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Institute for Historical Review

Le poids de la tradition: en quoi le judaïsme diffère-t-il de toutes les autres religions
Mark Weber

 

on Institute for Historical Review.org, août 2009
http://www.ihr.org/judaism0709.html
traduit de l’anglais

Beaucoup de contempteurs d’Israël et de ses politiques font une distinction tranchée entre Israël et l’idéologie de cet Etat, le sionisme, d’un côté, et le judaïsme, ou la tradition et la vision du monde juifs, de l’autre.

Des associations antisionistes, comme « Voix juive pour la paix » ou « Les juifs pour la justice pour les Palestiniens », ainsi que des publications antisionistes telles que le Washington Report on Middle East Affairs, mettent l’accent sur les aspects humanistes de la tradition juive. Ces associations, bien que critiques à l’égard d’Israël et des politiques de ce pays, sont d’avis que la communauté juive a joué un rôle fondamentalement positif dans la société, mais qu’à un certain moment, au vingtième siècle, la plupart des juifs auraient franchi en quelque sorte une ligne jaune en adhérant au sionisme et à son nationalisme ethnique agressif.

De fait, les politiques le plus souvent cruelles et arrogantes d’Israël, et les attitudes le plus souvent arrogantes de ce qu’il est convenu d’appeler le « Lobby Sioniste », le lobby juif, ou la communauté juive organisée, ne sont en rien une aberration : elles sont, bien au contraire, profondément enracinées dans les écritures sacrées juives, ainsi que dans la tradition juive multiséculaire.

A des vérités dérangeantes, la plupart des gens préfèrent des mythes séduisants, et ils préfèrent croire ce qu’il y a de plus confortable et de plus agréable. C’est une des raisons pour lesquelles nous sommes si nombreux à penser que toutes les religions ont en partage des valeurs fondamentales humanistes communes et que toutes s’efforcent, chacune à leur manière, de rejoindre la même vérité ultime.

Seulement voilà ; le judaïsme n’est pas seulement une « religion parmi d’autres ». Elle est unique, dans l’univers des grandes religions de l’humanité. Les valeurs essentielles et l’éthos du judaïsme diffèrent profondément de ceux du christianisme, de l’Islam et des autres grandes religions.

Les chrétiens croient que Jésus a souffert et est mort afin de racheter tous les peuples, et les chrétiens sont exhortés à diffuser le message chrétien à l’ensemble de l’humanité. De la même manière, les musulmans pensent que le message du Coran s’adresse à tous les hommes, et ils sont appelés à amener tous les hommes à adopter l’Islam.

Mais tel n’est absolument pas le message du judaïsme. Ses enseignements ne s’adressent pas à n’importe qui. Sa morale n’est absolument pas universelle. Le judaïsme est la religion d’un peuple particulier. La religion juive est basée non pas sur une relation entre Dieu et l’humanité, mais bien plutôt sur une « alliance », une sorte de contrat, entre Dieu et un peuple « élu » - qui n’est autre que la communauté connue comme celle des juifs, le peuple juif, les Israélites, les Hébreux, ou le « peuple d’Israël ».

Les principales fêtes du calendrier chrétien – comme Noël, Pâques… - rappellent des dates significatives de la vie de Jésus. De la même manière, les plus grandes fêtes du calendrier musulman rappellent des dates clés dans la biographie du prophète Muhammad. En revanche, les principales fêtes du calendrier juif rappellent des faits fondamentaux de l’histoire du peuple juif.

Une des principales raisons pour lesquelles le rôle de la communauté juive organisée est problématique, dans notre société, tient au fait que la plupart des juifs américains font montre d’une loyauté très forte à l’égard d’un pays étranger, Israël, lequel, depuis sa fondation, en 1948, n’a jamais cessé d’être impliqué dans des crises apparemment interminables, et dans des conflits avec ses voisins. Mais il y a une autre raison.
Le rôle de la communauté juive est aussi un rôle dommageable du fait que les juifs sont encouragés à se considérer eux-mêmes comme distincts du reste de l’humanité et comme ayant des intérêts totalement distincts de ceux de tous les autres. Cette attitude « eux – nous » et cet état d’esprit qui considère que les juifs sont différents du reste de l’humanité et qui regarde les non-juifs avec mépris et méfiance sont enracinés dans la religion juive et, cela, dans une tradition multiséculaire.

