
Destructions de maisons et de champs agricoles pour affamer et
faire fuir les Palestiniens, plus d’une centaine d’entre eux
sont arrêtés tous les jours, lors d’interventions criminelles de
la soldatesque israélienne à El-Qods et partout dans les
territoires occupés. Ils s’ajoutent à plus de dix mille
prisonniers politiques, dont des femmes et des enfants. Le
rapporteur spécial de l’ONU pour les Territoires palestiniens,
Richard Falk, a alerté récemment la communauté internationale
sur la terrible situation des enfants palestiniens «touchés de
manière disproportionnée par l’occupation israélienne».
Depuis dix années, plus de 1335 enfants palestiniens ont été
tués dans les Territoires occupés, en plus des 1500 personnes
assassinées durant l’offensive monstrueuse de l’hiver 2009 dans
la bande de Ghaza. Les soldats israéliens tous les jours ouvrent
le feu sur les Palestiniens, dans le contexte d’un blocus
israélien implacable, pire que l’apartheid raciste.
Ces nouvelles escalades israéliennes dans les territoires
occupés, interviennent à l’approche de l’annonce de la formation
du nouveau gouvernement palestinien, découlant de l’accord de
réconciliation que les populations attendent avec impatience.
Les discussions inter- palestiniennes concernent également, la
mise en place d’une commission spéciale pour la réélection du
Conseil national palestinien.
Persévérer dans la voie de l’offensive diplomatique
La conclusion de cet accord, consécration de la réconciliation
palestinienne dans un cadre démocratique, a été saluée par la
communauté internationale qui a réitéré son appel à de nouveaux
efforts pour relancer le processus de paix israélo-palestinien
qui doit déboucher sur une solution à deux Etats. Cependant, les
grandes puissances ne joignent pas le geste à la parole. Les
Palestiniens et les Arabes n’ont pas d’autre choix que de
persévérer dans la voie de l’offensive politique et
diplomatique. Le retour à la légalité internationale et l’équité
s’impose. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud
Abbas, a souligné que la requête des Palestiniens pour obtenir
auprès de l’ONU une reconnaissance internationale de leur Etat
indépendant, n’était pas une «manoeuvre», mais un acte qui
contribuera aux efforts de paix: «Notre recherche de
reconnaissance de l’Etat palestinien indépendant dans le cadre
des frontières de 1967 et ayant El-Qods pour capitale, n’est pas
une manoeuvre». «Trop de nos hommes et femmes ont péri pour que
nous puissions pratiquer un tel théâtre politique», a écrit
M.Abbas dans une tribune libre publiée par le New York Times.
Il a réaffirmé la détermination de l’Autorité palestinienne à
insister devant l’Assemblée générale de l’ONU pour garantir le
droit pour le peuple palestinien de vivre libre «parce que nous
avons négocié avec Israël pendant vingt ans sans nous rapprocher
de la création d’un Etat palestinien». Les Etats-Unis, malgré
les promesses ou espoirs suscités par l’actuelle administration,
semblent ne pas se presser face à la folie coloniale sioniste.
La récente démission de l’envoyé spécial des USA est
significative.
La déception était déjà grande parmi les peuples arabes et celle
de tous les citoyens justes du monde entier, l’année dernière
après le veto des USA au Conseil de sécurité de l’ONU pour
bloquer un projet de résolution arabo-palestinien appelant à la
condamnation de la colonisation illégale des territoires
palestiniens par Israël. Mais, dans son dernier discours du 19
mai 2011 relatif aux relations entre le Monde arabe et les USA,
le président Barack Obama a affirmé un principe important: que
les frontières d’Israël et d’un futur Etat palestinien devaient
être fondées sur celles de 1967. Cependant, la question du délai
reste incertaine: «Il faudra se mettre d’accord sur la durée de
cette période de transition...». Vigilance et espérance doivent
êtres de mise.
