Rubrique L'art de
la guerre
Chronique d'un
monde à l'envers
Manlio Dinucci
Jeudi 30 juin 2011
Samedi 13 Rabî Ath-Thânî
1432 (date musulmane correspondant à la
date grégorienne du 19 mars 2011), des
chasseurs bombardiers Ghibli (vent du
désert libyen, NdT), ayant décollé
du porte-avions libyen al-Mukhtar,
attaquent Rome avec des missiles et
bombes à guidage laser. Premiers
objectifs : le Quirinal et Palazzo Chigi
(sièges de la présidence de la
république italienne, et du
gouvernement, NdT). Deux jours
avant, au quartier général de l’ONU à
Addis Abeba, le Conseil de sécurité a
émis une résolution qui impose
l’interdiction de vol dans l’espace
aérien de la République italienne,
autorisant toutes les mesures
nécessaires pour protéger les civils.
Les volontaires, qui mènent l’attaque
aéronavale, sont guidés par les USA
(Etats-Unis d’Afrique), la plus grande
puissance mondiale, au commandement de
l’OTAS
(Organisation du Traité de l’Atlantique du Sud, qui unit l’Afrique
à l’Amérique du sud et s’étend, à l’est,
jusqu’à l’Inde et à la Chine). A
l’origine, il y a le « printemps
européen » : il a commencé quand, dans
le continent le plus pauvre du monde
(avec l’Amérique du Nord), des masses de
Parisiens affamés ont occupé la place de
l’Étoile et, malgré la sanglante
répression de l’Elysée, ont obligé le
président à quitter le pays. En Italie,
le mécontentement envers le gouvernement
de Rome, longtemps accumulé dans le
Mezzogiorno (sud de l’Italie, NdT)
et dans le Nord, se transforme (à la
différence d’autres pays européens) en
rébellion armée, sur la base d’un plan
préparé depuis longtemps, qui provoque
la fracture du gouvernement central. Le
drapeau italien ayant été amené et hissé
celui du Royaume des Deux Siciles avec
les armoiries des Bourbons, les rebelles
méridionaux occupent Naples, où se crée
un Conseil national transitoire dirigé
par des ex-ministres du gouvernement de
Rome. En même temps, au Nord de
l’Italie, certaines zones sont occupées
par des groupes de rebelles armés, qui
déploient le drapeau de la Padanie avec
le Soleil des Alpes. L’enjeu est
évident. L’Italie est économiquement
plus avancée que les autres pays
européens, grâce à ses grosses réserves
pétrolières, concentrées dans le
Mezzogiorno et dans la plaine du Pô.
C’est leur contrôle que visent les
compagnies pétrolières et les banques
d’investissement multinationales des
Etats-Unis d’Afrique et des autres
puissances de l’OTAS. A travers
l’embargo et le gel des fonds italiens à
l’étranger, elles essaient de provoquer
l’écroulement du gouvernement de Rome,
pour ramener l’Italie à un état
pré-unitaire ou pour la garder unie sous
la direction d’un gouvernement dépendant
des puissances étrangères. La Libye -une
fois reconnus le Cnt de Naples et celui
de la Padanie comme « seuls
représentants légitimes du peuple
italien »- arme, entraîne et finance
leurs troupes, tandis que les
chasseurs-bombardiers et les
hélicoptères de l’OTAS leur ouvrent la
voie. En trois mois ils effectuent
15mille incursions aériennes, dont
5mille d’attaque avec bombes et
missiles, en démolissant les bases
matérielles de l’Etat italien. Ainsi,
déclare le président libyen, notre pays
« accomplit sa part pour qu’avance dans
le monde la cause de la paix, des droits
humains et de la démocratie ». A cause
de la guerre, des masses d’immigrés
venus en Italie des pays les plus
pauvres d’Europe (Suisse, Allemagne,
France, Grande-Bretagne, Suède et
autres), se trouvant sans travail,
traversent la Méditerranée depuis les
côtes siciliennes, sur de misérables
embarcations qui, souvent, coulent en
tentant de rejoindre la riche Afrique.
Celle d’où, il y a un siècle, étaient
parties les troupes libyennes au chant
de « Rome, belle terre d’amour »[i],
commençant les trente années
d’occupation coloniale de l’Italie.
Edition de mercredi
29 juin 2011 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20110629/manip2pg/15/manip2pz/305800/
Traduit de
l’italien par Marie-Ange Patrizio
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