Les chrétiens sont censés vivre leur vie en conformité avec la Bible, et en particulier avec les enseignements de Jésus, tels qu’ils figurent dans les quatre Evangiles du Nouveau Testament, exactement de la même manière dont les musulmans sont exhortés à vivre leur existence en conformité avec le Coran. De manière semblable, les juifs sont supposés vivre leur vie en accord avec les principes exposés dans les écritures hébraïques, la « Tanakh », également connu sous le nom d’Ancien Testament. Ces écritures disent ce que les juifs doivent penser sur leur propre compte, et la manière dont ils devraient interférer en empiétant sur les prérogatives des non-juifs.

Un message central des Ecritures juives consiste en ce que les juifs seraient un peuple « choisi » par Dieu, une communauté unique, distincte de tout le reste des hommes. Dans le Deutéronome, par exemple, nous lisons : « Car vous êtes un peuple saint pour le Seigneur votre Dieu. Le Seigneur vous a choisis pour être un peuple qui lui appartienne en propre, le seul parmi tous les peuples qui habitent la surface de la terre (1).

Les Ecritures juives font également allusion aux juifs (ou Hébreux) en tant que « Peuple devant vivre seul », ou encore, dans une autre traduction, en tant que « peuple vivant seul et ne considérant pas faire parti des nations ». Dans le livre de l’Exode, nous lisons que les juifs forment un peuple « distinct de tous les autres peuples qui vivent sur la Terre » (2).

Les Ecritures expliquent également que si les juifs entretiennent « l’alliance » et maintiennent leur séparation d’avec tous les autres hommes, ils en seront récompensés par une grande richesse et un grand pouvoir sur les autres peuples. Dans le Deutéronome, les juifs se voient promettre que Dieu « vous placera au-dessus de toutes les nations de la Terre » et que « tous les peuples de la Terre constaterons que vous êtes appelés du nom de Dieu » et qu’ils « auront peur de vous (les juifs) », comme il vous en fait la promesse, et vous prêterez à de nombreuses nations, mais vous n’emprunterez rien d’elles, et vous gouvernerez nombre de nations, mais celles-ci n’exerceront jamais aucun pouvoir sur vous ». (3)

Dans Genèse, nous lisons : « Que Dieu vous accorde la rosée du paradis, les bonnes récoltes de la terre et une abondance de grain et de vin. Que les (autres) peuples soient à votre service et que les nations s’inclinent devant vous. » Dans un autre passage, dans le Deutéronome, Dieu promet aux juifs « de leur donner de grandes et magnifiques cités qu’ils n’auront pas construites, et des maisons emplies de toutes sortes de bonne choses qu’ils n’auront pas accumulées, ainsi que des citernes creusées dans le roc qu’ils n’auront pas eux-mêmes creusées, des vignes et des oliveraies qu’ils n’auraient pas plantées… » (4).

Dans le livre d’Isaïe, nous lisons : « Des étrangers édifieront vos murailles, et leurs rois vous obéirons… car la nation et le royaume qui ne vous servirait pas périra… Les fils de ceux qui vous ont opprimés viendront se prosterner plus bas que terre devant vous, et tous ceux qui vous ont méprisés s’humilieront à vos pieds… Des étrangers soigneront et nourriront vos troupeaux, des étrangers seront vos laboureurs et vos vignerons… Vous mangerez la richesse des autres nations, et vous tirerez gloire de leurs richesses. » (5)

Dans Josué, nous lisons : « Je vous donnerai une terre que vous n’aurez pas travaillée, et des villes que vous n’aurez pas construites, et vous y habiterez ; vous mangerez des fruits des vignes et des oliveraies que vous n’aurez pas plantées. » Quant au livre des Psaumes, Dieu y dit aux juifs : « Demandez-le moi, et je ferai des nations votre héritage, et des extrémités de la terre votre propriété. Vous les briserez au moyen de barres de fer, et vous leur donnerez la forme qui vous convient comme s’ils étaient sur le tour d’un potier. » (6)

Dans Deutéronome, une promesse est faite aux juifs : « Alors le Seigneur chassera toutes ces nations devant vous et vous déposséderez des nations plus importantes et plus puissantes que vous. Tout lieu qu’aura foulé la semelle de vos chaussures vous appartiendra… Aucun homme ne sera en mesure de se dresser devant vous. Le Seigneur votre Dieu étendra la crainte que vous  inspirez et la terreur que vous répandez sur tous les lieux que vous aurez foulés de vos pieds, comme Il vous l’a promis. » Dans un autre passage, l’on nous dit que Dieu dit à son peuple choisi : « Ce jour, je vais entreprendre d’étendre la crainte de vous sur les peuples qui vivent sous toute l’étendue de la voûte céleste ; ils auront entendu les nouvelles de votre terreur, et ils seront saisis des tremblements et de l’angoisse que vous leur inspirerez. » (7)