L’avenir des relations entre les deux rives de la Méditerranée,
entre l’Occident et le Monde musulman, entre le Nord et le Sud
se joue aussi en Palestine. Sans le règlement juste et définitif
de la question palestinienne, il n’y aura pas d’avenir. Le
néocolonialisme cherche à dominer sur la base de la colonisation
de la Palestine, de l’affaiblissement et division du Monde
arabe. Les injustices commises contre les Palestiniens en
particulier, les Arabes en général, d’hier à aujourd’hui, le
refus du droit à la différence et la crise de civilisation
tiennent, entre autres, au fait que l’Europe traîne un complexe
depuis la Seconde Guerre mondiale.
Les séquelles du passé, les richesses du Monde arabe et sa
version vivace d’un autre modèle civilisationnel attisent des
convoitises.
Le système mondial otage
Une partie de l’Occident, sur la question centrale
palestinienne, semble sourde. Pourtant, c’est, entre autres,
cela qui peut débloquer le rapport Islam-Occident. La politique
impunie de l’apartheid des territoires occupés signifie que le
système mondial impose un ordre inhumain. Il bloque, depuis plus
de quarante ans, la solution diplomatique. Il vote sans cesse
contre toute résolution de l’ONU qui condamne les colonies.
L’argumentation, qui prétend que les juifs sont différents de
tous les autres peuples, se posant comme nantis d’un droit
politico-religieux exclusif, est irrationnelle. Plus encore,
elle fonde une politique sur l’idée fallacieuse de l’invention
d’un ennemi.
Les théoriciens néoconservateurs, de Fukuyama à Huntington,
considèrent depuis longtemps, que le musulman est le nouvel
ennemi. Cette propagande comme diversion, est en train de
prendre une dimension démesurée dans le cadre de l’islamophobie
et les débordements de l’extrême-droite en Europe.
Jusqu’à quand vont durer les exclusions, les discriminations et
les agressions qui produisent désespoirs, extrémismes et culture
de la colère au Sud et culture instrumentalisée de la peur au
Nord? Depuis l’arrivée du président Obama, il y a un changement,
une lueur d’espoir, mais elle semble changer la forme et non
point le fond et surtout tarde à se traduire dans les faits.
La politique sioniste, qui se déchaîne contre le peuple
palestinien et les musulmans, n’a pas été contrecarrée par une
réaction mondiale. Alors que plus de soixante-dix résolutions
onusiennes existent en la matière. Résoudre le problème doit se
poser en termes de démocratie, de droit et d’égalité et non en
termes mythiques et raciaux. Le respect du droit des peuples, le
pluralisme et la recherche d’une nouvelle civilisation commune
ne peuvent se réaliser si l’innommable injustice persiste.
Comme on ne cesse de le répéter, notre époque a besoin de sages
pour rebâtir des ponts et renouer avec le vivre-ensemble. Tout
en étant conscient des problèmes du Monde arabo-musulman, des
pesanteurs, de l’asymétrie des forces et des déséquilibres et
sachant que la justice envers autrui est au coeur de toute
dynamique porteuse d’avenir, l’homme de bonne volonté ne peut
que choisir le débat pour rétablir le droit et l’équité.Ce qui
se joue en Palestine c’est l’avenir des peuples.
Reste à changer le rapport de force dans le Monde arabe en se
réformant, en se modernisant, en produisant des richesses et en
mettant l’accent sur une politique hardie de communication, afin
de sensibiliser l’opinion publique internationale sur la
justesse de la cause. Retrouver des normes universelles qui
organisent les relations entre les peuples est une des tâches
essentielles de notre temps. L’Algérie, dont la position est
exemplaire, peut contribuer à un nouvel ordre international
juste. Pour parvenir à des normes de civilisation et un nouvel
ordre juste, il faut commencer par démocratiser les relations
internationales.
La colonisation en Palestine et la mondialisation à sens unique
et inégalitaire sont nuisibles à la paix, d’où l’importance de
mettre l’accent sur l’impératif de justice et la solidarité. Il
n’y a pas de paix sans justice et pas d’alternative raisonnable
au vivre- ensemble.
Mustapha Chérif, Professeur des Universités
www.mustapha-cherif.net
Droits de reproduction et de diffusion
réservés © L'Expression
Publié le 26 mai 2011 avec l'aimable autorisation de l'Expression
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