L'art de la guerre
Gaza brûle : voici l'incendiaire
Manlio Dinucci
Mardi 13 novembre
2012
Jamal, un commerçant de Gaza, était
sorti dimanche matin quand un puissant
missile israélien à guidage de précision
est tombé sur sa maison, exterminant sa
famille : neuf personnes dont quatre
enfants de 2 à 6 ans. Trois générations
balayées en un instant. Plus de 5mille
Palestiniens ont été tués en dix ans par
les Israéliens à Gaza, dont 1.200 rien
qu’en 2009, plus deux mille autres en
Cisjordanie. Des 70mille personnes
enlevées, plus de 6mille, parmi lesquels
400 enfants, sont encore emprisonnées.
Un prix très élevé, quand on sait que la
population des Territoires palestiniens
occupés est de 5,5 millions. Mais on ne
meurt pas que par les attaques
militaires dans le ghetto de Gaza et
dans celui de Cisjordanie, encerclé par
le Mur de 750 Kms. On meurt chaque jour
de pauvreté, de manque de nourriture,
eau potable et médicaments.
L’alternative est disparaître ou
résister. Les Palestiniens résistent, en
revendiquant le droit à un état libre et
souverain qui, selon la décision des
Nations Unies, aurait dû naître il y a
64 ans à côté de l’état israélien. En
termes militaires, cependant, l’armement
palestinien équivaut à celui de
quelqu’un qui, centré par un tireur dans
le viseur télescopique d’un fusil de
précision, essaie de se défendre en lui
lançant la fusée d’un feu d’artifice.
Dans la foulée de Washington, l’Ue
condamne par contre « le tir de
roquettes par le Hamas et d’autres
factions, qui ont lancé cette crise ».
Et le ministre Terzi, prenant les
roquettes pour des missiles, souligne
que ce sont « les tirs de missiles qui
sont à l’origine de la crise » et que
« la limitation de la force de la part
d’Israël doit reposer sur la certitude
absolue que les tirs de missiles ne se
répètent pas ». Version qui serait
grotesque si elle n’était tragique. La
nouvelle crise, volontairement amorcée
par Tel Aviv avec l’assassinat à Gaza du
commandant militaire du Hamas, entre
dans la stratégie de l’axe Otan-Israël.
Pendant que les gouvernants étasuniens
et européens jouent sur la scène
internationale le rôle des modérés qui
cherchent une solution pacifique au
conflit, l’Otan soutient de plus en plus
les forces militaires israéliennes. Ce
n’est pas par hasard que l’attaque
contre Gaza a commencé le 14 novembre,
le jour même où se terminait en Israël
la grande manœuvre conjointe
Austere Challenge 2012, avec la
participation de 3.500 spécialistes
étasuniens de la guerre. En même temps
dans le ciel de Sardaigne se sont
intensifiées, selon divers témoignages,
les manœuvres auxquelles participent les
chasseurs bombardiers israéliens qui
utilisent la base de Decimomannu. En
Sardaigne, explique un pilote, nous
disposons d’une aire plus grande
qu’Israël tout entier. Et bientôt
l’aéronautique israélienne disposera de
30 vélivoles M-346 d’entraînement
avancé, fournis par
Alenia Aermacchi. Ainsi les
incursions sur Gaza seront plus
meurtrières encore. Tout ceci entre dans
la potentialisation de la machine
guerrière Otan dans la zone
méditerranéenne.
Depuis les Etats-Unis sont en
train d’arriver d’autres unités navales
et aériennes pour les forces spéciales,
qui opèreront depuis des bases situées
sur la rive nord (surtout Sigonella)
comme sur celle du sud (en Libye et
autres pays). Tandis que le Pentagone
annonce qu’il faut 75mille hommes à
envoyer en Syrie, formellement pour
s’emparer des armes chimiques avant
qu’elles ne tombent dans les mains du
Hezbollah.
L’incendie de Gaza s’élargit,
poussé par le même Vent de l’Ouest.
Edition de mercredi 21 novembre 2012 de
il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20121121/manip2pg/02/manip2pz/331948/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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