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Opinion
Bombes tricolores
sur Tripoli
Manlio Dinucci
Bombardement de l’OTAN sur Tripoli, le 24 mai 2011
Jeudi 9 juin 2011
Parmi les bombes qui pleuvent sur
les deux millions et demi d’habitants de l’aire urbaine de
Tripoli, en plein jour aussi maintenant, se trouvent à coup sûr
les bombes italiennes. Il s’agit d’une « opération aérienne
combinée » à laquelle participent des chasseurs bombardiers
de plusieurs pays, communique le Commandement de la force
conjointe alliée à Naples. En à peine plus de deux mois l’OTAN a
accompli plus de 10.000 opérations aériennes sur la Libye, dont
4mille avec bombes et missiles, effectuées en majorité par des
chasseurs bombardiers de Grande-Bretagne, France, Italie et
Canada, et par des avions étasuniens Predator/Reaper
télécommandés. L’aéronautique italienne ne révèle pas combien de
bombes et de missiles elle a lancé (selon une estimation, plus
de 200 en un mois), mais elle communique de quel type ils sont.
Dans le document « Unified
Protector : les capacités d’attaque de l’AM » (du 6
juin), elle spécifie que ce sont des bombes à guidage laser
et Gps de la société étasunienne Raytheon, types Gbu-16
Paveway II d’environ une demie tonne et Gbu-24 Paveway III
d’une tonne : cette dernière, larguée à basse altitude à
plus de 15 Kms de l’objectif, est « une bombe de
précision employée pour détruire les bunkers souterrains les
plus résistants ». La bombe Gbu-32 Jdam aussi, de la
société étasunienne McDonnell Douglas, à guidage inertiel
et Gps, lancée à 25 Kms environ de l’objectif, est utilisée
contre des « cibles renforcées ». Ce qui signifie
que ces bombes ont sûrement des têtes pénétrantes à uranium
appauvri et tungstène pour détruire des édifices renforcés.
Les avions italiens utilisent aussi des missiles de
croisière à longue portée Storm Shadow, fabriqués par Mbda
dont fait partie Finmeccanica[1], et dont la charge
explosive est « optimisée pour neutraliser des
structures blindées et souterraines », et des missiles
Agm-88 Harm de Raytheon pour « la suppression des radars
ennemis ».
Ces bombes et missiles de
dernière génération -employés dans la guerre contre la
Libye, à laquelle le gouvernement Berlusconi (centre-droit,
NdT) fait participer l’Italie- n’auraient pas pu être
utilisées si en 2007 le gouvernement Prodi (centre-gauche,
NdT) n’avait décidé de moderniser les chasseurs bombardiers
Tornado (avec une dépense de plus de 50 millions d’euros),
mettant à profit l’expérience des Tornado dans la guerre
contre la Yougoslavie, à laquelle le gouvernement D’Alema
(centre-gauche, NdT) avait fait participer l’Italie. C’est
grâce à cet engagement bipartisan que l’Aéronautique peut
aujourd’hui déclarer avoir acquis le « pouvoir aérospatial
». Cela signifie -nous explique le document- avoir une
absolue liberté de manœuvre au-delà des limites imposées par
la géographie du globe, donner un relief maximal à la
mobilité (atteindre avec de plus en plus de rapidité des
théâtres d’opérations éloignés) et à l’autonomie dans le
soutien d’opérations qui peuvent se prolonger dans le temps.
« Des opérations qui ont comme impératif de poursuivre
les objectifs donnés par l’autorité politique au plus bas
coût possible en termes de vies humaines et de ressources ».
En pensant évidemment à ses propres vies et ressources, pas
à celles que la guerre détruit en Libye. Même si, tandis que
les avions italiens aussi lancent sur Tripoli des bombes
d’une tonne à uranium appauvri, l’OTAN assure que, sur la
base des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, « le
but de l’opération Protecteur unifié est de protéger les
civils et les aires avec population civile d’une attaque ou
d’une menace d’attaque ».
[1] « second groupe
industriel italien, le premier dans la haute technologie et
un des cinq premiers dans le monde. Il est présent dans les
secteurs de la défense, des hélicoptères, de l'aéronautique
et de l'espace, de l'automatique, du transport et de
l'énergie. La société est installée dans plus de cent pays
et notamment en Grande Bretagne où le groupe a racheté de
nombreuses entreprises de défense. Il emploie plus 58 000
personnes » :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Finmeccanica (NdT).
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
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