Opinion
Iran, le scénario
de la catastrophe
Manlio Dinucci
Lundi 14 novembre
2011
Sur un ton de
bonimenteur, le ministre israélien de la
défense Ehud Barak a annoncé que si « le
pays était contraint à une guerre »
contre l’Iran, cela ne lui coûterait pas
« 100mille morts, ni 10mille ni même
1.000 mais à peine 500 et même moins si
tout le monde reste à l’abri chez soi ».
Ne sont pas compris, dans le calcul
macabre, tous les autres morts.
Selon de hauts fonctionnaires
britanniques, l’attaque contre l’Iran
pourrait avoir lieu entre Noël et le
début de la nouvelle année, avec l’appui
logistique étasunien. Les experts
pensent que les sites nucléaires
iraniens seraient touchés par des
missiles et des chasseurs-bombardiers, à
travers trois couloirs aériens : un
direct à travers Jordanie et Irak, un
méridional à travers Jordanie et Arabie
saoudite, un septentrional à travers la
Méditerranée et la Turquie (carte
jointe, NdT). Les implantations
nucléaires seraient touchées par des
bombes pénétrantes à tête non-nucléaire,
comme les Blu-117 déjà fournies par les
USA, qui peuvent être larguées à plus de
60 Kms de l’objectif, sur lequel elles
se dirigent automatiquement.
Que se passerait-il si était
détruite la centrale nucléaire iranienne
de Bushehr, qui a commencé à produire de
l’électricité en septembre dernier pour
une capacité de 60 mégawatts ? Un nuage
radioactif se produirait, semblable à
celui de Tchernobyl, qui, selon les
vents, se propagerait sur le Golfe
persique ou même sur la Méditerranée.
Les conséquences seraient encore plus
graves si, par rétorsion, l’Iran
frappait le réacteur israélien de
Dimona, dont la puissance est estimée à
70-150 MW. L’Iran ne possède pas d’armes
nucléaires, mais a des missiles
balistiques à moyenne portée, testés en
juin dernier, qui, avec leur portée
d’environ 2.000 Kms, sont en mesure
d’atteindre Israël. Ces missiles sont
installés dans des silos souterrains et,
donc, difficilement neutralisables par
une attaque « préventive ». Si le
réacteur de Dimona, qui produit du
plutonium et du tritium pour les armes
nucléaires israéliennes, était endommagé
ou détruit, le nuage se propagerait non
seulement sur Israël (Dimona est à
seulement 85 Kms de Jérusalem), mais
aussi sur la Jordanie (distante de 25
Kms) et l’Egypte (distante de 75 Kms).
Et, selon les vents, ce nuage pourrait
atteindre même l’Italie et d’autres pays
européens. Les radiations (surtout
celles de l’iode-131 et du césium-137)
provoqueraient avec le temps des
milliers de morts par cancer.
Voila ce qui est
prévu par ceux qui planifient l’attaque
contre l’Iran. Il est donc prévu de
neutraliser la capacité de riposte de
l’Iran. Ceci ne pourrait être fait par
les seules forces israéliennes. Selon
Dan Plesch, directeur du Centre d’études
internationales de l’Université de
Londres, « les bombardiers étasuniens
sont déjà prêts à détruire 10mille
objectifs en Iran en quelques heures ».
Et même la Grande-Bretagne, révèle
The Guardian, est prête à
attaquer l’Iran. Le plan prévoit à coup
sûr le déploiement d’armes nuclaires
israéliennes (parmi lesquelles le
missile Jericho à longue portée testé le
2 novembre) et aussi étasuniennes et
britanniques. Soit pour dissuader l’Iran
d’effectuer de lourdes représailles,
même contre des bases étasuniennes du
Golfe, soit par une attaque résolutive
effectuée avec une bombe à neutrons, qui
contamine moins mais tue davantage. Une
guerre contre l’Iran comporterait la
plus haute probabilité d’une utilisation
d’armes nucléaires depuis la fin de la
guerre froide jusqu’à nos jours. Tandis
que l’opinion publique est concentrée
sur le « spread » (écart)
financier, le « spread » humain
augmente : le différentiel entre les
choix politiques et ceux nécessaires
pour la survie de l’espèce humaine.
Edition de vendredi
11 novembre 2011 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20111111/manip2pg/09/manip2pz/313153/
Traduit de
l’italien par Marie-Ange Patrizio
Le
dossier Iran
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