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VENEZUELA: NOTES DE VOYAGE
Chavez
prophète en son pays
Mohammed Zerrouki
Hugo Chavez lors de son élection
21 août 2007 Il
est l’idole des pauvres et des laissés-pour-compte.
Ils sont la majorité soit environ 80% de la population. Du
hublot de l’avion on voit Caracas, capitale du Venezuela, se
dessiner sur les flancs d’une haute chaîne de montagnes
verdoyantes. La complémentarité du bleu de la mer et du vert du
paysage est brisée par un ensemble de buildings et de bidonvilles
qui se côtoient.
Le taxi, qui nous transporte de l’aéroport au centre de la
ville, se fraye un passage à «l’algérienne» avec pas
moins de trois heures de temps. Nous noterons que
l’embouteillage s’étalant sur plusieurs kilomètres est dû
à la restauration d’un pont.
Aussi, l’accueil que nous réserve ce pays appelé par
Christophe Colomb «Terre de grâce» sera surprenant. En
effet, les hôtels affichent, pour la plupart, complet et c’est
ainsi que le sort nous mène tout droit vers un établissement
trois étoiles appelé «Brodway». Malheur à nous car le
quartier appelé Chacaito où se situe notre gîte est malfamé ou
plutôt insécurisé. Une nuit et le lendemain l’hébergement
est assuré dans un hôtel d’Altamira, quartier où est domiciliée
notre ambassade.
A propos de l’insécurité, il faut savoir qu’au Venezuela la
police nationale est inexistante et que la sécurité, l’ordre
et la circulation sont assurés par une police municipale, c’est
un héritage des ex-dirigeants du pays. Chavez est en train de réviser
cette option et veut avoir sa Sûreté nationale.
Chavez l´idole
D’ailleurs, les annonces des assassinats quotidiens vous donnent
froid dans le dos, en moyenne plus d’une cinquantaine de
meurtres déclarés sont inscrits par semaine sur les registres
officiels. Il s’agit surtout de règlements de comptes type
vendetta ou entre narcotrafiquants ainsi que de personnes attaquées
pour vol.
L’absence de l’Etat durant le règne d’avant Chavez, dans
des quartiers comme Petare, a laissé pourrir la situation.
Toutefois, il n’est pas étonnant de voir des sortes d’abris
ou de guérites de policiers municipaux dans des quartiers huppés
de Caracas tels Chacao ou Altamira portant la mention «Zone sécurisée».
S’il y a bien un homme vénéré au Venezuela, c’est bien Hugo
Chavez. Il est l’idole du peuple, mais celui des pauvres et des
laissés-pour-compte. Ils sont la majorité de la population vénézuélienne,
soit environ les 80%.
Pour s’approcher plus de son peuple, Chavez, en bon orateur,
s’adresse directement à lui trois fois par semaine lors d’une
émission intitulée: «Allo Président», sous forme de débats.
Tous les jeudis à la télévision et deux fois à la radio. A
vrai dire, c’est un show où le rire se mêle à la crudité des
mots et des phrases qui embaument le coeur de ces citoyens qui ont
si longtemps été considérés comme la classe des intouchables.
Il est bon de savoir que sur plus de 26 millions de Vénézuéliens
que compte le pays, sept sur dix n’avaient pas de carte
nationale d’identité, pis encore, ils n’étaient même pas
inscrits sur les registres de l’état civil. On naissait comme
des lapins au Venezuela, sans nom patronymique et sans repère en
somme des citoyens nés exclus de la société. Comment, dans de
telles conditions, ne nourri-t-on pas le crime et la délinquance?
L’insécurité trouvait ses racines dans ce monde de
l’inconnu.
En avril 2004, Chavez, dans le cadre de l’instauration des différentes
entités appelées «missions», crée celle de l’identité
nationale. Elle sera chargée de faire bénéficier des millions
de Vénézuéliens et d’étrangers de l’obtention de la carte
nationale d’identité et de leur inscription sur les registres
d’état civil. L’opération suit son cours actuellement.
Si le président vénézuélien a créé ces missions, c’est
parce que, affirme-t-on, l’administration ne lui était pas obéissante.
Pour les dossiers urgents, il installe ces «missions» qui
prennent en charge tout le processus de suivi et de développement.
Pour cela, il s’appuiera sur l’expérience cubaine. Son ami
Fidel Castro, conscient de la portée d’une telle opération,
lui envoie quelque 28.000 experts cubains, de la médecine au
sport en passant par le social, l’agriculture, les
hydrocarbures, l’éducation et l’alimentation.
Nonobstant, le Venezuela, ce beau pays, orgueilleux de sa richesse
pétrolière, de son décor paradisiaque ainsi que de la valeur et
de la bravoure de ses dirigeants, n’est pas libre de tous ses
mouvements.
En effet, ce que l’on appelle le troisième pouvoir, à savoir
les médias dans presque leur majorité, lui échappe. Ils sont
aux mains de l’opposition qui ne rate aucune occasion pour
critiquer le pouvoir en place et contrer toute bonne initiative.
Si le simple citoyen rencontré dans la rue vous fait les éloges
de Hugo Chavez et de ses compagnons, celui du riche village d’El
Hatillo, perché sur les hauteurs de Caracas, étrille tout ce qui
est à consonance «chavista», même la propre famille de
Chavez n’y échappe pas et est accusée de tous les maux.
Les opposants occupent les lieux les plus somptueux, ont leurs
propres cercles, leurs restaurants, leurs lieux de loisirs et
friment avec des voitures de luxe et des 4x4 aux vitres teintées.
