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Thèmes
d'actualité
Deuxième lettre ouverte à
M. Vladimir Poutine,
Président de la Fédération de Russie
Manuel
de Diéguez
Manuel de
Diéguez
Samedi 28 septembre 2013
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Avant-propos
1 - La balance à peser
les têtes
2 - La décérébration
politique de l'Europe
3 - Un salmigondis
d'Etats
4 - La diplomatie du
blocus et la sottise nucléaire
5 - La cervelle du
cyclope
6 - Eloge de l'ironie
7 - Le cyclope de la
démocratie
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Avant-propos
Pourquoi l'Europe assise entre deux
chaises est-elle une utopie
condamnée au désastre politique,
sinon tout simplement parce qu'on ne
saurait se vouloir tout ensemble
souverain et satellisé, fier à bras
et enrubanné, hôte et majordome,
harnaché de grandeur et valet
d'écurie? Toute vocation exige la
fierté d'un élan et d'un souffle
solitaires. Il n'y a pas d'ambition
sans un ennemi clairement désigné.
L'Europe des aveugles tressera
longtemps encore des couronnes
massives à son vainqueur.
Par bonheur,
la Russie rescapée du paradis
soviétique occupe un centre
stratégique inexpugnable, parce
qu'elle a l'expérience du conflit
millénaire qui oppose les encéphales
célestiformes aux cervelles
municipales. Son alliance avec le
bolide qu'on appelle la Chine lance
un pont géant entre l'Occident des
Ames mortes
de Gogol et l'Orient de demain,
tandis que son voisinage avec l'Iran
et la Syrie lui ouvre les portes du
monde arabe et de l'Afrique. Ce sera
la rivalité "théologique" de Moscou
avec les Etats-Unis qui pilotera la
vie spirituelle du simianthrope du
XXIe siècle, parce que la
littérature messianisée par
Dostoïevski et Tolstoï hiérarchisera
les esprits. Puisse l' alliance du
Kremlin avec Rome nous rappeler
qu'il n'y a pas de civilisation sous
une philosophie de l'ascension des
âmes.
Quand
l'Europe secouera le joug des
affameurs du monde, quand elle sera
convaincue que l'avenir de la Russie
est dans l'alliance du génie
visionnaire qui l'inspire avec les
Etats qui auront recouvré leur
souveraineté - ce qui exigera qu'ils
aient expulsé l'occupant de leur
territoire, et cela par la force au
besoin - quand nous commencerons de
comprendre la chute de la démocratie
dans le despotisme, la Russie
deviendra le point focal du nouveau
Discours de la méthode
- celui qui approfondira la
connaissance anthropologique de
l'inconscient religieux des
démocraties messianisées par le vain
bavardage de l'occupant.
1 - La
balance à peser les têtes
- M. Président ,
La semaine dernière,
ayant lu et relu avec la plus grande
attention votre lettre apostolique du 14
septembre au chef de l'Eglise catholique
- vous y traitiez de la paix et de la
guerre à la lumière d'une spiritualité
de haut vol - ma plume m'a entraîné à
vous entretenir de l'inconscient
théologique qui sous-tend la politique
dite démocratique. Car, non seulement la
réflexion anthropologique moderne sur le
sacré conduira les gouvernements à
s'intéresser aux progrès des sciences
humaines du XXIe siècle, mais la
révolution intellectuelle qui se prépare
à l'échelle mondiale attirera
l'attention des chefs d'Etat sur les
méthodes futures de la science
historique. De plus, l'époque de la
Renaissance ressemble de plus en plus à
la nôtre, car la découverte de la
rotondité de la terre et de la
multiplicité des cosmologies mythiques
avait conduit l'intelligentsia mondiale
à une première centralisation des
recherches de la pensée rationnelle et
de ses méthodes d'analyse du spectacle
de la diversité des religions. Une
première unification de l'observation
des rouages et des ressorts universels
de l'humanité en était résultée.
Puis, la spectrographie du cerveau
simiohumain n'a cessé de progresser, au
point que nous nous demander maintenant
quelle est l'animalité spécifique de la
bête que son évolution est censée avoir
rendue réflexive; et nous avons
découvert qu'elle sécrète des
signifiants imaginaires et
pseudo-transcendantaux, puis qu'elle les
place tous sous une auréole solitaire
qu'elle appelle la vérité. C'est dans
cet esprit qu'à votre manière vous avez
dit aux Etats-Unis d'Amérique : "Dis-moi
quel est ton Dieu et je te dirai qui tu
es", tellement "Dieu" dresse dans les
nues le portrait en pied du chef d'Etat
parfait aux yeux de tel peuple et de
telle époque. La biographie du Créateur
est donc notre rétroviseur politique et
le musée des mondes idéaux que nous
avons habités.