Le code moral exposé par les Ecritures hébraïques décide d’un deux poids-deux mesures : une loi pour le « peuple élu », et une autre pour les non-juifs. Conformément à cette moralité ethnocentrique, l’on enseigne aux juifs qu’ils doivent exercer une discrimination à l’encontre des non-juifs. Dans le Deutéronome, Dieu ordonne aux juifs qu’ils « ne prêteront pas avec intérêt à leurs frères, que ce soit en matière de prêts d’argent, de victuailles, ou de quoi que ce soit que l’on prête ordinairement avec un intérêt. En revanche, à un étranger [c’est-à-dire à un non-juif] ils devront prêter avec intérêt, mais à leurs frères, ils ne doivent demander aucun intérêt. » (8)

De nombreux passages des Ecritures hébraïques – en particulier les livres de Josué, des Nombres et le Deutéronome – évoquent des assassinats de masse, de caractère génocidaire, de non-juifs. Le Dieu juif exige avec insistance de son peuple chouchou d’exterminer les non-juifs. Les Ecritures juives sont sans doute le plus ancien texte historique existant faisant état de génocides systématiques.

Au septième chapitre du Deutéronome, nous lisons : « Quand le Seigneur ton Dieu t’amènera sur la terre sur laquelle vous pénétrerez afin d’en prendre possession, et chassant nombre de nations devant vous – les Hittites, les Girgashites, les Amorites, les Cananéens, les Périzzites, les Hivites et les Jébuséens – sept nations plus nombreuses et plus puissantes que vous ne l’êtes vous-mêmes, et quand le Seigneur votre Dieu vous donnera ces terres et que vous vaincrez ces nations, alors vous devez les détruire sans pitié ; vous ne signerez avec elles aucune trêve et vous ne ferez montre d’aucune pitié à leur égard… Et vous détruirez tous les peuples mettra à votre merci, vous n’aurez aucun regard de pitié pour eux. » (9)

Au livre d’Esther, nous lisons : « Ainsi, les juifs abattirent tous leurs ennemis, qu’ils passèrent au fil de leurs épées, les égorgeant et les massacrant, faisant de ceux qui les haïssant ce que bon leur semblait. Dans la citadelle de Suse, les juifs tuèrent et mirent en pièces cinq mille personnes… C’est alors que les autres juifs, qui étaient dans les provinces du roi, se rassemblèrent eux aussi pour défendre leur vie, et cela leur permit de prendre le dessus sur leurs ennemis, et ils tuèrent soixante-quinze mille de leurs haïsseurs… » Dans un autre passage du Deutéronome, nous lisons : « Et nous avons capturé toutes ses cités, à cette époque-là, et nous avons détruit totalement toutes les villes, tous les hommes, toutes les femmes et tous les enfants ; nous n’avons rien laissé debout ; nous n’épargnâmes que le bétail, que nous nous partageâmes, ainsi que les villes que nous avions conquises, en guise de butin. » (10)

Au vingtième chapitre du Deutéronome, nous lisons : « Quand vous vous approchez d’une ville afin de la conquérir, offrez-lui les termes d’une paix. Si la réponse est la paix et si la ville vous ouvre ses portes, alors tous ceux qui se trouvent dans ses murs seront contraints aux travaux forcés à votre service. Mais si la cité ne conclut pas d’accord avec vous, et qu’au contraire, elle vous résiste, alors vous l’assiégerez ; et quand le Seigneur votre Dieu vous la remettra entre vos mains, vous passerez tous les mâles qui s’y trouvent au fil de l’épée, mais vous épargnerez les femmes et les enfants, ainsi que le bétail, et tous les biens se trouvant dans la ville : ce sera votre butin ; et vous jouirez des dépouilles de vos ennemis, que le Seigneur votre Dieu vous a données… Mais dans les villes de ceux d’entre les peuples que le Seigneur votre Dieu vous donne en héritage, vous ne conserverez en vie rien de ce qui respire, vous les éliminerez jusqu’au dernier… » (11).

