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RIA Novosti
Ce
que le Proche-Orient attend de Bush et ce que Washington peut
offrir
Marianna
Belenkaïa
Le Proche-Orient est au bord de trois guerres civiles: en Irak,
dans les territoires palestiniens et au Liban, a déclaré récemment
le roi Abdallah II de Jordanie. Ces paroles ont été prononcées
à la veille de la visite en Jordanie du président des Etats-Unis,
George W. Bush. A signaler que c'est justement sur le territoire
jordanien que Bush doit rencontrer le premier ministre irakien,
Nouri al-Maliki.
Tous les médias du monde ont d'ores et déjà annoncé ces
prochaines négociations, tout en omettant cependant de préciser
un détail: cette visite de Bush en Jordanie coïncide avec la réunion
ministérielle à Amman du "Forum pour l'Avenir", issu
de l'initiative "Partenariat" du G8 et de la région du
Proche-Orient et de l'Afrique du Nord.
Cette initiative fait partie du projet de démocratisation du
Proche-Orient élargi (ou du Grand Proche-Orient) qui a été généré
il y a quelques années au sein de l'administration américaine
pour se transformer, à l'issue de substantielles corrections, en
initiative du G8. Quoi qu'il en soit, on a tout lieu d'affirmer
que ce sont justement les Américains qui sont les
"parrains" de cette initiative et ce, d'autant plus que
toute leur politique au Proche-Orient depuis ces dernières années,
et tout particulièrement à partir de l'invasion de l'Irak, a été
menée sous le mot d'ordre de la nécessité d'exporter les
transformations démocratiques dans cette partie du monde.
Néanmoins, l'évolution de la situation en Irak, au Liban et
dans les territoires sous contrôle de l'Autorité palestinienne
amène bien des experts à la conclusion que la politique américaine
au Proche-Orient a échoué. En effet, Bush ne vient pas cette
fois en Jordanie en triomphateur pour se délecter des fruits des
transformations démocratiques au Proche-Orient, loin de là! On
attend de lui des changements radicaux dans la politique des
Etats-Unis dans la région.
Ainsi, le roi Abdallah II a espéré que, lors de la future
rencontre de Bush et d'al-Maliki, des "décisions
dramatiques" seraient adoptées "permettant d'arrêter
la violence échappant à tout contrôle en Irak". Il a également
insisté sur la nécessité d'engager des acteurs régionaux, tels
que la Syrie et l'Iran, dans la recherche de solutions d'ensemble
pour le Proche-Orient. Or, des idées similaires ont aussi été
émises tout récemment encore par le premier ministre
britannique, Tony Blair, et l'ancien secrétaire d'Etat américain,
Henry Kissinger.
Mais les questions se posent d'elles-mêmes: Washington est-il
prêt à modifier sa stratégie au Proche-Orient? Est-il disposé
à payer une possibilité théorique de stabiliser la situation en
Irak avec le concours de Téhéran et de Damas grâce à un
assouplissement de l'attitude américaine face au programme nucléaire
iranien? Est-il prêt, enfin, à accepter le dialogue avec le
Hamas et le Hezbollah et à accentuer ses pressions sur Israël
afin de relancer le règlement de paix au Proche-Orient? Dans ce
cas de figure, l'Irak ne reviendrait-il pas trop cher aux
Etats-Unis?
Toujours est-il qu'avant de prendre des décisions quelconques,
le président américain George W. Bush, se propose d'écouter les
recommandations du Pentagone et de la commission dirigée par un
autre ancien secrétaire d'Etat américain - James Baker. D'autre
part, il faut meubler cette pause. Car il serait inadmissible que
la visite du président américain au Proche-Orient n'apporte pas
de résultats concrets.
Aussi, a-t-on bien l'impression que la coïncidence de la
future rencontre de Bush avec le premier ministre irakien et de la
réunion ministérielle du "Forum pour l'Avenir", où la
présence du président américain n'est pas du tout obligatoire,
n'a rien de fortuit.
On peut évidemment critiquer les initiatives américaines
tendant à démocratiser le Proche-Orient et la manière dont ces
initiatives ont été mises en �uvre. Il est néanmoins indéniable
que ces initiatives ont constitué un soutien substantiel aux
processus de démocratisation qui couvaient déjà dans la région.
Et les participants aux différentes séances du "Forum pour
l'Avenir" (ce sont essentiellement des représentants
d'organisations non gouvernementales, des milieux universitaires
et des médias) peuvent servir d'excellente illustration des déclarations
traditionnelles américaines selon lesquelles "les peuples du
Proche-Orient tendent à des transformations démocratiques".
C'est pourquoi sur fond de rencontre à Amman, les discours de ce
genre, inévitables pour Bush, ne contrasteront guère avec la réalité
comme cela aurait été le cas si le président américain était
venu, par exemple, à Bagdad, à Beyrouth ou même à Jérusalem.
Cependant, c'est justement à Jérusalem qu'un autre cadeau
attend le président des Etats-Unis, George W. Bush. C'est que le
premier ministre d'Israël, Ehoud Olmert, vient de proposer à la
direction palestinienne un paquet d'initiatives politiques, économiques
et humanitaires pour stimuler le mouvement réciproque des
Palestiniens vers la paix. Les journalistes israéliens ont d'ores
et déjà qualifié de "programme" le discours de M.
Olmert. A signaler que ce discours a été prononcé environ 24
heures après la conclusion du cessez-le-feu palestino-israélien
dans la bande de Gaza où, depuis l'été dernier, une opération
d'envergure de l'Armée israélienne se poursuivait. Les
groupements palestiniens se sont engagés à suspendre leurs
pilonnages aux roquettes du territoire israélien et autres
hostilités contre l'Etat hébreu, alors qu'Israël a retiré en réponse
ses troupes de cette enclave palestinienne.
Selon les informations des médias locaux, afin de manifester
le soutien des Etats-Unis à cette trêve dans la région, la secrétaire
d'Etat américaine, Condoleezza Rice, pourrait, elle aussi, se
rendre dans le courant de cette semaine en Israël et dans les
territoires palestiniens. Qui plus est, Condoleezza Rice n'aurait
même pas besoin de faire de crochet, car la Jordanie où la chef
de la diplomatie américaine accompagnera le président Bush est,
comme tout le monde le sait, limitrophe d'Israël et des
territoires sous contrôle de l'Autorité palestinienne. En outre,
la rencontre ministérielle en Jordanie pourrait aussi offrir une
belle occasion de discuter non seulement des problèmes irakiens,
mais aussi du progrès dans le règlement au Proche-Orient qui
tombe fort à propos.
Autrement dit, la visite de George W. Bush au Proche-Orient ne
sera pas insignifiante. Il n'en est pas cependant moins vrai que
le cessez-le-feu pourrait échouer sous peu, car il repose sur une
base extrêmement fragile.
© 2005 RIA
Novosti
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