2 - La
décérébration politique de l'Europe
Votre plongée dans le scannage de la
raison idéalisée de l'humanité a
renforcé ma conviction, qui ne date pas
d'hier, que la Russie se trouve dans une
position stratégique focale et de
nature, précisément pour ce motif, à
promouvoir une révolution de la pesée
rationnelle des savoirs angélisés par
nos rêves politiques. Votre tournure
d'esprit et votre culture théologique
vous mettent en mesure de donner un
premier et puissant élan au décryptage
des origines animales et des fondements
zoologique des conquêtes censées ale d'une espèce
en quête de validations cérébrales de
type mythologique. Mais cette
proposition, si logique qu'elle soit,
exige un examen préalable du
déséquilibre des forces politiques
actuellement en présence dans le monde,
parce que le XVIe siècle n'était pas
suffisamment unifié pour comprendre la
connexion spécifique qui relie les
révolutions cérébrales de type
séraphique au destin des Etats sur la
scène internationale.
Qu'en est-il, de nos jours, de la
grandeur intellectuelle de la Russie sur
le théâtre des fabricants de la balance
à peser l'encéphale d'Adam? D'un côté,
votre nation voit le monde courir dans
sa direction à partir de la Chine, de
l'Inde et du Pakistan et, à l'Ouest,
l'Amérique latine et l'Afrique se
rapprocher à grands pas de Moscou. Entre
ces deux galaxies aux grandes enjambes,
il existe une civilisation fatiguée et
vieillie dont le pluriculturalisme
acéphale ne répond plus qu'à la bancalité cérébrale qui la ronge.
Impossible, hélas, de s'armer d'une
musculature intellectuelle à la fois
créatrice et satellisée. C'est à l'école
d'un décodage anthropologique de la
lente décérébration de l'Europe que Clio
demande à la Russie de prendre les
devants, sinon l'offensive.
3 - Un
salmigondis d'Etats
Le salmigondis européen d'Etats privés
de vision et de volonté politiques
laisse cinq cents bases militaires
américaines enracinées sur leur
territoire. Un puissant bouclier
anti-missiles est censé prévenir la ruée
sur Berlin, Paris et Rome des Cosaques
dont vous seriez l'Attila.
Naturellement, cette sottise n'est
appelée qu'à abêtir encore davantage les
vastes troupeaux rassemblés dans les
pâturages des descendants de Christophe
Colomb. Mais pour que ce tocsin
anéantisse dans tous les esprits le
poids de l'arme, non moins mythologique,
de la bombe atomique française, la
Maison Blanche tente de remplacer notre
foudre obsolète par une autre, dont elle
affecte de frotter et de faire briller
les cuivres. Mais comment cette cloche
serait-elle un peu moins périmée que la
gauloise, et cela au point que le
souverain de Washington jouirait du
privilège exclusif d'en assurer le
téléguidage?
Vous savez que tout
ce badigeonnage d'une hégémonie de
confection ne mérite qu'un haussement
d'épaules de la Russie; car elle a fait
de grands pas dans le décodage des
arcanes zoologiques de la politique
mondiale. Si l'arme atomique de la
dernière cuvée nous a été arrachée des
mains, ce désarmement nous laisse
l'esprit plus libre qu'hier pour
procéder à un calibrage anthropologique
de l'apocalypse requinquée qu'on veut
vendre aux vassaux que nous sommes
devenus. Pour quelles raisons
rejetterez-vous ce hochet, ce fétu de
paille, cette faribole, ce simulacre, ce
trompe-l'œil, cet attrape-nigauds?
Pourquoi vous moquerez-vous de la
dernière mouture des vanités militaires
de Washington? Parce qu'elles feraient
éclater de rire Pierre 1er ou Elisabeth
la grande. Mais vous ne rirez des
simagrées et des affûtiaux de
l'adversaire qu'aux fins de mieux
combattre le véritable ennemi, celui qui
se présente sur le champ de bataille de
la nouvelle connaissance rationnelle du
monde. Et pour vous initier au mode
d'emploi de cette caméra, il vous
appartiendra de changer au préalable la
fronde désuète, le lance-pierres d'un
autre âge, la flèche de Sioux de
l'adversaire en l'arme de
l'anthropologie politique post
swiftienne qui inspirera le génie de la
nouvelle guerre défensive de la Russie.