Dans Josué, nous lisons ce récit horrifiant :

« Quand Israël eut fini d’égorger tous les habitants de la ville d’Ai dans le désert où ils les avaient pourchassés devant eux, et quand ils eurent tous succombé jusqu’au dernier sous le fil de leur sabre, tout Israël retourna dans la ville d’Ai, qu’ils attaquèrent au fil de leur sabre. Le total de ceux qui tombèrent ce jour-là, tant hommes que femmes, fut de douze mille – soit toute la population d’Ai. Car Josué ne replia pas son bras, avec lequel il avait tiré son épée de son fourreau, avant d’avoir totalement détruit tous les habitants d’Ai, jusqu’au dernier. Israël ne prit, comme butin, sur cette ville, que le bétail et les biens, conformément à la promesse faite par Dieu à Josué. Ainsi, Josué brûla la ville d’Ai, et il la réduisit en ce tas de ruines que l’on peut voir encore aujourd’hui. » (12)

Ailleurs, toujours dans le livre de Josué, nous pouvons lire (13) :

« Et Josué pris la ville de Makkedah, ce jour-là, dont il passa la population et son roi au fil de son épée ; il tua tous les habitants jusqu’au dernier, ne laissant nulle âme en vie. Et fit au roi de Makkedah ce qu’il avait fait au roi de Jéricho.

« Puis Josué passa de Makkedah, avec tout Israël autour de lui, à Libnah, ville à laquelle il livra la guerre. Le Seigneur donna aussi cette cité et son roi à Israël ; il la passa au fil de l’épée et il ne laissa aucun de ses habitants en vie. Il fit subir à son roi le même sort qu’au roi de Jéricho…

« Ainsi Josué conquit toute la terre, tout le pays des collines, et le Néguev, et les basses plaines et les piémonts, et tous leurs rois ; il ne laissa subsister personne ; il tua jusqu’au dernier tout ce qui respirait, comme le lui avait ordonné le Seigneur Dieu d’Israël. Ainsi Josué les vainquit-il tous, de Kadesh-Barnea jusqu’à Gaza, et tout le pays de Goshen (l’Egypte, ndt), aussi loin que Gibeon ».

Au fil des siècles sont, bien entendu, intervenus d’importants changements dans les attitudes et dans le comportement des communautés juives. Les juifs d’aujourd’hui ne respectent plus toutes les lois et tous les commandements qui sont exposés dans leurs écritures saintes. Ainsi, par exemple, ils n’exécutent plus les femmes surprises en flagrant délit d’adultère, ni ceux qui travailleraient un jour de shabbat, ni même ceux qui insultent leur père ou leur mère (14).

Reste que le poids de la tradition est très lourd, chez eux, en particulier dès lors qu’il est fondé sur des écrits qui sont considérés comme sacrés. Quelque chose de l’attitude de séparation, d’exclusivisme, d’élection et de supériorité énoncée dans les Ecritures hébraïques persistent encore aujourd’hui, et cela est manifeste dans les politiques mises en œuvre par l’Etat d’Israël, ainsi que par la communauté juive organisée (15).

Pour certains dirigeants juifs orthodoxes, le « peuple élu » ne constitue pas simplement un groupe supérieur ou privilégié : les juifs et les non-juifs sont, pratiquement, deux espèces différentes.

Le Rabbin Menachem Schneerson, le « Lubovitcher Rebbe », qui a dirigé le mouvement juif orthodoxe du Chabad, et qui a exercé une influence importante tant en Israël qu’aux Etats-Unis, a ainsi expliqué (16) :

« La différence entre un juif et un non-juif découle de l’expression courante : « Faisons le distinguo ». Ainsi, nous ne sommes pas en présence d’un cas de profond changement dans lequel une personne se trouverait simplement placée sur un niveau supérieur. Non, nous sommes en présence d’une situation de « faisons le distinguo », « ne nous mélangeons pas », entre des espèces totalement différentes. C’est ce qu’il faut rappeler, en ce qui concerne la constitution physique : le corps d’un juif (ou d’une juive) est d’une qualité totalement différente de celui de membres de toutes les nations du monde… L’entièreté de la réalité d’un non-juif n’est que vanité. C’est écrit, « Et les étrangers garderont et feront paître tes troupeaux » (Isaïe 61:5). Ainsi, en son entièreté, un être créé non-juif n’existe qu’afin d’être au service des juifs… »

Le Rabbin Kook l’Ancien, un autre dirigeant juif très influent et extrêmement respecté, a exprimé une opinion similaire : « La différence entre une âme juive et les âmes des non-juifs – tous autant qu’ils sont, à leurs différents niveaux – est plus importante et plus profonde que la différence existant entre une âme humaine et l’âme du bétail. » (17)

