L'art de la guerre
Une nouvelle
victoire du War Party
Manlio
Dinucci
Lundi 24 octobre
2011
Le War Party
(WP), le parti transnational de la
guerre, a inscrit un nouveau succès dans
son livre d’or : la guerre de Libye.
Décidée par la Coupole du pouvoir -le
plus grand organe dirigeant dont la
composition est secrète, mais dont,
comme on sait, font partie les délégués
des plus influents groupes
multinationaux et financiers et de
l’appareil militaro-industriel - elle a
été magistralement conduite par le
Secrétariat transnational, en fomentant
et en armant la dissidence interne (à
travers des agents secrets et des
commandos infiltrés) pour la faire
apparaître comme une « révolution ». Le
secrétaire général du WP, Barack Obama,
soulignant que « la mort de Kadhafi
démontre la justesse de notre rôle pour
protéger le peuple libyen », annonce que
de cette façon « nous avons rénové le
leadership américain (étasunien, NdT)
dans le monde ». Washington a mis « un
masque européen sur le commandement de
l’opération », expliquent des
fonctionnaires de l’administration, mais
ce sont les Etats-Unis qui ont été « la
colonne vertébrale de l’opération
OTAN », en fournissant aux alliés du
renseignement, l’approvisionnement des
chasseurs en vol et des bombes à guidage
de précision. Dans cette guerre
-souligne le vice-président d’Obama,
Joseph Biden - « nous n’avons pas perdu
une seule vie » : donc, plus que celles
du passé, cette guerre indique « comment
se comporter avec le monde pendant que
nous avançons ». L’opération en Libye,
expliquent les fonctionnaires, prouve
que « les dirigeants de certaines
puissances de moyenne grandeur peuvent
être renversés à distance », sans
envoyer de troupes sur le terrain, en
utilisant des armes aériennes et navales
et en faisant assumer aux alliés, dans
ce cas européens et arabes, le « poids
le plus grand » de l’opération.
Indubitable est le mérite des membres du
Secrétariat du WP, surtout le français
Sarkozy. Après la « normalisation » avec
la Libye, celui-ci fût le premier à
accueillir Kadhafi avec tous les
honneurs à Paris, en décembre 2007 (un
an et demi avant que Berlusconi le reçût
à Rome), en stipulant un accord de 10
milliards d’euros pour fournir à la
Libye des centrales nucléaires et en
engageant la Libye dans des négociations
exclusives avec la France pour l’achat
d’armements, parmi lesquels des
chasseurs Rafale. A peine plus de trois
ans après, ce sont justement les Rafale
français qui ont attaqué la Libye, quand
la Coupole du pouvoir a décidé que la
meilleure façon d’exploiter les
ressources libyennes n’étaient pas les
accords mais la guerre. En mars dernier,
un fils de Kadhafi déclara que la Libye
avait contribué à financer la campagne
électorale de Sarkozy et qu’il en avait
les preuves. On comprend donc pourquoi
le président français a défini le
meurtre de Kadhafi comme une « étape
importante ». Méritoire aussi le rôle de
la section italienne du WP : après avoir
déchiré le traité de non-agression, le
gouvernement Berlusconi a participé à la
guerre avec ses bases, navires et
avions, qui ont effectué plus de 1.100
raids. Et le jour même où Kadhafi était
tué, la marine militaire annonçait
qu’elle avait réactivé les structures
Eni (Société nationale des
hydrocarbures, NdT) pour
l’exploitation du gaz libyen et
Finmeccanica[1]
rouvrait, en Libye, son établissement
hélicoptériste AgustaWestland. Pendant
que l’activiste « de gauche » du WP,
Bersani, explique que « la mission en
Libye entre dans le cadre de notre
Constitution, parce que l’article 11
répudie la guerre mais pas l’usage de la
force pour des raisons de justice ». Et
le président Napolitano assure que
« nous ne sommes pas entrés en guerre ».
Edition de mardi 24
octobre 2011 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20111025/manip2pg/14/manip2pz/312179/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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