4 - La
diplomatie du blocus et la sottise
nucléaire
Dans un texte
précédent ( La démocratisation
de la barbarie, 7
septembre 2013) j'ai démontré que la
barbarie démocratique repose sur la
torture: la civilisation de la liberté
précipite des peuples entiers dans la
famine. Et maintenant, l'Iran au ventre
creux renoncera à la bombe nucléaire
afin, dit-on, de retrouver le droit de
s'alimenter. Vous avez d'autant moins
besoin d'aider Téhéran à s'armer d'une
apocalypse au ventre plein que M.
Ahmadinejad avait lui-même reconnu la
nature inutilisable de cette foudre et
que tous les Etats majors le savent
depuis un demi-siècle. Mais la fierté
d'une nation de soixante quinze millions
d'habitants aura été allègrement
piétinée sous les yeux ahuris du monde
entier. Voilà un évènement politique
d'envergure et qui se gravera dans les
consciences ébahies. A ce titre, il
montrera son avenir à la Russie de la
raison politique de demain, tellement il
est évident que l'humiliation publique
d'une grande nation marquera le destin
de la raison politique sur le long
terme. Les démocraties mythologisées par
leurs idéalités ne résisteront pas à cet
étalage planétaire de leur sauvagerie
sur la place publique que le monde est
devenu
Quelles
armes de l'esprit de raison ferez-vous
débarquer dans la conscience indignée
des peuples? Jamais les descendants du
quadrumane à fourrure dont vous
connaissez l'entêtement n'ont découvert
de Zeus plus redoutable que le sourire
tranquille des souverains de
l'intelligence. A force de faire reluire
le canon artisanal de leur entendement,
les primates rugissants ont appris à
tirer les boulets silencieux de l'ironie
socratique. Les premiers exercices de
tir de ce genre, que les Romains
appelaient dissimulatio, fut
précisément de rire sous cape de la
folie dont témoignait leur quotient
cérébral d'enfants. Tout Platon enseigne
un rire de qualité face à la déraison
publique et bruyante des Athéniens
rassemblés sur une agora chamailleuse.
Puis, en 1509, Erasme a appris aux
chrétiens à tourner en dérision les
prodiges physiques les plus grossiers
censés se produire sur leurs autels:
l'Eloge de la folie est le
chef-d'œuvre d'une dissimulatio
souriante et déjà mieux affutée.
Si vos diplomates les plus instruits
apprenaient à peser l'encéphale des
sorciers américains et à poser toute la
pacotille cérébrale du grand magicien
des démocraties sur la balance de
l'ironie perfectionnée de Platon et
d'Erasme, l'empire des idéalités
truquées tomberait en poussière avant
dix ans, parce que ce sont toujours les
mutations qualitatives de l'intelligence
qui donnent un éclat nouveau aux
lumières de la boîte osseuse fort mal
allumée des primates détoisonnés.
5 - La
cervelle du cyclope
M. le
Président, la grande Catherine vous
appelle du fond de son mausolée à donner
à la France et à l'Europe de demain les
armes cérébrales des vrais héritiers du
siècle des Lumières. Car, depuis la mort
de Voltaire en 1776, ce continent a
égaré la lanterne de Diogène de la
lucidité politique. L'auteur de une
pensée rieuse et qui, pour la première
fois se donnait le genre humain tout
entier en spectacle.
L'heure
a sonné pour la Russie d'armer les
neurones de la démocratie mondiale du
XXIe siècle d'un flambeau digne de
l'auteur de Micromégas.
Dites à la raison assoupie de l'Europe
que, de mémoire de simianthrope, on n'a
jamais vu un empire s'équiper et garnir
le plus gentiment du monde de ses
troupes armées jusqu'aux dents le
territoire de ses vassaux à seule fin de
protéger les chiens rendus obéissants à
perpétuité des hordes de loups censés
les entourer. Il faut leur faire croire,
de surcroît, qu'un ennemi surréel, les
menacerait à chaque instant de les
précipiter dans l'abîme et qu'ils
courent le risque de se trouver tout
soudainement jetés à jamais dans les
fers. Aux yeux de tous les capitaines au
long cours dont l'histoire a conservé la
mémoire, il ne suffit pas d'apposer le
sceau d'une domination tranquille et
aussi durable que possible sur le sol
d'un vaincu assagi à l'école salutaire
de sa défaite - encore faut-il qu'un
mythe victorieux et inamovible apaise
les patriotes pour longtemps ou pour
toujours. C'est par les dieux de Rome
que les Gaulois ont fini par se déclarer
terrassés.