Toutefois, Hugo Chavez leur fait un pied de nez, il est partout,
dans les stands de vente de tee-shirts où il côtoie le «Che»,
sur les murs où il est placardé. On le voit sur un tracteur, à
cheval, en boyscout ou en tenue rouge, celle des «chavistes»,
et sa photo officielle trône à l’entrée de tous les édifices
étatiques. Il nargue son monde, c’est, dit-on, sa force.
Le Venezuela qui s’étend sur une superficie de 912.050 km²
n’est pas seulement connu pour Caracas mais aussi pour ses
magnifiques villes de l’intérieur du pays. Des villes comme San
Antonio ou San Cristobal ont également leur charme.
San Antonio se trouve à la frontière colombienne, c’est pour
ainsi dire leur «Maghnia». On n’a pas besoin de
passeport ou de visa pour passer d’un côté ou d’un autre. Le
poste frontalier se situe à l’intérieur même de la ville et
les véhicules vont et viennent sans être dérangés dans leurs
quotidiennes manoeuvres de contrebande.
La seule précaution qu’il faut prendre c’est de payer la taxe
de sortie, une fois que l’on quitte ce lieu, elle s’élève à
38.000 bolivars, soit 15 euros. Il existe aussi une taxe aéroportuaire
de 10.000 bolivars, environ 4 euros. Sans le paiement de ces
taxes, le voyageur encourt de très sévères sanctions s’il
fait l’objet d’un contrôle.
Cependant, à San Antonio on se croirait à La Havane, à Cuba,
car il y a une multitude de véhicules de marque Chevrolet ou
Cadillac très anciens. Ils font office, généralement, de taxi.
Figurez-vous que même si le prix du carburant est l’un des plus
bas du monde, la course vous revient un peu cher puisque aucun
taxi au Venezuela n’est doté d’un compteur. Le prix est au
pif et à la tête du client, surtout s’il est étranger.
Si le centre-ville de San Antonio est un peu laissé à
l’abandon au regard de l’état de ses rues et de ses
trottoirs, celui de San Cristobal, à quelques encablures, peut être
qualifié de moderne.
San Cristobal est l’endroit où a jailli, pour la première
fois, le pétrole au Venezuela. C’est donc une zone pétrolifère
et la ville est construite sur le mode architectural des cités américaines
avec avenues et trottoirs larges. On perçoit la propreté et
l’organisation dans cette ville.
Mais visiter le Venezuela peut s’avérer cher car les prix aussi
bien de l’hôtellerie que de la restauration que du transport
sont assez élevés par rapport à ceux des autres pays d’Amérique
latine.
La longue frontière qui longe la Colombie sur 2050 km est un
problème assez sérieux et épineux pour les Vénézuéliens, ils
vous le disent ouvertement. Les narcotrafiquants opèrent sur
cette bande pour pouvoir écouler leur marchandise.
C’est pour cette raison que vous ne devriez pas être étonné
lors d’un contrôle sur la route, hors de la zone frontalière
ou à l’aéroport, de voir des douaniers experts de la lutte
anti-drogue vous renifler le corps, les affaires personnelles et
les valises. C’est un moyen de dissuasion pour les éventuels
trafiquants.
Les Algériens au Venezuela
Bien que le Venezuela soit assez éloigné, pas moins de 12 heures
de vol par avion sans compter les escales, nos compatriotes ont émigré
vers ce pays. Selon M. Mezoued Hocine, premier secrétaire de
l’ambassade d’Algérie à Caracas, une quarantaine de
compatriotes y résideraient.
La plupart sont des ingénieurs et techniciens des hydrocarbures
et seraient presque tous installés dans les villes de la zone pétrolifère
comme Macaïbo. Le frère de notre humoriste Fellag se trouve, également,
parmi ce contingent. Il y a aussi, dans cette ville, un Sétifien
qui tient un café avec son frère nouvellement arrivé.
Renseignements pris, il s’avère que les choses vont bien pour
ce commerce.
A Caracas, un autre Algérien, Bellatrèche Omar, est propriétaire
d’un grand magasin de meubles. Hamza de Sidi Aïch est, lui,
professeur de français. Mais le cas le plus intéressant est
celui de Djeddid Azzedine, un jeune âgé de 29 ans, qui a pris,
il y a sept ans, la décision de rejoindre le Venezuela. Il était
étudiant en 2e année de sciences économiques à l’université
de Tizi Ouzou-ville dont il est originaire quand, après avoir
navigué sur Internet, il a été séduit par ce pays. Billet
d’avion, quelques euros et visa en main, il se lance dans
l’aventure sans même connaître un mot d’espagnol. Dans sa tête,
il s’agissait de faire du tourisme seulement, mais le sort en a
voulu autrement. Il nous dira: «J’ai rencontré un monsieur
saoul qui s’est avéré par la suite être un avocat qui
m’avait, dans la rue, demandé l’heure. Ne comprenant pas
l’espagnol, je cherchais dans mon petit dictionnaire. Il me
l’a pris et nous avons entamé une discussion beaucoup plus
gestuelle et on a lié amitié à partir de ce jour. C’est ainsi
qu’il m’a aidé à avoir un appartement et j’ai commencé à
donner des cours de français dans un collège.» Azzedine
nous avouera que son attention a été attirée, dans ce pays, par
la cordialité et la chaleur humaine et surtout par le climat où
il fait bon vivre. Toutefois, notre émigré semble bien subir les
difficultés de la situation économique que vit le Venezuela. Aidé
aussi par notre ambassade qui l’emploie comme vacataire, il
pense, toutefois, retourner un jour au bled.
Il adore son pays l’Algérie mais il aime ce pays qui l’a
adopté. «Venezuela, tu m’as ensorcelé!»,
affirmera-t-il. Droits de
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