|
RIA Novosti
Conférence sur l'Irak : quel rôle
pour la Russie ?
Marianna Belenkaïa

Photo RIA Novosti
2 mai 2007
Les 3 et 4 mai, la station balnéaire égyptienne de Charm
el-Cheikh doit accueillir une conférence internationale sur
l'Irak. Quel rôle y sera réservé à la Russie?
On sait que cette conférence se déroulera en deux phases. La
première journée sera marquée par une réunion portant sur le
lancement du "Pacte international pour l'Irak", fruit de
la coopération entre le gouvernement irakien et l'ONU. Il s'agit
d'un plan prévoyant la prise d'une série de mesures économiques,
politiques, militaires et sociales en vue d'assainir la situation
dans le pays. Ce plan tracera les missions que le gouvernement
irakien envisage de réaliser à moyen terme ainsi que les
engagements financiers de la communauté internationale.
Cette réunion s'inscrit, en effet, dans la poursuite des
travaux du groupe des donateurs de l'Irak qui ont débuté en
octobre 2003 à Madrid. Cette fois, cependant, les dossiers économiques
et sociaux sont étroitement liés au règlement des problèmes
politiques et à la stabilisation de la situation en matière de sécurité.
Ce qui est logique, car les quatre années qui se sont écoulées
depuis le renversement du régime de Saddam Hussein ont montré
que les efforts déployés pour reconstruire les infrastructures
économiques et sociales de l'Irak butaient sur des problèmes de
sécurité. Spécialistes des compagnies étrangères et représentants
des organisations humanitaires deviennent victimes des terroristes
aux côtés des Irakiens, et il est pratiquement impossible de
travailler dans ces conditions.
L'amère expérience russe en témoigne. En 2004, le personnel
de la société russe Interenergoservis a subi en un mois et demi
trois agressions - deux prises d'otages et un tir sur un autocar -
qui ont tué trois personnes et en ont blessé huit. Après cette
tragédie, les compagnies russes travaillant en Irak ont évacué
pratiquement tous leurs employés. En juin 2006, une attaque a été
dirigée contre le personnel de l'ambassade russe: l'enlèvement
et l'assassinat de quatre employés de l'ambassade avaient alors
été revendiqués par un groupe proche d'Al-Qaida.
Notons que la Russie ne fait pas partie des donateurs irakiens
et qu'elle préfère aider ce pays sur une base bilatérale. La
Russie a accepté d'annuler une grande partie de la dette
irakienne, a aidé à la reconstruction des grands ouvrages d'électricité
et a exprimé sa disposition à coopérer dans le domaine du pétrole.
"Nous ne voulons pas que notre argent soit ventilé entre les
différents fonds, mais nous sommes prêts à collaborer avec le
gouvernement irakien sur des projets pratiques. Du moins, nos
compagnies désirent revenir en Irak", a indiqué à RIA
Novosti une source anonyme proche de la délégation russe
attendue à Charm el-Cheikh.
Cet avis est partagé par le président de l'Union des
industriels du pétrole et du gaz, Iouri Chafrannik, qui dirigeait
auparavant le Comité pour la coopération culturelle, économique
et technique avec l'Irak. Lors d'une conférence de presse donnée
à la mi-avril à Moscou, il avait soutenu que les entreprises
russes pourraient reprendre leurs activités en Irak dans le
courant de l'année sauf cas de force majeure. D'après lui, les
deux parties ont établi pour 2007 un agenda de rencontres
d'affaires, de conférences et de visites de responsables irakiens
en Russie. Autant d'éléments permettant de relancer la
collaboration pratique. M. Chafrannik avait précisé que les
Russes pouvaient travailler en Irak "comme investisseurs,
associés et sous-traitants".
Compte tenu de ce qui précède, la Russie souhaite intervenir,
pendant la première journée de la conférence, en qualité
d'observateur et de membre actif du "Pacte
international". Néanmoins, a poursuivi la source, le texte
que les parties doivent adopter le 3 mai est très sérieux. Il
importe cependant que tous les engagements pris par les parties
soient mis en application, ce qui n'est pas simple. D'autant plus
que, sur le plan juridique, cet accord n'aura pas d'effet direct,
et que ses dispositions risquent de demeurer de belles déclarations,
comme cela a déjà plus d'une fois été le cas dans le dossier
irakien.
Quant à la deuxième journée de la conférence, le 4 mai, les
pays voisins de l'Irak tiendront une réunion élargie aux membres
permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et aux représentants
du G8.
C'est là que la Russie entend jouer un rôle actif. "Nous
nous attendons à un débat constructif sur les mesures à prendre
pour stabiliser la situation en Irak. Cette rencontre s'annonce
utile vu le format réunissant toutes les forces extérieures intéressées
au règlement irakien", a souligné la source. Selon elle, la
Russie a sa propre vision de ce qu'il faut faire pour le règlement
irakien et ses propositions pratiques à avancer. L'interlocuteur
de RIA Novosti s'est abstenu d'en dévoiler les détails, car ils
font l'objet de tractations, y compris avec plusieurs partenaires
étrangers de Moscou. Il a toutefois assuré que la position russe
sur l'Irak restait invariable. "Nous avons toujours prôné
la nécessité d'une réconciliation nationale. Nous nous battons
depuis 2003 pour inclure cette disposition dans toutes les résolutions
des rencontres internationales sur l'Irak, et nous avons dû
affronter certains de nos partenaires étrangers qui ne toléraient
pas l'idée de la réconciliation. Aujourd'hui, tout le monde en
parle. C'est déjà un pas en avant, mais le débat reste peu
fructueux. Dans tous les cas, l'opposition irakienne ne participe
pas à part entière au dialogue international autour du règlement
de la situation en Irak", a résumé la source.
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la
stricte responsabilité de l'auteur.
© 2005 RIA
Novosti
 |