C'est ainsi que
l'empire romain n'est nullement demeuré
campé des siècles durant sur les terres
des Gaulois à seule fin d'armer sans
relâche les vaincus face aux assauts à
venir des Germains. Arioviste n'allaitdb
pas renaître tout subitement de ses
cendres. Mais le glaive du vainqueur
grave le sceau de son ciel et de son
acier dans la peau de sa proie. De meme,
la présence immuable des légions de
l'étranger sur les arpents réduits à la
docilité de l'Europe imprègne désormais
les populations d'une terreur
respectueuse, parce qu'une nation
définitivement terrassée paie de
génération en génération et le sourire
aux lèvres le tribut de la honte au
sceptre qui l'écrase.
Vous n'ignorez pas que le bouclier
anti-missiles qu'on feint de braquer sur
le Kremlin n'est qu'un leurre chargé
d'asservir sans cesse davantage des
Européens décérébrés, vous n'ignorez pas
que vous servez indirectement les
intérêts du vainqueur du Vieux Monde à
lui demander qu'il vous jure, am stram
gram, pic et pic et colegram, que son
arquebuse, son chassepot, son
mousqueton, son escopette ne sont pas
appelés à ébranler les murs du Kremlin,
mais seulement à convaincre un continent
à la tête coupée et bêtement apeuré
qu'il a grand besoin de se placer à
jamais sous les ailes d'un Titan à la
fois généreux et capable de faire
trembler une Russie censée prête à
bondir à chaque instant sur l'Europe.
Nous ferez-vous bénéficier de votre
douloureuse expérience - celle d'un
Gorbatchev, qui s'était imaginé que les
Etats-Unis tiendraient leurs promesses
évangéliques de ne pas mettre la main
sur les pays de l'ancien bloc
soviétique? Enseignerez-vous à l'Europe
des séraphins de la politique que le
vainqueur se présente toujours en
boulanger de la paix ?
6 - Eloge de l'ironie
Pourquoi, M. le Président, vous
êtes-vous quelquefois amusé à paraître
piper les dés ? Le 12 septembre la
Russie a enfin décidé d'appeler un chat
un chat et l'on a pu lire sous votre
plume dans le est alarmant de constater que
l'intervention militaire des Etats-Unis
dans les conflits intérieurs des autres
pays est devenue monnaie courante.
Est-ce dans l'intérêt à long terme de
l'Amérique? J'en doute. Des millions de
gens dans le monde entier voient de
moins en moins les Etats-Unis sous les
traits d'une démocratie-modèle, mais
comme un Etat exclusivement fondé sur le
recours à la force et habile à concocter
des coalitions sous le refrain: Qui
n'est pas avec nous est contre nous".
L'Europe ligotée à son pacificateur
depuis trois quarts de siècle remercie
l'ex-empire des Tsars d'avoir si
clairement cessé de jouer au géant que
tourmenterait une piqûre d'insecte,
l'Europe qui récitait ses prières en
vassale d'un ciel étranger salue un
homme d'Etat que n'a jamais chatouillé
la vaine gesticulation atomique du
"protecteur" de l'Europe: tout le monde
sait que la solidité de votre conque
cérébrale fait enrager le dompteur qui
nous broie. Pourquoi aideriez-vous
Washington à rassembler ses poussins
autour de ses bivouacs et de ses
chapelets? Pourquoi joueriez-vous à
l'Hercule menacé par un attrape-nigauds?
Mais deux précautions valent mieux
qu'une: mettez un comble à votre charité
et enseignez à un continent que son
grand âge a fait retomber en enfance un
regard d'anthropologue sur la politique
semi zoologique du genre simiohumain.
Seul un savoir informé de l'animalité
propre à l'espèce simiohumaine nous
permettra de frapper l'Amérique à la
tête. Nous avons grand besoin de
neurones. Nos pharmacies croulent sous
des tonnes de vitamines utiles à notre
ossature - c'est de cervelles en marche
que nous sommes cruellement dépourvus.
C'est
pourquoi, M. le Président, nous vous
demandons instamment - ut supra
dictum est - de nous aider à élever
l'ironie politique au rang de la seule
arme nucléaire crédible de ce siècle.
