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Opinion
Premier « effet collatéral » de la guerre contre la Libye
La guerre en Libye provoque une
accélération dans la course aux armements nucléaires
Manlio Dinucci
Vendredi 25 mars 2011
Se sentant menacée par le fait que
les USA utilisent dans cette guerre des armements stratégiques,
la Russie lance un
programme de
réarmement nucléaire
Contre la
Libye, ce que le président Napolitano définit non pas comme une
guerre mais comme une opération de l’ONU, est déjà en train de
provoquer un dangereux « effet collatéral ». Le premier ministre
russe Vladimir Poutine, étant entendu que le régime libyen n’est
pas démocratique et que la situation est rendue plus compliquée
encore par les relations tribales, a, il y a deux jours,
défini la résolution du Conseil de sécurité comme une sorte
d’appel médiéval à une croisade pour justifier une agression de
l’extérieur, sous prétexte de défendre les civils. Il a ainsi
déclaré que - après les attaques aériennes étasuniennes contre
Belgrade, puis contre l’Afghanistan et l’Irak et à présent
contre la Libye- ceci est en train de devenir « une tendance
stable de la politique étasunienne ». Et a conclu : « Cela
confirme que la Russie fait bien de renforcer ses capacités de
défense ». Paroles immédiatement suivies des faits. Hier
(mercredi 23 mars 2011) le ministre russe de la Défense a
annoncé que cette année il dotera les forces stratégiques
d’autres missiles intercontinentaux, 36 balistiques et 20 de
croisière, et de deux autres sous-marins nucléaires. Avec une
allocation d’un montant de 665 milliards de dollars pour
2011-2020 seront achetés : 5 véhicules spatiaux, 21 systèmes de
défense missilistiques, 35 bombardiers, 109 hélicoptères de
combat, 3 sous-marins nucléaires et une unité de surface. En
2013 les scientifiques russes développeront un nouveau missile
balistique intercontinental avec base à terre et la production
de missiles sera redoublée avec un investissement équivalent à
2,6 milliards de dollars.
Seront en
particulier développés les missiles balistiques pour les
sous-marins d’attaque nucléaire. Cette année vont être effectués
d’autres tests du missile Bulava, qui sera installé sur les
nouveaux sous-marins stratégiques de la classe Borey. Un seul
sous-marin peut lancer 16 missiles nucléaires, avec une portée
de 8-10 mille Kms,
chacun desquels pouvant lâcher jusqu’à 10 ogives multiples
indépendantes. Il a donc une capacité de destruction quasiment
égale à celle du sous-marin étasunien
de la classe Ohio, armé de 24 missiles Trident à têtes
multiples. Le Bulava, comme le missile balistique avec base à
tere dont il dérive, est projeté pour percer le « bouclier
anti-missiles » que les USA sont en train de développer dans des
buts offensifs (il leur donnerait la capacité de neutraliser une
rétorsion après avoir frappé les premiers) : avec leurs navires
de guerre contre la Libye, les Etats-Unis ont déployé en
Méditerranée les premières unités de la composante navale du «
bouclier », les lance-missiles Monterrey et Stout. Le Bulava
peut lancer de fausses têtes pour éviter les missiles
intercepteurs.
La guerre
contre la Libye est donc en train de provoquer une accélération
dans la course aux armements nucléaires. Surtout parce qu’elle
est utilisée par le Pentagone comme banc d’essai pour des
armements stratégiques, comme les bombardiers stealth
(furtifs... NdT) B-2 Spirit d’attaque nucléaire qui, partant des
Etats-Unis, vont frapper les objectifs en Libye avec des armes
non-nucléaires, en s’entraînant ainsi, dans une action guerrière
réelle, à un éventuel emploi dans une guerre nucléaire. De cette
façon, le nouveau traité Start entre la Russie et les USA, à
peine ratifié, est de fait devenu vain.
Edition de
jeudi 24 mars de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/24-Marzo-2011/art18.php3
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
Le dossier Libye
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