L’idée selon laquelle les juifs sont un peuple à part ayant un engagement essentiel envers Israël et la communauté juive est affirmé tout de go par Elliott Abrams, un universitaire juif américain, qui était le principal conseiller du Président George Deubeuliou Bush en matière de « stratégie démocratique planétaire », et qui était, en 2006, le conseiller spécial en matières moyen-orientales du Secrétaire d’Etat des Etats-Unis. Dans son livre Foi ou peur : Comment les juifs peuvent survivre dans une Amérique chrétienne [Faith or Fear : How Jew Can Survive in Christian America] (18), il écrit : « En dehors de la Terre d’Israël, il n’est pas douteux que les juifs, fidèles au pacte entre Dieu et Abraham, doivent se tenir à l’écart des nations au sein desquelles ils vivent. C’est dans la nature même du juif d’être à part – sauf en Israël – du reste de la population. »

Le judaïsme et le mode de vie juif, écrit Abrams, ne sont pas « entièrement volontaires, car le juif et né au sein d’une communauté liée par un pacte et ayant des obligations envers Dieu ». Les juifs, poursuit-il, « sont en contrat permanent avec Dieu, ainsi qu’avec la terre d’Israël et son peuple. Leur engagement ne saurait faiblir au motif que le gouvernement israélien poursuivrait une politique impopulaire… »

Le sentiment juif d’aliénation, et de méfiance constante, envers les non-juifs est également manifeste dans un remarquable essai publié en 2002 dans The Forward, le prestigieux hebdomadaire de la communauté juive (américaine, ndt). Sous le titre : « C’est nous qui avons raison, et le monde entier a tort » [We’re Right, the Whole World’s Wrong], cet article a été écrit par le Rabbin Dov Fischer, avocat et membre du Jewish Community Relations Committee de la Fédération Juive de Los Angeles (19). Le Rabbin Fischer est par ailleurs le vice-président national [pour l’ensemble des Etats-Unis, ndt] de la Zionist Organization of America [la « grande Zoa », ndt !] Ainsi, on le voit, cet article n’a pas été commis par quelque écrivaillon obscur et à-demi lettré, mais bien plutôt par une personnalité éminente de la communauté juive (américaine). Et il n’a pas paru dans quelque périodique confidentiel et marginal, mais bien dans ce qui est sans doute l’hebdomadaire juif le plus cultivé et le plus réfléchi en Amérique, et en tous les cas un des plus influents.

Dans son essai, le Rabbin Fischer dit ainsi à ses lecteurs : « Si nous devons nous définir par quelque chose, nous les juifs, je dirai que nous sommes un peuple d’histoire… Notre histoire nous donne la force de savoir que nous pouvons avoir raison, et que tout le reste du monde a tort ». Il poursuit en ces termes :

« Nous avions raison, tandis que tout le reste du monde avait tort. Les Croisades. Les accusations de crimes rituels et les autodafés de Talmuds, en Angleterre et en France, ont conduit ces deux pays à expulser leurs juifs durant des siècles. L’Inquisition espagnole et portugaise. Les ghettos et l’affaire Mortara, en Italie, l’affaire Dreyfus, en France. Le procès Beilis en Russie et un siècle de persécutions subies par les juifs de l’Union soviétique. 

« L’Holocauste, auquel a participé Kurt Waldheim, en Autriche. A chaque fois, l’Europe regardait, gardant le silence – ou participant activement à notre assassinat – et nous étions les seuls à avoir raison, tandis que tout le reste du monde avait tort.

« Aujourd’hui, une fois encore, nous sommes les seuls à avoir raison, et tout le reste du monde a tort. Les Arabes, les Russes, les Africains, le Vatican profèrent leurs visions agrégées et leurs connaissances accumulées sur l’éthique du massacre. Et les Européens aussi. Bien que nous apprécions le demi-siècle de démocratie ouest-européenne davantage que nous avons apprécié les millénaires antérieurs de brutalité européenne, nous savons qui sont les Européens, ce qu’ils ont fait : on ne nous la fait pas… 

« Nous nous souvenons que la nourriture que consomment les Européens est tirée d’un sol fertilisé par deux millénaires de sang juif dont ils l’ont arrosé. La haine atavique des juifs flotte dans l’air dans lequel se sont répandues les cendres des fours crématoires…

 « Eh oui : une fois encore, nous avons raison et le reste du monde a tort. Cela ne change rien, mais après vingt-cinq siècles, cela fait du bien de le savoir… »

Comme à de multiples reprises au cours de l’histoire, les juifs ont acquis un pouvoir énorme qui leur permet de promouvoir des intérêts particuliers qui sont différents, et le plus souvent contraire à ceux des populations non-juives au sein desquelles ils vivent. Cela génère une situation intrinsèquement injuste et instable, du type de celles qui, bien trop souvent par le passé, se sont conclues tragiquement en conflit violent entre juifs et non-juifs.