Tous nos grands hommes, d'Aristophane à
Cervantès, de Swift à Molière, de Platon
à Shakespeare se sont montrés des rieurs
de génie. Platon nous a enseigné que le
comique est le plus puissant moteur de
la raison, Erasme, que le comique révèle
aux aveugles eux-mêmes qu'ils ne sont
pas aussi sots qu'ils l'affichent,
Voltaire, que le comique réveille en
sursaut l'humanité endormie, Molière,
que le comique est le flambeau de la
profondeur d'esprit, Swift, que le
comique nourrit la fierté et le courage
de penser droit, Rabelais, que le
comique rend joyeuse la lumière de la
pensée, Shakespeare, que le comique est
la flûte enchantée dont le registre
passe du murmure au brutal, du suave au
tranchant, du parfum le plus délicat au
gourdin du gros rire. Mais avant eux
tous, Aristophane nous a appris que le
comique couvre de ridicule jusqu'à la
bêtise des dieux.
7 - Le
cyclope de la démocratie
Si vous
susurrez aux oreilles des Européens que
l'Allemagne est une servante occupée par
deux cents places fortes et qu'elle a
bien raison de porter le tablier troué
des domestiques du maître de la Liberté,
de la Justice et de la paix du monde ,
si vous dites qu'un ennemi mystérieux de
l'Allemagne, le nazisme ressuscite jour
après jour de ses cendres et que la
Germanie est appelée à servir de valet
de pied aux angelots cuirassés du
Nouveau Monde, si vous félicitez les
Européens de ce que l'Italie se trouve
si vertueusement quadrillée de cent
trente sept forteresses en dentelles et
que ses prosternations ont le mérite de
la vieillesse, puisqu'elles ont trois
quarts de siècle d'âge, si vous ne
tarissez pas de louanges sur un occupant
dont la générosité croulant sous les
fards est allée jusqu'à mettre la main
sur le port de Naples, si vous appuyez
cet éloge de vos remerciements de ce
que, tout récemment encore, le délivreur
de l'Italie ait sorti ses griffes et les
ait plantées à ez sur votre cœur les foules
attendries qui ont si joyeusement battu
des mains au spectacle de la ruée des
troupes du ciel sur Bagdad - elles sont
parties en fanfare de la base de
Ramstein en Allemagne - si vous
applaudissez à tout rompre le tintements
des clochettes qui ont passé par Pise,
Bologne et Florence, si vous déplorez
que quelques citoyens mal domestiqués
aient tenté d'arrêter ces hordes d'acier
à mains nues, si vous rendez hommage à
M. Berlusconi, ce Caton craquelé, ce
Sénèque de Capoue, ce Cincinnatus sans
charrue, qui a envoyé la police et
l'armée mâter à coups de trique quelques
patriotes rebelles aux agenouillements,
si vous remerciez le ciel des pitres et
la démocratie des matraques de ce
qu'aucun clown de la classe dirigeante
n'ait omis de prononcer le panégyrique
des pâtres du peuple des moutons, vous
prendrez avec une génération d'avance le
commandement de la guerre mondiale de
l'intelligence et vous monterez à
l'assaut d'une forteresse en ruines: la
cervelle de la démocratie des prêtres de
leur propre servitude.
Mais pour cela,
M. le Président , il me faut revenir à
vos relations privilégiés avec le pape
François, parce que, depuis le 5
septembre, date à laquelle il vous a
écrit et depuis le 14 septembre, date à
laquelle vous lui avez répondu (
Lettre imaginaire
de Vladimir Poutine au chef de l'Eglise
catholique,
14
septembre 2013) le Vatican a débarqué
plus résolument encore sur la scène
internationale. Certes, ce pas de géant
se laissait présager; mais il pose la
question de la rivalité à venir entre
"Dieu" et les grands chefs d'Etat. Car
si le créateur, comme voudrait le croire
François, se met à porter un regard
d'aigle sur la politique de sa créature,
cela modifiera la place de toutes les
autres pièces sur l'échiquier de
l'histoire. Du coup, les grands
dirigeants vont se colleter avec
l'histoire sur le double front de la
politique, celui de l'éternité et celui
de la terre et ils feront à nouveau
parler le ciel de la nature du genre
humain et de ses prochaines aventures
dans la méta-zoologie.
Je vous entretiendrai de ces nouveaux
rebondissements le 5 octobre; ce serait
abuser de votre écoute de vous en
entretenir dès aujourd'hui. .
Le 28 septembre 2013
Reçu de l'auteur pour publication
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