Libye
L'avenir de la Libye selon les plans de
l'OTAN
Manlio Dinucci
Dimanche 4
septembre 2011
Dans la
représentation médiatique de la guerre
de Libye, les « rebelles » dominent la
scène, tandis que l’OTAN s’est mise à
l’abri en coulisses. Mais c’est pourtant
depuis sa cabine de régie que la guerre
a été préparée et dirigée et que se
décide le futur arrangement du pays.
La mission de l’OTAN est
« efficace et encore nécessaire », a
déclaré la porte-parole Oana Lungescu.
Personne n’en doute : en cinq mois de
« protection unifiée », ont été
effectués 21 mille raids aériens, dont
plus de 8 mille d’attaques avec bombes
et missiles, pendant que des dizaines de
navires de guerre ont attaqué avec des
missiles et des hélicoptères et contrôlé
les eaux territoriales libyennes pour
assurer l’embargo des forces
gouvernementales et les
approvisionnements de celles du Cnt de
Benghazi. En même temps, des agents et
des forces spéciales des Etats-Unis,
Grande-Bretagne, France et autres pays,
ont joué un rôle clé sur le terrain, en
signalant aux avions les objectifs à
frapper, en plus de préparer et conduire
l’attaque contre Tripoli. L’OTAN a joué
un rôle décisif sans lequel les rebelles
n’auraient jamais pu entrer à Tripoli,
comme le confirme le général allemand
Egon Ramms.
Notre mission, a déclaré le
secrétaire général de l’Alliance, Anders
Fogh Rasmussen, continuera tant que
continueront les attaques et les menaces
(sic). Cela signifie-t-il que, une fois
la « mission » accomplie, l’OTAN
laissera aux Libyens la possibilité de
décider de l’avenir de leur pays ?
En aucune manière. Elle passera à
la phase 2 de la « mission ».
Il n’existe simplement pas de
solution
militaire à cette crise, souligne
un communiqué de l’Alliance, mais nous
avons besoin d’un processus politique
pour une transition pacifique à la
démocratie en Libye. Et l’OTAN, assure
Rasmussen, est prête à jouer un rôle de
soutien.
On ne spécifie pas de quelle
manière, mais un plan général -décidé
fondamentalement à Washington, Londres
et Paris- est déjà prêt. Des détails ont
filtré à travers les déclarations de
quelques fonctionnaires. Formellement à
la demande du futur gouvernement (dirigé
par des hommes politiques garants des
intérêts des plus grandes puissances
occidentales), l’OTAN continuera à
contrôler l’espace aérien et les eaux
territoriales de la Libye.
Officiellement pour assurer les aides
humanitaires
et protéger le personnel civil
sous bannière Onu. Cela nécessitera le
libre accès aux ports et aéroports
libyens, qui seront de fait transformés
en bases militaires OTAN même si on y
déploiera le drapeau rouge, noir et vert
-celui-là même du régime du roi Idris
qui, dans les années 50, concéda à la
Grande-Bretagne et aux Etats-Unis
l’usage du territoire pour y implanter
des bases militaires, comme celle de la
base aérienne de Wheelus Field aux
portes de Tripoli. Un emplacement idéal,
aujourd’hui, pour le quartier général du
Commandement Afrique des
Etats-Unis.
L’OTAN ne cesse de
répéter qu’elle n’a pas l’intention
d'envoyer des troupes en Libye, mais
n’exclut cependant pas que des alliés,
de façon singulière, le fassent, ou bien
l’Ue, qui a déjà ses groupes de combat à
déploiement rapides prêts.
En même temps,
l’OTAN entraînera et armera les « forces
de sécurité » libyennes. Concept tout
relatif. Le responsable de la sécurité à
Tripoli, nommé avec
placet OTAN, est Abdel
Hakim Belhadj, qui, à son retour de la
jihad anti-soviétique en Afghanistan,
forma en Libye le Groupe combattant
islamique. Il fut capturé par la Cia en
Malaisie en 2004 mais, après la
normalisation avec Tripoli, renvoyé en
Libye, où (sur la base d’accord entre
les deux services secrets) il fût remis
en liberté en 2010. C’est lui qui
garantira, en habit de président du
conseil militaire de Tripoli, la
transition pacifique à la démocratie en
Libye.
Edition de dimanche
4 septembre 2011 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20110904/manip2pg/09/manip2pz/309387/
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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