De nos jours, le conflit apparemment inextricable du Moyen-Orient est davantage qu’un simple problème de sionisme ou de politique, ou qu’une querelle au sujet d’un territoire. La politique quasi constamment arrogante d’Israël, et en particulier les traitements inhumains qu’il inflige aux non-juifs, plonge ses racines dans des attitudes multiséculaires qui sont exposées dans les anciens écrits religieux juifs.

Notes :

1.            Deutéronome 7:6 et 14:2.
2.
            Nombres 23:9 ; Exode 33:16.
3.
            Deutéronome 28: 1, 10; 15: 6.
4.
         Genèse 27: 28-29 ; Deutéronome 6: 10-11.
5.
         Isaïe 60: 10-14 ; Isaïe 61: 5-6.
6.
         Josué 14:13 ; Psaumes 2:8.
7.
            Deutéronome 11: 23, 25: 2: 25.
8.
            Deutéronome 23:19-20.
9.
            Deutéronome 7: 2, 16.
10.
       Esther 9:2, 5; Deut . 2:34.
11.
            Deutéronome 20: 10-14, 16-17.
12.
       Josué 8: 24-27.
13.
       Josué 10: 26-40
14.
            Lévitique 20:10; Deutéronome 22: 20-21 / Exode 31: 15; Exode 35: 2 / Exode 21: 17; Lévitique 20: 9.
15. Israel Shahak, un universitaire juif, qui a enseigné de nombreuses années à l’Université Hébraïque de Jérusalem, donne des exemples frappants de ce phénomène dans l’Israël contemporain dans son livre éclairant : Histoire juive, Religion juive, publié pour la première fois en 1994.
  
http://www.biblebelievers.org.au/jewhis1.htm
16. Tiré du livre de Schneerson, Gatherings of Conversations, publié en 1965. Cité in : Israël Shahak et Norgton Mezvinsky : Jewish Fundamentalism (Londres, 1999), pp. 59-60.
http://www.mailstar.net/shahak2.html
http://www.geocities.com/alabasters_archive/jewish_fundamentalism.html
Cité également par l’universitaire juif Allan C. Brownfeld dans sa recension publiée dans le Washington Report on Middle East Affairs, mars 2000.
http://www.washington-report.org/backissues/0300/0003105.html

17. Cité dans Israël Shahak et Norton Mezvinsky, Jewish Fundamentalism (Londres, 1999), p. ix.
http://www.mailstar.net/shahak2.html
http://www.geocities.com/alabasters_archive/jewish_fundamentalism.html
Cité également par l’universitaire juif Allan C. Brownfeld dans sa recension publiée dans le Washington Report on Middle East Affairs, mars 2000.
http://www.washington-report.org/backissues/0300/0003105.html

18. Elliott Abrams, Faith or Fear: How Jews Can Survive in Christian America (New York: 1997), pp. 30, 145, 181.
19. Dov Fischer, “We’re Right, the Whole World’s Wrong,” Forward (New York), Avril 19, 2002, p. 11.
http://rabbidov.com/American%20Jews/wererightworldwrong.htm

Certaines observations de Fischer sont de grossières déformations de l’histoire. Ainsi, par exemple, sa mention « d’un siècle de persécution des juifs en Union soviétique » est un mensonge qui vous coupe le souffle. Primo, la totalité de la période soviétique a duré soixante-douze ans, et non pas un siècle. Ensuite, durant tout au moins une partie de cette période, et en particulier au cours des dix premières années de l’ère soviétique, les juifs détenaient un pouvoir effrayant, sinon quasi absolu. Le Rabbin Fischer semble avoir oublié des personnages aussi éminents que Leon Trotsky, commandant-en-chef de la jeune Armée Rouge de l’Etat soviétique, Grigori Zinoviev, chef de l’Internationale communiste et Yakov Sverdlov, le premier président soviétique (voir M. Weber : “The Jewish Role in the Bolshevik Revolution and Russia’s Early Soviet Regime,” The Journal of Historical Review, Jan.-Fév. 1994.) http://www.ihr.org/jhr/v14/v14n1p-4_Weber.html



Source et traduction : Marcel Charbonnier


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